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09/05/2012

Eclaircie

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Jour de lumière à Essaouira
Je republie ce reportage photographique du Lundi 1er mars 2010 où j'ai vraiment découvert ma  vocation de photographe. Plus qu'une question de technique, la photographie est d'abord une affaire de "feeling" et de présence: il fallait être là au bon moment...Je republie également cette note en raison de ce message que je viens de recevoire de jeunes musiciens Français  :
Bonjour,
 
Je suis Pierre-Marie Sangouard, chanteur du groupe français Adrugan. Lors d'un séjour à Essaouira en avril 2009, j'ai composé une chanson hommage à cette ville incroyable dont je suis tombé amoureux.Depuis nous jouons cette chanson sur scène, et elle figurera sur notre prochain album intitulé "les Lunes Rousses".Je tenais à vous faire découvrir cette chanson en avant première.N'hésitez pas à nous écrire ce que vous en pensez et à la faire écouter à votre entourage.Vous pouvez trouver les informations sur notre groupe à cette adresse :www.adrugan.fr Bien à vous.
"Merci pour cette belle chanson qui finit par le soupire des vagues.." Leur avais - je répondu....
 

 
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Petite par son espace, grande par son temps mouvant; Essaouira se prête au regard poétique.

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Par Abdelkader Mana
Après la tempête des derniers jours de février 2010, l'éclaircie de ce lundi 1er mars : jour de lumière à Essaouira. Au sortir de l'aube je me dis : ce jour est différent, c'est le premier jour de lumière transparente, translucide qui mettra en valeur le blanc et le bleu d'Essaouira. Ni ciel, ni mer, un seul bleu éclat de lumière.Et puis les mouettes, encore et toujours. Elles occupent maintenant le cœur même de la médina. Se chamaillant pour une bouchée de pain endurcie maintenant que la tempête des derniers jours a empêché les arrivages au port et forcé les bateaux bleus à rester à sec sur les quais du port. Elles n'ont plus peur de l'homme, elles sont partout, cependant que se lève le soleil à l'Est des îles purpuraires.

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Première prise de vue : la porte du lion : en ce jour qui point, par delà l'horizon le soleil se profile derrière le rideau des branchages d'araucarias. Cet arbre venu d'Amérique Latine s'est tellement bien acclimaté au ville côtière du Maroc qu'il donne l'impression de faire partie du paysage depuis toujours.Je regarde ma montre, il est 7h.17. et je me rends compte qu'on est déjà au premier jour de mars : les tempêtes de février sont déjà loin derrière nous. Je note la lumière du soleil levant sur les crêtes des vaguelettes, les vieilles pierres ocres du port, l'île reverdissante au loin, le flamboiement des minarets et des araucarias se dressant au ciel comme autant de lances de chevaliers Donquichottesques en marche. L'aube et ses humeurs. L'aube et ses lumières.
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Oui, aujourd'hui, la lumière sera bonne et le ciel serein. Avant de m'engager sur la baie immense et lumineuse, j'ai pris des baignées croustillons au « Sefnaj » - un mot arabe qui dérive du persan «isfanj » probablement parce que ces baignées sont originaires d'Ispahan - puis une soupe de fèves (bissara) à khobbaza, marchants de pein de seigle bien chaud en cet heure matinale, où d'habitude se retrouvent, à chaque aube naissante, les marins du vieux port, pour partager un bon thé d'absinthe (chiba) qui a la réputation de réchauffer le corps et les cœurs juste avant d'affronter les embruns et les frimas de haute mer. Mais aujourd'hui, aux cafés maures de khobbaza, rares sont les marins parmi la clientèle de l'aube : là aussi c'est signe qu'il n'y a pas de sortie en mer ; comme si la ville et le pays - un minaret, en s'effondrant vient de faire quarante et un morts à Meknès - se remettent lentement des blessures de la dernière tempête de ce mois de février 2010.
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Sur la plage, je croise quelques promeneurs solitaires et romantique comme j'en ai connu du temps de mon adolescence amoureuse, où je suivais moi aussi la ligne de partage des eaux en ces beaux rivages. Rêvassant aux rencontres impossibles et interdite. Divaguant au gré des vagues.Au loin un voilier insaisissable, au voisinage de la grande île où poussent drues les première prémices du printemps. Mon objectif saisi sa verdâtre fraîcheur entre le bleu sombre des eaux où se diluent  progressivement les alluvionnements des récentes inondations de l'oued ksob et le bleu transparent et limpide du ciel lavé par les eaux de pluie. Je m'approche de la lisière luisante des vaguelettes et de leur rumeur et je zoom sur l'îlot de firaoun (Pharaon) où niche le faucon migrateur d'Eléonore.La mer a de moins en moins cette couleur pourpre que lui donnaient les déversements impétueux des dernières inondations. Mais ce qui reste de brindilles et de branchages, couleur d'algues sombres, soulignent, comme des cils de beauté l'immense regard bleuâtre du beau rivage.Plus je m'approche de Borj El Baroud, cette tour de feu, plus elle prend les allures d'une œuvre d'art sculptée par les vagues et les vents. Elle n'a plus la forme de la tour de guet qu'elle avait au début du siècle dernier avec ses créneaux et ses arcades. Elle semble s'effondrer sur elle-même au milieu des dunes de sable.Elle est maintenant à l'embouchure de l'oued ksob, le lieu de rencontre privilégié de nué d'oiseau après avoir été le lieu des rencontres amoureuses au temps des hippies. En en faisant le tour brusquement deux bétyles phéniciens se dressèrent devant mon objectif ! Une découverte ! Une révélation toute fraîche concernant un lieu visité et revisité depuis mon enfance ! Je n'aurais probablement jamais remarqué une si évidente parenté avec les bétyles phéniciennes de l'île d'en face. C'est la prise de vue qui orienta ainsi mon regard, ma perception et mon analyse. La photographie comme outil de recherche...La lumière de l'aube, c'et aussi la lumière sur le passé phénicien d'Essaouira.Je garde le meilleur pour la fin: ma découverte des bétyles phéniciennes d'Essaouira. Comme disait Hegel: "Au début toutes les vaches sont noires, ce n'est qu'à la fin que l'oiseau de minèvre se lève." Ce n'est qu'à la fin que l'éclaircie permet à la lumière d'éclater.

