27/05/2010
Parcours du dedans
Reportage photographique d'Abdelkader Mana
Lundi 12 avril 2010
I. La Zaouia de Moulay Abdelkader Jilali
14:27 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : photographie, arts islamiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
23/05/2010
Le secrêt des rêves
Le secrêt est dans les rêves
Le secrêt des rêves de Regraguia BENHILA
Hommage à Regraguia BENHILA et à Sadya BAYROU
Regraguia BENHILA
Deux artistes peintres d'Essaouira, viennent de nous quitté, on leur a renduhommage cette après midi, du vendredi 21 mai 2010,au Musée, par la projectiond'un film Allemand intitulé "Le secrêt est dans les rêves", avec une exposition des oeuvres de deux amies Allemandes de Frankfort : la photographe Roswitha Pross qui a présenté une série de portraits de femmes avec haïk, comme Regraguia Benhila et sans haïk comme Sadya Bayrou. Et une exposition de peintures au Murex d'où on extrayait la pourpre, de l'artiste Hanne Kiroher...Le poète Moubarak Raji, très affecté par leurs disparition leur a rendu hommage quant à lui par ce poème..
Bonjour mon beau pinceau!...
De la majestueuse noirceur à la précieuse lumière enfantine, à la spontanéité joyeuse de ta gestuelle qui voit avec l'oeil du coeur. Face à tes peintures je suis saisi de la sensation de faire partie de ces enfants qui semblent surgir de tes toiles.Ils s'amusent , discutent à l'air libre, se chuchottent à l'ombre et à la lumière de créatures minuscules. Une relation secrête, éthérée, se crée alors entre ton chevalet et la toile qu'il porte. Il n'était pas évident que tu puisses frayer secrètement , ton cheminement parmi les galaxies et les étoiles ...C'est pourtant ce ciel qui donne accès à ton univers intérieur...Celui des rêves brisées de ces femmes artistes qui viennent de nous quitter..Allez-y , entrez sur la pointe des pieds au coeurs de ces deux symboles d'amour... Bonjour mon beau pinceau, bonjour ma belle plume! Bonsoir ma beauté, à Dieu l'heureux instant qui a vu naître ton oeuvre aux couleurs d'un bleu qui dépasse l'imagination...d'un jet de pinceau inouï et maritime...qui ne mourra jamais...Oui, maintenant tu es juste ésseulé dans le couloir de l'éternité...
11:44 Écrit par elhajthami dans Arts | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arts | | del.icio.us | | Digg | Facebook
21/05/2010
Regraguia BENHILA
Regraguia BENHILA
Elle peignait l’aube à la fois étrange et belle
lorsque les brouillards de la nuit font danser la lumière du jour
Au plus profond de l’hiver, en cette période de la saison morte où les nuits sont les plus sombres et les plus longues, et où le froid de la boulda atteint les cœurs, Regraguia Benhila nous a quitté ce mardi 10 novembre 2009 sur la pointe des pieds, au milieu de cette arganeraie des hrarta aux environs d’Essaouira où elle s’est retirée ces dernières années pour vivre dans la dignité loin des regards et des incompréhensions. Loin d’une ville où les solidarités traditionnelles qu’elle y a connues dans sa jeunesse, n’existent plus.
La peinture de Benhila est d’une générosité exubérante. D’une grande fraîcheur. La fraîcheur du ciel et de la mer. Elle peint l’aube à la fois étrange et belle lorsque les brouillards de la nuit font danser la lumière du jour. C’est le monde qui renaît au bout du rêve. Elle peint le ciel de la fertilité quand le jour enfante la nuit :
« Au moment où la nuit pénètre dans le jour, dit-elle, je te jure au nom d’Allah tout puissant que je vois défiler tout l’univers. J’adore le ciel quand le soleil décline. Je vois les nuages qui se meuvent et j’imagine un autre monde au dessus de nous. Je vois dans le ciel comme des arbres, des oueds, des oiseaux, des animaux. Les labyrinthes que je peins sont comme les ruelles de la vieille médina : tu vas dans une direction mais tu aboutis à une autre. Je peins les chats qui rodent sur les terrasses. Les enfants qui jouent dans les ruelles étroites, les femmes voilées au haïk , leurs yeux qui sont les miroirs des hommes et notre « mère – poisson » qui est une nymphe très belle, une gazelle qui mugit de beauté avec ses cheveux balayant la terre. Je n ‘oublie pas l’île et les monuments, symboles d’une histoire révolue. Tout cela m’apparaît dans les nuages ou me revient dans les rêves. »
Ses tableaux, elle les voit d’abord dans le spectre des couleurs qui illuminent le crépuscule au dessus de l’île et de la mer. Elle fixe ces projections poétiques dès qu’elles réapparaissent sur la toile blanche, dès qu’elle en saisit le bout du fil. Ce sont souvent des représentations symboliques du rêve, aux connotations très freudiennes :
« Quand je peins, je me sens malade comme une femme sur le point d’accoucher. Ça m’arrive à des moments de silence. L’enfantement est la seule sensation que je n’ai pas encore expérimentée. J’exprime l’idée du foutus dans ma peinture. Inconsciemment, je peins la matrice des femmes et leur état de grossesse. Je peins le diable que j’avais vu dans une forêt lorsque j’étais toute petite : j’arrachais avec mes dents le palmier nain dont j’aimais le cœur, quand il m’apparut sous la forme d’un chameau à cornes. Il était de très grande taille croisant les bras sur la poitrine. Il me regardait avec des yeux fissurés au milieu et qui louvoyaient dans tous les sens. Je m’éloignais en rampant sur mon ventre. Je rêvais souvent d’un chameau qui me poursuit. Il se transforme en une boule qui rebondit de colère jusqu’au ciel lorsque je me dérobe à sa vue. Je peins aussi le serpent, parce que, dans les temps anciens, les gens avaient peur du serpent. Les hommes étaient très beaux. Les serpents aussi. Mais, s’ils te foudroient, tu ne peux plus guérir. C’est le serpent de l’amour, car l’amour ressemble au venin. Mais je prie Allah pour que les cœurs des hommes soient aussi blancs que les colombes. »
La mer est peuplée d’esprits. C’est delà que provient Aïcha Kandicha, symbole démoniaque de la séduction féminine, que les hommes rejettent aussitôt dans le brouillard de l’oubli et des flots. Le dialogue avec la mer est zébré de craintes chimériques que l’artiste exprime sous la forme de la « mère - poisson » - sirène mugissante de beauté avec sa chevelure d’algues balayant la surface de l’océan – de piranhas et de monstres marins. Pour l’imaginaire traditionnel, l’océan est un cimetière où vient se jeter l’oued en crue avec ses cadavres de végétaux et d’animaux. Notre imaginaire n’aborde la mer, qu’en y ajoutant notre propre effroi, que véhiculait la procession carnavalesque de l’achoura où l’on chantait entre autre :
Ô toi qui s’en va vers Adouar
Emporte avec toi le Nouar
Jeux de mots sur le « Nouar » (bouquet de géranium et de basilic) que le soupirant doit porter à « derb Adouar » (l’impasse au cœur de la médina où résidait Benhila avant d’aller mourir en dehors de la ville qu’elle n’aurait du jamais quitter). Dans sa peinture la mer n’est point nommée mais sa fraîcheur est présente : azur ! Terre blanche éclaboussée de soleil ! Œil- poisson pour conjurer le mauvais sort ! Cris blanc et gris des goélands, par delà l’autre rive et l’autre vent ! Coquillage pourpre et sang sacrificiel à la foi ! La palette magique aux couleurs des jours finissants s’est retirée à l’intérieur des terres pour s’éteindre dans la dignité comme ces oiseaux qui se cachent pour mourir.
Abdelkader MANA
Artiste autodidacte, elle est née à Essaouira en 1940. Et ce n’est que tardivement, en 1988 qu’elle a commencé à produire ses premières esquisses si caractéristiques par leur univers labyrinthique et tourmenté aux thématiques extravagantes et aux couleurs chatoyantes où s’expriment son imaginaire, sa féminité et sa forte personnalité. Elle est la première femme peintre d’Essaouira.Ses œuvres ont été présentées pour la première fois, à la galerie Frederic Damgaard le 3 mars 1989,à l’occasion de la fête du Trône. Elle a ensuite exposé place de l’horloge et à Beit Allatif face aux batteries de la Scala de la mer.. Par la suite, elle s’est liée d’amitié à l’écrivain Fatima Mernissi et à un groupe de femmes Allemandes qui exposèrent ses œuvres à Cologne, francfort et ailleurs.
C’est une figure emblématique des femmes d’Essaouira, dont elle portait le haîk, qui disparaît aujourd’hui. Et c’est en 1989, que je l’avais rencontré au cœur de la médina où elle résidait . A l’issue de l’entretien qu’elle m’avait accordé alors, je lui avais consacré le texte qui precede qui paru au catalogue bleu « Artistes d’Essaouira » paru en 1990, sous le titre : « La quête de la fertilité »
19:02 Écrit par elhajthami dans Arts, hommage, Mogador | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : arts | | del.icio.us | | Digg | Facebook