05/11/2010
Aux sources de la pluie
Le long de l'oued ksob
On voit bien, le long de "l'oued ksob", qu'à Essaouira se rencontrent l'olivier Méditérranéen et le palmier - dattier saharien: ce que souligne d'ailleurs l'histoire de cet antique mouillage où se rencontraient caravannes de Tombouctou et caravelles de la lointaine Europe..
Ce que nous avons pris l'habitude d'appeler "l'oued Ksob", les géographes lui donnent le nom d'IGROUNZAR (toponyme berbère qui signifie "la source de la pluie"). Il prend sa source sur les hauteurs du plateau de Bouabout, en plein pays Mtougga avant de dévaler vers la mer, en traversant les multiples cuvettes au fond rocailleux du pays Haha, pour finir par se jeter à l'océan au sud de la baie d'Essaouira. Chaque trançon du fleuve porte le nom du lieu qu'il traverse pour finir par porter le nom de l'oued Ksob du fait que les saâdiens y avaient planté jadis de la canne à sucre.
Tout le long d'Igrounzar, on découvre tout un chapelet d'oasis : là où il y a des sources l'habitant a établi tout un système d'irrigation pour les primeurs et les maraîchages: étant loin de toute route, les habitants en tendance à développer une culture d'autosubsistance. Si le lit de l'oued se déseche rapidement après les innondations d'hiver; le chapelet d'oasis quile borde ne manque jamais d'eau: c'est que sous le lit de surface, coule une rivière souterraine qui remonte de temps en temps à l'air libre sous forme de sources..
Ajegderj :Oasis saharienne au bord de l'oued ksob
En amont d'IGROUNZAR, à environ 60 kilomètres au sud d'Essaouira, on découvre, Ajegderj, un îlot de trois hameaux originaire du Dra, au milieu des Aït Adil (ceux de la vigne), antique tribu du pays Haha. Si ces anciens ksouriens du Dra, établis dans ces rivages depuis le temps du commerce caravanier au milieu du 19ème siècle, on adopté le dialecte dominant qu'est le tachelhit, ils ont par contre conserver leur allégeance confrérique et le mode de vie de leurs ancêtres de Tamgrout: élevage de camelins, culture de palmier-dattier, filiation à l'ordre confrérique de la Naçiriya, dont la zaouia - mère se trouve à Tamgrout au coeur du Dra.Leur habitat dénote d'ailleurs avec son environnement berbère par l'utilisation de l'ocre saharien... De même la coupole de leur sanctuaire a des allures saharienne:s elle a d'ailleurs pour charpente des branches de palmier..
De tout ce parcourt on n'allait guère plus loin que "les trois palmiers": au sud de la baie d'Essaouira on remontait l'amont de l'oued en passant par le chateau ensablé au milieu des tamaris(Dar Sultan el Mahdouma : le chateau en ruine du sultan), . Puis on allait s'amuser au Kow-boy sous le vieux pont de Diabet qui,à peine édifié en 1924 qu'il fut emporté une année plus tard par les innondations impétueuses de l'oued:.le lendemain on retrouva l'architecte Français qui l'avait édifié suspendu sous le pont, une corde au cou! Après le pont, on passait par l'allée ombragée d'eucaliptus où nous récoltions les escargots sous la pluie battante, juste en face de Diabet, là même où j'avais écrit un poème étrange et beau, inspiré du Lac de Lamartine! Puis nous traversions sous l'autre pont rose de Tangaro, avant de rejoindre à une encablure delà les fameux " trois palmiers", notre paradis secrêt, le lieu de nos pique-nique. Je ne sais pas pourquoi, à des années lumières de cette période heureuse de ma vie, je me suis retrouvé là en rêve, en présence de mes amis d'enfance et d'adolescence, pourtant disparus de ma vie depuis fort longtemps...
Reportage photographique d'Abdelmajid MANA
21:42 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : reportage photographique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
28/10/2010
Au bord de la Moulouya
La région est une voie de passage obligatoire où depuis 1914, une ligne de chemin de fer relie Fès à oujda. On peut voir chaque jour serpenter dans ces étendues steppique ce petit chemin de fer qui fonctionne encore au charbon dans la partie orientale de son parcours.
C'est par ces paysages steppiques des environs de Guercif, que commence véritablement, l'Oriental Marocain, qui s'oppose par son aridité aux plaines verdoyantes et humides du Maroc atlantique. Ici, on ressent davantage, les vents d'Est de la steppe, que les vents d'Ouest du Gharb. C'est le territoire des Hawwâra Oulad Rahou, ces pasteurs nomades, attestés à l'Est de Taza, bien avant l'avènement des Idrissides. Ils sont les propriétaires fonciers de la plaine de Tafrata et de celle du Jell,. Le statut de leurs terres est soit Melk soit Ârch. En plus du pastoralisme, la fabrication de l'huile d'olives est une des industries les plus importantes des Hawwâra Oulad Rahou.
Située sur l’axe de la grande voie ferrée qui traverse toute l’Afrique du Nord dans toute sa longueur, de l’Atlantique à Tunis, Guercif n’est que le centre d’échange entre le Tell et les hauts plateaux. Son intérêt de lieu d’échange entre Maroc Occidental et Maroc Oriental, prendra davantage d’ampleur avec la construction Maghrébine. Ce passage de l’Algérie au Maroc Occidental a été suivi par toutes les migrations en provenance de l’Est, y compris celle des Houara,cet îlot arabophone d’origine Zénète.
Mérada
Aux environs de Guercif, la cueillette des olives s'accompagne de fêtes saisonnières qui viennent rompre pour un temps, la monotonie de l'existence ; petits et grands y prennent part. Les femmes vont au travail en habits de fête ; elles chantent de vieilles chansons que les générations se transmettent ; des musiciens parcourent les olivettes, donnant des auditions ça et là.
C’est à Guercif que se tient chaque mardi, le marché hebdomadaire des fruits et légumes, auxquels se mêlent les savoureuses clémentines d’Aklim, en provenance de la riche plaine de Triffa voisine. C’est le marché le plus achalandé au Maroc Oriental, où viennent s’approvisionner,agriculteurs sédentaires des montagnes et pasteurs - nomades des steppes et des hauts plateaux : ceux des Houara oulad Rahou,des Bni Waraïn, des Bni Bou Yahi, des Metalsa et d’ailleurs.
C'est au cours du marché hebdomadaire de Guercif, qui se tient chaque mardi, que nous avons rencontré Mr.Baghdadi Jelloul. Pasteur – nomade et oléiculteur, il nous a déclaré : « Les Houara Oulad Rahou étaient des Berbères. Pasteurs plutôt qu’agriculteurs. Guercif, lui – même était un simple village agricole. Les Oulad Hammou Moussa, fraction Houara Oulad Rahou, étaient ses premiers habitants. C'était parmi leurs notables, qu'on choisissait les caïds qui gouvernaient le pays. Les gens pratiquaient uniquement la céréaliculture : blé tendre, seigle, maïs. Mon père récoltait mille quintaux de blé tendre, autant de maïs et quantité de seigle.. Il fallait attendre l'arrivée des vulgarisateurs agricoles, après l'indépendance du Maroc pour pratiquer l'oléiculture. C'est eux qui nous ont conseillé de planter l'olivier. Parmi les quatre premiers oléiculteurs de Guercif, il y avait Mohamed Baghdadi, Hihi Hammou , le caïd Ramadan, et Mohamed Belmahjoub,que Dieu ait leurs âmes. Ils étaient les pionniers oléiculteurs de la région. »
Ô joueur de flûte au bord de l'oued
Tu as ensorcelé toutes les filles de ces rivages
En ce creuset de l'émigration internationale, qu'est l'Oriental marocain, le thème de la séparation est un leitmotiv des distiques du genre « Sseff » où celle qu'on appelle la « semeuse » est la seule apte à proférer un distique, les autres lui répliquent jusqu'à ce qu'elle en profère un autre. Plaisir du chant « semé » puis « récolté » : le thème de la fécondation est au cœur même de ce chant des femmes de l'oriental.
Au bord de la Moulouya, nous avons assisté au genre Sseff que pratique à Guercif une troupe mixte à l'occasion des fêtes de mariages, de baptêmes et autres rites de passage. Fatima Guercifia et sa troupe nous ont ainsi chanté le thème de la séparation, si caractéristique de ce creuset de l'émigration :
L'espagnole m'a pris mon aimé
Je l'ai un mois et elle l'a toute l'année
Vous qui avez émigré en Espagne, pourquoi revenir
Si vous repartez sitôt qu'à votre présence
Notre cœur s'est à nouveau accoutumé ?
Pourquoi pleurer et laisser le chagrin envahir mon cœur ?
Il nous revient toujours celui qui pour la France nous a quitté.
Le bus a emmené mon aimé à l'aube
J'ai retenu mes larmes mais j'ai le cœur brisé
Du regard j'ai accompagné mon aimé
Jusqu'au rivage, puis la mer l'a englouti
Le Sseff est ce chant où les femmes de l'Oriental, de Guercif à Oujda en passant par Taourirt, évoquent leurs séparations d'avec leurs maris, qui émigrent, qui s'exilent laissant derrière eux, femmes et enfants. Ces chants évoquent également ce fils, parti en zodiac ou en patera vers l'autre rive et l'autre vent et qui fini par être dévoré ,à la fleur de l'âge, par le détroit de Gibraltar : « J'ai moi-même chanté cette brûlure, nous dit Guercifia. J'ai chanté ce départ de toute une jeunesse vers l'inconnu.... »
O Guercif, entouré de ces steppes désertes !
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
Tous les garçons, l'Espagne les a emportée
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
Viens voir ce qu'est devenue ta mère
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
Tu ne m'as laissé que ta photo accrochée au mur
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
Voyez où l'a emporté la frégate ?
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
La frégate m'a laissé les mômes sans leurs pères !
Ô mamy ! La lecture de sa lettre a blanchi ma chevelure
Au bord de la Moulouya, du côté des oliveraies de Safsafat, M'hamed Bachara nous a parlé de cette danse du genre Saff en ces termes :
"La danse que nous venons d'exécuter, s'appelle « Ras el Oued » (le bout de la rivière). Pourquoi l'appelle - t - on ainsi ? Primo, c'est parce que c'est une « musique sur fleuve ». C'est-à-dire qu'elle concerne les régions traversées par le Moulouya, tel Outat El Haj, Missour, et Midelt. On remonte ainsi, jusqu'à la source du fleuve. C'est une danse caractéristique des affluents du Moulouya, tel le Melloulou et le Zobzît, où l'on pratique également cette musique sur fleuve dénommée « Ras El Oued».Selon les régions elle est dénommée soit « Ras el Oued », « lamtallat »(trois pas de danse) ou le « Tazi ». Cette dernière appellation concerne les environs de Taza, les Tsoul et les Branès en particulier. Dans l'Oriental - Taourirte , Oujda, Berkane - on l'appelle laâroubi (ou danse campagnarde). Et chez nous, à Guercif et à Hawwâra, on l'appelle plutôt «Ras el Oued, qu'on peut aussi traduire par « musique sur fleuve », qu'on exécute aux fêtes de mariages, et aux cérémonies officielles et religieuses. »
Musicalement, ce qui prédomine ici, ce sont plutôt des aires venus de l’Est. D’abord la danse populaire dite Ras el oued, issue des hauts plateaux Oranais, milieu steppique et semi – nomade. Ensuite le Sseffe , chant des femmes de l’Oriental, appelé par ailleurs l’aroubi (le campagnard). C’est de lui qu’est issue le raï oranais qui a également ses émules à Guercif.
C'est à la kasbah de M'soun que les français, en provenance d'Algérie vont établir leur premier campement à l'aube du 20ème siècle.La Kasbah de M'soun est occupée à son tour le 11 mai 1912. Avec l'occupation de la kasbah de M'soun, une réaction se produit chez les Mtalsa ; des feux apparaissent dans la montagne, et le soir - même les français subissent une attaque. A la fin du mois d'avril 1912, les émeutes de Fès provoquent l'effervescence sur la rive gauche de la Moulouya ; les tribus sont rassemblées à M'soun. Le 26 juin 1912, les troupes françaises s'installent à Guercif. C'est dans ces conditions, qu'il était devenu possible aux troupes coloniales de réaliser la jonction tant souhaitée entre le Maroc Oriental et le Maroc Occidental.
Au loin se profile le mont Guiliz, limite entre le plat pays des Hawwâra et les premiers escarpements Bni Bou Yahi, domaine rifain par excellence. C'est au pied même de ce Jbel Guiliz, que le 20 avril 1912 au petit jour, les troupes françaises abordèrent la Harka marocaine. Les Bni Bou Yahi, tiennent tête aux envahisseurs jusqu'à une heure de l'après midi. Renforcés par les Mtalsa, ils font preuve d'un courage remarquable, et se réfugient en zone espagnole, à la fin des combats.En effet, après l'occupation de Debdou, le 4 mai 1911, les troupes françaises s'installent au gué de Mérada, à une dizaine de kilomètre en aval de Guercif. Le camp est établi sur la rive droite de la Moulouya. Le 6 mai 1911, des Bni Waraïn tirent sur les tentes ; Comme ils trouvent refuge à Guercif, les troupes coloniales la bombarde le 10 mai au matin. Les tribus fuient les obus, mais réoccupent le centre de Guercif, après le départ de la colonne. Les harcèlements des troupes coloniales continuent dans la vallée de la Moulouya, infligeant fréquemment des pertes aux français. A mérada - même une harka se jette sur le camp dans la nuit du 17 au 18 mai 1911. Les rebelles n'hésitent pas à multiplier les coups de main, car ils se sont vite rendu compte de l'inviolabilité du fleuve.
De nos jours, on trouve les Hawwâra sur les deux rives du cours inférieur de l'oued Sous et sur la rive droite de la Moulouya. Ces derniers sont attestés à l'Est de Taza, bien avant l'avènement des Idrissides. Dans les deux cas, les Hawwâra constituent des îlots arabophone en milieu berbérophone : celui des Masmoda pour ceux de Sous et celui des Zénata pour ceux de l'Oriental marocain. Les premiers s'adonnent à l'agrumiculture, les seconds à l'oléiculture.
La tribu des Hawwâra Oulad Rahou est l'une des plus hospitalières de l'Oriental Marocain. Ici « la table servie » prend l'allure d'un méchoui dans tous ses états. Chez eux, à la manière des anciens bédouins du désert, le sacrifice est le symbole suprême de l'hospitalité et le salon où ils reçoivent les invités est la pièce la plus importantes de leur foyer : en arrière plan, toutes les autres dépendances sont mobilisées, pour satisfaire les invités .Au point qu'autrefois, l'homme mal accueilli faisait un feu de brindilles d'armoise qui, en dégageant un long filet de fumée, signifiait qu'il n'avait pas été reçu par un membre de la Jmaâ . Cette pratique visait à jeter l'opprobre sur le hameau auquel appartient l'inhospitalier. De passage chez les Hawwâra Oulad Rahou au mois d'avril 1666, Roland de Fréjus, qui était porteur d'un message de Louis XIV à Moulay Rachid, qui résidait alors à Taza, témoigner de leur hospitalité en ces termes:Une autre fraction Hawwâra qui nomadisait jadis chez les Béni Snassen, s'étaient également jointe à ces luttes entre leffs, nous relate le Pasteur Hihi Mohamed Belbaqal devenu depuis oléiculteur :
« Des raisons pour lesquelles nous avons quitté l'Oriental pour venir s'établir à Guercif ? Les conflits intertribaux du temps de la Siba, où les uns razziaient les autres au baroud. Les Ahlaf de Taourirt avaient encerclé nos proches parents qui habitaient à Guercif. Ces derniers chevauchèrent alors 40 à 50 chevaux et sont venus nous chercher à Madagh, dans la plaine Triffz, chez les Bni Snassen :
- Ô nos frères ! Le malheur est arrivé chez nous, venez nous aidé à nous défendre ! Nous ont-ils dit.
Chevauchant à leur tour chameaux et bêtes de sommes, les nôtres les accompagnèrent en conduisant leurs troupeaux d'ovins, de bovins, et de camelin, jusqu'ici à Guercif où ils ont fini par s'établir. Ils étaient accompagnés de leurs sloughis de chasse, se déplaçant à dos de chameaux et de chevaux. Celui qui en était capable achetait un fusil. Le troupeau avançait et les cavaliers le suivaient. Une fois à Guercif, ils montèrent leurs tentes au nouveau campement, et s'invitèrent mutuellement : depuis lors, les échanges de visites n'ont jamais cessé entre ces fractions alliées. »
Ils se fixèrent à Guercif de la manière suivante : dans les plaines de Tafrata et du Jell : les Hawwâra occupent les 4/5ème du territoire tandis que les Oulad Rahou en occupent le 1/5ème .Sédentarisés ainsi au bord de la Moulouya, ces anciens pasteurs - nomades, se livrent désormais aux cultures maraîchères, à l'oléiculture irriguée en particulier.
Dans la région Taza - Guercif , l'olivier est déjà attesté sous les Almohades, comme le soulignait Ibn Ghâzi, auteur du 15ème siècle :« Dans les bonnes années, écrivait - t - il , et avant que les Banou Marîn, eussent commencer à ruiner le Maghreb extrême, lors de l'affaiblissement de l'autorité des Almohades, la récolte des olives au ribât de Taza, se vendait environ 25 000 dinars. » Ibn khaldoun, nous dit qu'à leur avènement, les mérinides ont détruit l'une des principales ressource de la région ; l'oléiculture.
L'olivier porte le nom berbère d'« Azemmour ».C'est donc un arbre d'une antiquité respectable,puisqu'il s'est fixé comme toponyme dans des régions où le berbère n'est plus parlé comme Zemmoura en Algérie et Azemmour, au bord de l'oued Oum R'bia (la mère du printemps).
La récolte des olives a lieu après l'Ennaïr, elle bénéficie, croit- on, de la baraka attachée aux fêtes dont le renouvellement de l'année est l'occasion. Dés que l'olivier arrive à maturation, on gaule avec de longues baguettes flexibles, les olives des hautes branches. Les glaneuses ramassent dans des coffres, les olives abattues et vont les porter au pied de l'arbre où chacun établit séparément son tas. Le soir chaque tas est mesuré par les soins du maître de l'olivette, et les ouvrières sont payées en conséquence. C'est une tâche délicate qui incombe en priorité aux femmes : Elles cueillent à la main les olives qui sont à porter en tirant sur chaque brindille, sans en faire tomber en même temps les feuilles.
Avant de commencer la trituration des olives, on jette du sel gemme dans la meule de gré calcaire, qu'on a fabriqué à Oued Amlil . Elle se meut grâce à la force motrice des bêtes de somme. En plus de cet appareil qui triture les olives, le moulin se compose d'un pressoir : l'un et l'autre établis à demeure dans une construction couverte en terrasse.Une obscurité presque absolue règne dans ces locaux : si le travail de l'huile doit s'effectuer à l'abris de la lumière, c'est parce que, selon une superstition ; l'huile nouvelle ne doit pas voir la lumière du jour.
Lorsque les olives ont été réduites en pâte par la meule, on entasse cette pâte dans des escourtins en alfa, qu'on place les uns sur les autres au milieu de la table du pressoir. Le propriétaire du moulin ne se contente pas de fabriquer l'huile de sa récolte, il travaille aussi à sa façon les olives de ses voisins, moyennant un prélèvement à son profit d'un dixième du produit.
« Au passé, se souvient Hmida Amine, il y avait à Guercif entre 50 à 60 pressoir traditionnels avec les bêtes de somme, comme unique force motrice. »
C'est à partir de 1930, qu'on a commencé à planter l'olivier dans toute la région de Guercif. Maintenant, chaque année, on plante 7000, 8000, jusqu'à 10 000 arbres. La superficie plantée ne cesse de croître, aux Ranates, à Mahiridja, Berkine, Ras Laqsar et Taddart. Avec le déclin du pastoralisme, les Hawwâra ont commencé à s'intéresser à l'oléiculture qui est maintenant leur principale activité.
La récente exploitation des nappes phréatiques, a rendu possible le développement de l'olivier irrigué qui a pu ainsi gagner du terrain sur la steppe, jadis réservée au pastoralisme. Maintenant il faut chercher cette eau précieuse à des profondeurs de plus en plus grandes :
« En raison de la faiblesse des précipitations dans cette région, nous sommes en train d'épuiser la nappe phréatique, nous explique Mr. Amine Hmida. Au début om pompait l'eau à vingt mètres, maintenant il faut la chercher à soixante dix mètres de profondeur. Nous n'avons qu'une seule source et elle est largement insuffisante. Cela fait trente ans qu'on nous parle d'un barrage au col de Tmaqant : depuis mon enfance, je n'ai pas cessé d'entendre parler de la prochaine réalisation de ce barrage. Deux études lui ont déjà été consacrées, nous- dit- on, mais toujours pas de financement. »
Steppique en surface, la région est riche en nappes phréatiques, dont les racines se trouvent au cœur de la chaîne rifaine. Ce sont ces nappes qui ont formé le seuil de Taza. Mais la baisse constante de leur réserve en eau, constitue désormais une menace redoutable pour l'oléiculture irriguée comme nous l'explique pour sa part Mr .Hihi Mohamed Belbaqal:
«Nous souffrons du manque d'eau. Nous ne disons pas « pourquoi on ne construit pas de barrage chez nous ? », car nous savons que cela coûte cher. Mais alors qu'à Outat El Haj, un quintal d'olives donne 30 litres d'huile , chez nous à Guercif il n'en produit que seize à dix sept. Ma propre production se limite à 15 litres le quintal, en raison du manque d'eau. On ne commence à irriguer l'olivier qu'à l'approche du mois d'octobre, quand il est déjà trop tard. C'est pour cette raison que la productivité est faible par ici. »
Les olivettes, on les trouve essentiellement au bord de la Moulouya et de ses affluents. Les oliviers sont parfois si dense que la culture sous bois n'est plus possible. Tout un système de petits canaux amène l'eau de l'irrigation dans des cuvettes creusées au pied de chaque arbre. Mais sans irrigation pas d'olive.D'où la demande lancinante d'un barrage qui revient comme une litanie dans la bouche des oléiculteurs :
« L'olivier pousse en abondance à Guercif, nous dit Baghdadi Jelloul :. C'est l'or noir de Guercif. Des tribus entières en vivent. Des ouvriers viennent travailler à sa cueillette, de Marrakech et de tout le reste du Maroc. Quand le moussem de l'olivier arrive, même celui qui ne possède qu'un lopin de terre , peut espérer gagner un million de centimes pour nourrir sa famille grâce à la cueillette d'olives. Notre problème ? La soif, le manque d'eau. Le jour où la région disposerait d'un barrage, Guercif pouvait satisfaire tout l'Oriental marocain en matière d'olives. »
C'est vers la mi - novembre 2008 au moment du moussem de la cueillette et de la trituration des olives, que nous nous sommes rendu chez les Hawwâra Oulad rahou à Guercif, pour le tournage du documentaire « Au bord de la Moulouya », dont nous publions aujourd'hui, les commentaires agencés autrement pour ce blog.
Abdelkader Mana
15:56 Écrit par elhajthami dans Le couloir de Taza | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : le couloir de taza | | del.icio.us | | Digg | Facebook
21/10/2010
Vie pastorale
V i e P a s t o r a l e en arrière pays de Taza En haute montagne, aux environs de Bou - Iblân, en arrière pays de Taza, le paysage respire l'agréable fraîcheur de petits sites alpestres. Le montagnard ne parle jamais sans émotion involontaire des opulentes prairies de Meskeddâl, qu'embaume le parfum subtil et puissant d'innombrables fleurs champêtre. En langue berbère de haute montagne, « Meskeddâl » signifie « répartir les pâturages », il s'applique à l'ensemble des prairies ainsi réparties entre diverses fractions de tribus Bni Waraïn.La montagne, c'est le domaine de la transhumance d'été, qui commence au mois de mai et s'achève avec la tombée des premières neiges, qui oblige les transhumants à descendre vers la plaine. C'est au mois de mai que les bergers avaient commencé de s'installer sur ses plantureux pâturages au vert sombre encore frangé de neige éblouissante.
Ô mon cœur n'espère plus la revoir !
Ô mon cœur, épargnes - moi autant de souffrances !
J'ai peur que tu me jettes dans un puits sans fond !
Il erre ainsi perdu par sa douleur... »
Cheïkh Mohamed Jerrar
Les transhumants quittent la montagne dés les premières neiges
Le chant du pays se rythme au tambourin
Le rythme de Bou Iblân scintille au firmament
La danse pastorale est une ondulation de la montagne
Hautes sont les cimes, limpides sont les sources
Drues, les vallées de la montagne à Meskaddal
Où chaque année, on célèbre les pâturages d'été...
Vertes, les prairies de la plaine d'Azaghar
Où chaque année, On célèbre les pâturages d'hiver...
Par petits groupes les transhumants gagnent lentement l'aval et vont planter les piquets de leurs tentes,les uns sur les bords du Melloulou, les autres sur les rives de la Moulouya, ou encore - sur le haut plateau de la Gada de Debdou.Dans cette migration périodique dont l'amplitude n'excède jamais soixante quinze kilomètres, ils sont suivi peu de temps après par la tribu presque toute entière, qui vient hiverner sur ces pâturages de plaine.
Dés les premières chutes de neige au début d'octobre, on commence de voir les transhumants se répandre dans les steppes de Taïzirt dans la plaine de Tafrata et sur les plateaux de la Gada, que les pluies d'automne ont fait timidement verdoyer. Nous en avons rencontre l'un d'entre eux en train de descendre des cimes enneigees de Bou Iblan avec son troupeau :
« Je suis de Tamjilt fraction Bni Smint. Nous descendons maintenant vers Taïzirt. Nous fuyons pluies et neiges. Nous passons cinq mois à Taïzîrt, et à partir de mars on monte vers les pâturages de montagne. Mais maintenant que l'hiver est là, nous descendons vers les pâturages de plaine : cinq mois Là - haut, cinq autres en bas. »
Le mouvement de la transhumance d'éte et d'hiver
En hiver, le froid très vif et la neige qui couvre tous les sommets ne permettent plus au transhumant de continuer à vivre en montagne : chassé par les intempéries autant que par les disettes des pâturages, moutons et chèvres doivent descendre en plaine sous la conduite des bergers, à la recherche de l'herbe et d'une température plus clémente. Dés que l'on constate l'appauvrissement du terrain de pacage ou l'assèchement des points d'eau, ou qu'on estime les conditions météorologiques préjudiciables aux troupeaux,
« En tant qu'éleveur, j'ai conclu un pacte pastoral avec un pâtre. Au terme de la saison pastorale de six mois, je lui accorde trente six agneaux, en plus de sa provision mensuelle et d'une tente pour la garde du troupeau. Il ne prélève sa part que sur les nouvelles naissances : ce pacte pastoral court du mois de juin de l'année en cours au mois de juin de l'année suivante. Le berger bénéficie en plus du lait, du beurre et des fromages.En raison du manque de troupeau le pacte pastoral n'est plus conclu à 10%, mais seulement à 5% voir à 3%. C'est en cela que consiste le salaire du berger dans la région de Bou Iblân, où la transhumance d'été dure du mois de juin au mois d'octobre, et où la transhumance d'hiver dure du mois de novembre au mois de mars. En ce moment elle se déroule soit dans la région de Guercif soit dans celle de Tahla : ce sont là nos principaux pâturages d'hiver ; nous autres pasteurs - éleveurs de Bou Iblân. »
les propriétaires se mettent en quête d'autres pâturages où se situera l'emplacement d'un nouveau bivouac. Le 15 novembre, le 20 au plus tard, on se met en route. A mesure que chaque tente est prête, bêtes et gens partent sans ordre et sans autrement tarder. Le convoi s'échelonne dans la montagne.
La Gaâda de Debdou
La Gada de Debdou domine en falaise la plaine de Tafrata. Cette zone est située dans le prolongement du haut atlas qu'elle raccorde à l'Atlas Saharien d'Algérie, de sorte que par inadvertance, les transhumants marocains se retrouvent parfois de l'autre côté de la frontière, dans la partie de la « meseta Oranaise ».
Le transhumant doit fuir la neige et s'abriter du froid de l'hiver, se rapprocher des ses terres, les fumer les ensemencer de maïs, procéder aux emblavures d'automne. Les hommes achèvent à la hâte les labours d'automne, tandis que par petites étapes les Iâzzaben se sont rapprocher des grandes tentes ramenant du Jbel les moutons ayant brouter l'herbe fine et recherchée de la montagne.
Ce sont les bédouins arabes qui ont jadis introduit l'usage de la tente chez les transhumants berbères. L'établissement des grandes tentes dans un bivac nouveau s'accompagne d'un ensemble de pratiques magiques à l'observance desquelles le transhumant attache un grand prix. Une vie nouvelle semble renaître à chaque fois pour lui.
L'éleveur Ben Omar Qaddour nous décrit ainsi la tente de ces transhumants Zénètes : "La tente de la transhumance est faite de quoi ? Elle est faite de la laine , que les femmes tissent après la tante des moutons. Elle est aussi faite en partie d'alfa. De l'intérieur elle est soulevée par deux poutres faîtières, qui soutiennent la Triga. C'est celle - ci qui est au fondement de la khaïma(la tente du transhumant) . Au milieu un pan appelé Rhal sépare la partie de la tente où vivent les femmes de celle où se trouvent les hommes. Le lieu où se trouve le foyer est appelé Al Handour. A l'extérieur, les bandelettes sont en alfa et la toiture en laine. »
Des rites président au renouvellement du foyer. Chacun ravive son propre feu et en garde jalousement la flamme. Le souper sera plus abandon que de coutume, et l'hospitalité somptueuse pour ceux qui peuvent égorger un mouton.
La toiture de la tente est généralement agrémentée sur sa face interne de caractères tifinagh. La première nuit qu'on passe au nouveau bivac, les femmes, avant toute chose, jettent du sel sur le terrain réservé à la tente et à ses dépendances. Elles fumigent avec du charbon à glu (Addad), l'emplacement destiné aux jarres de lait.Ce travail fini, l'une d'elles dit :
« Que Dieu fasse du nouveau bivac un emplacement de paix ! »
Une autre répond :
« Que Dieu vous le procure ! »
Les pasteurs de tous les pays observent des usages identiques.
Mazza Ben Youssef :"Jadis la forêt couvrait toute cette région, d'essences forestières diverses, tel le thuya, le genévrier, le chêne vert, le pistachier que vous voyez autour de moi. A partir de son fruit on prépare localement une concoction administrée pour les maux de l'estomac. C'est une essence dont les clercs tirent l'ancre dont ils écrivent leurs hagiographies et leurs talismans. »
La fleur de pistachier dont on se sert pour raviver la mémoire
Cheïkh Abdellah Yahya :
« Quand la France a commencé par occuper le Maroc du côté Est, ils se sont d'abord établis à Mahiridja, d'après ce que nous ont raconté nos anciens. Les montagnards de Tamjilt, Bni Smint, Bni Abdellah, Bni Bou Raïs, transhumaient vers cette direction. De la montagne, ils partaient vers la plaine avec leurs tentes et leurs troupeaux. Les deux premières années ils descendaient vers la plaine sans qu'ils soient inquiétés. Mais au bout de la deuxième année de leur établissement à Mahiridja, les troupes françaises les ont appréhendé ainsi que leurs troupeaux[1]. On a emprisonné les gens. On les a enchaîné. Ce qui est resté de la chaîne, on l'a mis au capuchon du burnous de l'un des prisonniers, puis on les a conduit au lieu où se rencontrent les oueds, près de Taourirt. Ils sont restés emprisonnés là pendant deux ans. Parmi ceux qui ont été emprisonnés à Mahiridja, il y avait mon grand père ; on l'appelait Mohamed Ou Ali Yahya et son frère Ali Yahya. De notre douar, il y avait aussi Moummouh Ou Rahhou.Mon grand père est arrivé à s'enfuir en creusant un trou dans le mur de la prison. Il avait laissé derrière lui, son frère et son compagnon : tous deux sont morts en captivité, et ont été ensevelis au cimetière de Mahiridja. Deux autres , également originaires du douar Bni Smint, ont été exécuté sur place : l'un s'appelait Benali Ou Rahhou, et son frère qui s'appelait M'hand Ou Rahhou. Ils ne les ont pas fusillé ; ils les ont exécuté aux sabres. Morts enchaînés.Ils sont restés enterrés la -bas pendant deux ans.
Deux villageoises Bni Smint
Leurs sœurs se sont rendues à la plaine , les ont déterré et ont ramené leurs dépouilles à la montagne. L'une des sœurs s'appelait Rqia Ali, et l'autre Zahra Ali. Elles ont ramené leurs dépouilles encore intactes où elles ont été enterrées à Bni Smint."
M A H I R I D J A
Vers la fin de 1913, le commandement décide d'installer un poste provisoire à Mahiridja, qui sera achevé, comme l'indique la plaque commémorative, deux ans plus tard, en 1915. Cette mesure a pour but d'interdire les pâturages d'automne du Maârouf des Bni Waraïn. C'est de la Gada de Debdou que les troupes françaises sont arrivées à la plaine de Tafrata, où ils bâtirent une forteresse à Mahiridja, bloquant ainsi l'accès aux pâturages d'hiver, que les transhumants ont de tout temps effectué vers la plaine.Les Aït Maqbal , et les Aït Bou Illoul ont ainsi perdu plus du tiers de leurs troupeaux du fait du blocus systématique inauguré à leur encontre en 1923 par les avants postes français.
Dans le programme de l'année 1918, le général Lyautey prévoit des actions des troupes de Taza contre les Bni Waraïn, en particulier contre la très remuante tribu des Bni Bou N'çor.
L'entrée principale du poste de Mahiridja, achevé en 1915
Au début du printemps 1912, les Bni Waraïn de l'Est se sont installés entre la Moulouya et Debdou, pour interdire aux français la plaine de Tafrata. Un goum est attaqué au cours de la reconnaissance sur la Gada. Les Français concentrent toutes les unités disponibles à Fritissa, en Tafrata.
Avant de regagner Guercif, le groupe mobile laisse à Mahiridja un détachement auquel incombe le soins d'organiser le nouveau poste desservi par une ligne de chemin de fer pour l'approvisionnement des militaires.
Malgré un brouillard épais, le capitaine Labordette croit pouvoir descendre avec sa compagnie l'étroite vallée d'Alouana ; il tombe dans une embuscade. Les marocains fusillent les légionnaires à bout portant, en peu de temps, ceux-ci ont 28 tués dont un capitaine et sept blessés dont un lieutenant. Les survivants se replient sur le col avec beaucoup de peine. Dés que la nouvelle parvint au général Gerardot, il expédie en toute hâte les renforts. Les unités de secours escaladent la montagne ; elles recueillent les débris de la compagnie et vont ramasser les morts.
Les opérations militaires françaises étaient prévus dans les premiers jours d'avril 1923 de façon à précéder la transhumance en montagne des fractions qui sont venus passer l'hier dans la vallée de la Moulouya. De cette façon on empêche tout renforcement des dissidents par des ralliés. Le lieutenant Kasdir note : « Les populations montagnardes auxquelles nous nous sommes heurtés en 1923 sont toujours restes insoumises. Habitués à une vie rude, elles sont résolues farouchement à conserver leur indépendance. Rejetés dans le pays de la neige et du froid, privés de pâturages d'hiver indispensables à leurs troupeaux, éloignés des terrains de culture de la plaine ; ils sont acculés à se soumettre. »
Les Français parcourent la région avec un groupe de 2300 hommes. Pourtant cela n'intimide pas les Bni Waraïn : le 9 avril 1912, à la pointe du jour, environ 2500 guerriers foncent sur la reconnaissance de Mahiridja. Dés le début le combat prend une allure très violente, l'action s'étend peu à peu sur un fond de huit kilomètres : 200 morts côté marocain et 28 tués côté français. Les Bni Waraïn restent déterminés et très hostiles, et ne songent nullement à dissoudre leur rassemblement à Bou Yaâcoubat. D'ailleurs une Harka des Ghiata et Houwara, formée dans la région Taza - Msoun, vient les appuyer ; en fin avril 1912 ; elle s'installe à Safsafat sur le Melloulou , puis vers le 10 mai 1912, elle atteint la Moulouya à Sidi Bou Jaâfar. Les forces des dissidents s'élèvent alors à environ 4500 combattants.
Bajghit Qasso : « Un certain Ou Hammou vivait dans une grotte. Quand le colonialisme est arrivé, ils ont voulu négocier sa reddition. Sa réponse fut un niet catégorique à l'occupation. Il est resté retranché obstinément jusqu'à ce que les chrétiens ont fini par le tuer au fond de sa grotte à Bou Iblân »
Maâzouz Mohamed : « Le pont que vous voyez derrière moi a été édifié par le protectorat. Il était traversé par le train à charbon, qui ne fonctionnait ni au mazout , ni à l'essence, ni à l'électricité. Il reliait Guercif à Midelt. Il n'y avait pas de wagons pour les voyageurs comme aujourd'hui : voyageurs et marchandises étaient à découvert.Mon père, que Dieu ait son âme conduisait la locomotive de ce train. Je me souviens encore quand je l'avais accompagné à Guercif à maintes reprises, à l'allée comme au retour. Les rails ont été enlevés vers les années quarante ; aux environs de 1938 - 1939.Je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui.Au quartier militaire, il y avait la légion française, les Sénégalais et les goumiers. Ils étaient quatre à cinq compagnies. Je me souviens qu'ils étaient restés longtemps par ici. Ils ont quitté les lieux au début des années quarante sans que je sache où ils sont partis. »
Finalement le relief complexe et fortement acceidenté a joué le rôle de la cinquième colonne dans la lutte de ces montagnards aguerris contre la pénétration coloniale .
Semi-nomades, semi-sédentaires, certains Bni Wuaraïn de l'Est étaient obligés de composer avec les troupes Françaises pendant l'hiver pour permettre à leurs troupeaux de pâturer dans la plaine du Melloulou et de la Moulouya. Vaguement ralliés pendant l'hiver, ils deviennent de véritables ennemis pendant l'été et les Djiouch Bni Jellidacène pillaient les populations soumises. La première guerre mondiale, et la guerre du Rif ralentissent l'activité militaire dans la région.
Abdelkader MANA
02:37 Écrit par elhajthami dans Le couloir de Taza | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : le couloir de taza, histoire, vie pastorale | | del.icio.us | | Digg | Facebook