Reflets

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De « Borj el Baroud » (la Tour de Feu) à TANGARO

Au XVI ème siècle, avant la découverte des Amériques, au Maroc, les Saâdiens avaient le monopole du sucre en Méditerranée Occidentale. Et c'est essentiellement pour acquérir ce produit précieux et rare à l'époque que les Européens mouillaient  en rade de Mogador et au large de Santa - Cruz (Agadir) : ces deux port étaient le débouché naturel des sucreries Saâdiennes situées dans l'hinterland en amont de l'oued ksob de l'oued Sous et de Chichaoua.Les Saâdiens ont édifié leur fort de « Borj et Baroud », sur les ruines   du sémaphore Phéniciens établi là pour orienter  les bateaux ronds de l'antiquité qui jetaient l'ancre à ce mouillage d'Amogdoul (mot qui dérive de « Migdol » qui signifie « petite rempart » en phénicien, mais aussi en hébreux et en arabe avec le toponyme de « Souira »), par les flammes qu'on y attisait par nuit sombre au fond de la baie.

Depuis la haute antiquité le site est fréquenté, d'abord par les Phéniciens comme en témoigne la bétyle dressée au ciel qu'on a découvert sur l'île, ensuite par les Romains dont on a retrouvé, toujours sur l'île, entre autre les vestiges d'une villa, d'une mosaïque représentant un paon et d'une pièce de monnaie à l'effigie de Juba II. Et il y a encore peu de temps de cela, des marins ont remonté dans leurs filet deux amphores romaines entièrement intactes, recouvertes seulement de coquillages et d'algues. Et non loin des récifs de la Scala de la mer, où les anciens entrepôts de canons et de poudre sont actuellement occupés par les ateliers des marqueteurs, d'autres marins ont de leur barque entrevue au fond de l'eau, par temps calme et eau transparente, ce qui ressemble à une autre mosaïque romaine que celle déjà répertoriée sur l'île.

Une piste romaine reliait d'ailleurs Tangaro sur les hauteurs Sud de Diabet à « Karkora » au bord de lamer via une magnifique forêt de thuya, de mimosa grouillant de perdrix, de lièvres et de sangliers : aujourd'hui toute cette faune et toute cette flore a disparu sous le green du nouveau golfe qui occupe une superficie supérieure en hectares à celle de la ville. Cet immense espace aujourd'hui entièrement grillagé et interdit d'accès , était sauvage et servait depuis le XVIème siècle comme pâquis où venaient brouter librement les troupeaux  de Diabet et où les gens de la ville organisaient leurs « Nzaha » (pique - nique rituel) à l'ombre des ruine de Dar Sultan ensablée. Les marins de Diabet, avec leurs filets de pêche pour rejoindre le front de mer empruntaient jusqu'à une période récente cette lumineuse et sauvage piste blanche disparue sous le green. Cette ancienne piste romaine aboutissait à « Karkora », là où sont établies, sur le récif, les huttes des récolteurs d'algues. Cette piste blanche, disparue sous le green, reliait jadis l'antique puits de TANGARO aux digues de KARKORA , ces bassins de pierres dont se servaient jadis les Romains pour y piéger les poissons quand lamer se retire à marrée basse. C'est une technique qui est encore utilisée de nos jours, là où il y a de fortes marées : en se retirant , la mer laisse derrière elle les poissons, qui sont ainsi pris au piège par ces anciens bassins de pierres, dénommés ici « KARKORA », le féminin de « KARKOR », le tas de pierres sacrées en langage vernaculaire.

Cet immense site des îles purpuraires abritait en effet deux fabriques romaines : l'une sur la plage de l'île au niveau du tertre produisait la pourpre à base du gland du Murex, coquillage auquel les romains donnaient le nom de Purpura Haemastom (d'où le nom des îles purpuraires que portait Mogador de Juba II). La seconde fabrique est celle du garum. Elle était située sur le continent à l'emplacement actuel du lieu - dit « KARKORA », des récolteurs d'algues, soit à mis - chemin entre la Tour de Feu Phénicienne ;le « Borj El Baroud » des Saâdiens et Cap Sim.

Le garum est une sauce de poisson - pourri , dont les romains étaient friands, qui était concocté à la manière du Nyak -Nyam  Vietnamien. Une fois pris au piège au bassin de pierre de KARKORA, les romains transportaient ce poisson à dos de mulets et de chameau,à travers la piste blanche disparue sous le green, jusqu'aux hauteurs de Diabet où se trouvait le puits de « Tan - garum », devenu plus tard « TANGARO » où se situe l'auberge du même nom. Les romains puisaient là, l'eau douce dont ils avaient besoin pour se désaltérer et pour fabriquer le garum.

Or en berbère le puits se dit « Tanout » : Imin - Tanout signifie la margelle du puits chez les sédentaires Masmoda dont font partie les Haha au Sud d'Essaouira et « Anou Ou Kchod » qui a donné Nouakchott, l'actuelle capital de Mauritanie, signifie le « puits du bois » en langue Sanhaja, les premiers nomades berbères du Sahara. Le toponyme de « TANGARO » dérive donc d'un mot composé du nom du puits en berbère Haha « Tan » et du poisson - pourri romain « Garum » ; ce qui donnera plus tard le toponyme de « TANGARO », lieu - dit situé à l'emplacement de l'auberge du même nom où trône d'ailleurs au milieu des cactus et autres genêt, une vieille éolienne dont les pales métalliques bruissent perpétuellement sous la fureur des vents alizés.

Essaouira , le vendredi 5 mars 2010

Abdelkader MANA

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Sculpture du vent et des vagues
"Borj El Baroud" (la Tour de Feu) est la batterie utillisée par le sultan pour fermer la passe Sud de la baie par des tir croisées avec une autre batterie située juste en face sur l'île. C'est cette vieille ruines situées près de Diabet à l'embouchure de l'oued ksobqu'on appelle "fort portugais". La partie supérieure est musulmane (1432), les gros blocs qui ont servis de base à la construction musulmane peuvent être les vestiges de "Mogdoul", la tour punique qui a dû être construite par Hannon au fond de la baie de Mogador et a fourni l'ancien nom d'Amogdoul cité par le géographe El Békri. ils sont battus par les brèches à chaque marée par les vagues.
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Oiseaux
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Envolée
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Alluvionnements de l'oued Ksob
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Les îles purpuraires
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Les bétyles phéniciennes d'Essaouira

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Reportage photogaphique d'Abdelkader Mana du Lundi 1 mars 2010

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09:37 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photographie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ce matin

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Reportage photographique d'Abdelkader Mana

Essaouira, le mardi 24 mai 2011

09:33 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

30/04/2012

Les aventures extraordinaires de Sidi Ahmad Ou Moussa

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El Atrach

Au nom de Dieu, le Clément et le miséricordieux ; qu’il accueille en sa miséricorde notre Seigneur Mohamed. Voici ce que rapporte Sidi Ahmad Ou Moussa, le Samlali ; que Dieu lui accorde sa grâce.

« Nous étions un jour en train de jouer  à la balle quand soudain, arriva un vieillard aux cheveux blancs. Il portait sur la tête un panier de figues fraîches. 

- Qui parmi vous, nous dit-il, portera pour moi ce panier sur la tête ? Dieu l’élèvera en un rang supérieur à tout autre et lui fera parcourir un pays que jamais aucun prophète ni aucun saint n’a encore parcouru.

Je mis, (continue Sidi Ahmad Ou Moussa), ce panier sur la tête et accompagnai le vieillard jusqu’à sa demeure. Revenu chez mes compagnons, je m’assis et perdis connaissance. Je restais ainsi trois jours durant. Le quatrième jour, je sortis de ma maison et me dirigeai vers Marrakech où vivait le saint Sidi Abdelaziz surnommé et-tebbaa, que Dieu lui accorde sa grâce et nous fasse profiter de sa bénédiction, amen.

voyage

Roman Lazarev

Arrivé chez le saint, celui-ci me dit :

- Soit le bien venu, o saint envoyé par Dieu ; Dieu t’élèvera en un rang supérieur et te fera parcourir des régions que n’a jamais traversé aucun prophète et aucun saint.

Cela dit, il me frappa sur la tête et j’en demeurai étourdi pendant neuf jours. Le dixième jour, je quittai la demeure du Saint et je parti pour rendre une visite pieuse au tombeau de l’Elu ( le Prophète Mohamed), que Dieu lui accorde sa miséricorde et le Salut éternel. Arrivé  à Médine , que Dieu accorde sa Miséricorde et le Salut éternel  ceux qui y sont enterrés, je me mis  la recherche du saint plein de vertus  Sidi Abdelkader eljilali(saint mystique musulman qui vécu  Bagdad ; né en 470(1077-1078), il mourut en 561(1166), que Dieu lui accorde sa grâce après l’en avoir rendu digne. J’avais enduré beaucoup de fatigue à me rendre du tombeau du Prophète à la demeure de Sidi Abdelkader eljilali  . Aussi, ce dernier m’invita-t-il à enfourcher un roseau qu’il me présentait. Je m’y refusai et, le quittant , je marchais pendant dix sept jours dans la direction des arabes bédouins. (Etant arrivé chez eux) je passai la nuit chez une femme qui possédait douze ânesses de l’espèce asine particulière à ce pays. Je dînai chez cette femme de beurre et de lait. Mon hôtesse m’invitait instamment à manger en me disant :

-  Il faut que tu manges !

voyage

 Trifis Abderrahim

Mais à la première bouchée, regardant vers le sol j’aperçus le bœuf qui constitue le socle sur lequel repose la terre(dans la cosmogonie traditionnelle musulmane, le buhmut, désigne non le taureau, mais l’énorme poisson qui le supporte. Dans les parlers berbères du Sud-Ouest marocain on appelle buhmut , une fosse profonde, un précipice, un abîme) . Puis tournant mes regards vers le Ciel j’aperçus l’Estrade et le Trône divin. Je quittai, ajoute Sidi Ahmad Ou Moussa, la maison de cette femme et pris la direction du levant. Je rencontrai un homme qui consacrait son temps à parcourir la terre. Je l’accompagnai pendant quatre nuits, puis le laissant , j’allai chez Mohamed – U- Yassin. Je le trouvai en train de paître des chameaux en compagnie d’Arabes bédouins. M’adressant à eux, je leur dit :

- Creusez le sol ici, vous y trouverez le tombeau d’un des Saints envoyés par Dieu.

Ils creusèrent à l’endroit indiqué, mais n’ayant rien trouvé, ils me frappèrent tellement que j’ai failli en perdre la vie. Cependant ayant creusé une deuxième fois, ils trouvèrent le tombeau. Je ne leur avais donc pas menti, mais c’était Dieu seul qui avait décidé de mon sort. Quelqu’un se dressa devant moi et me dit :

- Il te reste à recevoir une nouvelle bastonnade puis tu t’élèvera au rang réservé aux saint personnage.

-  Qui es-tu donc Seigneur ? lui demandé-je.

-  Je suis Abdellah Ben Brahim, fils de cet Abdellah al Jalil qui reçu le roseau (symbole d’initiation mystique) des mains de Sidi Mohamed Ben Sliman el-Jazouli, répondit-il.

voyage

Le piton rocheux de Sidi Mohamed Ben Sliman el-Jazouli,en pays Haha

(Ce propos échangé), je marchai pendant dix sept jours, sans autre nourriture que de l’herbe, dans la direction du levant. Le dix-huitième jour, mon âme (il s’agit ici de en-nefs al-ammara bi soua, l’âme qui incite au mal) concupiscente se révolta et me dit :

- Que signifie cette marche ?   

Nous rencontrâmes cependant des individus presque nus n’ayant que des peaux pour tout vêtement. Nous restâmes deux nuits chez eux sans manger autre chose que du fromage sec. Puis, les quittant, nous réprimes notre marche et traversâmes pendant douze jours, des forêts et des déserts, sans y rencontrer âme qui vive.  

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 Arrivés chez les Barbares, nous rencontrâmes soudain un homme borgne paissant des moutons. Nous le saluâmes et il nous rendit notre salut selon les règles ordinaires. Lui ayant demandé l’hospitalité au nom de Dieu, il nous souhaita la bienvenue et nous conduisit à sa demeure. Nous entrâmes avec lui dans une grotte dont il ferma l’entrée d’un rocher que, seuls quarante hommes pourraient remuer et qu’il souleva et plaça, cependant, tout seul, sans aide étrangère.(Cela fait), il alluma du feu , égorgea un mouton à notre attention, le fit rôtir, et, lorsque nous en fumes  rassasiés, nous demanda si nous voulions autre chose :

- Ce que nous avons mangé nous suffit, répondîmes – nous. Il nous dit alors :

- Moi, je n’ai pas encore dîné, et je me demande ce que sera ce dîner. C’est l’un de vous qui en sera la matière.

- Mais Dieu te l’interdit lui répliquâmes – nous, et si tu es musulman, il t’a rendu la chaire humaine illicite.

-  Je ne suis pas musulman, nous répondit-il, mais infidèle, arrangez vous donc pour que l’un de vous me serve de dîner.

Chacun de nous  se proposa alors pour être la première victime dont cette brute dînerait. 

-  Je ne suis utile à personne, me dit mon compagnon, tandis que toi, selon nos vœux, dois servir à tous.

-  Que veux-tu dire par là ?

-  Je ne doute pas, que tu sois appelé à accomplir des actions agréables à Dieu.

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 Maimoun Ali

Et aussitôt, il se rendit auprès de la brute qui, le saisissant par une épaule se mit à le dévorer. Lorsqu’il l’eut achevé, mon compagnon était mort, que Dieu l’accueille en sa Miséricorde !

La brute revint encore vers les restes du mouton qu’il avait égorgé pour nous. Il les mangea et il me dit :

- C’est toi qui demain de bonne heure, seras mon premier déjeuner.

Là - dessus il se coucha sur le dos et s’endormit. Je me levai, je pris la broche qui lui avait servi à nous préparer la viande rôtie, et je la mis au feu. Lorsqu’elle fut rouge, je l’enfonçai dans l’œil qui permettait encore à la brute de voir. L’œil éclata. La brute effrayée, me poursuivit en cherchant à m’atteindre. Je pénétrai, en m’éloignant de lui, au milieu des moutons. Il ne me trouva pas, mais il me dit :

-Par où sortiras-tu ? Demain je t’attraperai à la porte !

La nuit se passa. Le lendemain matin, la brute déplaça le rocher qui lui servait à fermer l’entrée de la grotte. Puis il s’assit et fit sortir les moutons tout en passant la main sur eux. Les moutons sortaient un par un et le brute les palpait dans l’espoir de mettre la main sur moi. Je me dit alors : « Comment ferai-je pour me tirer de ce mauvais pas ? » . Dieu voulant me protéger de brute, m’inspira alors un stratagème. Je revêtis la peau du mouton sans que sa main, Dieu en soit loué, me rencontrât. Je m’arrêtai et attendis qu’il eut fait sortir tous ses moutons.

- Où es – tu ? Me demanda-t-il.

- Je suis dehors o ennemi de Dieu, o le pire des ogres, lui répondis-je.

Et là-dessus, lui ayant échappé, je me mis en route dans la direction du levant et marchai pendant trente cinq jours. J’étais triste et soucieux en songeant à mon compagnon dévoré par l’ogre. Je ne mangeai en cours de route rien d’autre que de l’herbe.

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   Abderrahim Trifis

Le trente – sixième jour, mon âme concupiscente me dit : « Personne n’agit ainsi ; nous voici accablé de fatigue et mort de faim ; dirigeons – nous donc vers les pays des hommes ! » Je suivis son conseil et me remis en marche. « Tu vaux mieux que tous les hommes. » me dit alors mon âme. – Et toi lui répliquai-je, tu es inférieure à eux tous. » Et voilà que, soudain, des lions et des bêtes fauves se dirigent vers moi en rugissant. Mon âme me répète alors ses premiers propos et me donne le conseil suivant :

-  Si tu veux leur échapper, il est bon, avant qu’ils ne t’aient atteint, que tu montes sur ce pistachier térébinthe. Peut-être de cette manière, échapperas-tu aux lions.

Je lui répliquai en protestant que Dieu ne m’approuverait pas de chercher à fuir le sort qu’il avait décrété. Là – dessus, fauves et lions, arrivent sur moi, se frottent à moi, m’entourent de droite et de gauche, puis l’un d’eux, levant la patte, urine sur moi. Je dis alors à mon âme : « Ne t’avais-je pas dit que tous les hommes valaient mieux que toi ? Vois ce que m’a fait ce lion ? » C’est alors qu’un lion me saisissant par la tête l’introduit toute entière dans sa gueule et l’y garda un petit moment puis me relâcha. Je crus que ma vie sortant d’entre mes épaules m’avait quitté. Je me remis  marcher pendant huit autres jours. Le neuvième j’aperçu à la tombée de la nuit, dans un ravin, un nuage de poussière qui paraissait dù à des sauterelles s’abattant dans la gueule d’une énorme bête. Cette bête, ouvrait la gueule et avalait tous les volatiles qui se présentaient. Je demeurai là sept jours à m’emerveiller de ce spectacle.

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    Mohamed Tabal

Le huitième je repris ma route et pressai la marche en traversant douze jours durant, forêts et déserts. Je trouvai (alors) des hommes qui entraient, dans leur mosquée par tous les côtés. J’entrai avec eux. Ils me maudirent comme les hommes le font pour Satan. Puis l’un d’eux m’enleva du sol pendant qu’un autre lavait  grand eau l’endroit o je m’étais arrêté. Je me remis en marche en me dirigeant vers quelque chose qui me parut avoir la taille des palmiers. Je m’aperçus, en approchant, que c’étaient des femmes remplissant d’eau des outres faites de peaux de chameaux. Ces femmes, en se retournant, s’étonnèrent de ma petite taille. L’une d’elles me prit par sa main, me tendit  une de ses campagnes qui, à son tour, s’émerveilla. Une des femmes, enfin, me saisit, me plaça dans la paume de sa main et m’emporta vers sa demeure. Les gens arrivaient de tous côtés et de tout lieux et me regardaient avec curiosité pendant que les femmes ne cessaient de me faire passer de paume en paume et cela jusqu’à l’approche de la nuit . La femme qui m’avait emporté chez elle, égorgea un bouc et me dit :

-  O homme, que tu sois un être humain ou un démon, mange de la viande et jette les os sans croquer !

Oubliant cette recommandation, je croquai les os. Un homme alors se leva, m’empoigna avec une violence à faire mal et me jeta derrière leurs demeures, la main brisée et la tête fendue. Je restai là jusqu’au matin. Une femme me prit et me déposa dans une jatte à lait qu’elle recouvrit. Un moment après, je m’enfuis loin de la demeure. Huit ou dix jours après, mon âme concupiscente eut envie de chair de poulet et d’œufs cuits et assaisonnés de poivre. Je lui fais observer que nous n’en prenions pas la route. Je me dirigeai cependant vers les pays habités. J’aperçu une agglomération ; je l’atteignis à la fin de la nuit et je m’arrêtais à l’entrée d’un jardin. Ce jardin avait été pillé par les voleurs. C’est pourquoi, ses propriétaires s’emparèrent de moi, me rouèrent de coups de bâton, me ligotèrent en me disant :

-C’est toi le voleur !

Tout en me tirant par la barbe, ils répétaient :

- Ah ! voleur ; c’est toi qui ne cesse de piller notre jardin !

Ils me remirent enfin entre les mains d’un esclave des plus méchant appelé Maimoun(allusion à Sidi Mimoun, un des génie les plus important) et armé d’une baguette :

-   Laissez-moi, leur dit-il ; je vais lui donner une sévère bastonnade !

Et il se met à me frapper si violemment sur le ventre que j’ai crus qu’il éclatait. Après m’avoir retourné il en fit autant pour le dos. Mais bientôt il s’arrêta et dit à ses compagnons :

-J’entends une voix mystérieuse qui me dit : « O Maimoun, j’en atteste le Dieu le Puissant, si tu donnes encore un seul coup, à ce saint de Dieu, ta main seras, sans aucun doute, détachée de l’extrémité du bras.

On ne le crut pas et autre esclave s’emparant de la baguette, se mit à me frapper. Aussitôt ses mains et ses pieds, se détachèrent, arrachés des extrémités ( des bras et des jambes) auxquels ils étaient attachés. Ses compagnons l’emportèrent et me conduisirent chez le maître du jardin. Ce dernier me fit servir des poulets et des œufs cuits assaisonnés de poivre. Je mangeai et une fois rassasié, je dis à mon âme concupiscente : « Tu n’a obtenu ce dont tu avait envie qu’au prix d’une sévère bastonnade. »voyage

Je quittai ces gens-là et marchai pendant huit jours. Je rencontrai, me barrant le chemin, un serpent à sept têtes portant douze cornes. Ce serpent était velu comme un bouc et de ses yeux et de sa bouche le feu jaillissait. Pendant huit jours cette bête traversa la plaine sans que je puisse savoir où elle se dirigeait. Lorsqu’elle eut disparu, je me mis à mesurer les traces qu’elle avait laissées. Je constatai que sa largeur était de quarante - deux coudées ; quant à sa longueur, Dieu seul la connaît.Le mendiant céleste selon Tabal

  Je me remis en marche, mais pendant mon sommeil j’entendis une voix mystérieuse, inspirée par Dieu, qui me disait : « Sais-tu O Hmad Ou Moussa ce qu’était ce serpent ? – Non, répondis-je. – Et la voix ajouta : « C’était un des serpents qui peuplent l’enfer. »

Je repris ma route et cheminai de nouveau pendant quatre jours. J’arrivai dans un pays dont les habitants trayaient des vaches noires. Chacune de ces vaches portait au milieu de la tête une corne toute droite et semblable à un piquant de porc-épic. Les queues elles-mêmes avaient cette forme. Je restais sept jours chez ces gens sans manger autre chose que du fromage sec.

  Je me remis en marche et traversai, quinze jours durant, forêts et  déserts. Je rencontrai un homme en train de labourer ; derrière lui,(le grain semé). Je m’arrêtai à le regarder, lorsque sa femme arriva, la chevelure peignée, teinte au henné et parfumée :

-   Laisse-là ta charrue O un tel, et rentrons à la maison ; nous sommes de fête (littéralement de noce) aujourd’hui car ton fils est mort.

Le laboureur abandonna sa charrue et accompagna sa femme. Lorsqu’il eut enterré son fils il offrit un repas que les gens acceptèrent. Pendant ce temps j’avais pris la charrue et labouré quelque peu. Lorsque l’homme revint, il vit que mes sillons étaient restés jaunes et que rien n’y avait poussé ; au contraire, ce qu’il avait semé était sorti de terre et était tout verdoyant. 

-Que Dieu nous garde de ta présence, me dit-il ; tu es sans doute originaire de ce pays du Maghreb où les gens se lamentent à la mort de quelqu’un.

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 Maimoune Ali

En quittant ces lieux, me voilà de nouveau en marche, traversant pendant vingt-deux jours, forêts et  déserts. Je trouvai enfin, des hommes, qui n’avaient pas d’autres demeures que des grottes, qui labouraient la nuit et fuyaient,le jour, la chaleur du soleil. Je leur demandai, au nom de Dieu, la permission de m’abriter chez eux de la chaleur du jour.

-  Soit le bienvenu O hôte envoyé par Dieu, répondirent-ils.

(Entrant) dans leur demeure, je levai les yeux et aperçus une profusion de serpent de couleurs différentes, des verts, des jaunes, des rouges et des blancs.

- N’aie pas peur d’eux, me dit une femme de ce peuple, ils ne font de mal qu’à celui qui leur en fait.

Cette femme, voulait aller traire des brebis, prit les ustensiles nécessaires à la traite, elle s’aperçu qu’un serpent avait pendu dans une jatte. Une autre femme survenant alors dit en s’écriant :

-  Cette façon de faire nous lasse.

Et elle brisa l’œuf du serpent en ajoutant à l’adresse de ce dernier :

-  Vous nous encombrez !

Le serpent lui fit observer que la jatte dans laquelle l’œuf avait été brisé et un serpent tué, contenait (désormais) du poison. Puis cette femme s’en alla traire mais, se souvenant qu’elle avait brisé l’œuf du serpent, elle lui demanda de l’en excuser en alléguant qu’elle ne l’avait pas fait exprès. Le serpent, cependant, montant sur la jatte à lait, la renversa en la vidant de son lait. La femme s’adressant alors à moi me dit :

- Que Dieu t’éloigne de nous et qu’il te maudisse, tu as renversé notre lait.

Je lui répondis que Dieu seul connaissait celui qui avait renversé le lait, que ce n’était pas moi mais bien le serpent dont elle avait brisé l’œuf.

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Maimoun Ali

Puis m’éloignant de ces lieux je me remis en route et marchai pendant huit jours. J’arrivai chez des êtres humains – dont la bouche s’ouvrait dans le cou et les yeux dans les genoux ; les poiles dont leur corps était couvert étaient leur seul vêtement. Je saluai ces gens mais ils ne me rendirent pas mon salut. Je les interrogeai sur leur origine et ils me répondirent qu’ils étaient les diablotins du peuple des démons. Je restai sept jours chez eux, puis, les quittant, je repris ma route et marchai pendant six jours. Je rencontrai alors un oiseau vert ; lorsqu’il se posait sur un arbre cet arbre verdoyait, lorsqu’il s’envolait , l’arbre se desséchait mais redevenait verdoyant lorsque l’oiseau se posait à nouveau sur lui. Je me dis, en présence de ce spectacle : « Il n’y a d’autres divinités que Dieu ! Que vois-je là ? » L’oiseau me répondit en ces termes :

- O Hmad Ou Moussa, ces arbres sont comme les co-épouses d’un même homme ; l’arbre sur lequel je me pose verdoie pendant que l’autre se dessèche ; si je me pose sur le sol, les deux arbres verdoient ensemble. Il en va de même des deux femmes d’un même homme ; celle chez qui il passe la nuit est heureuse alors que l’autre est mécontente.

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    Trifis Abderrahim

Je poursuivis pendant deux jours ma marche et le troisième jour j’arrivai chez des gens qui possédaient des chèvres blanches dont tous les boucs étaient noirs.

    Huit jours après (j’atteignis) une vallée où grouillaient serpents et scorpions. Je demandai le nom de cette vallée et on me répondit que c’était celle du Sind. Je restai là trois jours effrayé et perplexe. C’est alors que le Maître Sidi Abdelkader eljilali , se présenta à moi me remis le roseau dont nous avons déjà parlé et m’invita à l’enfourcher. C’est ce que je fis en survolant la vallée où grouillaient serpents et scorpions. J’atterris sur mon roseau chez les Ayt - Béni - Israël. Puis le roseau, m’emportant de nouveau dans les airs, me déposa aux abords du JebelQaf (dans la cosmogonie musulmane, c’est le nom donné à l’énorme montagne, inaccessible aux hommes, qui entoure le monde terrestre). Je trouvais là un homme dans le voisinage de cette montagne. Il me salua en disant :

-  Salut O Sidi Ahmad Ou Moussa ! Où vas-tu ?

Je lui demandai de me décrire cette montagne.

- Il faut, me répondit-il, neuf mois de marche , pour en atteindre le sommet, un temps aussi long pour en traverser le plateau supérieur et enfin neuf autres mois pour en redescendre le versant opposé. Et cela ne vaut que pour celui qui vole de ses propres ailes, quant à celui qui, comme toi, marche  pieds, personne n’en parle.

J’enfourchai donc mon roseau qui, m’emportant dans son vol, me déposa entre midi et le milieu de l’après-midi, au sommet de la montagne. Je trouvai là un autre personnage qui me dit :

- O Sidi Ahmad Ou Moussa, penses – tu avoir atteint les limites du Monde ? N’oublie pas qu’il y a encore sept autres mondes après celui-ci, et tous ces mondes ne sont habités que par les anges.

Alors, je tournai la tête et fit à Dieu acte de contrition.  

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Trifis Abderrahim

    Sidi Ahmad Ou Moussa poursuivant alors son récit ajouta :

« Je trouvai au sommet de cette montagne une source d’eau claire et fraîche. Je souhaitai d’en boire en mangeant du pain d’orge que l’on cuit dans le pays des Ida - Ou - Samlal . Ce souhait était  à peine formulé dans mon esprit qu’une femme se présenta  moi et me remit un pain qui venait de sortir du four.

-De quelle tribu, demandai-je  la femme ?

-Des Ida - OuSamlal,me répondit-elle en repartant .

Je mangeai le pain, bus de l’eau fraîche en me disant : « Quelle aventure ! ». N’ayant pu rendre mes devoirs  cette sainte femme, je me levai, enfourchai mon roseau et suivis ses traces. J’arrivai soudain à Massa, dans la pays de Sous, entre midi et le milieu de l’après-midi. Je voulus m’informer de cette femme, mais je craignis que l’on ne se moquât de moi. Quelle signification pourrais-je leur donner ? Comment s’informer d’une personne dont on ignore et le nom et la demeure ?  Je restai donc sur place, ne sachant quoi faire. Je me résolus enfin  parcourir tout le bourg de Massa dans l’espoir de rencontrer la femme que je cherchais. Je venais  peine de me mettre en marche quand j’entendis me dire :

- O Sidi Ahmad Ou Moussa, passes par ici et suis moi.

J’avançai donc sur ses pas et la suivis jusqu’à sa maison. Elle entra et me fit entrer avec elle . Elle me servit à dîner, ainsi qu’à ses enfants. Le repas achevé, elle coucha ses enfants et attendit qu’ils fussent endormis ; elle me dit :

 -C’est moi la sainte taba-Teaazza des Ida Ou Samlal, lèves-toi que je te conduise dans un certain lieu.

voyage Je l’accompagnai. Nous entrâmes dans la mer et moi, la suivant par la grâce de Dieu nous cheminâmes sur les eaux comme on marche sur le sol. Nous atteignîmes enfin une île où se trouvaient des hommes. Elle leur dit :

 - Voici Sidi Ahmad Ou Moussa de qui je vous ai entretenu.

 Puis elle me laissa chez ces hommes qui me dirent :

 -Un tel, saint protégé de Dieu, vient de mourir ; nous te demandons  de prendre sa place.

 Je répondis  ces saints personnages que j’étais disposé  faire tout ce qu’ils attendaient de moi.

voyage

Roman Lazarev

 C’est ainsi que s’achève le récit , entendu par nous , des pérégrinations de Sidi Ahmad Ou Moussa. Ce récit a été rédigé par Brahim Ou Mohamed , originaire de la région du Sous, de la tribu des Ikounka, du village d’Ifrhel du clan des Ayt Bahman. Que Dieu le protège des maladies, de celles de l’âme comme de celle du corps. Ce texte a été traduit du Berbère par Arsène Roux qui a donné dans « Récist, contes et légendes berbères en tachelhit » (Rabat 1942) en version berbère quatre fragments de la légende de Sidi Ahmad Ou Moussa. Laoust en 1921, dans son « Cours de berbère marocain (dialecte du Sous, du Haut et de l’Anti-Atlas) » donne le texte berbère de deux épisodes de la légende du saint. La même année il publie dans « Hespéris » la traduction française de l’un de ces épisodes : L’aventure de « Sidi Ahmad Ou Moussa dans la caverne de l’ogre. »  Il reprend cette traduction dans ses « Contes berbères du Maroc » (Paris, 1949). Mais c’est le Colonel Justinard qui a étudié le plus abondamment et la vie et la légende du patron de Tazerwalt. Il l’a fait dans « Hespéris » année 1925, 2ème trimestre et surtout dans les Archives marocaines , vol. XXIX, année 1933 . Pour ma part,en 1998 , j’ai consacré un documentaire au moussem de Sidi Ahmad Ou Moussa et  la maison d’Illigh, intitulé « Les troubadours de Sous » diffusé la même année par la deuxième chaîne marocaine sous le titre « Les troubadours de Sous ». Dans cette même série documentaire intitulée « la musique dans la vie », j’avais produit deux autres documentaires sur cette même région de l’Anti-Atlas :  « Massa, Terre de légendes » et « Idernan la fête de l’Anti-Atlas ». Abdelkader Mana

15:06 Écrit par elhajthami dans Achoura, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook