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De la culture populaure

De la culture populaire

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Abdelkébir Khatibi

« Je crois que j’ai eu l’occasion de le dire devant l’Union des Ecrivains Marocains – que dans la tradition poétique marocaine ; la poésie populaire, Arabe, Berbère, est de très loin la plus importante, la plus adaptée à notre imaginaire. Je considère Sidi Abderrahman el-Majdoub comme le meilleur poète Marocain jusqu’à maintenant. La poésie populaire dans ses différentes composantes – la plaine, la côte, la montagne – peut entrer dans une mémoire en devenir. Par exemple l’audio-visuel – qui n’est pas encore techniquement avancé chez nous – s’il veut travailler sérieusement devrait entrer en contact grâce à des artistes, avec l’art et la culture populaire. C’est une chose qui n’est pas encore faite. Donc au lieu que la culture populaire soit simplement décorative ou folklorisée ; elle est partie prenante de l’avenir et de la mémoire en devenir. Elle peut donner naissance – grâce à des artistes et des poètes – à de nouvelles formes artistiques. Je vais vous donner un exemple qui n’est pas Marocain : le grand pianiste Chopin – l’un des plus grands écouté dans le monde – avait écrit la plupart de ses partitions à partir des airs populaires polonais, et il en a fait une musique internationale et mondiale. Il a fait la synthèse entre la musique classique et la musique populaire. A mon avis, c’est un travail sur nous, c’est de prendre en charge toutes les stratifications de notre mémoire qui est une richesse. » (citation tirée de l'entretien que l'auteur m'accorda et qui paru à Maroc- Soir du 12 janvier 1987).  

Dans « chemin de traverse » (Rabat, 2002), Abdelkébir Khatibi écrit à propos de « culture savante, culture populaire » :

      Historiquement, le Maroc a surtout  été un pays de guerriers et de bâtisseurs d’Empires. Contrairement à d’autres pays arabes, la culture savante (à base d’écriture) y a été plutôt pauvre : aucune tradition philosophique ou scientifique. La culture savante s’est exprimée dans la théologie et l’historiographie locale. Ce qui fait l’originalité de ce pays, c’est bien sa culture populaire, élaborée dans la littérature orale, les arts graphiques et artisanaux, le chant, la danse et la musique. C’était là, la seule grande expression dans ce pays en grande partie analphabète.

    Le colonialisme a transformé cette culture en une image folklorique et exotique, y voyant les traces d’une « mentalité archaïque ». Il n’est pas étonnant que le nationalisme ait combattu cette utilisation, mais en même temps il en a profité pour refouler la culture populaire. En effet, la notion de « culture nationale » relève d’une conception logographique du monde : tout, dans cette conception, se définit par rapport au Verbe (Logos) et nous savons combien la langue arabe a été sacrifiée par les Musulmans.

    C’est pourquoi certains intellectuels marocains, en combattant la tyrannie logographique , essaient de réinterpréter cette culture populaire afin de créer de nouvelles formes. Ainsi, par exemple, dans la peinture, l’utilisation appropriée des motifs de tapis et de la vannerie. Même chose pour la calligraphie qui est un art extrêmement raffiné. En musique, on assiste à un certain retour aux formes populaires, avec de nouvelles variations.

    Mais dans l’ensemble, cette culture est en train de se dégrader. Parce qu’il ne trouve pas de débouchés que du côté touristique, les arts artisanaux se réduisent à des formes appauvries. La chanson marocaine imite la forme elle – même dégradée de la variété égyptienne. Toute cette culture populaire s’altère peu à peu.

    Cependant, nous pensons que le développement de l’audio – visuel par les mass – média peut aider à sauver la littérature orale. Encore faut – il la réinterpréter selon de nouvelles valeurs. Abdelkébir Khatibi

 (extrait  d’ « Idéologie et culture nationale », article traduit en suédois par Lars Fant sous le titre « Idéologie och national kultur », in  Rapport fran SIDA (Swedish International Development Authority), Stockholm, n°2, februari – mars 1974 (Tema : marockaner om marockansk kultur) (numéro dirigé par Mona Martensson), pp. 11- 13.

   

Écrit par elhajthami Lien permanent | Commentaires (0)

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