17/07/2014
Quatre enfants tués à Gaza/ "le blocus illégal de Gaza doit être levé".
Est-ce la bavure de trop ? Mercredi 16 juillet, au neuvième jour des bombardements israéliens contre le Hamas dans la bande de Gaza, Israëlavait demandé à 100 000 habitants d'évacuer leur domicile. Ces mises en garde n'auront pas suffit à éviter le pire.Quatre enfants ont été fauchés par un missile sur une plage très fréquentée de Gaza, à quelques centaines de mètres d'hôtels où logent des journalistes occidentaux.Ces derniers ont rapidement témoigné du drame. Tous expliquent que le groupe d'enfants se trouvait sur cette plage de pêcheurs pour jouer au football, confirmant des photos prises par une agence de presse locale, Media24. Un premier missile israélien a d'abord touché, peu après 16 heures (14 heures à Paris), une cahute sur la digue du port de pêche de Gaza. Les images de TF1 montrent des navires de guerre israéliens croisant au large quelques instants plus tôt.
L'un des enfants meurt sur le coup de cette première frappe, explique leNew York Times. Alors que les autres garçons se mettent à courir, une deuxième frappe atteint le groupe, et en tue trois autres. Les survivants, blessés, vont chercher de l'aide, alors que des Palestiniens adultes partent à la recherche des victimes.« Les gamins terrifiés remontent la plage en criant » raconte l'AFP. Trois d'entre eux sont couverts de sang et commencent à être soignés sur la terrasse de l'hôtel Al Deira, au milieu des journalistes.
« J'ai mal, ma poitrine brûle, ma poitrine brûle », crie l'un d'eux. Une des victimes se tient le ventre en hurlant avant de s'écrouler et d'êtretransportée à la hâte vers les secours par le personnel et les journalistes, dont celui du Guardian, qui se dit très choqué. Une autre ambulance emporte aussi un homme dont la jambe a été arrachée.
« ILS ONT COURU À LA MORT »
Au total, quatre enfants (deux âgés de 10 ans, un de 9 ans, l'autre de 11 ans) ont été tués et au moins cinq autres ont été blessés dans ces frappes, selon le responsable des services des urgences à Gaza. Les victimes sont des cousins d'une seule et même famille de pêcheurs, les Baker, « très connus à Gaza » selon France Info.
Le photographe de NBC News était présent au moment où une mère a appris la mort de ses enfants. « L'horreur », décrit-il, avant de poster la photo de cette mère (ci-dessous), et une vidéo d'elle traumatisée, déambulant en criant au milieu des journalistes.
A mother reacts to the news that her son was one of 4 boys killed in Israeli shelling of seaport
Le cortège funéraire a rassemblé des centaines de personnes. « Ils ont couru droit à la mort », a déclaré un membre de la famille à l'AFP au moment des funérailles, tremblant de rage.Le correspondant de NBC News avait souligné, quelques heures avant les frappes, que les tracts de l'armée israélienne appelant à l'évacuation n'indiquent aucun endroit sûr où se réfugier.Selon le New York Times, la mort de ces jeunes enfants est déjà devenue le symbole des victimes civiles palestiniennes liées à l'opération militaire « Bordure protectrice ». Depuis le 9 juillet, 222 Palestiniens de Gaza sont morts dans les bombardements, et plus de 1 600 personnes ont été blessées, selon le dernier bilan des services d'urgence palestiniens.
Deuil à Gaza : « Comment peut-on tirer sur des enfants qui courent »
Il est 15 h 20 à Gaza, mercredi 16 juillet, quand une terrible déflagration ébranle le front de mer. Quelques minutes plus tard, une seconde frappe retentit. Touchée par ce qui semble être un obus tiré d'un navire israélien, une bicoque de pêcheurs, construite sur la digue du port de pêche, est réduite en un tas de parpaings éclatés et de tôles noircies. A côté des décombres, les corps en partie calcinés de quatre garçons de la mêmefamille, Mohammad, Ahed, Zakariya et Ismail. Ils avaient entre 9 et 11 ans.
Les enfants Bakr jouaient sur la plage depuis quelques heures. Certains avaient apporté un ballon, d'autres pêchaient ou grattaient le sable à la recherche de morceaux de métal à revendre. Après la première frappe millimétrée sur la cabane, il semble que les enfants, blessés, aient été pris sciemment pour cible alors qu'ils remontaient la plage pour se mettre à l'abri. A quelques mètres de la cahute, Mohammad Abou Watfah a assisté au carnage : «Les enfants étaient paniqués, ils se sont mis à courir vers la plage. Un deuxième obus les a suivis. Il est tombé à quelques mètres et j'ai perdu connaissance», raconte péniblement le commerçant, touché à l'estomac par des éclats. Le corps ensanglanté, hors d'haleine, des enfants blessés parviennent à la terrasse d'un établissement du bord de mer, alors que résonne l'explosion d'un troisième obus.
Dans le quartier des pêcheurs, non loin du front de mer, les femmes se regroupent autour des mères endeuillées des quatre enfants. Parmi elles, Saloua, la mère de Mohammad, son fils unique, suffoque. «Elle a huit filles. Elle avait attendu ce fils pendant des années», souffle une voisine. Enveloppés, chacun, dans le drapeau jaune du Fatah, les quatre petits corps sont portés jusqu'au cimetière. En marge du cortège, Sharifa, la mère de Zakariya, 10ans, ne parvient pas à se redresser, pliée en deux par la douleur. Un homme fend la foule et s'approche d'elle. Alors qu'il la relève péniblement, il lui annonce le décès à l'hôpital d'un autre de ses fils, Montassar. La femme s'écroule, à moitié inconsciente. L'enfant est en réalité toujours en vie, mais dans un état critique. Après quelques jours d'accalmie relative, les urgences de l'hôpital central de Gaza sont à nouveau débordées par l'arrivée des blessés, ce qui provoque les plus dramatiques confusions.Dans le service de chirurgie, Tagred, une autre mère du clan Bakr, veille sur son fils, Ahmad, 13 ans, touché à la poitrine par des éclats d'obus: «Ce ne sont que des enfants. Ils ne faisaient rien de mal contre les Israéliens,pleure d'incompréhension la mère palestinienne. Mon fils jouait simplement avec ses cousins et maintenant ils sont tous morts.» «Comment peut-on tirer sur des enfants qui courent ?»
Avant l'entrée en vigueur d'une trêve humanitaire, jeudi entre 9 heures et 15 heures, les bombardements ont été particulièrement meurtriers mercredi, faisant au moins 25 morts. Devant la morgue de l'hôpital Al-Shifa, un père titube après avoir reconnu le corps de sa fille. Moushira, une jeune Palestinienne, conclut avec une ironie glaçante : «C'était la fête des enfants à Gaza.»
09:51 Écrit par elhajthami | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook