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22/04/2010

La guerre du Rif

L'offensive Franco - Espagnole

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1926, le Rif isole par des postes militaires Français du reste du pays

Dans son Istiqçaâ, l'historien Ennaçiri, écrivait :« Face à l'Europe, nous sommes comme un oiseau sans ailes sur lequel fond l'épervier. »Ils furent deux éperviers à fondre sur le Maroc en 1926, lors de l'offensive franco - espagnole dans le Rif.

Après le désastre d'Anoual, Lyautey écrit à d'Ormesson que ses craintes sur le Rif, forts anciennes, n'étaient que fort fondées :« D'un mot, écrit-il, sache que la chose est grave, c'est la caractère national qu'a pris le mouvement. Son chef Abd el krim est un Monsieur très européanisé, qui sait ce qu'il fait, tient son monde, dispose d'une vraie armée et déclare l'indépendance du Rif."

Lyautey avait espéré jusqu'au bout qu'il pourrait ramener Abd el krim dans le giron du protectorat. Pétain lui, voulait liquider militairement le soulèvement en liaison étroite avec l'Espagne.

Lyautey a compris le ressort dont joue Abd el krim, il ne s'agit pas d'un classique chef de tribu en rébellion contre les français. Il s'agit d'un nationaliste, formé à l'école de l'occident qui s'apprête à utiliser le levier des traditions locales non plus comme un facteur d'ordre - mais comme un facteur de désordre. Il est comme le négatif de Lyautey : un prestige foudroyant se dresse contre le sien.

Un des atouts de Lyautey est l'aviation : arme encore naissante qui trouve dans l'insurrection du Rif, un terrain d'expérimentation sans égal.

« Un nombre considérable d'avions nous survolaient, et bombardaient les positions des Moujahidines par des bombes à gaz asphyxiantes qui décimaient nos rangs par leur poison. » raconte Mohamed Azerkan, l'un des principaux lieutenants d'Abd el krim.

Les bombes contenaient des produits chimiques rayonnant à effet néfaste sur leur santé et leur corps. Rive droite de l'oued Amkran. On l'appelle « Amkran », c'est-à-dire, la grande rivière qui se jette en Méditerranée. Un vieux rifain que nous y avons rencontre se souvient encore: " Il y a par ici des grottes où se réfugiaient les combattants lors des bombardements aériens espagnols.: "Lors des bombardements aériens, nous étions ici. On s'était réfugié là bas dans les grottes. Les avions nous bombardaient. Les bombes étaient petites. On ne pouvait rien faire. Et dans l'eau de l'oued, à la source de l'oued, où nous nous désaltérons, quand tu y laves tes mains ; l'eau est empoisonnée que Dieu nous préserve !"

Le gaz de type moutarde fourni par la France, est utilisé pour la première fois par l'aviation espagnole contre les populations civiles du Rif.

Peu après le désastre d'Anoual et l'écroulement de tout le commandement militaire de Mililla, en juillet - août 1921, les voix  commencèrent à s'élever dans toute l'Espagne - dans la presse, au Congrès - qui réclamaient l'utilisation de tous les moyens offensifs nécessaires, incluant les gaz toxiques, pour en finir avec le mouvement d'Abd el krim, dominer entièrement la zone par les armes et infliger aux rifains un dur châtiment. Dans un article de la correspondania militar (5 septembre 1921), le député parlementaire Crespo de Lara se lamente au sujet de la lenteur ave laquelle s'organisait l'aviation militaire et pourquoi elle n'avait pas encore commencé à employer les gaz asphyxiants. Dans la correspondance télégraphique entre, le ministre de la guerre, le Vicomte de Eza et le Haut commissaire le général Berenguer, en date du 12 août 1921, le premier manifestait qu'il était en train de s'acheter « des composants de gazes asphyxiants pour leur préparation à Melilla », et le second à les emploierait contre les rifains avec « véritable plaisir », pour ce qu'ils avaient fait. La décision de les utiliser paraît remonter à août 1921, peu après le massacre le 9 de ce mois des soldat espagnols à Jebel Aroui comme le rapporte le caïd Haddou dans une lettre à Abd el krim datée du 24 juillet 1922 :« Je t'informe qu'un bateau français a transporté 99 quintaux de gaz asphyxiant pour le compte des espagnols. »

A l'heure où le marché du mercredi d'Ajdir grouillait de monde, les obus commencèrent à tomber depuis le rocher de Nokour. Le débarquement franco - espagnol dans la baie d'Al Huceima eut lieu du 6 au 8 septembre 1926. La division française de l'amiral Hallier, avec le cuirassier Paris, a été mise à la disposition du commandement espagnol. Elle bombarde les organisations de la côte orientale de la baie, pendant que l'escadre espagnole assure la protection immédiate du débarquement.

Un vieux rifain que j'ai rencontré à  Ain Zorah chez les Metalsa se souvient encore : «  L'homme qui me racontait la guerre du Rif, était âgé de 80 à 90 ans. Je travaillais chez lui comme maçon. Il me racontait l'offensive franco-espagnole chez les Metalsa et dans le Rif. Ils s'étaient préparé et mis d'accord pour exécuter le plan suivant : les français viendraient de Taourirt, et les espagnols de Melilla et de Nador, pour se retrouver ici à Aïn Zorah. Une fois arrivés sur place,les espagnols  s'étaient établi à Talaïnt, et les français à Aïn Âmar.

Il me disait : une fois qu'ils nous ont occupé, nous n'avons pu plus rien faire. Etaient arrivés chez nous trois gradés ; l'un était capitaine et les deux autres des commandants.

- Que désirez vous ? Nous ont-ils demande en arabe.

- On est pour le « pardon », leur avons nous repondu. On ne vous fera plus la guerre, ni à la France, ni à l'Espagne.

- O.K, aquiessa- t -il; tôt demain ou après demain, chaque foyer doit déposer ici ses armes. Et chaque arme doit être muni de 40 réaux.

- S'il vous plait, pour ce qui est des armes, on peut vous les remettre dés ce soir. Quant à l'argent, ce laps de temps n'y suffira pas. Il faut nous accorder un délais.

- De combien de temps avez-vous besoin ? Nous demanda - t - il.

- Accordez nous deux mois.

- Non, nous rétorqua -t-il. Je vais vous accorder cinquante jours.

- Ils ne nous suffiront pas.

- Ecoutez, nous dit-il, il ne faut plus revenir la dessus ! ça sera 40 jours ! Un réau pour chaque jour.

Nous avons commencé à rendre les armes, chaque arme munis de 40 réaux  . Ceux qui refusaient de s'exécuter étaient torturés de cette manière : on enfonçait leur tête dans un récipient rempli d'eau salé, et on se mettait à les bastonner. »

Depuis l'occupation Francaise le Rif est encercle de camps militaires comme celui au sud de Taza qui etait desservi par train comme s'en souvient cet habitant du cru:

- Ce train reliait Guercif à Midelt. Les voyageurs n'étaient pas transportés dans des wagons comme aujourd'hui. Il voyageaient sur le toit du train : les marchandises d'un côté, les gens de l'autre.Mon père, que Dieu ait son âme, travaillait au chemin de fer,Ici - même. Je l'avais accompagné à Guercif. Je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui. C'est vers les années quarante qu'ils avaient enlevé les rails. Plus précisément en 1938 - 1939. Je les vois enlever les rails comme si cela se passait aujourd'hui - même. Ils avaient leur quartier ici ; avec la légion française, les tirailleurs Sénégalais, les goumiers. Il y avait là  de quatre à cinq compagnies. Ils étaient restés longtemps ici. Et un beau jour des années quarante, ils ont décampé d'ici, et je ne sais plus où ils sont partis.

Tout le long de la frontière qui sépare la zone française de la zone espagnole, Pétain mobilise les casernes militaires établies par la France lors de son occupation du Maroc au début du 20ème siècle.

Des renforts militaires arrivent de France et d'Algérie et prennent position aux portes du Rif ; à la kasbah de M'soun, à celle de Mérada au bord de la Moulouya d'où s'envolent les escadrilles, à Camp Berteaux, et camp Aïcha chez les Béni Zeroual. A Paris, le haut état major fait prévaloir une autre conception des choses ; la guerre totale, l'éradication d'Abd el krim. On n'est plus dans la logique du protectorat, mais celle des colons, de l'expansion impérialiste à l' « Algérienne ».

Dans ses lettres à propos de l'offensive dans le rif en 1925, le lieutenant Joubert écrit :

« Nous sommes très près des côtes comme pour mieux les voir. Je les connais déjà ces côtes rouges arides, sauvages, des rochers à pic sur la mer très bleue, nulle habitation que la maison du gardien du phare, c'est un paysage grandiose sous le soleil, un décore pour des contes fantastiques. L'air est doux, c'est le calme et la solitude.

L'offensive a commencé le 12 avril 1925, par une souga chez les Béni Zeroual, à la zaouïa d'Amjout ; ils nous lâchèrent en partie.

Abd el krim voulait le chemin de Fès. Vous pensez quelle victoire pour lui de prendre la ville sainte, la capitale intellectuelle. C'était la reconnaissance certaine de sa puissance, puis de son autorité ; c'était notre défaite. »

Les rifains ne relâchent pas leurs efforts. Dans la nuit du 30 juin 1925, des éléments avancés coupent la voie ferrée pendant quelques heures aux environs de Sidi Abdellah. C'est seulement l'arrivée des renforts de France et d'Algérie qui permettent de rétablir la situation.

La menace sur l'Innaouen se précise dans les derniers jours d'avril, les guérilléros d'Abd el krim pénètrent chez les Branès et multiplient leurs attaques contres les postes et les auxiliaires.

Quand Abd el Krim est arrêté par Lyautey devant Ouazzane et l'Ouergha ; il essaie de rompre les lignes françaises à l'Est, de manière à atteindre Taza.

Dés le 23 juin 1925, Abd el krim entame une violente offensive à laquelle sont consacrés ses meilleures troupes. Les contingents des tribus sous domination française ne tardent pas à rallier les combattants  rifains. Des Tsoul et des Branès, dont le territoire est occupé, passent du côté des combattants rifains, au début de juillet 1925.

Au début de l'attaque rifaine, en 1925, le colonel Combay ne dispose que de forces très réduites pour protéger Taza :

«  A ce moment, souligne -t-il, la situation est angoissante ; la communication avec l'Algérie semble sur le point d'être coupée. Kahf El Ghar a été pris par les rifains, le 19 juin 1925. Les postes de Bou Haroun et de M'sila sont encerclés et subissent de rudes assauts, le premier écrasé par le canon, tombe le 2 juillet, sans qu'on puisse lui porter secours. La dissidence gagne chez les Tsoul. On envisage un instant l'abandon de Taza, mais après un conseil de guerre tenu le 4, le général Lyautey ordonne de garder la ville à tout prix, quitte à évacuer la population civile.

Abd el krim menace Fès, dont il annonce la prise pour 1925. Le maréchal Pétain inquiet de cette poussée puissante du nationalisme, obtient le départ du maréchal Lyautey, hostile à une coopération avec l'Espagne.

Le maréchal Pétain reçoit très vite le commandement des opérations ainsi que des moyens et matériels sans précédents - l'ensemble des troupes françaises au Maroc atteindra 150 000 hommes.

Les conversations franco - espagnoles commencent le 17 juin 1925. Lors de la rencontre le 28 juillet entre Pétain et Primo de Rivera, le principe d'une riposte commune sévère est arrêté. La guerre franco - espagnole du Rif commence.

De son vivant, Abd el krim avait une prison. Ici même ! Pour celui qui refusait d'aller combattre, et d'acheter armes et munitions de ses propres deniers. S'il ne s'exécute pas ; la prison ! La bastonnade ! Cela se passait là bas dans cette maison. La maison que vous avez vu et visité. C'est là ! Lui aussi, il avait aussi un téléphone. Le téléphone le reliait d'ici à Sidi Driss. L'endroit dénommé Sidi Driss. Il parlait à ses adjoints.  Mais son vrai téléphone, c'était l'homme : d'ici à Bou Dinar, de Bou Dinar à Anoual, d'Anoual à un autre endroit plus loin. Le message était porté uniquement par la voix humaine. Celui-ci rapporte sur celui- là. C'était un leader. Il avait combattu sur la voie de Dieu. Que Dieu ait son âme.

Abd el krim tentait la jonction entre le Rif et le Moyen Atlas via le couloir de Taza. Dans ses « Lettres du Maroc », le lieutenant Joubert écrit : « Vers le 23 mai 1925, nos premiers renforts arrivaient. Abd el krim avait perdu la partie. Alors, il changea d'objectif et concentra ses efforts en direction de Taza. Il essayait par là, de joindre les Béni Waraïne et les dissidents de l'Atlas. C'était un beau plan, nous étions pris entre deux mâchoires d'une tenaille et nos communications avec l'Algérie étaient coupées. Mais Taza, ne valait pas Fès. »

L'année 1926, d'après la relation de Mohamed Azrkane[1]

« Durant près de quatre ans,la résistance Rifaine aux Espagnols s'est poursuivi d'une manière acharnée de jour comme de nuit. Et c'est finalement l'intervention française en faveur des Espagnols qui a permis à ces derniers de débarquer près d'Ajdir au cap Äbed à la frontière entre les Boukkouya et les Bni Ouariyaghel. Il y avait soixante navires espagnols et Français au large d' Ajdir, Un nombre considérable d'avions nous survolaient, et bombardaient les positions des Moujahids par des bombes à gaze asphyxiantes qui décimaient nos rangs par leur poison[2]. Tous les armes de destruction massives imaginables ont été utilisées[3]. Et malgré toute cette force de frappe, l'ennemi n'a pu débarquer dans la rade à l'Ouest du cap Âbed, que lorsque les 300 Moujahids l'ont dégarni sur ordre d'Abd-el-krim : vers 2 heures du matin, il a convoqué, le caïd Allal Lamrabti - mort quand les Espagnols ont commencé d'avancer vers Ajdir- pour lui ordonner de se diriger avec ses troupes vers les positions Gzennaya, menacées par l'avancée des Français sur le front Sud. Lorsque son ministre des affaires étrangères lui fait part de cette erreur d'appréciation concernant le système défensif Rifain, l'émir a regretté amèrement sa décision qui a facilité le débarquement des Espagnols , occupant ainsi un front de mer de huit kilomètre en face d'Ajdir. Les Rifains ont pourtant empêché les Espagnols de continuer d'avancer, et ces derniers se sont contentés de consolider les positions acquises. Au vu de ce débarquement espagnol sur la plage, et du rapprochement de l'ennemi des habitations, les Bni Ouariyaghel ont décidé de quitter les lieux avec leurs familles en direction de l'intérieur de leur  tribu, laissant derrière eux leurs terres et leurs  vergers, qu'ils n'avaient jamais quitté auparavant : il s'agit de mettre à l'abri du viol leur religion et leur famille, car les espagnols avaient la réputation de ne respecter ni l'une ni l'autre, une fois devenus maîtres des lieux. Ils ont surtout occupé les hauteurs qui surplombent la côte, là où vivent la plupart des Beni ouariyaghel. Du haut du mont dénommé « Salloum », de « Dhar Amghran » et du lieu dit dénommé Naqcha,  ils ont commencé à tirer sur tout ce qui bouge. Les Moujahids  leur ont malgré tout tenu tête durant une année entière.

C'est durant cette période qu'ont eu les pourparlers d'Oujda qui ont précédé par leur échec l'offensive finale et la capitulation d'Abd-el-krim.

Les pourparlers d'Oujda :

C'est le 18 avril 1926, à Camp Berteaux, aux confluences de l'oued Zâ et de la Moulouya, qu'eût lieu le premier contact entre les délégués rifains et les délégués français et espagnols, qui s'étaient rendus dans ce petit poste, tandis qu'une nuée de journalistes s'abattait sur Oujda.

Du côté rifain la délégation était représentée par Azerkan, Chedid et le caïd Haddou.

Le général Henri Simon, chef des pourparlers, côté français, raconte :

« Dans deux entrevues préliminaires à Camp Berteaux et à El Aïoun Sidi Mellouk, dans la première quinzaine de mars 1926, l'Espagne et la France ont posé en principe qu'en aucun cas, elles n'entreraient en relations officielles avec les rifains si ceux -ci n'admettaient pas tout d'abord : la soumission au protectorat, l'éloignement d'Abd el krim, le désarmement des tribus, et la reddition des prisonniers.

L'ultimatum expire le 1er mai. L'assentiment des rifains n'ayant pas été donné ; le 7, les troupes espagnoles et françaises reprennent leur offensive. Sur le refus d'Abd el krim, la parole est restée au canon. C'est tout. »

La discussion a été extrêmement serrée et a nécessité à plusieurs reprises, des interruptions de séance. Les délégués français et espagnols exigent , la prise en possession de gages territoriaux, l'échange des prisonniers, l'éloignement d'Abd el-krim, et le désarmement des tribus. A l'issue de ces premiers pourparlers les délégués Rifains, faisaient venir le correspondant de l'agence Havas et lui remettaient le communiqué suivant :

« à la date du 18 avril, nous nous sommes réunis avec les délégations françaises et espagnoles au Camp - Berteaux. Les conversations ont porté sur six points principaux, parmi lesquels se trouvent :

1.     la remise immédiate et avant tous pourparlers officiels des prisonniers.

2.     l'avance des troupes espagnols et françaises vers des positions déterminées occupées actuellement par nos troupes

Ces deux conditions ont fait l'objet de discussions laborieuses. Car si nous remettions les prisonniers et si nous acceptons l'entrée des troupes espagnoles et françaises dans une zone déterminée sans coup férir, et qu'ensuite n'intervienne pas un accord, nous serions trompés. De toute façon, nous avons sollicité un délais pour consulter l'émir Abd el-krim. »

Après les résultats négatifs du contact officiel entre les délégués Rifains et les délégués franco-espagnols, Haddou a quitté lundi 19 au  matin le poste de Guercif dans l'avion mis à sa disposition par les autorités militaires françaises ; deux heures plus tard il était rendu à Tamassint, à 60 kilomètres au Sud d'Ajdir dans la plaine où sont les campements d'Abd el-krim.

Faute d'accord les négociations d'Oujda ont été interrompues le 6 mai 1926.

L'échec d'une dernière tentative de concertation avec Abd el - krim à Oujda détermine l'assaut final.

L'offensive Franco - Espagnole :

L'échec des pourparlers d'Oujda a entraîné immédiatement, l'offensive franco-espagnole : dés le 7 mai 1926 l'aviation entreprit sur tout le front des reconnaissances et des bombardements massifs sur les rassemblements et les centres importants, notamment sur le poste de commandement du Khamlichi à la Zaouia de Bou Ghileb . Dés le lendemain le 8 mai les troupes françaises et les troupes espagnoles commençaient une offensive conjuguée : les secteurs espagnols d'Alhuceima et de Melilla marchèrent en même temps que l'ensemble de la ligne française. Celles-ci avançait sur plusieurs axes simultanément :  à l'ouest depuis Ouazzan et Chefchaouen afin de couper les Jbala du Rif, et plus à l'Est depuis les Mernissa et Taza en direction du Kert.

En réalité l'offensive Franco - Espagnole a commencé dés 1925 et a accompagné comme moyen de pression, les pourparlers d'Oujda, comme l'atteste la proclamation adressée d'Ajdir, le 15  août 1925,par Abdelkrim, aux peuples algériens et tunisien. On peut y lire entre autres :

« Il ne peut venir à l'esprit d'aucun être sensé que nous fassions volontiers la guerre et prenions plaisir à faire couler le sang. Au contraire, et ce qui en témoigne, ce sont les conditions de paix excessivement modérés que nous avons soumises aux puissances : conditions dont le principe essentiel était la reconnaissance de notre indépendance. Si la France et l'Espagne acceptent tant mieux pour elles ; si elles refusent, tant pis ; le sort est toujours contraire à celui qui est injuste.

Quant à la publication faite par ces deux Puissances, de leur ardent désir de conclure la paix, ce n'est qu'une tromperie et une ruse politique pour cacher leur véritable but : nous rendre responsable du prolongement des hostilités, égarer l'opinion universelle du monde musulman et berner leurs Nations qui ont été terrifiés par cette lutte où nous avons déployé nos qualités guerrières. La gratitude et la reconnaissance émue des peuples musulmans récompensent notre glorieuse conduite.

Si ces deux nations étaient sincères, pourquoi verrions nous, aujourd'hui des concentrations de troupes - en nombre toujours croissant - aux limites même de notre pays ? Quiconque veut la paix n'ajoute pas aux atrocités de la guerre l'emploi des bombes asphyxiantes jetées jour et nuit par des aéroplanes sur les routes et les villes paisibles, tuant ainsi les femmes et les enfants dans leurs demeures. Quiconque veut la paix ne manifeste pas sa haine en incendiant les récoltes et en tuant le bétail ; c'est simplement supposer que de tels procédés nous réduiront à mourir de faim et nous amèneront à faire notre soumission.

Ô musulmans, tunisiens et algériens ; ce qui nous est pénible de supporter, c'est de voir vos enfants contraints de nous combattre. Il nous est de même pénible d'être obligé, pour défendre notre indépendance, de nous trouver face à face, sur le champ de bataille, avec nos frères de race et de religion. Ce sont là des faits qui nous troublent profondément et nous remplissent de tristesse. Quatre cinquième  des troupes massées sur nos frontières et portant les armes contre nous sont composés de vos fils, ô nos frères,n'est-il pas de leur devoir de se retourner contre nos ennemis associés qui nous persécutent vous et nous, et de se servir contre eux de leurs armes ? Soyons unis pour libérer ensemble notre peuple de l'humiliation et nous obtiendrons notre indépendance.

Musulmans, algériens et tunisiens, dans notre capital sont venus des députations nombreuses de Fès, Meknès, Marrakech, Tétouan et autres villes du Maroc, ainsi que de Tripolitaine, d'Egypte, de Palestine, de Syrie, de l'Irak, de Turquie et de l'Inde.. Chacun de ces pays nous a seouru matériellement et moralement ; nous les aimerons du fond du cœur...Musulmans algériens et tunisiens, le moment est venu pour tous les peuples musulmans, de briser les liens de l'esclavage, de chasser les oppresseurs et de libérer leurs territoires...Ô mes frères algériens et tunisiens, l'heure de notre délivrance du joug de la France est

arrivée... »

La maison qui servait de tribunal à Abd el krim chez les Temsamane appartenait à mon père et mon oncle. Ils avaient déménagé, vers une autre maison, à l'arrivée d' Abd el krim . Une fois tous les vingt jours ou une fois par mois, il venait des Béni Wariyaghel,pour juger les litiges en cours chez les Tamsaman .Un bombardement aérien l' a surpris un jour en pleine séance . Abd el krim et ses compagnons durent quitter précipitamment les lieux pour  se réfugier dans les grottes environnantes. Mais l'avion a pu les atteindre avant qu'ils ne  s'abritent. Il y eut des morts et des blessés,  Abd el krim n'a pu s'échapper que de justesse.

L'échec des pourparlers d'Oujda a entraîné immédiatement, l'offensive franco - espagnol : dés le lendemain, le 7, le général Bouchit, commandant des forces françaises marcha sur Targuiste.

La liaison étroite s'affirme sur terre comme sur mer. Mais après les premières opérations la jonction des deux fronts ne se fait pas comme prévu : du 17 septembre au 18 octobre , le maréchal Pétain demande en vain, à trois reprises, à Primo de Rivera, de réaliser la soudure sur le Kert. Dés le 7 mai 1926, l'aviation entreprit sur tout le front des reconnaissances et des bombardements massifs sur les rassemblements et les centres importants.

Selon le récit de Mohamed Azerkane : « Les espagnols débarquent près d'Ajdir au cap Âbed à la frontière entre les Béni Bouqiya et les Béni Wariyaghel. Il y avait soixante navires espagnols et français au large d'Ajdir. Et malgré toute cette force de frappe, l'ennemi n'a pu débarquer dans la rade du cap Âbed, que lorsque les 300 Moujahidînes l'ont dégarni sur ordre d'Abd el krim : vers 2 heures du matin, il a convoqué le caïd Allal Lamrabti - mort quand les espagnols ont commencé d'avancer vers Ajdir - pour lui ordonner de se diriger avec ses troupes vers les positions Gzennaya, menacées par l'avancée des français sur le front sud. »

Lors qu'Azekane lui fait part de cette erreur d'appréciation relative au système défensif rifain, l'émir a regretté amèrement cette décision qui a facilité le débarquement espagnol.

Vaincu, Abd el krim se réfugie à la zaouïa de  Snada, et consent à traiter si la France s'engage à protéger sa famille et sa fortune.

Le chérif chez qui il a trouvé protection avise en grande hâte le colonel Corap de cette importante résolution, qui expédie à Snada ses deux adjoints, le lieutenant de vaisseau Robert Montagne et le capitaine Suffren.

Abd el krim est un homme d'une intelligence et d'un caractère supérieurs. Même vaincu, acculé à la catastrophe, il demeure digne et grand. Il songe aux conséquences de sa capitulation, aux tribus qu'il a abandonnée. Il appréhende la colère de l'Espagne, avec laquelle il a de si terribles comptes à régler. Il cède enfin et écrit au colonel Corap cette lettre que l'histoire enregistrera :

« J'ai reçu la lettre par laquelle, vous m'accordez l'aman. Dés maintenant, je puis vous dire que je me dirigerais vers vous.. Je sollicite la protection de le France pour moi et pour ma famille. Quant aux prisonniers, je prie qu'on les mette en liberté demain matin. Je fixerai l'heure de mon arrivée demain, avant midi ou à midi. » Mohamed Ben Abd el krim El Khattabi.

La guerre du Rif a commencé à « Dhar Ouberran » en 1921. A partir de là, le baroud des Moujahidines n'avait pas cessé. Abd el krim est resté jusqu'en 1026. Puis il est parti pour ne plus revenir.

Le 26 mai 1926, Abd el krim anxieux, saute à cheval. Il court à Kemmoun pour préparer l'exode des siens. Une automobile les portera à Taza. C'est la dernière étape. On devine à quelles lamentations, il est en butte, et quel déchirement, il doit éprouver. La partie est grave.

Le 27 mai à 2 heures du matin, sous un magnifique claire de lune, dans la nuit toute embaumée de la senteur de cistes, Abd el krim monte à cheval. Les spahis l'entourent. Le silence est absolu. Il s'en va les yeux dans le vide...

Abd el krim dira plus tard, dans une interview accordée au Caire, en 1954 :

« Notre combat a donné aux rifains une fierté, un espoir, une confiance en soi qu'aucune défaite ne pourra effacer. Aujourd'hui, en 1954, la guerre du Rif a 33 ans. J'en ai 73 ans. Mais ni elle, ni moi, j'en suis certain, n'avons épuisé notre vigueur. L'aspiration à la liberté et la détermination de notre peuple dureront au - delà de la puissance de nos oppresseurs. »

Abdelkader MANA


[1] Qadi Ahmed Skirj : Addil al warîf fi mûharabat Rif" selon les declarations de Mohamed Azerkan lors de son exile à el Jadida en 1926

[2] Les escadrilles qui participèrent à l'appui aérien au débarquement employèrent des bombes d'ypérite, gaz toxique destiné à produire des pertes chez l'arrière garde rifane sans que les troupes espagnoles en première ligne du front souffrent ses effets toxiques.

[3] Le poids de la guerre chimique sur objectifs éloigné, retoma sur l'aviation , surtout à partir de 1924. La guerre du Rf sera la première du XXè siècle dans laquelle l'aviation utilisa des gaz toxiques.

 

13:44 Écrit par elhajthami dans Le couloir de Taza | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le couloir de taza, histoire, documentaire, la guerre du rif | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

28/02/2010

Le quartier du Roy

Le Quartier du Roy

Par Abdelkader Mana

 


CIMG1786.JPGMon père disait qu’au XVIIIe siècle, Essaouira était une place militaire nécessaire, parce qu’une trop grande superficie demeurait sans surveillance. Sur la côte atlantique, la distance entre Safi et Agadir était trop grande. Ce long littoral n’était pas suffisamment protégé contre les puissances étrangères, qui pouvaient s’y installer à tout moment , comme l’avait déjà montré l’occupation portugaise avec la construction du Castello Real en 1506.

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La position géographique de Mogador faisait d’elle un lieu envié au carrefour des routes marchandes, terrestres et maritimes. Dés sa fondation, elle fut menacée par l’Espagne comme le rapporte Höst :
« En 1765, après que le Sultan qui s’est rendu lui-même à Essaouira, eut distribué aux consuls les terrains à bâtir, un bateau espagnol se profila à l’horizon. Un navir de guerre espagnol armé de soixante-dix canons s’approcha, et comme Mohamed crut que les Espagnols avaient l’intention de déranger ses constructions, il expulsa le consul hollandais Demetri, l’accusant de connivance avec l’Espagne, en ajoutant qu’à l’avenir il ne voulait pas de Grec comme consul de Hollande, mais d’un Hollandais. Ensuite, il envoya au roi d’Espagne un cadeau composé de lions, tigres, chevaux, accompagné de trente esclaves espagnols, afin de lui mettre d’aimables pensées en tête, et lui laisser entendre que ce geste était un pas vers la paix. La suite montra d’ailleurs que ces agissements pleins de sagesse ne demeurèrent pas sans résultat. »

Photo 15.jpg
Visite du Sultan à Essaouira d'après Roman Lazareve

Le 15 décembre 1769, Louis Chénier, consul de France, souligne :
« L’Empereur est arrivé à Mogador au commencement du mois passé. Il a vu avec toute la tendresse d’un auteur la ville dont il a posé lui-même les fondements. Il a fait établir une batterie respectable à l’entrée du port, et fait réparer tant bien que mal quelques fortifications, que le temps avait déjà dégradées. Sa Majesté doit partir à la fin de ce mois pour retourner à Maroc. »

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Les îles permettaient d’installer des batteries de canons à feux croisés : le « bation de surveillance » (borj el âssa), sur l’île faisait face au « bastion de la poudre » (borj el baroud) à l’embouchure de l’oued Ksob et protégeait ainsi l’entrée sud de la baie. De même le « bastion de Moulay Bennacer », toujours sur l’île, faisait face au « bastion circulaire » (borj el barmil) dans le port, défendant l’accès nord de la baie.
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L’architecte français que Sidi Mohamed Ben Abdellah chargea de construire l’actuelle Mogador, donne des renseignements encore plus précis. Le château y est décrit sous les lettres :
« O Porte d’entrée.
« P Cour,
« Ancien château construit par les Portugais, qui est très peu de chose et qu’ils ont abondonné depuis 400 ans. L’épaisseur de ses murs n’ont que six pans dans ses quatre faces. Les Mores y ont fait depuis cinq ans un parrapet sur la platte forme, dont la bâtisse tombe d’elle-même et sur la face du côté ouest-nord, il a quatre pièces de canon de 12.
« Q Magasins très faibles, mauvaises voûtes, mauvais murs de 2 pieds d’épaisseur, où il y a dix mille barrils de poudre anglaise qu’ils ne sont point en sûreté. »

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En 1767 rapporte Höst, arrivait à Marrakech un ingénieur français d’Avignon nommé Nicolas Théodore Cornut, ancien déssinateur des places fortes du Roussillon, passé à la solde des Anglais, que le sultan recruta à Gibraltar. C’est lui qui dressa le plan de la ville forte. De là ces fortifications à la Vauban, style XVIIIè siècle, qui furent armées avec des canons achetés en 1780 à la fonderie espagnole de Barcelone ou provenant de prises de mer.

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Plan de la médina d'Essaouira
Cornut établit le plan en 1769 en suivant les contours de l’îlot rocheux sur lequel la ville est construite et dont elle conserve la forme, mais il fut bientôt congédié et les fortifications de la scala de la mer furent confiées à un Gênois, selon Jacksen : « La longue batterie qui se trouve le long du côté Ouest de la ville fut construite par un Génois. Elle est peut-être plus remarquable par sa beauté que par sa force, et mieux calculée pour les opérations offensives que pour la défense. »
En cette année 1769, il eut la chance de récupérer Mazagan que les portugais évacuèrent.
La ville n’a pas émergé lentement des méandres du Moyen Âge ; elle est née de la volonté du prince. En effet, pour marquer son désir de faire d’Essaouira le principal port sur l’océan, Sidi Mohamed Ben Abdellah (1757-1790) commença par bâtir un mur sur les rochers au bord de l’eau. Il fit inscrire la bénédiction du Prophète en lettres coufiques sur la pierre de taille arrachée aux flancs de cette île qui n’est rattachée au continent que par une lagune.
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l’inscription de de « Baraka de Mohamed » est gravée sur pierre de taille, appelle la bénédiction du Prophète sur la cité, qu’on trouve sur les donjons de la Scala du port et de la mer, que les artisans utilisèrent comme devise d’Essaouira en l’ incrustant sur de petites plaques de thuya.

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En haut de la porte Est de l’ancienne Kasbah — connue du nom de son portier Mohamed Ben Massaoud, devenue depuis les années 1920 « porte de l’horloge » — l’inscription de la fondation de la ville gravée sur pierre de taille.La transcription s’étale sur six lignes qui s’énoncent ainsi :« À Dieu, je confie mon destin, à lui je m’attache puisque je n’ai que son aile protectrice et rassurante. Si les yeux de la miséricorde t’ont élu : dors tranquille, aucun danger ne peut t’atteindre. Tu peux alors mettre le Simorgh dans tes filets, et viser les gémeaux qui sont les yeux même du bonheur ».
Ces gémeaux — comme Romus et Romulus qui ont veillé à la naissance de Rome — sont sensés apaiser l’esprit des morts, assurer le renouveau des vivants, et veiller sur les échanges humains qui se déroulent toujours sous le signe permanent de la gémelle parité terrestre et céleste.

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On peut lire aussi à la troisième ligne :

« Le victorieux par la grâce de l’envoyé de Dieu, même les lions se soumettent à sa volonté, dussent-ils le rencontrer dans leur tanière. Tu ne verras point de saint vaincu, ni d’ennemi qui ne soit défait. »


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Il s’agit d’un couplet de la célèbre « Bourda »(élégie en hommage au Prophète) de l’Imam Al Bouceiri – poète mystique né en Bosnie en 1211 et mort au Caire en 1296, qui vivait de l’écriture d’epitaphes sur pierres tombales, de louanges et de sarcasmes – qu’on chante au Maroc, lors de rites de passage, sur le mode andalou dit « Al Istihlala » (mélodie d’ouverture), en particulier à la fête de la nativité du Prophète. On raconte que l’Imam Al Bouceiri, était malade lors de la composition de cette élégie de plusieurs centaines de vers, et qu’il a été guéri à la fin de la rédaction de la « Bourda » qui signifie littéralement « tenture du Prophète ».

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La légende du lion auquelle se réfère le couplet est probablement à l’origine du nom de l’une des principale porte de la ville ; « La porte du lion ». D’après une tradition orale, Sidi Mogdoul aurait débarrassé la ville d’un lion qui se tenait à l’une de ses portes en le guidant au loin par une simple laisse, tel un inofensif caniche...Sidi Mogdoul est le saint patron de la ville qui lui doit son nom de Mogador.

Selon la transcription gravée sur ladite porte , le fondateur « a ordonné l’édification de ce havre de paix, en l’an 1178 de l’hégire », ce qui correspond à l’année 1760.

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La Kasbah – ce « quartier du Roy » comme l’appelait Cornut – est le plus vieux secteur de la ville. C’était le lieu où résidait « le Makhzen » (l’administration royale), les vice-consuls des pays européens, et les « Toujar Sultan » (les négociants du Roi).

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Rabins de Mogador

Le Sultan avait ordonné à tous les consuls de passer à Essaouira et d’y bâtir une maison. Comme le souligne le Danois Géorges Höst dans son journal de 1765 : Après que Mohamed se fût rendu lui – même à Souira et eût distribué les terrains à bâtir, il ordonna à tous les consuls d’aller là bas eux aussi et d’y faire construire à leur compte, chacun une maison importante et convenable ; tous les ambassadeurs devaient arriver là, tous les pirates devaient amener leurs prises dans la même Souira, et un chantier naval devait y être fondé.
Les douanes étaient perçues par les oumana nommés par le makhzen, qui résidait dans la kasbah. C’est la Kasbah qui contrôlait le port. C’est ce que symbolise la porte de la marine : le port est un passage entre la terre et la mer. Cette porte qui a l’air d’un décor avait une efficacité symbolique, parcequ’elle représente le pouvoir s’interposant entre la terre et la mer, prélevant des droits de passage en ce lieu de transit.

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Le sultan pensait ainsi disposer d’un port bien défendu mais accessible toute l’année à ses navires, alors que les ports du Nord étaient pratiquement inabordables en dehors de la saison des pluies à cause de leur ensablement, comme le relate Ahmed Ennaçiri Esslâouî dans son Kitab Al-Istiqçâ :
« Après avoir terminé la célébration des noces de ses enfants, le sultan Sidi Mohamed ben Abdellah (Dieu lui fasse miséricorde !) se mit en route pour le pays où se trouve Essaouira, afin de construire cette ville et de la peupler. Il s’occupa de la tracer et de faire creuser les fondations, et laissa au travail les maçons et les divers artisans. Il donna l’ordre à ses gouverneurs et à ses caïds d’y construire leurs maisons. Il retourna ensuite à Marrakech. Dans sa Rihla, le sécrétaire Aboûl’abbâs Ahmed ben Elmahdi Elghazzâl dit, en résumé, que le motif de la fondation d’Essaouira fut le suivant : Le sultan Sidi mohamed ben Abdellah était passionné pour la guerre sainte. Dans cette pensée, il avait fait construire des corsaires de guerre qui, le plus souvent, étaient ancrés dans le port des Deux – Rives et dans celui d’El’arêïch. Pendant deux mois de l’année, au moment de la saison des pluies, ces navires ne pouvaient pas prendre la mer, parce que ces ports ne faisaient qu’un avec les rivières. Dans les autres saisons, il y avait trop peu d’eau et le sable obstruait l’embouchure des rivières, de telle sorte que les bateaux ne pouvaient les franchir.Le sultan ‘Dieu lui fasse miséricorde !), après avoir réfléchi aux moyens susceptibles d’assurer le voyage de ses corsaires à n’importe quel moment de l’année, s’appliqua à construire Essaouira, dont le port ne présentait pas de pareils inconvénients.

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Un autre qu’Elghazzâl prétend que le Sultan décida la fondation d’Essaouira pour une autre raison. La place d’Agadir était le refuge de révoltés du Sous, comme tâleb Sâlah, entre autre, qui laissaient faire par là une exportation clandestine des marchandises et conservaient pour eux les bénéfices réalisés. Le Sultan pensa qu’il ne pouvait y avoir d’autres moyens de mettre fin à caette situation que de créer un autre port, également rapproché de cette région et du centre de l’Empire, afin de diminuer petit à petit les gains qu’Agadir procurait à ces rebelles, car personne n’avait plus intérêt à s’y rendre. Il fonda donc Essaouira, la construisit solidement et s’appliqua à en faire une ville bien bâtie. Il arma de canons les deux îles, la grande et la petite, qui forment comme l’enceinte du port, et fit élever un fort bien armé sur le rocher qui avance dans la mer, de telle sorte qu’on ne peut entrer dans le port sans être à porter des canons à la fois de l’île et du fort.

Quand la ville fut terminée, le Sultan y fait venir des négociants chrétiens pour faire du commerce et, pour les attirer, les dispensa de toute taxe douanière. Les commerçants affluèrent bientôt de tout côté et vinrent s’établir dans ce port, qui fut peuplé en peu de temps. L’abondon des droits de douane dans cette ville dura encore nombre d’années : plus tard, les droits de Sâka et autres contributions y furent établis comme dans les autres ports. Lamême situation existe encore de nos jours. Dieu sait quelle est la vérité ! »

 

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Le 23 mai 1765, le consul danois Barisien écrit à Höst qui se trouvait à Marrakech : « A cet endroit, il n’y a que des pierres ,du sable et du vent. »
Le 20 juillet, il est reçu par l’empereur qui lui dit : « Maintenant, consul, tes affaires sont conclues, j’ai demandé à Moulay Idriss, de t’aider demain, afin que tu puisses partir après – demain. La construction à Souira doit continuer et Höst, qui habite là, doit y rester comme vice-consul. »

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Les navires danois, anglais, espagnols, hollandais arrivaient avec des chargements de bois et les agrés nécessaires pour construire et armer les galiotes. Ainsi en 1766 arriva, selon Höst, un vaisseau suédois avec soixante mille piastres, cinq cent tonneaux de poudre, quinze canons, soixantes-cinq mâts, une grande quantité de rames, perches etc. Le Sultan fonda un chantier naval en même temps que le port et en 1768 sa flotte était composée de douze bateaux de taille différente, armés de deux cent quarante-et-un canons.

 

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Dans une dépêche datée du 26 octobre 1766, Louis Chénier notait :
« Les deux frégates du Roi du Maroc, Monseigneur, qui conduisirent en août dernier la prise hollandaise à Mogador y sont encore. Elles sont observées par une frégate des Etats généraux, qui croisent à hauteur de ce port, et l’on suppose que ces deux frégates prendront le parti de désarmer et d’hiverner dans cette place. Mais cela me paraît hasardeux, attendu que le port de Mogador, formé par une île qui est à petite distance de la terre et à l’Ouest, n’est pas sûr en hiver, quand le vent règne dans la partie sud et sud-ouest, et les navires un peu gros y sont en risque. »

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A l’extérieur de la ville, on peut rejoindre, à l’embouchure de l’oued Ksob, le palais ensablé « Dar Soltan el Mahdouma » qui date du XVIIIè siècle, et où le sultan éffectuait de fréquents séjours. Avant son ensablement et jusqu’en 1840, il comportait cinq pavillons. Il ne reste plus que les ruines d’un seul. De style andalou, il se distinguait par ses beaux plafonds en boiseries sculptés et peints.
C’est à « Dar Sultan », que le monarque recevait les négoçiants et les consuls. Le 8 avril 1773 Chenier note à ce sujet : « L’Empereur reçut à Mogador la visite des négociants de toutes les nations sans rien changer aux usages, mais il refusa de voir les vice-consuls d’Espagne, d’Angleterre, et de Hollande, qui résident dans cette place. Tous les négociants, Monseigneur, ont fait à ce souverain des représentations sur l’augmentation considérable du droit sur les huiles... »
A l’envoyé suédois qui disait un jour à Sidi Mohamed Ben Abdellah :
« - Les consuls sont inutiles ici, dès qu’ils n’ont pas l’honneur d’être admis par Votre Majesté... »
Il répondit :
« - Je suis très aise que les consuls soient ici, mais je ne puis point les voir. »
Les négociants juifs jouaient un rôle d’intermédiaire économique et politique : d’un côté, ils étaient « les négociants du Roi » et de l’autre, ils étaient représentants consulaires des puissances étrangères. En effet, pour contourner l’interdit de vente de céréales aux Occidentaux, Sidi Mohamed Ben Abdellah sollicita l’avis des Oulémas, leur demandant si l’on ne pouvait pas autoriser « l’extraction » du blé afin d’acheter armes et munitions ? Leur avis fut favorable. C’est ainsi que les juifs assumèrent les fonctions interdites aux musulmans : le négoce du blé, la bijouterie et la musique – on venait de tout le Maroc, pour consulter au mellah , David Iflah, le chantre mogadorien du malhûn, sur des modes disparus de la Ala andalouse. A titre d’exemple d’échange de céréales contre des munitions, une dépêche de Louis Chenier datée du 20 juillet 1767 nous signale :
« L’Empereur a mandé en dernier lieu aux négociants des différentes nations (établies à Mogador) que, s’ils désiraient avoir à l’avenir la libre extraction de blé, il fallait lui faire venir des cannoniers et des fondeurs pour travailler dans ses Etats. » Et d’après Jacksen, sur le bastion circulaire qui se trouve du côté sud de la ville « le sultan plaça le présent de Lord Heathfield : un canon sous la forme d’un lion. Un chargement de grains libre de droits fut offert par l’Empereur à celui qui lui a offert le canon. »

Dans l’esprit des Etats européens, ces hadiya étaient essentiellement destinées à obtenir des traîtés de commerce favorables, à se protéger contre les corsaires barbaresques et à faciliter le rachat des captifs. Outre les horloges, les montres et la vaisselle en porcelaine de Chine, étaient les canons et les fusils, la poudre, les bois et les cordages pour la construction et le gréement des navires de guerre.
Vu l’importance du négoce, le sultan créa un tribunal de commerce, et en 1775, un atelier pour la frappe des monnaies chérifiennes fut installé dans la Kasbah. Dans son corpus des monnaies alaouites Daniel Eustache, à la suite d’Ibn Zaïdane, la Kasbah d’Essaouira est citée comme atelier monétaire :
« On voit, dit-il, apparaître à la fin du XVIII è siècle, sur la monnaie d’or et d’argent, le fameux motif constitué par une rose à six pétales, dite « Rose de Mogador », inscrite dans un ou deux cercles linéaires moyens. C’est tout l’art des juifs d’Essaouira que résume cette belle composition décorative, qui figurait encore récemment sur les très beaux bijoux d’argent filigranés d’Essaouira. »

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L’ancienne Kasbah était habitée essentiellement par les dignitaires du Makhzen et les consuls européens. Mais peu à peu les négociants juifs achetèrent aux musulmans les maisons où ils établirent leur commerce. Selon Jean Louis Miège :
« C’est avec les capitaux du sultan que trafiquaient Aflao et Corcos. Jusqu’en 1840, seuls les noms des censeaux juifs apparaissent dans les actes commerciaux. Ils jouent également le rôle d’interprètes pour les consulats européens. Nous touchons ici, aux premières origines du capitalisme juif au Maroc. »
Avec le début du XIXème siècle, ils prennent une place prépondérante comme le relate David Corcos : « l’épidémie de peste de 1799 qui fit tant de ravages au Maroc, frappa durement Mogador, où, d’après Jacksen, 4500 personnes moururent. Par la force des choses, les chrétiens partaient. Le commerce passa alors entre les mains des « Toujar Sultan »...Les juifs jouissaient d’une liberté exceptionnelle pour l’époque et dans le pays. »
Abdelkader MANA

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Reportage photographique réalisé par Abdelkader Mana, le jour du Mouloud, soit le samedi 27 février 2010

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La Tour de Feu (Borj el Baroud)

Castello Real

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Un château en Afrique

« Il n’y a qu’un château que je connais où il fait bon d’être enfermé...Il faut plutôt mourir que d’en rendre les clefs,C’est Mogador en Afrique. »Paul Claudel:Les souliers de satin

 

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Par Abdelkader Mana

Une erreur a été souvent commise concernant l’emplacement exact du Castello Real, la forteresse portugaise. On donne actuellement à Mogador, comme ruine de l’ancien fort portugais, un bastion rond situé dans les dunes, auprès de l’ancienne embouchure de l’oued Ksob, non loin du palais ensablé bâti au XVIII ème siècle par Sidi Mohamed Ben Abdellah.


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Au loin "Borj el Baroud" (la tour de feu)
Ce fort n’a rien de portugais. Il s’agit simplement d’une batterie utillisée par le sultan pour fermer la passe Sud de la baie par des tir croisées avec une autre batterie située juste en face sur l'île. C'est cette vieille ruines situées près de Diabet à l'embouchure de l'oued ksobqu'on appelle "fort portugais".
La partie supérieure est musulmane (1432), les gros blocs qui ont servis de base à la construction musulmane peuvent être les vestiges de "Mogdoul", la tour punique qui a dû être construite par Hannon au fond de la baie de Mogador et a fourni l'ancien nom d'Amogdoul cité par le géographe El Békri. ils sont battus par les brèches à chaque marée par les vagues.

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La partie sud abritée des vents alizées de cette vielle ruine servait de refuge à marée basse aux hippies qui y venaient dans les années 1967-1973, du villages voisins de Diabet pour y prendre des bains de soleil en y pratiquant treep et nudisme.

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Les ruines du château portugais de Mogador ne disparurent qu’aprè 1765, lors des travaux de construction du port. Les pierres du Castello Real servirent par la suite à la construction de la scala du port. A son emplacement s’élève maintenant la tour, ou bastion circulaire qui se trouve près du chantier naval et qu’on appelle Borj el Bermil (la tour du toneau).

 

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Le Castello Réal, s’élevait au bord de la passe nord, sur la pointe rocheuse qui supporte le môle ouest du port actuel. Il figure à cette place, sur un plan levé, en octobre 1629, sur l’ordre du commandeur de Razilly et sur un autre plan daté du 25 octobre 1767, dû à Théodore Cornut.

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Au moment de la construction des fortifications du port, les vestiges du Castello Real étaient encore debout. Avant la destruction, le Castello Real des Portugais devait ressembler en plus grand, à la bastide construite également par eux à Souira-Qdima. Orné de canons, il commandait la passe, et par la suite, l’accès à la rade.

 

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Tout près de la mer, le pilote portugais Duarté Pacheco Pereira signale en 1506, sur la terre ferme « la ville de Mogador ».

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De tout temps, les navigateurs venaient chercher ici cette eau douce et précieuse de l’oued Ksob, comme en témoigne Pacheco Pereira dans son Esmeraldo de situ orbi :
« Entre la rivière des Aloso – de l’oued Ksob – et l’île de Mogador, la distance par mer est de sept lieues, ...de cette île à la terre ferme, il y aura la distance à laquelle une grande arbalète peut lancer une flèche en terre ferme. Il y a beaucoup d’eau douce tout près de la mer, dans laquelle cette eau douce vient se jeter. La meilleurs entrée du mouillage et du port de cette île, est celle qui se trouve du côté Nord-Est...Par cette bonne entrée peuvent pénétrer des navires de cent tonneaux ; ils s’amarrent avec une ancre et un câble, ledit câble étant attaché à l’île même, et l’on sera par six ou sept brasses, fond net, bon et sûr. »

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Ce texte daté de 1506, prouve qu’à cette époque, des navires de cent tonneaux fréquentaient le port et l’île de Mogador. Bien plus, lorsque Emmanuel 1er avait donné l’ordre en août 1506, d’y construire un « Castello Réal »(château royal), il y avait déjà une ville du nom de Mogador qui existait dans la baie , comme nous le signale Pachéco :

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« L’année de Notre Seigneur Jésus – Christ 1506, Votre Altesse fit élever dans la terre ferme de cette ville de Mogador, tout près de la mer, un château qui s’appelle Castello Real, et que sur votre ordre construisit et commanda Diego d’Azambuja , gentilhomme de Votre maison et commandeur de l’ordre de saint Benoît de la commanderie d’Alter Pedreso, lequel fut combattu et persécuté, autant que leur puissance le leur permettait, par la mutitude de Berbères et d’Arabes qui se réunirent pour attaquer ceux qui s’en vinrent construire cet édifice ; enfin ce château se construisit malgré eux et la gloire de la victoire resta entre les mains de Votre Majesté sacrée...Entre le Castello Réal et l’île de Mogador d’une part et le cap Sim d’autre part, la côte court suivant la direction nord-sud, avec un quart nord-est et un quart sud-ouest et la distance par mer est de cinq lieues »

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L’influence portugaise se heurta, devant Mogador, à une résistance dont l’âme fut l’organisation maraboutique des Regraga. Les affrontements entre Portugais et Berbères Haha devaient se poursuivre au delà de 1506.L’âme de la résistance locale à l’influence portugaise fut regraga, sous la direction du mouvement jazoulite dont le fondateur, l’imam Al Jazouli, s’établit au lieu dit Afoughal, près de Had – Draa, où il prêcha la guerre sainte contre les chrétiens, avec une telle foi qu’il eut bientôt réuni plus de douze mille disciples de toutes les tribus du Maroc.

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Devant l’hostilité des tribus, le Castello Real, n’avait pu être bâti que de vive force. Il dut rester assiégé un certain temps et la situation de ses défenseurs fut un moment assez critique pour que Simâo Gonçalves de Camara, troisième gouverneur de Funchal, leur envoyât à ses frais, de l’île de Madère, un secours de 350 hommes.
Le plus ancien document relatif au Castello Real date du 5 septembre 1506 : c’est un alvara du roi ordonnant aux almoxarifes de Madère d’exécuter tout ce dont Diego d’Azambuja les requerra pour la construction de la forteresse de Mogador.On doit signaler aussi une quittance du 7 octobre 1507 qui indique « le biscuit, la viande, le bois, la chaux, la brique et les autres choses qu’on a achetées pour la construction du Castello Real que Diego d’Azambuja a fait par notre ordre à Mogador qui est au pays de Barbarie. »

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Une quittance datée de Santarem, 24 octobre 1507, concerne les achats de blé faits en 1506, sur l’ordre du roi, au Castello Réal en Barbarie, par Pero da Costa, capitaine du navire Sâo – Symâo . Ces achats furent faits avant la fondation du château. Le 3 septembre 1507, Diego de Azambuja écrit de Safi à l’Almoxarife de Madère, pour le prier de remettre à Joâo de Rego, porteur de sa lettre, un certain nombre de choses pour le ravitaillement du Castello Réal, en particulier de l’orge pour les chevaux qui sont dans le château. La fourniture doit être prévue pour « vingt chevaux pendant huit mois ».

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Le 14 octobre 1507, Joâo de Rego donne décharge de tout ce qu’il a reçu, à savoir :
Onze pipes de vin, deux de vinaigre, une d’huile, 15 muids de blé au lieu de l’avoine demandée pour les chevaux, qu’on n’a pas pu trouver, 20 autres muids au lieu de biscuits qu’on n’a pas eu le temps de faire, plus un bateau neuf à quatre rames et 3000 reis en argent pour les soldes de la garnison.

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Nous pouvons encore citer deux documents où allusion est faite à Mogador : mention de 716 varas de toile de Brabant envoyées, en 1506, de Flandre au Castello Real en Barbarie ; et quittance du 3 janvier 1518 en faveur de Joâo Lopez de Mequa, qui fut feitor (facteur) du Castello Real pendant les quatre premiers mois de 1507 et devint plu tard, feitor d’Azemmour, puis de Safi.

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Diego de Azambuja était à Abrantès le 27 juin 1507, et y reçut en don, d’Emmanuel 1er , le gouvernement du Catello Real de Mogador, en récompense de la peine que lui avait coûtée la construction de la forteresse « avec risque de sa personne et grande dépense de son argent ». Renvoyé par le roi à Safi, où il débarqua le 6 ou le 7 août 1507, Azambuja paraît y avoir ensuite résidé contamment jusque vers le milieu de l’année 1509. Son gendre, Francisco de Miranda, exerça par intérim, pendant ce temps, les fonctions de gouverneur du Castello Real.

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Pendant les premiers mois de 1510, le gouvernement du Castello Real reste uni à celui de Safi, entre les mains de D. Pedro de Azevedo. Puis Emmanuel 1er, par lettre du 1er mai 1510, nomme Nicolau de Sousa capitaine et gouverneur du Castello Real, sa vie durant. Il est spécifié qu’au cas où le nouveau gouverneur obtiendrait la soumission de tribus dans un rayon de trois lieues autour de la forteresse, il percevrait à son profit les deux tiers des contributions versées par elles, un tiers étant retenu par le roi. D’ailleurs bien loin de soumettre les tribus des environs, Nicolau de Sousa, ne réussit même pa à conserver la forteresse.
Il semble que la place ait été évacuée le 4 décembre 1510, d’après une lettre de Nuno Gato Cantador écrite de Safi, le seul texte qu’on ait à ce sujet.

Reportage photographique réalisé parAbdelkader MANA, le dimanche 28 février 2010

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17:07 Écrit par elhajthami dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : histoire, mogador, castello réal, emanuel 1er, les portugais | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook