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29/11/2011

Le modèle Andalous au Maghreb

arts islamiques,musique

Texte Abdelkader Mana, reportage photographique Jean François Clément

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Les images ont été prises à Fès, capitale de l'ART ISLAMIQUE

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La musique comme fait social

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    La culture est toujours ambulante, déplacée et en mouvement : soit que sa déambulation voyageuse se fasse comme autrefois et encore aujourd’hui en carriole, soit que la circulation de la culture traditionnelle emprunte la voie des ondes et des bandes magnétiques. Au Maroc, comme partout ailleurs à travers le monde, on est rentré maintenant dans la phase Internet qui permet de voir à volanté les musiques et les danses des hameaux  les plus reculés, grâce aux vidéos amateurs postées sur Youtub.Un jeune marocain né en France, me signale ainsi la vidéo qu’il vient de poster sur Youtub : et qui porte sur la danse du baroud dans un mariage Ghiata , tribu dont il est originaire et qu’il a filmé lui-même grâce à une caméra amateur, au cours de ses vacances au Maroc.Des milliers de vidéos portant sur les musiques régionales sont ainsi postées sur Youtub. Les jeunes y expriment leurs goûts musicaux et leur attachement à leurs racines culturelles. La diffusion massive de la musique populaire via Internet est un phénomène culturel important pour la reproduction de la musique populaire locale comme pour la diffusion de la musique venue d’ailleurs. Le téléchargement de la musique sur le Web est une nouvelle phase dans le changement permanent de la culture populaire et sa déstabilisation continuelle.

      Au cours de notre enquête sur le Rai à Guercif, nous avons constaté les changements des pratiques culturelles et de la sensibilité populaire par l’effet – Internet : tous les artistes semblent impuissant face au piratage et au téléchargement de leurs albums sur le web,mais tous aspire aussi à se faire connaître grâce à cet outil même s’ils n’ont pas toujours les compétenses et la formation recquise pour se faire connaître en créant leur propre site. C’est gâce en effet, à facebook, que le groupe du samaâ de Taza a pu être invité à un pays du Golfe persique et parfois à animer des fêtes de mariage en dehors de Taza.

  • Fête de mariage et goûts musicaux

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 L’institution de mariage avec la nuit des cadeaux et deux jours plus tard, la nuit des noces, constitue une situation musicale spécifique. L’appel adressé à l’occasion des mariages à plusieurs groupes musicaux à la fois, correspond à la différence des classes d’âge, des couches sociales, des milieux urbains et rural qui s’y rencontrent : « Il en faut pour tous les goûts ; il faut des chikhates pour les uns et le Rai pour les autres. ».A Oujda et à Taza, on fait appel à divers  groupes musicaux pour animer les fêtes de mariages :

 a. Dans un mariage de familles Oujdies ou Tazies,on produit la musique Andalouse (Art noble).

b. Dans un mariage populaire on peut trouver les Cheikhs de Bab Sidi Abdelwaha qui chantent les genres « aroubi » ou une chikhate de Guercif qui chante le genre Ssaff (ahidûs arabisé) surtout si une partie des invités parents et amis viennent de la campagne. Dans ce même mariage à une autre phase de l’évènement on trouvera :

c.  Un groupe de Rai local chez les invités de la mariée.

d.  Un groupe de musiciens populaire (chaâbi) chez les invités du marié.

e.  Pour ce même mariage, pour la plupart des mariages traditionnels, le cortège à travers la ville – avec la charrette aux cadeaux – fait appel à quatre musiciens :  Deux tambourinaires et deux hautboïstes qui sont intégrés par ailleurs aux confréries religieuses locales tels les Aïssaoua de Taza.

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  L’analyse de la demande sociale permet de rendre compte du dépérissement d’un genre musical et du développement d’un autre qui lui succède sur le marché de la musique. Dans le passé les pratiques musicales étaient conviviales et la musique avait une valeur d’usage et non une valeur d’échange : c’était le cas du berger qui joue de la flûte ou du rituel de l’achoura qui était une pratique collective autogérée, auto – organisée et gratuite.Aujourd’hui, les festivals sont gérés, organisé et subventionné par les politiciens. Autrefois les musiciens bénévoles ne prétendaient pas vivre de la musique. Aujourd’hui, la nouvelle génération de musiciens se professionnalise et vend ses services musicaux, ses CD et ses clips.  Les jeunes musiciens s’efforcent de se placer sur le marché porteur du Rai. La société marocaine, rejoint ainsi cette occidentalisation de la musique comme le constatait J.Maquet  à propos de l’Afrique Noire : « La musique populaire des centres urbains, accuse une influence très forte de la musique de danse d’Amérique Latine et du Jazz ; la guitar est devenue l’instrument principal. » Cette pénétration de la musique Occidentale se fait par la diffusion des industries cultuelles et à travers Internet.

  • Le Modèle Musical Andalous

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« Notre jeunesse ne réagit plus à la musique Andalouse. Elle était pourtant la musique des châteaux du paradis perdu de Séville , de Cordoue, de l’Alhambra de Grenade et des châteaux marocains Alors que les parents apprécient cette musique, les jeunes s’en détournent. Cela est dû à l’impact de la musique orientale et occidentale à travers la radio et la télévision. » Musique de Palais mauresque de Grenade, Séville et Cordoue, née de la confrontation en Andalousie des apports oriental et occidental. Après la chute de Grenade, elle s’est répondue dans tout le Maghreb.L’autre élément de la culture médiniste est le malhûn ,poésie et musique populaire des artisans des cités Andalouses et Maghrébines. Le terme malhûn vient de la racine lahn qui désigne en arabe classique, aussi bien l’erreur de style et de grammaire que l’opération musicale qui transforme un poème en un chant. Les origines lointaines du malhûn seraient à la fois andalouse et bédouines. Dans toutes les Zaouia citadine on chante des mdah (louanges au Prophète) en forme de malhûn. Son origine bédouine est attestée par son instrument de percussion, le douf (peau de chameau couvrant un cadre en bois en forme carrée). Il émet des rythmes lents qui lui sont suggérés par la marche déhanchée des caravanes. Une autre preuve semble être le thème du « voyage » commun à la tradition poétique des nomades et des artisans. En effet, la narration d’un voyage à travers le désert où le poète s’arrête de temps en temps pour se lamenter sur des ruines (atlal) est un schéma classique de la qasida préislamique. Le même thème se retrouve chez les artisans sédentaire sous le vocable du warchan (pigeon – voyageur).Le porteur de message est prétexte à la description d’un itinéraire. Le malhûn était vivant autrefois dans les médinas de Taza et d’Oujda où il existait des chanteuses citadines qui le chantaient dont certaines étaient originaire soit de Tlemcen soit de Fès. Ce type de chikhates n’existe plus. Avec elles, c’est un pan de la culture traditionnelle médinie qui a disparu. Les quelques midinis connaisseurs du malhûn à Taza par exemple ne sont pas organisés en orchestre. Il ne reste que quelques nostalgiques de cette période, refusant la modernité et ceux qui l’adoptent. Chez les tribus d’origine de l’oriental, on pratique un malhûn bédoin, comme c’est le cas chez les Mhaya, fraction issue des Béni Hilal, établie aux environs d’Oujda. Du temps de la colonisation Française, ces mhaya  nomadisaient entre Taourirt au Maroc et Tlemcen en Algérie tout en étant ouverts sur le domaine saharien du côté de Bou ärfa et de Figuig. Ces nomades pratiquent encore, le « malhûn bédoin », qasida qui pleurent les ruines du désert à la manière des anciens d’Arabie. Du point de vue musical, ils recourt à la gasba (la grosse flûte du désert». Les cheikhs de ces tribus nomades à cheval sur le Maroc et l’Algérie, ont fortement influencé les stars du Rai moderne aussi bien par leur repertoire poétique que par leur rythme musical.

  • Le Modèle Musical Maghrébin

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    Il existe au Maghreb un modèle culturel commun aux médinas traditionnelles. S’agissant de la musique, comme d’ailleurs d’autres  formes d’art, nous savons que le modèle est venu de la civilisation Andalouse ; c’est notamment Ziriab, l’oriental installé à Cordoue qui a contribué à la fixation des règles de la nouba.  Dans toutes les médinas, par opposition à la campagne on trouve un modèle musical médiniste (MMM) qui se pose en s’opposant à la campagne. C’est le cas des deux principales médina de l’oriental marocain que Taza et Oujda, situées entre Fès et Tlemcen et ayant subi l’influence de ces deux anciennes cités maghrébine en matière de musique andalouse en particulier. Aujourd’hui, ces médinas, investies par la modernité et marginalisées par leurs périphéries, perdent à la fois de leur caractère communautaire et de leur culture traditionnelle. Les nouveaux apports de population avec de jeunes fonctionnaires et des ruraux, ignorent la culture médiniste et ne peuvent la reproduire. Cependant des associations y ont pris le relais des anciennes zawiyas et s’efforcent de faire revivre le patrimoine musical local.

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Ø      L’identité culturelle de la médina est à la fois universelle et spécifique. Il faut donc faire la part de l’universel (le Modèle Musical Maghrébin) et du singulier (Modèle Musical Local). Le modèle général du changement dans le (M.M.M) provient de la modernisation des biens culturels et de « l’industrie culturelle » (Adorno et Horkeimer).

Ø      Sur le plan spécifique (M.M.L.), on notera l’influence au niveau local d’une particularité Maghrébine ; le mouvement musical du genre Rai A partir des années 1980, le Rai un développement spectaculaire dans la région oranaise avant d’atteindre Oujda, Berkane, Guercif et les principales villes du Rif, El Huceima et Nador. C'est-à-dire un creuset de l’émigration y compris clandestine,où les jeunes du Rif et de l’oriental vont à la rencontre de la World Music, sans pour autant renoncer à leurs racine : on les voit recourir au synthétiseur et à la boite à musique tout en chantant les izri (poèmes rifains) ou en recourant aux rythmes traditionnels de la danse du baroud ou de la flûte des transhumants de l’oriental marocain.

Ø      Les midinis  disent : « On a vendu les clés de la médina ». La ville, surtout après l’indépendance, a été envahie par la campagne environnante. La musique rurale fait maintenant partie intégrante de la vie musicale dans la ville. Elle constitue la plus forte vente des cassettes chez les disquaires à Oujda. Cette musique locale s’oppose à l’influence uniformisante de la radio. Les musiques rurales sont particulièrement appréciées par les éléments de la population de transplantation récente dans la ville. La classe paysanne et la classe ouvrière ont en commun non seulement le fait de « manier directement la matière » (Halbwachs) mais aussi d’avoir les mêmes goûts musicaux.

 

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Il y avait au départ trois écoles de musique andalouse au Maghreb :

  1. La alaandalouse qui caractérise les vieilles médinas marocaines ramenée  à Fès, par les migrants andalous surtout ceux de Valence et de Séville ; s’est progressivement diffusée en direction des autres médinas marocaines (Meknès, Salé,Chefchaouen, Tétouan,Taza, Marrakech, Essaouira) etc.
  2. Le tarab ghernati ou sanaâ, s’est diffusé quant à lui de Tlemcen vers Oujda et Alger et plus tardivement vers  Rabat où l’avait introduit, Si Qaddour Benghabrite . Ce Tlemcenien d’origine, était, « naib sultani » (représentant du sultan) à Oujda. C’est ce personnage qui avait crée le cadre associatif de l’ Andaloussiya d’Oujda dont l’orchestre de tarab gharnatiallait représenter le Maroc au Congrès de la musique Arabe du Caire,en 1932. Benghabrite, qui deviendra par la suite recteur de la mosquée de Paris, n’est mort en 1954, qu’après avoir légué ce patrimoine  grenadin à Rabat, où il reste  encore vivant grâce aux familles Birou et  Tazi .

3. L’école du maâlouf, qui s’étend de Constantine dans l’Est algérien à la Libye en passant par Tunis : cette école de musique andalouse est très influencée par la musique orientale.

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A.La musique andalouse à Taza

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     Etre médini n’est pas seulement le fait d’habiter la médina au  sens de ville traditionnelle, c’est aussi une conception du monde et une position dans la culture. Etre médini, c’est connaître de l’intérieur et pratiquer la culture traditionnelle de la médina. En tant que patrimoine commun des médini, la musique des médinas est un élément fondamental du système.

   À Taza, les associations dévolues au samaâ œuvrent également pour l’épanouissement de la musique andalouse. Et cela d’autant plus que cette vieille médina maghrébine se prévaut d’une grande tradition dans ce domaine. Parmi les grands noms Tazis de la musique andalouse on peut citer entre autres, maître Haj Ahmed Labzour Tazi, mûnshid  et joueur de Rebab qualifié. Il se distingua par sa contribution à l’enregistrement de l’intégralité du répertoire de la Ala, avec le concours de l’UNESCO, et par une tentative sérieuse de transcription, souligne Ahmed Guettat dans son monumental ouvrage intitulé « empreinte du Maghreb sur la musique arabo – andalouse ». Parmi les autres grands noms figure celui de feu Abdessalam Lbrihi, ce natif de Taza qui se trouve parmi les auteurs ayant contribué au recueil du Haïk qui fut publié sous les règnes de Hassan Ieret de Moulay Abdelaziz.

C’est d’ailleurs son fils Mohamed Lbrihi qui fonda, au tout début du XXe siècle, la première association de musique andalouse qui allait contribuer, d’une manière décisive, à la préservation de ce legs andalou au Maroc. Cet originaire de Taza, comme le mentionne un dahir de Moulay Abdelaziz, était devenu chanteur de Cour (moutrib al qasr). Il est mort en 1945. Il avait formé à la alaandalouse toute une génération de musiciens de Fès, à commencer par le plus fameux d’entre eux, El Hajj Abdelkrim Raïs. Les plus grands ténors de la musique andalouse ont donc été formés par un homme originaire de Taza. L’association qu’il avait fondée est actuellement présidée par son gendre Anas El Attar.

 B.Le malhûn à Taza

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 L’un des grands noms du malhûn à Taza est le poète Mohamed Belghiti surnommé Btigua. Ce dernier animait régulièrement des soirées de ce genre poétique et musical à Fès et, dit-on, il connaissait par cœur quelque quatre cents qasidas, dont celle qui évoque la mort du Prophète ou encore « haoul lqiyama », le jour de la résurrection. Il avait composé des qasidas sur Taza dont l’une énumère les saints de la ville. C’est au cours de ces soirées qu’il organisait dans les Riad de Fès qu’il présentait ses nouvelles créations en matière de qasidas chantées du genre malhûn. Autre chantre du malhûn tazi, Belaïd Soussi, l’auteur de la qasida du ferran (le four public) et de cette chanson qui connaît encore un grand succès populaire (et que chante Mohamed El Asri) et qui a pour refrain :

Allah y l’ghadi l’Sahra jib li ghzal !

Ô toi qui s’en vas au Sahara, ramène-moi une gazelle !

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 Autre succès de cet auteur tazi « lgaâda f’jnan sbil » (villégiature au jardin de Jnan Sbil de Fès) et « Ya man bgha zine » (ô toi qui désires la beauté !). C’est encore lui qui avait composé cette chanson nationaliste à l’occasion du retour de Mohamed V de son exil de Madagascar :

Saâdi ziyant ayâmi, mahboub khatri jani !

Heureux sont mes jours, mon bien-aimé est arrivé !

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 Il avait également composé des chansons pour des vedettes de la chanson marocaine tel Fath Allah Lamghari. Taza faisait partie des vieilles cités marocaines, telles Salé, Safi et Meknès qui produisaient du malhûn. Mais elle ne dispose pas actuellement d’un orchestre de malhûn déplore M. Hamid Slimani. Pourtant les habitants de Taza restent encore attachés au malhûn. Certains musiciens font, de temps en temps,  quelques tentatives pour faire revivre ce genre poético - musical. Le malhûn est actuellement exécuté par les orchestres qui animent les fêtes de mariage, mais il n’existe pas d’orchestre spécialisé dans le malhûnproprement dit.

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 C. Taza, bastion du samaâ.

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 Au Maroc, c’est grâce au samaâ (oratorio, chant soufi) qui se pratique principalement selon les modes musicaux andalous que les zâwiyyas ont joué un rôle fondamental dans la préservation du patrimoine musical andalou. Taza est l’un des principaux centres maghrébins où s’est épanoui le modèle musical andalou (M.M.M.) : samaâ, musique andalouse et malhûn. Dans la vieille médina de Taza, le samaâ est en effet un art vivant lié à la vie quotidienne. Il est omniprésent à toutes les étapes de la vie du berceau au tombeau : on y recourt pour tous les rites de passage depuis les berceuses, les baptêmes, les circoncisions et les mariages jusqu’aux oraisons funèbres qui accompagnent le mort à sa dernière demeure. Pratiqué traditionnellement par les adeptes des confréries religieuses, le samaâ est passé récemment à Taza de la phase des zâwiyyas à celle de jeunes associations qui en font la promotion sur Internet. Le nombre de ces associations est passé de deux en 2006 à plus d’une trentaine en 2010. Ce regain d’intérêt pour le samaâserait dû à l’impact de la télévision qui a consacré à ce genre des émissions diffusées quotidiennement par la deuxième chaîne marocaine tout le long du Ramadan en 2006 :

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 « Au début des années 1990, raconte M. Hamid Slimani, notre rencontre avec le grand maître du samaâ que fut le cheikh Abdessalâm Ben Mansour fut une étape décisive pour notre professionnalisation. C’est ce qui a permis la renaissance de cet art à Taza, sa valorisation et l’intérêt que lui porte la jeunesse de la ville. Il y a eu aussi l’impact de la télévision : en valorisant le patrimoine local, celle-ci a incité les jeunes à s’intéresser au samaâ en le pratiquant. Au point que nous avons maintenant à Taza, 14 associations comprenant 35 groupes qui pratiquent le samaâ alors qu’elles n’étaient que deux à le faire en 2006 ».

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 Ces groupes sont actuellement très demandés par les familles de Taza surtout en période d’accueil des pèlerins de retour de La Mecque. Leurs prestations varient en fonction de leur professionnalisme, leur qualification et leur réputation. Le chef de file de ce genre à Taza, M. Hamid Slimani nous confie à ce propos :

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 « Le samaâ a toujours existé à Taza, mais sa pratique était traditionnelle et spontanée. Lorsque notre génération est arrivée pour prendre la relève au début des années 1990, nous avons trouvé des personnes âgées qui pratiquent ce chant sacré sans en connaître les fondements. Pour acquérir une véritable formation dans ce domaine, il nous a fallu partir ailleurs. Notre initiation eut lieu principalement auprès de la zâwiyya herraqiya (l’incandescente) qui constitue la source du samaâ au Maroc puisque c’est elle qui anime les cérémonies de la nativité du Prophète au mausolée d’Idriss II à Fès. C’est surtout au sein de sa branche de Rabat que nous avons accompli notre apprentissage avec feu Si Abdessalâm Ben Mansour, maître incontesté au Maroc dans ce domaine ».

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 Notre interlocuteur vient d’ailleurs de poster sur Facebook une vidéo consacrée à l’hommage qui fut rendu à son maître au théâtre Mohamed V juste avant sa disparition. Le musicologue et conseiller Royal, M. Abbas El Jirari, y déclare, parmi d’autres déclarations, que le défunt était la référence absolue en matière de samaâ et de musique andalouse au Maroc. Que son grand-père maternel était le cheikh de la zâwiyya herraqiya à Rabat. Qu’il avait, de ce fait, une parfaite maîtrise des « toubaâ, angham et sanaâ » (« les modes musicaux andalous, leurs mélodies et l’art de leur déclamation »).

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Qu’au cours des années 1970, il avait publié le haïk, recueil de qasida et de mouachah andalous où sont consignés, pour la première fois, certains modes musicaux andalous disparus. Et surtout qu’il avait formé de nombreux chanteurs dans ce genre en tant que fondateur d’une école du samaâqui constitue au Maroc la référence des références en la matière.

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 D.La chanson moderne à Taza

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arts islamiques,musiqueL’association marocaine des musiciens professionnels vient d’être fondée à Taza au mois d’octobre 2010. Elle se compose principalement de musiciens et d’enseignants de musique de l’Éducation nationale. C’est une association qui s’intéresse principalement à la chanson marocaine moderne, ce qui la distingue ainsi nettement de la musique patrimoniale telle que celle du samaâ ou du folklore. Elle est présidée par M. Qadaâ Lakhal, jeune professeur de musique, qui s’élève contre la retraditionalisation de la société que connote ici le renouveau du samaâ en tant que chant religieux : « Nous assistons à une nouvelle vogue de la musique religieuse qu’on appelle samaâ. Cela est dû, en partie, à la rediffusion de valeurs traditionnelles au sein de la société. Peut-être par réaction à la mondialisation ? Peut-être par réaction à la diffusion d’une culture permissive sur le web ? D’où l’intérêt d’une certaine jeunesse pour cette musique à connotations religieuses. En tant que jeunes intéressés par le domaine musical, nous voulons certes encourager la musique, mais en tant qu’art diffusant des valeurs humanistes universelles qui ne soient pas nécessairement des valeurs religieuses. En tant que jeunes, nous voulons contribuer à la diffusion de la musique marocaine, mais il est erroné de croire que nous allons accepter la musique marocaine dans son moule traditionnel qui est pauvre sur le plan musical. Les jeunes ne peuvent accepter cette musique présentée sous cet angle Par conséquent, nous prenons cette musique comme un simple moule que nous retravaillons d’une manière moderne. La musique est un puissant moyen d’intégration des jeunes permettant de les éloigner de l’extrémisme religieux aussi bien que de la délinquance et de la drogue. Les jeunes aiment bien le Rai du fait qu’il fait fusionner musique arabe et musique occidentale ».

 La musique Andalouse dans l’Oriental

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arts islamiques,musique     Oujda fut fondée en 994, par Ziri Ben Atya, chef des Maghraoua, groupe de Zénètes nomades. Investi par les khalifes Omeyyades de Cordoue du commandement du Maghreb.  Ziri Ben Atya , qui dut s’y imposer par la force, décida de s’installer au centre du pays qu’il devait administrer plutôt qu’à Fès ou à Tlemcen. Il résolut de créer une « capitale » au milieu de la plaine d’Angad, à proximité de la source de Sidi Yahya(le beau parc de Sidi Yahya qu’abritent les térébinthes séculaires ne fut qu’un cimetière) et de montagnes qui pourraient éventuellement lui servir de refuge. Mais le site d’Oujda se justifie aussi par le croisement qui s’y opère entre deux grandes voies commerciales : la voie nord-sud de la mer à Sijilmassa et est-ouest de Fès à Tlemcen. Le géographe andalou, Oubeïd el Békri écrivait vers l’an 1068 :

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 « Les voyageurs qui partent des contrées orientales (de l’Afrique) pour se rendre à Sijilmassa et aux autres localités de l’Occident, traversent la ville d’Oujda et y suivent la même route lors de leur retour. » Cette voie de passage pour le commerce était aussi le « triq sultan »( seule voie de circulation praticable entre Fès et Tlemcen) ponctuée par le Moulouya et la Kasbah des Msoun, qu’empruntaient les armées des Sultans du Maroc lorsqu’elles se portaient contre les Souverain Abdelwadides de Tlemcen. Oujda fut ruinée et relevée quatre fois au cours des guerres continuelles qui opposèrent les maîtres de Fès à ceux de Tlemcen.

 

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 Située dans la plaine d’Angad, Oujda est à 14 kms de l’Algérie et à 60 kms de la Méditerranée. la ville d’Oujda fut rasée à deux reprises sous les règnes des Mérinides Abou Youssou Yacoub(1272) et Abou El Hassan(1335). Occupée en 1907, par l’armée coloniale française, la ville vit sa population augmenter avec l’immigration d’Européens et d’Algériens lors du protectorat. Durant la guerre d’Algérie(1954 – 1962), Oujda accueillit une vague de réfugiés et servit de base arrière pour la résistance algérienne, ce qui explique l’arrivée au pouvoir à Alger du « clan d’Oujda ». C’est ce que nous explique l’anthropologue Bader el - Maqri dont la famille est arrivée à Oujda vers 1820 :

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 « Les cousins de l’émir Abdelkader se sont établis à Oujda, lieu de métissage par excellence. Le club de football local, la «  Mouloudiya d’Oujda » comprend 10% de joueurs d’origine algérienne. L’équipe du FLN où a-t-elle débuté ? A Oujda ! Toute l’élite algérienne était ici à Oujda. Il n’y avait pas de distinction entre ce qui est algérien et ce qui est marocain.. Au point que nos grands parents nous disaient qu’ils n’ont découvert que leurs voisins étaient algériens qu’après 1962, au moment où ils sont revenu en Algérie. C ‘est là qu’ils ont compris qu’ils sont d’origine algérienne ! »

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  Louis Voinot  dans « Oujda et l’Amalat », 3 tomes, 1912, écrit ainsi à propos du métissage culturel à Oujda à l’aube du 20èmesiècle :

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 « Il existe certes un petit noyau de descendants de vieilles familles Oujdis, renforcés dans les années 1830 – 1840, par l’installation de familles algériennes fuyant l’occupation française et de quelques représentants de firmes fassies venant profiter du regain des échanges liés aux fournitures à l’émir Abd el Kader. Mais ces apports sont continus et multiples. Ainsi en 1882 une effroyable disette sévit dans le Souss. Sur les conseils du Sultan, les habitants viennent s’installer dans la région d’Oujda. La population juive passe de 10% à plus de 20%. Diversité, spécificité d’une part, mixité de l’autre : arabes citadins et arabes campagnards, berbères, figuiguiens, juifs marocains et juifs français, européens aussi, moins rares qu’il n’a été dit, voir « levantins », gens à la langue dorée et à l’inspiration fertile. La cohabitation est heureuse de ces ethnies différentes, qui apparaissent vivant de façons beaucoup plus mêlées que dans les autres cités. »

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 Sous le protectorat la médina d’Oujda abritait les musulmans et les juifs marocains. La ville européenne s’était étalée au-delà des remparts, détruits durant les années trente, et remplacés par des avenues. Les deux tiers des juifs marocains vivaient dans l’ancienne médina intimement mêlés aux musulmans, partageant le même immeuble autour de la même cour. Ainsi, les juifs marocains d’Oujda n’étaient pas comme dans d’autres villes du Maroc confinés dans un Mellah entouré de remparts. Un certain nombre de juifs marocains enrichis, avaient quitté la médina pour la ville européenne. Celle-ci recevait également des familles de notables musulmans marocains et plus encore algériens. Cette réalité sociale explique largement le caractère métissé de la musique andalouse à oujda. La société de musique « Andaloussia », a été fondée en 1921 par deux fonctionnaires algériens, Si Rahal Mohamed interprète judiciaire, et Bensmaïn Mohamed, professeur au lycée. Elle a vivement intéressé S.M. Le Roi Mohamed V, lors de sa première visite officielle à Oujda.

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Le répertoire classique des  Noubât Gharnati d’Oujda a pour source Tlemcen qui recueillit dés le 13ème siècle le legs musical andalou. Cité des grands maître de la musique arabo – andalouse, dont Al Maqqari Al Tilimçâni, l’auteur de nafhattîb qui raconte le cycle des nawba Gharnati – de Grenade – où les plus grands musiciens de Cordoue se retrouvèrent, avant de refluer vers le Maghreb, à la suite de guerre de reconquêtes catholiques en Espagne. La tradition Gharnati de Tlemcen a entretenu des contacts avec les villes d’Oujda et de Tétouan au Maroc. Tlemcen a été un centre de rayonnement de la musique andalouse dans sa sphère culturelle avec à l’Ouest, le couloir de Taza et à l’Est, Bejaïa. Cette musique andalouse est appelée ala au Maroc, Gharnati à Tétouan, Oujda et Tlemcen, San’âà Alger, et Maâlouf au constantinois et à Tunis.

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 La nawba fut mise au point dès le 9ème siècle, à Cordoue, en Espagne musulmane. Vastes constructions mélodiques qui ont vaincu l’oubli et traversé le temps. C’est Ziryab qui fut à l’origine du grand monument andalou, constitué par les vingt quatre  nouba-s, un système qui se développa sous la forme d’un arbre symbolique, l’arbre des tempéraments, Shajarat al-toubou’, ou arbre des modes. A chaque heure qu’égrène le jour correspond un mode, un maqâm, c'est-à-dire un chant, une mélodie, qui exprime un état d’âme, une pensée, un sentiment. Si par exemple, le mode raml et  raml el Maya, célèbre les chatoiements du crépuscule, le maya et rasd – eddil, saluent le jour qui point. Le grand Ziryab ajoute une cinquième corde à son luth et fixe à cinq le total des mouvements essentiels de la suite musicale arabo – andalouse qu’on appelle nawba. Des vingt quatre modes que comptait l’ingénieuse et géniale classification de Ziryab et de ses disciples, quinze seulement subsistent au Maghreb. Et sur les 15, 12 seulement restent suffisamment connues pour offrir matière à la composition de nawba parfaites, c'est-à-dire de suites à peu près complètes. Vers 1800, à la demande du Sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah, on rassembla dans le manuscrit du Hayk al Titouâni, les textes de tous les chants qui se chantent couramment sur les vingt quatre échelles modales ( toubou’) des onze nawbâtmarocaines.

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 Dans la nawba  maghrébine héritière de la nawba andalouse, la musique, le chant et la poésie sont étroitement liés. Toute tentative de faire abstraction de l’une des composantes de la nawba aboutit à une analyse erronée. On ne peut donc parler du muwashah sans le mettre en relation avec la nawbadans laquelle il est chanté, et avec le mode tba’ qui en détermine souvent le contenu thématique et la forme stylistique.

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Les pièces vocales se composent aussi de Zajal et de qasaïd-s classiques. Et il arrive souvent qu’au cours du même mouvement on chante successivement un Zajal, un mûwashah et une qasida. Le muwashahqu’on peut traduire par « la parure poétique chantée » est né dans les jardins andalous. C’est ce genre poétique typiquement andalou qui serait derrière la poésie de « l’amour courtois » qui caractérisait au Moyen Âge les troubadours de l’Europe méridionale.

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 Le tarab ghernati  entre Oujda et Tlemcen

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Au Sahara, on parle de « tarab hassani », par référence à l’empreinte profonde, que procure à l’auditoire la notion de tarab chez les anciens d’Arabie. Un art musical et plus précisément un tarab, cette émotion musicale qui aboutit à l’extase et qui caractérise entre autre, le chant andalous de Grenade : « L’art de chanter est un don de la jeunesse, et la mélodie des voix, un don de Dieu ! ». Excellente définition du tarab. Les musiciens de Grenade avaient donc pour ambition d’aboutir à cette émotion musicale qui aboutit à l’extase d’où l’appellation de leur chant de « tarab gharnati ». A Oujda, comme à Tlemcen et Alger on se réclame de ce legs grenadin.

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 En 1492, avec la chute de Grenade, le dernier des sultans nasrides , Abou Abd el Ilah(le fameux Abou Abdil des chrétiens) a débarqué du côté de Ferkhana, à une centaine de kilomètres au nord d’Oujda, du côté de Nador, avant de se diriger vers Oujda. C’est dire que les relations entre Oujda et Grenade sont anciens. Il n’est donc pas étonnant que le tarab gharnati soit un élément essentiel de l’identité culturelle d’Oujda. Les relations culturelles entre Oujda et l’Andalousie remontent plus loin encore, à la dynastie Almoravide au XIème  siècle  comme l’attestent les relations de voyage relatives aux échanges entre Oujda et Séville, Murcie, Valence et Grenade.

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Cette empreinte culturelle s’est davantage renforcée au XIV ème siècle avec l’émigration des juifs de Séville vers Debdou en 1392. Jusqu’à aujourd’hui existe à Debdou une source qui s’appelle « Aïn - Chbiliya » (la source de Séville).On ne peut pas parler du tarab gharnati d’Oujda sans évoquer le rôle de la communauté juive en particulier celui que jouèrent deux familles de Debdou : les Cohen et les Marciano, (de Murcie), en concurrence permanente y compris sur le plan artistique. C’est eux qui ont introduit certaines qasidas, celles par exemple d’Ibnou Sahl, un poète juif d’Andalousie. En Algérie, les turcs ont laissé des empreintes dans les manières de table, dans le vestimentaire et certainement aussi dans le domaine musical : « Il y a une influence certaine de la musique turc, sur le gharnati de Tlemcen qui constitue une référence pour Oujda, nous explique, le cheikh Mohamed Chaâban.Quand tu écoute la musique classique turc, tu a l’impression d’écouter le gharnati.Il y a une influence certaine de la musique turc sur le gharnati ! » 

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 Pour l’étude des modes musicaux spécifique au tarab gharnati proprement dit, il faut signaler le kounnach el haïk, de l’imam Mohamed Ben el Ghamad el Oujdi , fikih et musicologue ayant vécu au XVIIème siècle. Maître Mohamed Chaâban, qui préside aux destinées de l’Association Andalousia, fondée en 1921 nous déclare à cet égard :

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« Les juifs étaient très connus pour le tarab gharnati. Et qui avait réuni le recueil du gharnati, si ce n’est Edmond Yafil ?! Avant lui, le gharnati était dispersé : à chaque fois qu’un cheikh meurt, il emportait avec lui les nouba et les sanaâ qu’il maîtrisait. C’est Edmond Yafil qui les a recueilli auprès des cheikhs, en les publiant dans un petit recueil qui porte son nom de « Yafil ».J’en ai une copie. Après lui, les grands cheikhs d’Algérie, l’ont corrigé et augmenté en publiant des recueils plus volumineux. J’en possède trois volumes où ils ont traduit de l’hébreu beaucoup de sanaâ qu’on trouve chez Yafil. Ces recueil des 12 nouba du tarab gharnati qui prélude à chaque fois par ce qu’on appelle lamchaliya et touichiya .Cette dernière est plus longue que celle qu’on trouve dans la Ala andalouse. Et chacune des 12 noubas comprend cinq mesures ou mizân :

 

 arts islamiques,musique1.      Première sanaâ, lamsadder qui est lent

2.      Deuxième sanaâ, labtaïhi

3.      Darj

4.      N’siraf

5.      MAkhlass(pour conclure)

 

C’est en ces cinq sanaâ que se compose la nouba. On y ajoute des fois ce qu’on appelle la qadriya, qui n’existe que dans les noubas de raml el maya, lahssin, et laghrib. C’est en cela que consiste la nouba complète. Ces dernières sont au nombre de 12 :

  1. Zidân
  2. M’janba
  3. Raml
  4. Dil
  5. Rasd Dil
  6. Maya
  7. Laghrib
  8. Lahssin
  9. Rasd
  10. Raml l’maya
  11. Sika
  12. L’mazmoum

 arts islamiques,musiqueLe tarab gharnati diffère de la ala andalouse au niveau du mizân (la mesure) : la maya de la ala n’est pas la même que celle du gharnati : la maya de la ala ressemble à la sika du gharnati sur la mesure de « Mi ». ET la maya du gharnati ressemble à l’istihlal de la ala ou à son rasd dil. C’est en cela que réside la différence entre la ala andalouse et le tarab gharnati. Il y a aussi des différences au niveau de la sanaâ et du mizân : le derj de la ala n’est pas celui du gharnati et on peut dire de même pour labtaïhi. La grande école du tarab gharnati est celle de Tlemcen : son gharnati est plus complexe  avec des noubas plus longues. La première école du gharnati est celle de Tlemcen qui a fortement influencé Oujda. Jadis, on le chantait aussi à Taza.Malheureusement, le gharnati a disparu de Taza. A une certaine époque, les juifs chantaient le gharnati à Fès. Et il commence à décliner à Rabat.».

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    Il existait à Oujda un club féminin d’adeptes du tarab gharnati, où la chikha Titma de Tlemcen séjourna pendant cinq ans, entre 1920 et 1925, avant de s’en aller à Fès. Beaucoup de poètes de l’ouest algérien étaient venus à Oujda où on chantait leurs qasidas, lors des fêtes de mariage, sous le mode gharnati : Qaddour Ben Âchour Zerhouni, adepte de la zâwiyya taybiya mort en 1938 dont le recueil fut imprimé à Oujda en 1932.Autres poètes algériens ayant séjourné à Oujda : Lakhdar Ben Khallouf de Mostaganem, Ben M’sayb qui y composa « mon cœur s’est enflammé »  ou encore Mustapha Triki Zengli. Au point que dans son encyclopédie du malûn, Mohamed El Fassi nous dit que les meilleures qasidas sont celle qui ont été composées à Oujda. Il ne pouvait pas y avoir de fêtes à Oujda sans cette fusion entre le gharnati et le malhûn. Ce métissage poético – musical qu’on appelle haouzi en Algérie, mêle aussi bien les chantres du malhûn d’Algérie que ceux du Maroc :

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On chantait ainsi El Meknassiya de Sidi Qaddour El Alami, l’hôte de Dieu de Cheikh Jilali Mtired de Marrakech, Beautés de Fès, de Mohamed Ben Slimane (qu’interprète Cheikh el Hajj M’hamed el’Anka), le faucon et le corbeau d’Ahmed el-Ghrabli, Zhirou de Lili el-Abbassi et même la chandelle de Mohamed Ben Sghir d’Essaouira ! Ville-frontière, Oujda connaissait une telle effervescence poético - musicale, car en plus qu’elle se situe entre Fès et Tlemcen, elle était sur le chemin du pèlerinage saturé par la littérature de voyage : adab rahalat, aussi bien des occidentaux que des maghrébins. On peut citer Mustapha Ben Brahim, mufti de Sidi Bel Abbas, mort en 1854, qui était venu à Oujda où il a composé une longue qasida dénommée « el goumri » où il décrit en 1500 vers, sa « rihla » (récit de voyage) d’Oujda à Fès. A titre d’illustration également , on peut citer la « Qsida Ouajdiya » de Raymond Marciano qui vécut  à Oujda dans les années 1940-1950, où il évoque Bab Sidi Abdelwahab, souk laghzel, Qissariyat Ben Attar…C’est le Cheikh Saleh , né en 1911 et mort en 1973, qui était allé loin dans cette fusion entre le malhûn et le tarab gharnatidonnant naissance à ce qu’il est convenu d’appeler la « Qasida Ouajdiya », très demandé aux fêtes de mariage de l’ouest algérien : M’askar,, Oran, Saïda, 

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 Le cadre associatif du tarab gharnatià Oujda

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Actuellement, il existe 11 associations de tarab gharnati à Oujda. Fondée en 1921, l’association andaloussiya est l’association – mère d’où sont issues toutes les autres : arts islamiques,musique

  1. Association Andaloussiya
  2. Association  Ahbab Cheïkh Saleh 
  3. Association Mossoliya
  4. Association Ziryab
  5. Association Ismaïliya
  6. Association Nassim
  7. Association Nassim el Andalous
  8. Association des amateurs de tarab gharnati
  9. Association Jouq Salam
  10. Association la SICADA
  11. l’orchestre de la Wilaya d’Oujda

 

En arrivant à Oujda,le 29 mars 1907, parmi les premières choses que le Maréchal Lyautey avait entreprises , le règlement des associations qui permettait, entre autre, aux musiciens de se réunir administrativement sous un Dahir des libertés public. C’est en 1921 qu’a vu le jour à Oujda, l’association Andaloussiya, fondée par Mohamed Bensmaïn. Cet originaire de Tlemcen, décédé en 1947, exerçait à Oujda en tant qu’enseignant au lycée Omar C’est lui, le premier qui a eu l’idée de réunir les mélomanes Oujdis en association. Ce sont les membres de cette association qui ont représenté le Maroc en 1932, au Congrès de la musique Arabe au Caire, avec Mohamed Bensmaïn, Si Qaddour Benghabrite et Marzouqi qui était délégué de la douane à Oujda et qui est mort à la fin des années 1940. Et c’est encore l’association Andaloussiya qui allait représenter le Maroc à la foire coloniale de Paris en 1936, où l’orchestre du tarab gharnati comprenait 60 musiciens, dont un seul est encore vivant : Si Mohamed el Hachmi Sghir. L’association andaloussiya avait débuté un projet de musique andalouse avec nota qui est perdu malheureusement. Actuellement, c’est le professeur de tarab gharnati, Mr. Mohamed Chaâban , né à Oujda en 1948, qui préside aux destinées de cette association dont son père, le cheikh Saleh était membre fondateur comme il nous l’explique lui-même :arts islamiques,musique

 «Cheikh Saleh, mon père, était le disciple d’un très grand maître, le cheikh Larbi Ben Sari de Tlemcen, qui animait des fêtes de mariage à Oujda. Il allait jusqu’à Fès. Même mon grand père, Saïd Chaâban, jouait de la kamandja (violon) Il était né à Tunis. Au cours de la première guerre mondiale, il a traversé l’Algérie à l’âge de vingt ans et était venu s’établir à Oujda, où il a épousé une Tlemcenienne donnant naissance à mon père qui allait devenir mélomane grâce à Larbi Ben Sari. Celui-ci venait de Tlemcen pour animer des fêtes de mariage à Oujda. Il remarqua mon père en s’enquérant  de sa filiation il découvre qu’un lien de parenté les lie tous les deux. Le voyant mélomane, il lui conseilla de rejoindre l’orchestre de Bensmaïn,le fondateur d’Andaloussiya en 1921.Sachant déjà jouer d’un instrument, mon père s’initia a la sanaâ auprès de Bensmaïn, jusqu’à ce qu’il devint l’un des meilleurs de ses élèves ainsi que le cheikh Abdelkader que Dieu ait son âme. C’est mon père qui a pris par la suite la relève de Bensmaïn. Mon père était surtout connu pour sa belle voix. Le cheikh Saleh a cessé de présider l’Andaloussiya en 1969. Tous les enseignants de musique des autres associations ont été formés dans cette association – même .Malheureusement, ils ne sont pas allés jusqu’au bout de leur formation. A peine ont-ils commencé leur initiation que déjà, ils s’en vont former leur propre association ailleurs. En 1921,l’association Andaloussiya a été créée par Bensmaïn, lui succèda cheikh Abdelkader,puis le cheikh Saleh, mon père. A sa mort, lui succéda Zemmouri, que Dieu ait son âme, puis j’ai succédé à ce dernier depuis 1976 à nos jours. »

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 El Fakir Ahmed qui a adhéré à l’association Andaloussiya en 1975 a crée l’association Ziryab en 1985 avec dix autres membre tous issus de l’association – mère. Ils sont maintenant dix membres en plus des juniors. Cette association a depuis participé aux 19 éditions du festival du tarab gharnati, qu’organise annuellement à Oujda le ministère de la culture, d’abord à Saïdiya et maintenant à Oujda. Le juré du festival se composait de Mr.Ahmed Aydoun, le délégué de la culture à Meknès, El Haj Birou et Mr.Agoumi. L’association était également invitée aux soirées du Ramadan organisées à Oran et Tlemcen. En 1999, l’association a participé à la onzième édition du festival de Babel en Irak et au Temps du Maroc en France, par une tournée intitulée « chant de traverse »  où participaient également des musiciens juifs, dont la Française d’origine algérienne Françoise Atlan.

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En 2005 l’orchestre « chant de traverse » que finance Serge Berdugo, anime une soirée à Madrid et anime une soirée musicale sur la deuxième chaîne marocaine avec comme vedette feu Sami el Maghribi. L’association fut également invitée, en 2009 à Essaouira au festival des Andalousies atlantiques. L’orchestre de tarab gharnati d’Oujda a ainsi accompagné Raymonne el Bidaouiya (la Casablancaise) et Haïm Louk venus pour cette circonstance de Loos Angeles. Il faut signaler que Mr. Fakir Ahmed qui chante à merveille en arabe , chante également sans problème en hébreux. Pour sa part, l’association Moussiliya a été invitée par l’Institut du Monde Arabe au mois de janvier 2010 et ira au mois de janvier 2011 à Nancy. Ainsi donc, quand une association de tarab gharnati est invitée à l’étranger, elle ne représente pas seulement Oujda mais tout le Maroc. Elle rentre dans le cadre de ce qu’on a convenu d’appeler « la diplomatie culturelle ».

Le samaâ dans l’Oriental : la tariqa Boutchichia

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  À la frontière algéro – marocaine, où la plaine de Triffa s’étend au pied  du massif des Bni Iznassen, se situe la zaouia –mère de la tariqa Boutchichia actuellement le principal épicentre du samaâ au Maroc au vu du nombre considérable des adeptes qui  s’y adonnent.  Issu des Béni Iznassen, Sidi Mokhtar Boutchich, premier maître spirituel de la tariqa(voie soufie) vint s’y établir, à partir de 1907,   plus précisément au village de Madagh qui va devenir le fief de la Tariqa avec le Cheykh Abou Mediane,  mort à Madagh en 1955. Lui succédera alors jusqu’au début des années soixante dix, le Chaykh Sid El Abbas, le père de Sidi Hamza, le Chaykh actuel de la Tariqa.

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Cette Voie se nomme «  Qadiriya » par référence à Moulay Abdelkader Al Jilani, maître soufi qui vécu à Baghdad au 12ème siècle. A chaque fête du Mouloud, des milliers d’adeptes venus de toutes les régions du Maroc, mais aussi de Thaïlande, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique , se retrouvent à Madagh, pour commémorer en présence  de Sidi Hamza, leur maître spirituel vivant, la naissance du Prophète. Deux nuits soufies ont lieu simultanément : d’un côté celle des femmes, de l’autre celle des hommes, en présence de leur guide spirituel. Au cours de ces nuits soufies ont lieu des séances de samaâ animées surtout par le « groupe de Casablanca ». Ces «  concert spirituel » ou « oratorio »(samâ’)  ont pour but de développer la partie « affections » de la méditation collective.Abdelkader Mana

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06:28 Écrit par elhajthami dans Arts, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts islamiques, musique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

25/11/2011

Documentaire suspendu par 2M

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Dans son Istiqçaâ, l’historien Ennaçiri, écrivait :« Face à l’Europe, nous sommes comme un oiseau sans ailes sur lequel fond l’épervier. » . Ils furent deux éperviers à fondre sur le Maroc en 1926, lors de l’offensive franco – espagnole dans le Rif.

histoire

Dans ses lettres à propos de l’offensive dans le rif en 1925, le lieutenant Joubert écrit :« Nous sommes très près des côtes comme pour mieux les voir. Je les connais déjà ces côtes rouges arides, sauvages, des rochers à pic sur la mer très bleue, nulle habitation que la maison du gardien du phare, c’est un paysage grandiose sous le soleil, un décore pour des contes fantastiques. L’air est doux, c’est le calme et la solitude.L’offensive a commencé le 12 avril 1925, par une souga chez les Béni Zeroual, à la zaouïa d’Amjout ; ils nous lâchèrent en partie. Abd el krim voulait le chemin de Fès. Vous pensez quelle victoire pour lui de prendre la ville sainte, la capitale intellectuelle. C’était la reconnaissance certaine de sa puissance, puis de son autorité ; c’était notre défaite. »

histoire

 Les rifains ne relâchent pas leurs efforts. Dans la nuit du 30 juin 1925, des éléments avancés coupent la voie ferrée pendant quelques heures aux environs de Sidi Abdellah. C’est seulement l’arrivée des renforts de France et d’Algérie qui permettent de rétablir la situation.

La menace sur l’Innaouen se précise dans les derniers jours d’avril, les guérilléros d’Abd el krim pénètrent chez les Branès et multiplient leurs attaques contres les postes et les auxiliaires.

histoire

 Quand Abd el Krim est arrêté par Lyautey devant Ouazzane et l’Ouergha ; il essaie de rompre les lignes françaises à l’Est, de manière à atteindre Taza.Dés le 23 juin 1925, Abd el krim entame une violente offensive à laquelle sont consacrés ses meilleures troupes. Les contingents des tribus sous domination française ne tardent pas à rallier les combattants  rifains. Des Tsoul et des Branès, dont le territoire est occupé, passent du côté des combattants rifains, au début de juillet 1925.

histoire

Au début de l’attaque rifaine, en 1925, le colonel Combay ne dispose que de forces très réduites pour protéger Taza :«  A ce moment, souligne –t-il, la situation est angoissante ; la communication avec l’Algérie semble sur le point d’être coupée. Kahf El Ghar a été pris par les rifains, le 19 juin 1925. Les postes de Bou Haroun et de M’sila sont encerclés et subissent de rudes assauts, le premier écrasé par le canon, tombe le 2 juillet, sans qu’on puisse lui porter secours. La dissidence gagne chez les Tsoul. On envisage un instant l’abandon de Taza, mais après un conseil de guerre tenu le 4, le général Lyautey ordonne de garder la ville à tout prix, quitte à évacuer la population civile.

histoire

Un des atouts de Lyautey est l’aviation : arme encore naissante qui trouve dans l’insurrection du Rif, un terrain d’expérimentation sans égal.Abd el krim menace Fès, dont il annonce la prise pour 1925. Le maréchal Pétain inquiet de cette poussée puissante du nationalisme, obtient le départ du maréchal Lyautey, hostile à une coopération avec l’Espagne.Lyautey avait espéré jusqu’au bout qu’il pourrait ramener Abd el krim dans le giron du protectorat. Pétain lui, voulait liquider militairement le soulèvement en liaison étroite avec l’Espagne.

histoire

 Après le désastre d’Anoual, Lyautey écrit à d’Ormesson que ses craintes sur le Rif, forts anciennes, n’étaient que fort fondées :« D’un mot, écrit-il, sache que la chose est grave, c’est la caractère national qu’a pris le mouvement. Son chef Abd el krim est un Monsieur très européanisé, qui sait ce qu’il fait, tient son monde, dispose d’une vraie armée et déclare l’indépendance du Rif.Lyautey a compris le ressort dont joue Abd el krim, il ne s’agit pas d’un classique chef de tribu en rébellion contre les français. Il s’agit d’un nationaliste, formé à l’école de l’occident qui s’apprête à utiliser le levier des traditions locales non plus comme un facteur d’ordre – mais comme un facteur de désordre. Il est comme le négatif de Lyautey : un prestige foudroyant se dresse contre le sien.

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Le maréchal Pétain reçoit très vite le commandement des opérations ainsi que des moyens et matériels sans précédents – l’ensemble des troupes françaises au Maroc atteindra 150 000 hommes.

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Les conversations franco – espagnoles commencent le 17 juin 1925. Lors de la rencontre le 28 juillet entre Pétain et Primo de Rivera, le principe d’une riposte commune sévère est arrêté. La guerre franco – espagnole du Rif commence.

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Tout le long de la frontière qui sépare la zone française de la zone espagnole, Pétain mobilise les casernes militaires établies par la France lors de son occupation du Maroc au début du 20ème siècle.Des renforts militaires arrivent de France et d’Algérie et prennent position aux portes du Rif ; à la kasbah de M’soun, à celle de Mérada au bord de la Moulouya d’où s’envolent les escadrilles, à Camp Berteaux, et camp Aïcha chez les Béni Zeroual. A Paris, le haut état major fait prévaloir une autre conception des choses ; la guerre totale, l’éradication d’Abd el krim. On n’est plus dans la logique du protectorat, mais celle des colons, de l’expansion impérialiste à l’ « Algérienne ».

histoire

"De son vivant, Abd el krim avait une prison. Ici même ! Nous raconte un rifain de Boudinar.Pour celui qui refusait d’aller combattre, et d’acheter armes et munitions de ses propres deniers. S’il ne s’exécute pas ; la prison ! La bastonnade ! Cela se passait là bas dans cette maison. La maison que vous avez vu et visité. C’est là ! Lui aussi, il avait un téléphone. Le téléphone le reliait d’ici à Sidi Driss. L’endroit dénommé Sidi Driss. Il parlait à ses adjoints.  Mais son vrai téléphone, c’était l’homme : d’ici à Bou Dinar, de Bou Dinar à Anoual, d’Anoual à un autre endroit plus loin. Le message était porté uniquement par la voix humaine. Celui-ci rapporte sur celui- là. C’était un leader. Il avait combattu sur la voie de Dieu. Que Dieu ait son âme."

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 Abd el krim tentait la jonction entre le Rif et le Moyen Atlas via le couloir de Taza. Dans ses « Lettres du Maroc », le lieutenant Joubert écrit : « Vers le 23 mai 1925, nos premiers renforts arrivaient. Abd el krim avait perdu la partie. Alors, il changea d’objectif et concentra ses efforts en direction de Taza. Il essayait par là, de joindre les Béni Waraïne et les dissidents de l’Atlas. C’était un beau plan, nous étions pris entre deux mâchoires d’une tenaille et nos communications avec l’Algérie étaient coupées. Mais Taza, ne valait pas Fès. »

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 C’est le 18 avril 1926, à Camp Berteaux, aux confluences de l’oued Zâ et de la Moulouya, qu’eût lieu le premier contact entre les délégués rifains et les délégués français et espagnols, qui s’étaient rendus dans ce petit poste, tandis qu’une nuée de journalistes s’abattait sur Oujda.

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 Le général Henri Simon, chef des pourparlers, côté français, raconte :

« Dans deux entrevues préliminaires à Camp Berteaux et à El Aïoun Sidi Mellouk, dans la première quinzaine de mars 1926, l’Espagne et la France ont posé en principe qu’en aucun cas, elles n’entreraient en relations officielles avec les rifains si ceux –ci n’admettaient pas tout d’abord : la soumission au protectorat, l’éloignement d’Abd el krim, le désarmement des tribus, et la reddition des prisonniers.L’ultimatum expire le 1ermai. L’assentiment des rifains n’ayant pas été donné ; le 7, les troupes espagnoles et françaises reprennent leur offensive. Sur le refus d’Abd el krim, la parole est restée au canon. C’est tout. »

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Du côté rifain la délégation était représentée par Azerkan, Chedid et le caïd Haddou. L’échec des pourparlers d’Oujda a entraîné immédiatement, l’offensive franco – espagnol : dés le lendemain, le 7, le général Bouchit, commandant des forces françaises marcha sur Targuiste.La liaison étroite s’affirme sur terre comme sur mer. Mais après les premières opérations la jonction des deux fronts ne se fait pas comme prévu : du 17 septembre au 18 octobre , le maréchal Pétain demande en vain, à trois reprises, à Primo de Rivera, de réaliser la soudure sur le Kert.

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Le gaz de type moutarde fourni par la France, est utilisé pour la première fois par l’aviation espagnole contre les populations civiles du Rif.

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Dés le 7 mai 1926, l’aviation entreprit sur tout le front des reconnaissances et des bombardements massifs sur les rassemblements et les centres importants.« Un nombre considérable d’avions nous survolaient, et bombardaient les positions des Moujahidines par des bombes à gaz asphyxiantes qui décimaient nos rangs par leur poison. » raconte Mohamed Azerkan, l’un des principaux lieutenants d’Abd el krim.Peu après le désastre d’Anoual, les espagnols avaient décidé d’utiliser les gaz toxiques, comme le rapporte le caïd Haddou dans une lettre à Abd el krim datée du 24 juillet 1922 :« Je t’informe qu’un bateau français a transporté 99 quintaux de gaz asphyxiant pour le compte des espagnols. »

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« Lors des bombardements aériens, nous étions ici. On s’était réfugié là bas dans les grottes. Les avions nous bombardaient. Les bombes étaient petites. On ne pouvait rien faire. Et dans l’eau de l’oued, à la source de l’oued, où nous désaltérons, quand tu y laves tes mains ; l’eau est empoisonnée que Dieu nous préserve ! »

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Rive droite de l’oued Amkran. On l’appelle « Amkran », c'est-à-dire, la grande rivière qui se jette en Méditerranée. Il y a par ici des grottes où se réfugiaient les combattants lors des bombardements aériens espagnols. Les bombes contenaient des produits chimiques rayonnant à effet néfaste sur leur santé et leur corps.

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A l’heure où le marché du mercredi d’Ajdir grouillait de monde, les obus commencèrent à tomber depuis le rocher de Nokour. Le débarquement franco – espagnol dans la baie d’Al Huceima eut lieu du 6 au 8 septembre 1926. La division française de l’amiral Hallier, avec le cuirassier Paris, a été mise à la disposition du commandement espagnol. Elle bombarde les organisations de la côte orientale de la baie, pendant que l’escadre espagnole assure la protection immédiate du débarquement.

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Selon le récit de Mohamed Azerkane : « Les espagnols débarquent près d’Ajdir au cap Âbed à la frontière entre les Béni Bouqiya et les Béni Wariyaghel. Il y avait soixante navires espagnols et français au large d’Ajdir. Et malgré toute cette force de frappe, l’ennemi n’a pu débarquer dans la rade du cap Âbed, que lorsque les 300 Moujahidînes l’ont dégarni sur ordre d’Abd el krim : vers 2 heures du matin, il a convoqué le caïd Allal Lamrabti – mort quand les espagnols ont commencé d’avancer vers Ajdir – pour lui ordonner de se diriger avec ses troupes vers les positions Gzennaya, menacées par l’avancée des français sur le front sud. »

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 Lors qu’Azekane lui fait part de cette erreur d’appréciation relative au système défensif rifain, l’émir a regretté amèrement cette décision qui a facilité le débarquement espagnol.

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  Vaincu, Abd el krim se réfugie à la zaouïa de  Snada, et consent à traiter si la France s’engage à protéger sa famille et sa fortune.Le chérif chez qui il a trouvé protection avise en grande hâte le colonel Corap de cette importante résolution, qui expédie à Snada ses deux adjoints, le lieutenant de vaisseau Robert Montagne et le capitaine Suffren.

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 Abd el krim est un homme d’une intelligence et d’un caractère supérieurs. Même vaincu, acculé à la catastrophe, il demeure digne et grand. Il songe aux conséquences de sa capitulation, aux tribus qu’il a abandonnée. Il appréhende la colère de l’Espagne, avec laquelle il a de si terribles comptes à régler. Il cède enfin et écrit au colonel Corap cette lettre que l’histoire enregistrera :

« J’ai reçu la lettre par laquelle, vous m’accordez l’aman. Dés maintenant, je puis vous dire que je me dirigerais vers vous.. Je sollicite la protection de le France pour moi et pour ma famille. Quant aux prisonniers, je prie qu’on les mette en liberté demain matin. Je fixerai l’heure de mon arrivée demain, avant midi ou à midi. » Mohamed Ben Abd el krim El Khattabi.

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  L’homme qui me racontait la guerre du Rif, était âgé de 80 à 90 ans. Je travaillais chez lui comme maçon. Il me racontait l’offensive franco-espagnole chez les Metalsa et dans le Rif. Ils s’étaient préparé et mis d’accord pour exécuter le plan suivant : les français viendraient de Taourirt, et les espagnols de Melilla et de Nador, pour se retrouver ici à Aïn Zorah. Une fois arrivés sur place,les espagnols  s’étaient établi à Talaïnt, et les français à Aïn Âmar.

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 Il me disait : une fois qu’ils nous ont occupé, nous n’avons pu plus rien faire. Etaient arrivés chez nous trois gradés ; l’un était capitaine et les deux autres des commandants.  Ils nous ont dit en arabe :

- Que désirez vous ?

On leur a répondu :

- On est pour le « pardon ». On ne vous fera plus la guerre. Ni à la France, ni à l’Espagne.

Il nous a dit :

- O.K, tôt demain ou après demain, chaque foyer doit déposer ici ses armes. Et chaque arme doit être muni de 40 réals.

On lui a répondu :

- S’il vous plait, pour ce qui est des armes, on peut vous les remettre dés ce soir. Quant à l’argent, ce laps de temps n’y suffira pas. Il faut nous accorder un délais.

- De combien de temps avez-vous besoin ? Nous demanda – t – il.

Nous lui avons répondu :

- Accordez nous deux mois.

- Non, nous rétorqua –t-il. Je vais vous accorder cinquante jours.

Nous lui répondîmes :

- Ils ne nous suffiront pas.

- Ecoutez, nous dit-il, il ne faut plus revenir la dessus ! ça sera 40 jours ! Un réal pour chaque jour.

Nous avons commencé à rendre les armes, avec 40 réaux pour chaque arme. Et ceux qui refusaient de s’exécuter étaient torturés de cette manière : on enfonçait leur tête dans un récipient rempli d’eau salé, et on se mettait à les bastonner. 

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Le 26 mai 1926, Abd el krim anxieux, saute à cheval. Il court à Kemmoun pour préparer l’exode des siens. Une automobile les portera à Taza. C’est la dernière étape. On devine à quelles lamentations, il est en butte, et quel déchirement, il doit éprouver. La partie est grave.

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Le 27 mai à 2 heures du matin, sous un magnifique claire de lune, dans la nuit toute embaumée de la senteur de cistes, Abd el krim monte à cheval. Les spahis l’entourent. Le silence est absolu. Il s’en va les yeux dans le vide...

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Abd el krim dira plus tard, dans une interview accordée au Caire, en 1954 :« Notre combat a donné aux rifains une fierté, un espoir, une confiance en soi qu’aucune défaite ne pourra effacer. Aujourd’hui, en 1954, la guerre du Rif a 33 ans. J’en ai 73 ans. Mais ni elle, ni moi, j’en suis certain, n’avons épuisé notre vigueur. L’aspiration à la liberté et la détermination de notre peuple dureront au – delà de la puissance de nos oppresseurs. »

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La suspension de « la musique dans la vie » par 2M

« La musique dans la vie » que je supervise pour le compte de la deuxième chaîne marocaine de 1997  jusqu’ sa suspension en 2008 portait essentiellement sur les rites de passage et les fêtes saisonnière d’une manière générale. Mais comme la chaîne a choisi à partir de 2006 de consacrer une série documentaire à la seule région de Taza, il se trouve que celle-ci est d’abord riche par son histoire. On n’y trouve pas en effet la profusion des rituels du Haut Atlas par exemple. Par contre, on y trouve toute l’histoire du Maroc concentrée dans ce qu’on appelait jadis « le couloire de Taza » : depuis les Almohades, en passant par l’homme à l’âne,Bouhmara, jusqu’à Abd el krim. J’étais donc obligé de m’orienter vers cette piste historique. Mais il n’est pas de mon ressort ni de choisir ni d’imposer ce qui est diffusable ou pas. Ma responsabilité se limite à la valeur ajouté de la conception. Or pour le moment, on ne sait même pas encore ce qui sera diffusable ou pas. Pourtant mes intentions étaient louables : mettre en exergue la naissance du nationalisme marocain dans l’ancienne « Tache de Taza ». Pourtant les documentaires sur le RIF ne seront jamais diffusé et j’ai perdu même mon job pour les avoir produit. Tout allait basculer un jeudi 13 décembre 2007 comme je le notais alors dans mon carnet :

8h59. Tout à l’heure je vais me rendre au service juridique de 2M pour y retirer la résiliation de mon contrat. Il y aura certainement un prétexte  pour justifier la suspension de la série documentaire que je supervise pour le compte de la deuxième chaîne marocaine depuis 1997, sans avoir à annoncer la raison profonde de cette résiliation : le Rif comme région tabou. . Or je n’ai pas voulu traiter du Rif sciemment. Il s’est imposé à moi dans le cadre de mon contrat justement. Il est évident que tôt ou tard, en traitant de la trouée de Taza en tant que verrou de l’Oriental et en tant que porte du Rif, j’allais tomber un jour ou l’autre sur la question Rifaine. Et c’est ce qui est arrivé lorsque nous sommes parvenus à l’étape où il a fallu réaliser des documentaires sur les Metalsa, les Bni Bou Yahi et le grand Nador où la question rifaine devient inéluctable. Lorsque j’écris « nous », il s’agit de moi-même et Mustapha Benali, l’ex directeur général de 2M qui est originaire des Branès, l’une des tribu Jbalienne au nord de Taza …Metalsa, Bni Bou Yahi, ces creusets de l’émigration rifaine sont actuellement vidés de leur population masculine. Il y subsiste juste un soupçon de l’antique transhumance ; le seul intérêt qu’ils puissent susciter pour un éventuel documentaire, c’est leur participation à la guerre du Rif, comme me l’a signalé le président de la commune de Aïn Zorah, lors du repérage : « Ici, les gens souffrent encore des conséquences de la guerre chimique qu’avait subi le Rif lors de l’offensive franco-espagnole de 1926…. »

Donc , sans aucune arrière pensée de quelque nature que ce soit, nous avons pensé apporter notre modeste contribution à la vulgarisation de l’histoire du Maroc en produisant ces quatre documentaires non diffusés à ce jour :

1.     La Bataille d’Anoual (1921)

2.     La guerre du Rif : l’offensive Franco - Espagnole(1926)

3.     Immouzer des Marmoucha (le 2 octobre 1955)

4.     Boured (le 2 octobre 1955)

L’insurrection paysanne du 2 octobre 1955 (dénommée aussi « deuxième guerre du Rif », a contribué fortement à l’avènement de l’indépendance du Maroc).

Puis un beau jour, alors qu’on est déjà dans la phase du montage  le directeur des programmes de la chaîne est venu me dire de «  surseoir au  montage de la guerre du Rif : Il ne fallait pas faire de documentaires sur la guerre du Rif, un sujet tabou  » . Il fallait dire qu’à l’époque la rumeur circulait déjà sur le départ du directeur général pour des tas de raison dont faisait partie le fait qu’il ait autorisé la production de ces documentaires sur le. J’étais à dix milles lieues alors de penser que je venais de m’attaquer de bonne foi à un sujet tabou où je comptais d’abord mettre en valeur la naissance du nationalisme marocain. Preuve en ai, j’ai mis en exergue du premier documentaire sur Anoual et en épilogue du second sur la guerre du Rif la photo en noir et blanc de la rencontre d’Abd el krim et de Mohamed V au Caire, en l’accompagnant d’une citation de Hassan II, disant tout l’estime que le défunt souverain avait pour Abd el krim et sa famille.histoireAbdelkader MANA

 

 

 

09:45 Écrit par elhajthami dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

22/11/2011

ITINIRAIRE

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Le rêve rural d’El Atrach[i]

Après avoir émigré vers le Sous, en tant qu’ouvrier agricole, El Atrach est revenu au pays Chiadma , dans son village natal de Hanchane, pour y travailler en tant que plombier , sauf durant le mois sacré du Ramadan, où il se convertit en pâtissier de la « chebbakiya » . Et pendant ses heures libres, il peint. Il a toujours ressentit le besoin de peindre comme un appel intérieur, une vocation inexpliquée : « Je peignais depuis mon enfance sans but précis, jusqu’au jour où j’ai appris qu’il y avait une galerie à Essaouira. J’y ai alors apporté mes premières œuvres. C’était en 1993. »

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 Comme Tabal, il découvre la plupart de ses idées au souk. Mais il ne peint pas in situ. D’où peut être cette absence de perspective : toutes en surface les images forment un puzzle de motifs entrelacés, comme dans un tapis berbère. Il se sert des scènes de la vie quotidienne au souk, comme autant de bric – à – braque à peindre : « Même quand je parle aux gens , je « photographie » cérébralement  le porteur d’encensoir qui passe par là. Dans un tableau j’ai représenté un Regragui en train de guérir une femme en la flagellant avec des rameaux d’olivier. Si le personnage central est assis sur un félin, c’est pour montrer le pouvoir des Regraga sur les animaux. »

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 Lorsqu’on regarde de près le tableau en question, on se rend compte qu’il n’y a aucune commune mesure, entre la réalité observée – l’arrivée des Regraga à une étape donnée – et l’univers fantastique au quelle cette scène a donné lieu. Une véritable fantasmagorie du réel par l’imaginaire, qui rend peut être mieux compte du mystère du pouvoir surnaturel des Regraga sur les êtres et les choses. Il peint le cérémoniel observé non pas d’après le déroulement concret du rite, mais tel que son imagination  se le représente à travers les mythes : c’est en mythifiant le réel qu’il accède plus sûrement à l’imaginaire collectif qui le sous-tend.

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 Reflet de la complexité des représentations collectives – le rêve rural de l’artiste ne peut être rendu que faiblement par les mots : «  Mes premiers tableaux avaient un rapport avec l’environnement de la campagne. Mes tableaux actuels explorent les liens complexes qui existent entre le monde animal et le monde humain. C’est l’interdépendance entre ces deux mondes que j’essaie de montrer. » A travers son imaginaire individuel, il explore, sans le savoir, l’inconscient collectif. Ce qui est le propre des artistes réellement enracinés dans leur culture.

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 Les images à peindre surviennent comme dans un rêve , surtout la nuit , quand il est seul avec sa bougie , dans une maison en ruine , située en dehors de son village natal. La seule pièce qui n’est pas tombée , est celle dans laquelle il travaille. La maison est à ciel ouvert et on peut y observer nettement la voie lactée. Il y trouve une âme d’astronome. L’environnement nocturne et solitaire contribue à ce dialogue créatif de l’imaginaire avec la nature : « La bougie allumée sous un ciel étoilé, m’aide à exécuter ce qui me passe par la tête. Cette maison en ruine ne sert pas pour dormir : je m’y isole uniquement pour peindre. Des fois, j’y reste à peindre de trois heures de l’après-midi à une heure du matin. Pour étancher ma soif , je m’y contente d’une théière et d’une cruche d’eau. Mais l’idée que je porte me pèse lourdement. J’ai peur de la perdre ou de l’oublier. Je ne me sens vraiment soulagé qu’une fois que je l’ai exécuté. »

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 Pour représenter le ciel et la terre, le soleil et la mer, le féminin et le masculin, le diurne et le nocturne – comme autant d’oppositions fondatrices – le peintre travaille avec des couleurs naturelles, sans avoir à les mélanger les unes aux autres : le jaune de l’aube, le bleu du ciel, le blanc de la brume, le rouge du crépuscule et enfin le noir de la nuit. Ces couleurs qui constituent les teintes du jour et de la nuit, renferment la vie des humains et des animaux. C’est dire toute l’audace d’une telle démarche, qui tente, sous un ciel constellé d’étoiles, de recréer tout un univers au milieu d’une ruine. Abdelkader Mana



[i] Article paru dans l’hebdomadaire « Le Temps du Maroc » n°48 , du 27 sept . au 2 octobre 1996 Larticle est ancien mais les oeuvres sont récentes

15:42 Écrit par elhajthami dans Aïta | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Ce documentaire que 2M a refusé de diffuser

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La victoire éclatante d’Abd-el-krim à la bataille d’Anoual, fut partout interprétée comme une revanche non seulement du Rif sur l’Espagne, mais de tout le monde musulman opprimé sous le joug colonial . Jusqu’en Perse on applaudit à la ténacité de ses montagnards contre les troupes européennes.« La guerre du Rif » est l’un des évènements les plus importants  signalés par la « chronique du 20èmesiècle » . On peut y lire à la date du 19 septembre 1921 :« La victoire militaire sur les espagnols en juillet, permet à Abd-el-Krim-el khattabi de constituer un pouvoir politique scellant l’union des différentes tribus. Fils de Cadi Abd-el-krim appartient à la tribu des Bni Wariaghel. Il prit la tête de la rébellion du Rif ; cette zone de dissidence traditionnelle, « Bled Siba », compte environ trois millions d’habitants. « cette victoire éclatante, fait trembler l’Europe et la chrétienté : elle sert d’exemple et constitue un encouragement pour tous les peuples musulmans opprimés. » écrit l’Algérien Messali Hadj. »

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Abd-el-krim, le héros de la Bataille d'Anoual

Pour les milieux coloniaux, le désastre d’Anoual reste inexplicable. Le Libéral, du 23 septembre 1921 écrit :« On ne s’explique pas en Europe comment une armée de 24 000 hommes, avec son artillerie, ses aéroplanes, et ses mitrailleuses ait pu être maltraitée par une horde de montagnards. Le désastre d’Anoual a eu de telles conséquences, qu’on peut sans exagération aucune, le considérer comme un des évènements les plus importants de l’histoire de l’Espagne de ces cinquante dernières années. »

Pour le général Luque, il n’y a pas d’exemple dans toute l’histoire Espagnole, d’un désastre comme celui d’Anoual.Après ce désastre, Primo de Rivera parvint à la conclusion qu’Abd el krim est un danger pour la présence coloniale européenne dans tout le Maghreb.

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 « Lorsque mon vénéré père Mohamed V se trouva au Caire en 1960, il tint à visiter Abd el-Krim,  devenu une sorte de personnage de légende, et l’émir du   Rif en fut très touché. J’entretins moi-même d’excellentes relations avec la famille d’Abd el-Krim » a pu écrire Hassan II dans ses mémoires 

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Dans le dialecte marocain, Rif signifie rive, côte ou bordure ; on dit par exemple, « le rif d’un campement pour indiquer les tentes qui forment la bordure extérieure de ce campement, celles qui sont le plus près de l’ennemi et protègent le camp. Si l’on ajoute à cela que le mot Rif n’a été employé, pour désigner une partie de la côte de la Méditerranée, qu’ à partir du règne des Mérinides, on peut se demander si ce mot, n’était pas compris comme l’équivalent de ligne de défense, de boulevard de l’islam contre la chrétienté.Pour Léon l’Africain, le Rif « est une région du Royaume de Fès, qui s’étend en longueur des colonnes d’Hercule au Fleuve Nekour et en profondeur de la Méditerranée aux montagnes voisines de l’Ouergha. ». Depuis les Mérinides le terme « Rif » désigne, toute la côte Nord du Maroc faisant face à l’Andalousie reconquise par les chrétiens. Il semble que c’est à partir des Mérinides que la confédération rifaine s’est formée et que, devant les attaques des chrétiens par mer, a été constitué un Rif ; c'est-à-dire une ligne extérieure de défense pour couvrir Fès.

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Comme ailleurs au Maroc, les paysans sédentaires rifains ont conservé l’usage de l’antique calendrier julien, le long duquel s’égrènent les actes et les rites de la vie agricole : l’époque magiquement propice aux labours, les périodes néfastes où il faut se garder de travailler le sol, le moment des bénéfiques pluies de Nisân, l’instant heureux des moissons , et enfin le jour de la « mort de la terre », après lequel tout est brûlé ;  mort jusqu’à la résurrection aux  premières gouttes de la pluie automnale.

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 le Rif se caractérise par des vallées compartimentées et surpeuplées, où les cultures ne suffisent pas aux besoins et contraignaient une grande partie des montagnards à l’émigration. On n’a pas ici de villages au sens habituel du mot, mais seulement des maisons dispersée « comme des étoiles dans le ciel ». Cette forme de la vie humaine matérialise sur le terrain, l’esprit d’indépendance et la fierté des Rifains.

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 Le cheikh Moussa est actuellement le plus célèbre à Nador. Il est accompagné de l’Azemmar, une sorte de biniou, munit de deux cornes d’antilopes. On appelle le chant rifain «  izri « (pluriel ; « izran »). En voici un qui fut composé, en 1911, à l’occasion de la mort du Chérif Mohamed Ameziane, le chef de la résistance rifaine contre l’Espagne, au début du 20ème siècle :

Sidi Mohamed Ameziane est mort !

Nous ne pouvons honorer son tombeau

L’ennemi ayant  emporté sa dépouille

Dans les villes pour la photographier !

Par Dieu ! Ô Mouh fils de Messaoud !

Rends nous son corps afin que nous le vénérions !

Sidi Mohamed Ameziane qui avait levé l’étendard de la guerre sainte contre les espagnols, tomba dans une embuscade avec trente de ses compagnons. Son corps n’ayant pas été retrouvé, le bruit couru dans le Rif que les chrétiens avaient emporter sa dépouille pour l’exposer dans leur pays et la photographier.

C’est le 15 mai 1912 qu’étant sorti, apparemment pour une reconnaissance, Mohamed Amezian se heurta à une troupe adverse qu’il ne pouvait, vu son grand nombre, ni affronter ni esquiver. S’avisant cependant que c’était des Rifains, de ces « régulares » enrôlés par l’Espagne, il se porta vers eux en faisant de grands signes, comme s’il se proposait de leur parler. Mais il tomba frappé à mort, avant d’avoir été ni reconnu ni entendu. Ce n’est qu’alors qu’un des « regulares », en s’approchant, l’examina et su que c’était lui. Identifié, le corps fut aussitôt porté à Melilla où, si l’on croit la tradition rifaine, on l’exposa publiquement. Et quelques jour plus tard, on l’envoya à Seghenghen pour son inhumation.

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 Combattants rifains de la tribu des Beni Saïd rendant les armes

On racontait aussi, dans les veillées comment, ayant franchi le Kert avec une grosse escorte, il s’était installé pour la nuit, dans un village, chez les Beni Sidel. Mais avisés de sa présence par un espion, les Espagnols, grâce à l’obscurité, affluèrent de partout, fermant le cercle autour de lui. Quand Amezian s’en aperçut, il rassembla ses hommes et demanda des volontaires pour mourir avec lui dans son dernier combat. Demeuré, avec eux, il acheva sa nuit dans la prière, puis, au matin, il se battit en attendant la mort. Quand l’ennemi vint relever son corps, il trouva, ô prodige, le cheval du héros qui pleurait sur son maître et qui ne voulait pas se séparer de lui. On dit aussi que rien, après sa mort, n’a jamais plus poussé autour du lieu où il tomba, car la Nature en deuil ne se consolait pas.

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Abd el krim du temps où il vivait à Melilia

Mohamed – Si Mohand dans le Rif- était né en 1882. De ses années d’enfance et de jeunesse, on sait sans plus, qu’il les passa dans la maison d’Ajdir, à l’ombre de son père. Le grand tournant pour lui, fut à n’en pas douter, le séjour  effectué à Fès. Après trois ans d’étude dans la mosquée Qaraxiyine, il était de venu en 1915, le na’ib du qadi qudat du Presidio espagnol de Melilla. Quand il quitta Melilla à la fin de 1èreguerre mondiale, pour n’y jamais retourner, et rentra chez lui, à Ajdir, il était déjà un protonationaliste marocain.

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Abd el krim à Melilia durant une célébration Espagnole officielle: 1 Abd el krim, 3 capitaine Pomes, mort à Selouan, 4 capitaine Huelva mort à Aberran .Mohamed Ben Abd el-Krim venait chaque année fêter la fin du Ramadan et profiter de son congé pour épauler son père. Un officier turc, émissaire clandestin, vint voir Abd el-Krim à Ajdir, en novembre 1914. Le visiteur voulait savoir si l’on pouvait au Maroc même, espérer un appui pour une action contre la France, à partir des régions que l’Espagne, dans sa zone n’occupait pas encore. Il lui fut répondu, qu’avec l’aide matérielle fournie par la Turquie de Mustafa  Ata Turk , il serait très facile de soulever le Rif.

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Au sommet du Jbal Qama,les rifains firent le grand serment de demeurer unis et de se battre jusqu’au bout. Les auteurs du serment d’El Qama, « frappaient » ainsi la première effigie du chef de guerre, qui deviendrait Abd el krim de l’histoire.

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C’est le 27 février 1920 que le Cadi Abd el – Krim avait franchi le rubican comme l’annonce en quelques mots un télégramme de Nokour: « Si Mohand el Khattabi et son oncle Abdessalam avaient quitté Ajdir et faisaient route vers la « Harka », mot qui désignait les formations de Marocains en armes. Autrement dit Si Mohand et son oncle étaient montés au front. Désormais le Cadi Abd el-krim commandait au front. « Plutôt la mort, répétait Abd el-krim, que de se rendre aux espagnols ». Abd el-krim n’a réussi à grandir et à s’imposer qu’en prêchant la lutte contre l’Espagne.Depuis le début du mouvement le chef rifain a su imposer la paix intérieure grâce à son prestige : les guerriers des Beni Ouariyaghel ont fait preuve à la fois d’un parfait mépris de la mort et d’une réelle discipline.

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 Quasiment prisonnière dans sa ceinture de fortifications, Melilla, jadis, ne respirait que par la mer, d’où tout le nécessaire de la vie quotidienne devait lui parvenir. Mais en dix ans, grâce aux progrès de la conquête, elle était devenue capitale d’une région représentant, de l’oued Kert à la basse Moulouya, et du Guerrouaou à la pointe des trois fourches, plusieurs milliers de kilomètres carrés. Manquant de tout naguère, y compris l’eau courante, elle trouvait maintenant, dans cet arrière pays, les conditions lui permettant de se peupler et de s’étendre en vue de recevoir une forte armée d’occupation. Durant sept ans, entre 1912 et 1919, sous Jordana et sous le général Aizpuru, commandant de Melilla à la veille de la guerre du Rif, deux progressions eurent lieu vers le Sud : sur les étendues plates des Beni Bou Yahi et de leurs voisins Metalsa.

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Le passage du train par Dar Drius en 1919

Le territoire conquis est maintenant parsemé de positions, de garnisons, de points de colonisation que reliaient, des routes, des pistes et même une voie ferrée, offrait pour la manœuvre toutes les ressources dont peut user la stratégie. Beranguer avait dès 1919, dressé un plan pour une occupation de la région de Tafersit ou la localité de Dar Drius servirait de pivot pour la manœuvre au Nord, tandis qu’à  Ben Taieb, Tafersit et Azib Midar, des positions colmateraient sur son flanc gauche toutes les issues de la montagne qui menaçaient la progression. Ce fut le plan qu’en arrivant, eut à exécuter le général Silvestre. Le premier band prévu devait conduire à Sidi Driss, sur l’embouchure de l’Amekrane, à une dizaine de kilomètres vers le Nord d’Anoual. Situé sur la côte, la position à établir là bas formerait une base rapprochée, où lui viendrait ensuite, par la voie maritime, le gros de son ravitaillement.

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Défilé à Dar Drius en 1919

Les espagnoles envisageaient de relier Melilla à la baie d’Al Huceima par voie de terre Pour leur barrer la route, fin janvier 1921, quelques centaines de combattants Beni Ouariyaghel vinrent s’établir sur la hauteur du Jebel El Qama. Ils faisaient face aux nouvelles positions  espagnols, dont Anoual, la principale et la plus proche. C’est au Jbel El Qama , de février à mai 1921, que s’affermit le pouvoir de Mohamed Ben Abd el krim sur les tribus du Rif. Il imposa tant chez les siens, les Beni Ouariyaghel, que chez les Temsamane, une justice sociale qu’il exerça lui-même selon le « Chraa », loi de l’Islam.

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Sylvestre, dont le quartier général était à Anoual

Pendant que le général Beranguer progressait sur la côte Ouest, le général Fernandez Silvestre avait pour mission d’avancer depuis Melilla vers Al Huceima.Dans une interview paru dans le « Telegrama » du 7 avril 1921, le général Silvestre déclare :

« Nous allons ce printemps franchir la ligne qui sépare les bassins de l’oued Nokour et l’oued Amekrane. Certaines fractions Beni Wariyaghel voudront probablement nous barrer le passage, et il faudra alors livrer bataille. Mais dés que nous aurons atteint l’autre versant, nous gagnerons très vite la baie d’Al Huceima qu’on peut considérer comme un fruit mûr. »

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Bien au-delà de l’oued Kert, dans la tribu des Metalsa, où s’est replié le Chérif Mohamed Amezian, en novembre 1909, l’Espagne disposait de deux bases insulaires qui lui servaient d’observatoires : le rocher de Badis et celui de Nokour. De celui-ci surtout, au territoire des Beqqioua et des Beni Ouaryaghel tout proche, avait fini par s’établir ouvertement un va et vient de marchandises et de personnes qui, en plus des nouvelles qu’il permettait de recueillir, faisait,en soi, par ses fluctuation, office de baromètre de l’attitude Rifaine vis-à-vis de l’Espagne. La fraction Aït Khattab des Beni Ouariaghel se situe précisèment, autour de la bourgade d’Ajdir, exactement en facedel’îlot de Nokour.Les espagnoles avaient pénétré à partir du rocher de Nokour. A travers les Béni Wariyaghel. Ils ont aussi pénétré à partir de Melilla. C’est ce qu’on nous racontait. Lors de leur avancée, ils furent combattus par les Metalsa, les Temsaman, et les Béni Waryaghel. Tous combattaient les espagnols, d’après ce qu’on nous racontait. Ils les combattaient à chaque étape de leur avancée. Les envahisseurs s’approchaient de Aïn Zorah, et c’est là que leur avancée était brisée. Ce fut le cas aussi à Aruit. D’après ce qu’on nous raconte, Aruit fut un désastre pour les espagnoles. Un dicton dit : « Oued Aruit ruisselle de sang. »

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Ajdir est aujourd’hui la résidence d’Abd – el – Krim , l’organisateur du soulèvement de juillet dernier. Que se passe – t – il exactement entre Abd – el – krim et le général Silvestre ? Le général, beau sabreur, n’avait que du mépris pour ses adversaires et on peut supposer que des prétentions à une autonomie plus ou moins étendue du Rif central, ne devait pas trouver auprès de lui un accueil très favorable ; Abd – el – krim l’apprit à ses dépends, on a même raconté que le général le malmena rudement. Le cadet fut rappelé précipitamment à Madrid et revint à la maison paternelle d’Ajdir.

C’est peut – être à ce moment là que germa, dans l’esprit d’Abd – el – krim, l’idée de s’opposer à la marche en avant du Général Silvestre d’abord, pour se venger des mauvais traitements qu’il avait reçu et aussi pour essayer de conquérir par la force ce qu’on lui avait refusé : l’indépendances des Bén Ouaryaghel et la libre disposition des richesses du sous sol, dont les Allemands lui avaient appris à apprécier la valeur.

Si les Espagnols veulent rechercher quelles sont les origines du soulèvement qui débuta par la défaite de  Dhar Ouberran et eu son couronnement un mois plus tard, à Anoual, à Nador, à Selouane, à Mont Arruit, ils devront se donner la peine de remonter à une dizaine d’années, alors qu’ils marquaient le pas sur les rives du Kert et que les frères Manesmann, plus heureux prospectaient la région d’Al Huceima sous la protection du père d’Abd – el – krim.

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Le caid Amar des Mtalsa et le général Aizpuru

On voit ici , le général Aïzpuru, commandant de Melilla, à la veille de la guerre du Rif, en compagnie du caïd des Metalsa.Durant sept ans, entre 1912 et 1919, deux progressions eurent lieu vers le sud : sur les étendues plates des Bni Bou Yahi et de leurs voisins Metalsa. Le territoire conquis est maintenant parsemé de positions, de garnisons, de points de colonisation que reliaient, des routes, des pistes et même une voie ferrée, offrait pour la manœuvre toutes les ressources dont peut user la stratégie. Beranger avait, dés 1919, dressé un plan pour une occupation de la région.

Quasiment prisonnière dans sa ceinture de fortifications, Melilla, jadis, ne respirait que par la mer, d’où tout le nécessaire de la vie quotidienne devait lui parvenir. Mais en dix ans, grâce aux progrès de la conquête, elle était devenue capitale d’une région représentant, de l’oued Kert à la basse Moulouya, plusieurs milliers de kilomètres carrés, lui permettant de recevoir une forte armée d’occupation.

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Abd el Krim dirigeait alors à Melilla,  la section arabe du journal El Telegrama del Rif, et  reçoit la croix du mérite militaire.Durant toute la première guerre, il se montra grand ami d’Abd el-Malek, le fils de l’émir Abd el-Kader qui menait le combat contre le colonialisme français dans la trouée de Taza. C’est à cette époque qu’il rentre en rupture de ban, fait ses premiers séjours en prison à Melilla, se fixe pour finir dans un village écarté, muni d’une solide haine envers le système colonial. Après s’être évadé de la prison où le général Silvestre l’avait jeté, il gagne la montagne et soulève sa tribu guerrière des Beni Wariyaghel, qui sera bientôt suivie par les autres tribus du Rif.

 A la veille de la bataille d’Anoual, on assiste au défilé d’une colonne Beranger, à Dar Driouch. A partir de cette position, les espagnols avaient le contrôle de l’oued Kert , où s’était replié le chérif Mohamed  Ameziane, en 1919. Les Espagnols envisageaient de relier Melilla à la baie d’Al Huceima par voie de terre.. Pour leur barrer la route, fin janvier 1921, des combattants Beni Ouariyaghel vinrent s’établir sur la hauteur du Jebel El Qama. Un poème rifain de l’époque relate ces manœuvres espagnoles :

Le roumi fait souga, il a pris Tizi Azza.

Il veut faire le thé, avec de l’eau d’Oulma,

Moujahidines au combat !  À quoi bon la vie.

Le plan Beranger que devait exécuter en arrivant le général Silvestre, consiste en un premier bond qui devait conduire à Sidi Driss, sur l’embouchure de l’Amekrane, à une dizaine de kilomètres vers le nord d’Anoual. La position formerait une base rapprochée, où lui viendrait ensuite, par voie maritime, le gros de son ravitaillement.

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Certains notables accueillant à Sidi Driss, les généraux Silvestre et Navarro, et le colonel Moralès.

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 Débarquement de l'artillerie espagnole à Afrau

Les premiers débarquements de l’artillerie eurent lieu à la plage d’Afraou à l’Est de Sidi Driss. A partir de cette position, les espagnoles prirent d’assaut, le piton de « Dhar Oubarran », qui surplombe à la fois les rivages et l’intérieur du pays.

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 Sur le « Abda », le navire qui le menait vers l’exile, Abd el krim, raconte en ces termes, l’épisode de « Dhar Ouberran », la première grande victoire des rifains :

« Les espagnols venaient d’occuper Dhar Ouberran, en pays Tamsamane, point stratégique et politique de toute première importance. Je me proposais sur le champ, de leur disputer cette position. La partie était risquée. Je disposais à cette heure, de 300 guerriers. Je revins me mettre à leur tête. Et malgré ma pauvreté en munitions, je déclenchais la contre attaque. Après un combat des plus durs, ma troupe réoccupa Dhar Ouberran. »

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 « Dhar Ouberran », montagne située dans la commune de Bou Dinar: son nom  signifie « la huppe du perdreau », parce que seul son sommet est couvert d’arbres faisant penser à la tête huppée de cet oiseau..C'était la première position occupée par les espagnols dans le Rif. Cette montagne surplombe la Méditerranée d’un côté et le Rif de l’autre. A l’époque les espagnoles avaient cru qu’en occupant cette position, ils allaient dominer la région entière.

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Quiconque occupe cette position, domine toute la région : c’est un balcon sur la Méditerranée d’un côté, et sur toute la province de Nador de l’autre. Une position stratégique très importante. C’est là que les rifains avaient récupérer les armes sur l’ennemi : les armes pris aux espagnols à « Dhar Ouberran » ont permis par la suite de mener la bataille d’Anoual.

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C’est le général Silvestre qui dirigeait les opérations, côté espagnol.« Dans cette première grande bataille, relate Abd el krim,  les Espagnols avaient perdu 400 hommes dont 2 capitaines et 4 lieutenants. Quant au butin, il fut précieux pour nous : une batterie de 65 de montagne, des fusils Mauser tout neufs, environ 60 000 cartouches, des obus, des médicaments et des vivres de campagne ! Et vraiment tout cela n’était rien encore en comparaison de l’effet moral de cette victoire. Notre succès était si imprévu, si peu vraisemblable, que les Espagnols ne s’étaient même pas fortifiés à Dhar Ouberran. Encouragées par la victoire, nos troupes, maintenant voulaient attaquer. Et si bien, que de leur propre initiative, elles dessinaient déjà une offensive en direction d’Anoual et de Sidi Driss.Ayant vu la débandade espagnole, les autres fractions Tamsamane, se joignirent à nous : le bloc rifain se constituait. »

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Le lendemain de leur premier combat, les vainqueurs d’Ouberrane, s’étaient portés sur Sidi Driss, position avancée de Silvestre. Inaugurant une tactique qui deviendra la règle : tirailler le jour durant, puis monter à l’assaut la nuit. Mais soudain, vers trois heures du matin, ils cessèrent le combat. C’est qu’ils étaient pressés de s’en aller passer en famille, la nuit du destin, sacrée entre toutes.

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La suite des évènements est racontée en ces termes par Mohamed Ben Abd el krim :« Les Espagnols avaient massé à Igherriben, au Sud d’Anoual, une colonne extrêmement forte qui constituait en quelque sorte les avants postes de l’armée Sylvestre, dont le quartier général était à Anoual. J’étais informé que le ravitaillement des troupes espagnoles était défectueux, que peut – être même il ne s’opérait déjà plus, et que celles –ci n’avaient que pour quatre jours de vivres. Je savais aussi à quelle inquiétude elle était en proie, s’attendant d’une minute à l’autre, à voir  se soulever contre elle la population du pays qu’elle occupait. Pour accroître leur angoisse et rendre leu situation plus critique, je décide de couper leur communication avec Tizi Azza, leur base de ravitaillement. Et brusquement j’occupe la côte entre Anoual et Igherriben. Effrayé des conséquences de cette manœuvre, le général Sylvestre ordonne immédiatement d’engager une opération désespérée, à gros effectifs. Il met en ligne environ 10 000 hommes, avec cavalerie et artillerie. Je ne dispose, moi, que de 1000 guerriers, mais, en seconde ligne, j’ai maintenant des réserves et l’appoint de tout le pays. »

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Le 22 juillet 1921, le général Sylvestre décide de se replier de la base d’Anoual, vers la base arrière de Ben Taieb. A la sortie du camp d’Anoual, les « Régularès », formés de mercenaires rifains, ouvrent le feu en tirant dans le tas. Un tirailleur espagnol raconte :

« A l’entrée du défilée, l’afflux des unités auxquelles étaient mêlés des cavaliers perdus, des attelages et des camions autos, ainsi que des mulets chargés de leurs blessés, créa dans cet étranglement, untel embouteillage, qu’il n’était plus possible d’organiser la marche.

Epuisés et privés de ressort, nombre de bêtes tombaient dans les ravins. Des véhicules tombaient en panne. D’autres étaient brisés sur les tranchés creusés par l’ennemi à travers la route.

Dans une mer de poussière, les rifains venaient tirer hors du chemin des mulets et des hommes, raflaient des armes, dont bien des nôtres exténués, se défaisaient d’eux- mêmes. Jusqu’aux femmes Mauresques, qui prenaient part à ce pillage et à ce rapt. »

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La position de Tizi Azza, d'octobre 1922 à septembre 1925

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La retraite dégénère en débandade. La panique s’empare des troupes démoralisées. Fernandez Silvestre, meurt – il est probable qu’il s’est suicidé – et plus de 14 000 hommes sont massacrés. Les renforts envoyés arrivent trop tard pour secourir les militaires espagnols encerclés.

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La bataille d’Anoual  va durer du 21 au 26 juillet 1921, menée par le seul courage et le bon sens. La bataille est acharnée. Chaque jour le général Sylvestre attaque, et de jour en jour avec plus de violence. Mais nos guerriers se sont fortifiés. Et ils ont un avantage capital : ils n’offrent pas de prises à l’ennemi, tandis que les Espagnols qui manoeuvrent en formations massives, éprouvent de lourdes pertes. Et tous les jours nous réalisons un riche butin.

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Le 25 juillet 1921, manquant de tout, nos ennemis doivent évacuer Igherriben qu’ils avaient réussi à réoccuper un instant. La reprise de cette position nous procure des stocks imports d’armes et de munitions. Nous faisons là nos premiers prisonniers dans cette affaire, dix ou quinze, et nous ramenons des canons.Chacun des combats livrés au cours de ces journées est cruel pour les Espagnols. Car afin de sauver le plus possible de matériel, ils contre – attaquent en se repliant et, chaque fois leurs pertes sont sévères.Dans la matinée du 26, leur défaite apparaît inévitable. Le général Sylvestre donne l’ordre d’évacuer, non seulement Anoual, mais tous les postes de la région. Au fur et à mesure de notre avance, je me suis rendu compte qu’il avait dû y être condamné, sans doute moins par notre pression que par le soulèvement des tribus qui le prenaient à revers.En effet, durant cette évacuation, il n’y eut pour ainsi dire point de baroud. L’armée Espagnole battait en retraite, littéralement affolée, dans un désarroi si complet que nos guerriers eux – mêmes avaient de la peine, en progressant si rapidement, à croire à la réalité de leur victoire, à la catastrophe où sombrait l’ennemi. Plus de cents postes tombent ainsi entre les mains de nos soldats !

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Partout la campagne est jonchée de cadavres et de blessés qui se lamentent et qui rient grâce.Les Espagnols se replient en désordre dans la direction de Melilla. L’enthousiasme de mes guerriers est à son comble, mais leur désir de vengeance est tel qu’il me faut les menacer de mort pour les empêcher de massacrer les blessés.Le désastre d’ Anoual nous rapportait 200 canons, 20 000 fusils, d’incalculables stocks d’obus et des millions de cartouches, des automobiles, des camions ; des approvisionnements en vivre à ne savoir qu’en faire ; des médicaments, du matériel de campement ; en somme l’Espagne nous fournissait, du jour au lendemain, tout ce qui nous manquait pour équiper une armée et organiser une guerre de grande envergure !

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Nous avions fait 700 prisonniers. Les Espagnols avaient à déplorer 15 000 tués et blessés. Parmi les tués se trouvait un Espagnol que j’avais beaucoup aimé, le seul d’ailleurs qui m’eût compris : le colonel Moralès. Respectueusement, je fis transporter son corps à Melilla. On n’a pas manqué de dire par la suite, que c’était de ma part une habilité pour me rapprocher des Espagnols. Il ne s’agit là que du suprême hommage à un ennemi intelligent et loyal. Tout autre commentaire serait indigne de lui et de moi.Quant aux conditions de la mort du général Sylvestre, qui succomba au cours de la bataille avec son état – major, je ne les connais point. C’est un petit Rifain qui vint nous informé qu’il avait découvert le corps d’un général tombé au milieu de ses officiers, et il me remit son ceinturon et ses étoiles. Quand je parcouru le terrain, à la fin du combat, il me fut impossible sur ses indications, de retrouver le corps et d’identifier les restes du général.Nous dirigeâmes les prisonniers, partie sur Anoual, partie sur Ajdir.

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Et durant les premiers temps de leur captivité, c’est grâce à l’énorme ravitaillement pris à l’ennemi que nous avons pu les nourrir et leur éviter des privations.

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Le terrain fortement accidenté où s'est déroulée la bataille d'Anoual

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Le 22 juillet 1921, le général Silvestre décide de se replier de la base d’Anoual vers Ben Taeb, base arrière située au – delà d’un chaînon montagneux, à une quinzaine de kilomètre à vol d’oiseau, à l’Est. A la sortie du camp d’Anoual, les « Regulares » formés de mercenaires rifains, ouvrent le feu en tirant dans le tas.

Un tirailleur commandant de batterie raconte :

« à l’entrée du défilé, l’afflux des unités auxquels étaient mêlés des cavaliers perdus, des attelages et des camions autos, ainsi que des mulets chargés de leurs blessés, réa dans cet étranglement, un tel embouteillage, qu’il ne fut plus possible d’organiser la marche ou de refaire les rangs. Epuisées et privées de ressort, nombre de bêtes tombaient dans les ravins. Des véhicules tombaient en panne. D’autres s’étaient brisés sur les tranchées creusées par l’ennemi à travers la route. Autant d’obstacles qui entravaient la marche. Or plus  avant la route s’enfonça dans le creux d’un ravin sablonneux où les pas soulevèrent une mer de poussière. C’est là que fut atteint le comble du désordre. Les indigènes du voisinage avec certains de nos soldats rifains, venaient tirer hors du chemin, des mulets et des hommes, puis ils les emmenaient raflant aussi des armes dont  bien des nôtres, exténués, se défaisaient d’ailleurs d’eux – mêmes. Jusqu’aux femmes mauresques qui prenaient part à ces pillages et à ces rapts. » Défection de tous les mercenaires, soit un bon tiers de l’effectif, passé à l’ennemi, et devenu son fer de lance. Ben Abd el krim dira qu’il retrouva parmi les morts, le corps de « son ami », le Colonel Gabriel Morales, mais non celui du Général sylvestre, dont plus personne n’a jamais retrouver la trace. Le régiment de cavalier fraîchement arrivé, fut lui-même entraîné par le flot qui déferle sur Ben Taieb. Delà il ne restait qu’une dizaine de kilomètres pour aboutir à Dar Driouch, position bien fortifiée, dotée d’une suffisante garnison, avec des munitions et de l’eau du Kert qui coulait à portée. Les fuyards n’étaient pas encore parvenus à Dar Driouch, que la rumeur de leur mésaventure avait déjà atteint chaque recoin du Rif et y sonnait comme un tocsin. La ligne défensive qui assurait la maîtrise de la tribu Beni Saïd  et de la partie Nord de celle des Metalsa, se disloqua. Les autres positions jalonnant cette ligne, de Tleta Boubker, à l’extrémité sud , à Kendousi au nord, puis à Dar Kebdani, connurent également une fin tragique.

Au sortir de Driouch, la traversée de l’oued Kert ne pu se faire le 23 juillet 1921 que sous un feu nourri, au prix de grosses pertes. A Tiztoutine, à l’instar d’Anoual, les hommes de la Policia, embusqués maintenant sur les hauteurs environnantes, ils opérèrent contre les arrivants un mitraillage en règle. Pour tout le reste, ce ne fut plus qu’un sauve – qui – peut, avec pour seul but les murs de Melilla. Mais seuls y parviendraient, miraculeusement, de rares survivants. Les autres auraient fini ou massacrés, ou morts d’épuisement.

Dés le 23 juillet, la plus grosse position, celle de Dar Kebdani, chez les Beni Saïd, fut cernée de si près qu’elle demeura privées d’accès à ses points d’eau. Une fois sa reddition acquise, et les armes livrées contre la vie sauve, la garnison fut massacrée hormis les officiers. De même au sud dans la tribu des Metalsa, la garnison de Tleta Bou Beker fut attaquée dés le 23, par la population locale. Elle chercha son salut dans la fuite, vers la zone française toute proche. Elle parvint à y trouver refuge, même si durant son court trajet, elle dût abandonner des morts, des blessés et ses armes. Des dizaines d’autres positions connurent le même sort. En trois ou quatre jours la rébellion gagna Selouan et Nador, puis les faubourgs de Melilla.

C’est le 29 juillet, une semaine après la journée d’Anoual, que s’ébranla enfin depuis Batel et Tizoutine, la colonne conduite par Navaro. Quand au tiers du chemin, il atteint Jebel Aroui où restait en partie, l’élément espagnol de l’ancienne garnison, grossis déjà d’un certain nombre de rescapés divers. L’espoir était alors permis, derrière un parapet, de tenir bon jusqu’au moment où, une action de secours serait organisée. Elle ne le fut jamais. Trois à quatre mille hommes s’étaient enfermés avec le général Navaro, dans le camp deJebel Aroui. Sans eau, ni vivres, presque sans munitions, ils s’épuisaient sous la chaleur torride de l’été.

Le 1er août 1921, Abd el krim était prêt, à laisser Navaro achever sa retraite, pourvu qu’il déposa et qu’il rendit les armes. Il disait bien qu’il y aurait par contre opposition des deux tribus, Metalsa et Beni Bou Yahi, qui opéraient le siège. Metalsa et Beni Bou Yahi n’avaient connu de l’espagnol, que la violence de sa conquête et les abus de sa présence. C’était chez eux, dans la plaine du Garet, que s’était implantée presque exclusivement, la colonisation. D’où chez, plus qu’ailleurs, en territoire conquis, l’existence en grand nombre de paysans dépossédés. Les deux tribus se distinguaient en outre de l’ensemble rifain, par leur situation périphérique, par la nature de leur pays de plaine, par leur mode de vie déjà très pastoral, et par l’emploi dans le langage, non du berbère mais de l’arabe. Dés le début du sièe, Ben Abd El Krim a recommandé de capturer les armes, mais de laisser les hommes en vie. La réponse des Metalsa et des Beni Bou Yahi fut un « non » catégorique.

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 Franco fait partie des troupes appelées en renfort, pour défendre Melilla.De là, il assistera impuissant à la chute de Mont Aruit, le 9 août 1921. Le général Navarro assiégé à mont Aruit finit par se rendre. Les rifains pénètrent dans la place et font 3000 morts.On voit ici, le général Beranger en compagnie de ses collaborateurs dont le future Maréchal Franco.

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 Franco à gauche et le général Beranger à droite

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Voici maintenant le témoignage de cet éleveur-agriculteur Metalsa :

"Les Metalsa est une grande tente du Maroc. Ils sont connus pour leur courage, leur Jihad, leur dignité. Ils sont agriculteurs et éleveurs. Abd el Krim était un homme de foi. Les espagnoles étaient venu occuper « Dhar Ouberran » avec une grande armée. Abd el Krim s’adressa alors à la communauté : « levez vous, le temps de la guerre sainte est arrivé ! ». Tout le monde l’avait suivi, personne n’était resté sourd à son appel.

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Le future Franco dans la guerre du Rif

Quand l’Espagne sont arrivées à Aruit, ils y sont entrés grâce aux Guelaya et un frère des Aït Bou Yahi. D’ici étaient partis les Metalsa de Aïn Zorah. Les avaient rejoint à Aruit, les Aït Bou Yahi, en particulier leurs combattants d’Afsou. Ils avaient décidé d’interdire l’établissement des espagnols à Aruit, disant au Guelaya : établissez les espagnols chez vous, pas chez nous ! Celui qui s’était rallié aux espagnoles leur dit : laissez moi d’abord terminer mon déjeuner. Mais les Moujahidînes de Aïn Zorah lui coupèrent la tête( pour punir sa trahison ). Ils l’ont amputé d’une main qu’ils accrochèrent au bout d’un piquet aux tentes des combattants d’Afsou. Ils l’avaient piégé, ne lui laissant aucune chance (d’en réchapper). Les espagnols s’enfuyaient en se réfugiant au dessus des meules de paille, qu’on incendia. La rivière de Selouan ruisselait de sang.Lors de la bataille d’Aruit, y pénétrèrent les Guelaya et un frère des Aït Bou Yahi. Les combattants l’ont décapité. Les combattants Metalsa et Aît Bou Yahi, lui dire : ne reste pas ici, retourne d’où tu est venu(avec les espagnols). Il leur avait dit : laissez moi déjeuner avant de repartir.Ils lui dirent : d’accord, on te fera pas de mal. Dés qu’il avait déposé ses armes pour déjeuner, ils se jetèrent sur lui. Alors, la rivière de Selouan se mit à ruisseler de sang.»

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 Dés le début du siège, le 1eraoût 1921, Abd el krim a recommandé de capturer les armes, mais de laisser les hommes en vie. La réponse des Métalsa et des Bni Bou Yahi fut un « non » catégorique.Témoignage d'un rifain de la tribu des Mtalsa:

"Le colonialisme espagnol est arrivé chez nous le long du chemin qui relie Anoual à Driuch, et ils s’étaient établis dans l’actuelle commune de Bou Bker, où existe encore les vestiges de leur caserne. Là se trouvait effectivement un bataillon composé de 1200 soldats. Ordre leur a été donné de rejoindre la zone occupée par la France. Ils devaient quitter Bou Bker en longeant les montagnes, à l’ombre desquelles ils devaient se dissimuler pour fuir. Mais nos aïeuls et ancêtre étaient prêts à les affronter. Mon grand père est mort, ainsi que mes oncles, lors de cette confrontation. Nous eumes beaucoup de blessés dans notre famille.

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Lorsque le bataillon espagnol s’est approché de la frontière qui séparait la zone espagnole de la zone française, la fraction des combattants de Tizrout Ouzak, s’est mise au travers de leur chemin. Aidées des nôtres, ils ont repoussé les espagnols dans un retranchement dénommé « Aqrab » (musette). Une grande étendue vide. De tout le bataillon espagnol, avec ses armements, rares sont ceux qui ont pu s’échapper : 50 à 60 soldats espagnols. Quant aux autres, tous les autres ont été massacrés. Du bataillon espagnol, environ 900 ont péris, et n’ont pu s’enfuir en zone française qu’une soixantaine. Depuis lors cette parcelle a été délaissée durant une quinzaine d’année : on n’y laboure pas, on n’y pâture pas. On n’est jamais plus repasser par là."

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Le 9 août 1921, l’accord conclu entre Navaro d’une part et les Metalasa et Beni Bou Yahi d’autre part, stipule, que la garnison devait livrer ses armes, Moyennant quoi elle pourrait librement évacuer la position, et sa retraite s’effectuera sous bonne escorte jusqu’ à Melilla. Toujours est – t – il qu’à l’heure où l’on se mit à désarmer la troupe, tout un groupe d’officiers se forma autour du général, à la sortie du camp. Des notables rifains s’approchèrent et nouèrent avec eux le contact. Puis, en causant, et sans en avoir l’air, ils les menèrent en quête d’un peu d’ombre, vers une petite gare, seul lieu couvert des environs. Pourtant le vrai mérite des murs de ce refuge, fut de leurs épargner le spectacle fâcheux qu’aurait été pour eux la mise à mort de leurs soldats, tous leurs soldats, jusqu’au dernier. Quand à eux, officiers, avec leur général, pris en croupe par des cavaliers « maures », ils chevauchèrent, captifs, mais saints et saufs, vers un meilleurs destin.  Un article publié le 17 août 1921 dans El Liberal, écrit sous le titre « le présent et l’avenir » :

« Nous sommes dans le Rif depuis le 24 juillet, dans une plus mauvaise situation que lorsque nous signâmes le traité de 1912. Nous avions comme gage de notre capacité de l’œuvre à accomplir, conjointement avec la France, tous ces territoires conquis durant les campagnes de 1909 et 1911, Guelaya, Kebdana,Bni Sicar. Aujourd’hui ces territoires nous sont complètement hostiles.

Les contingents espagnols qui se trouvaient à proximité de la Moulouya durent se réfugier à l’abri des postes français installés sur la rive droite. Et ces contingents nous ont été rendu, venant d’Oran, en un exode qui nous fait rougir. Les contingents de l’intérieur furent anéantis. Sur le cours moyen de la Moulouya et dans la région de Taza, une menace s’élève contre la tranquillité – relative si l’on veut- des Français. Pourrons nous, oui ou non faire honneur à nos engagements ? Aujourd’hui, notre idéal doit se limiter à doter Melilla d’un hinterland qui ne peut être que celui marqué sur les cartes par la ligne du Kert.»Un communiqué de l’armée espagnol annonce qu’ « on se trouve dans notre zone comme dans la zone française, devant un soulèvement général des tribus. »

L’attaque d’Igherriben précéda la débâcle d’Anoual.

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Cadavres espagnols janchant le sol à mont Aruit

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« A l’issue de la bataille de mont Arouit, raconte Abd el Krim, j’étais parvenu sous les murs de Melillia. La prudence s’imposait.Avec la dernière énergie, je recommandais à mes troupes de ne point massacrer ni maltraiter les prisonniers. Mais je leur recommandais aussi énergiquement, de ne pas occuper Melilla, pour ne pas créer des complications internationales. De cela, je me repends amèrement. Ce fut ma grosse erreur. Oui, nous avons commis la plus lourde faute en n’occupant pas Melilla ! Nous pouvions le faire sans difficulté. J’ai manqué ce jour là de clairvoyance politique nécessaire. Et à plus ou moins longue échéance, tout ce qui a suivi, a été la conséquence de cette erreur.

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04:09 Écrit par elhajthami dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/11/2011

Abdellah El Atrach, le rêveur fantastique

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Comme nous tous, il est arrivé à El Atrach de se souvenir d’un merveilleux rêve  qu’il a  voulu sauvegarder pour toujours, en le restituant par sa peinture de ces étranges personnages aux crânes oblangues et au facié allangé, tout droits sortis des papyrus égyptiens, qu’entourent des houris, des gazelles et des volatiles. Mais à chaque tentative , il se rend compte que le rêve  était plus beau et demeure pour ainsi dire inaccessible. Pour l’approcher, il se remet à nouveau à peindre, passant sa  vie de Sisyphe, dans cette quête d’amour impossible. Pour notre bonheur cela a le mérite de perfectionner son incomparable art du fantastique, sans assouvir pour autant son désir d’accomplir ce rêve primordial après lequel il court toujours  et qui se dérobe comme mirage au désert à chaque fois qu’il semble enfin arrivé  à bon port.

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    Cette quête  vers l’inaccessible du rêve évanoui est la  flamme  qui attise en permanence son œuvre  nécessairement  inachevée  parce qu’humaine, trop humaine. Voyage dans les obscurs antres de l’inconscient aussi  interminables que  toute psychanalyse. El Atrach  jongle ainsi avec les symboles et les signes de l’inconscient qui sont certes limités par leur nombre, mais qui grâce à chaque fois à une nouvelle combinatoire des éléments qui les composent ; ouvrent sur cet infini de réalités totalement nouvelles et totalement surprenantes. Ce qui est le propre du rêve et du fantastique où tout est possible et affranchi des pesanteurs terrestres et de ses interdits. Basculement permanent du réel vers le surréel, cet univers libéré de toute entrave qui est propre à toute quête d’amour : les insatisfactions humaines trouvent  dans l’œuvre fantastique imaginaire et surréelle d’ El Atrach un merveilleux  exutoire  .  .

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El ATRACH , bacchanal

Univers libéré de toute entrave où s’exprime le désir  Le corps comme fantasmagorie nocturne que l’artiste sublime plastiquement dans des formes éthérées où ils semblent  en apesanteur comme saisi par je ne sais quelle ivresse. Des corps si légers, portés  sur les ailes d’amour de pigeons voyageurs à l’allure étrange : dans l’interprétation des rêves l’envol est bien souvent l’expression fantasmatique du désir.

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EL aTRACH, baiser

 Chez nul autre artiste de sa génération – il est né dans la campagne  environnante d’Essaouira, en 1972 – on ne perçoit d’une manière aussi palpable et évidente  cette  imagination créatrice issue tout droit du rêve…Ce passage imperceptible par touches successives de la prose du monde réel à ce fantastique à la beauté fragile, irréelle et éternelle semble surgir de ces rêves dont nous réussissons  rarement à nous souvenir dans notre vie fracassée par le bruit et la fureur du monde alors qu'El Atrach semble y accéder si aisement à travers ce qu'il dénomme son "rêve éveillé" .

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El Atrach, sans entraves

Il passe sa vie à nous restituer ce rêve, sans jamais y parvenir à l'identique : toute son oeuvre est une quête nostalgique de cet amour inaccessible…Appelons le pour l'instant "Ounagha", le toponyme féminin d'un village voisin de son village de Hanchan auquel on a pris l'habitude d'accoler le dicton selon lequel le chemin qui mène à Hanchan est aussi droit que ce sentier lumineux qui mène le serpent à sa tannière....

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 Ounagha

Le discours le plus sûr d’El Atrach est celui qu’il tient sur lui-même. Ecoutons le d’abord avant de procéder à quelque analyse que ce soit de son œuvre si énigmatique et mystérieuse : « Je m’inspire de la vie quotidienne en transformant le thème traité par l’imaginaire, en traitant par exemple le coiffeur du souk à ma manière . Je m’appuie également sur les légendes. Je montre la coiffure à l’ancienne lorsqu’on rasait la tête en laissant juste une touffe, symbole de germination au quelle on accrochait des gris – gris contre  les mauvais oeils. 

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Le coiffeur d'El Atrach

 C’est une scène ordinaire que je transforme en réalité imaginaire qui ne se laisse pas déchiffrer au premier abord. Au travail d’imagination, j’ajoute des symboles de mon propre cru : le personnage a parfois entre les mains des objets insolites, inconnus, indéfinis. Ils sont de ma propre création. C’est ce rêve éveillé qui me distingue des autres artistes. Je vis dans un autre dimension du monde où les êtres et les choses revêtent un caractère étrange. Je me considère comme un convertisseur de la réalité en surréalité grâce à l’imagination créatrice. C’est comme si j’avais dans mon cerveau une porte qui s'ouvrirait sur un autre monde : en franchissant son seuil on passe de l’autre côté du miroir vers un univers imaginaire. Ce convertisseur cérébral transforme systématiquement les observations les plus banales de la vie de tous les jours en surréalité . C’est ce que j’appelle « le rêve éveillé ».

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El Atrach le surréaliste

J’essaie d’exprimer les sentiments qui sont nécessairement intérieurs à chacun de nous en postures corporelles . traduire le langage corporel en tant qu'expression de notre intériorité la plus intime à  travers notre gestuelle..Une fois mises à nues nos attitudes corporelles sont fort parlantes. Pour exprimer nos tristesses et nos joies, il n’y a pas mieux que nos postures corporelles ... .   

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Tout ce que je peinds a une signification symbolique : ainsi du pigeon voyageur comme messager d’amour, mais aussi comme clé d'accès possible à mon œuvre. De la rose comme offrande, au bien aimé. De l’œuf brisé comme symbole de tout commencement et de toute fin.itude De la bchandelle comme symbole de vie, avec laquelle tout s'éteind quand elle vient à s'éfilocher. De l’encensoir  comme symbole de spiritualité puisqu'il accompagne tout sacré et tout sacrifice..Le tout tient dans le cercle d'or des saisons et des jours...

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  Apesanteur

Je me mets d’abord en condition de peindre, en  "préparant" l’ambiance du travail. Il s’agit de créer les conditions optimales nécessaires à l’apparition de ce que j’appel « le rêve éveillé », sans lequel il n’y aura pas de passage du réel vers l'imaginaire. Je complexifie à souhait le thème traité pour que l’observateur soit obligé de fournir un effort lors de son déchiffrement

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Indéchifrable El Atrach

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El Atrach : le bien aimé pris aux fils de l'araignée

L' œuvre. se présente d’abord comme une énigme à déchiffrer. Comme un rêve à interpréter . Il faut beaucoup de temps pour interpréter un rêve, beaucoup de temps pour déchiffrer ses œuvres qui ne se laissent pas facilement décoder, des oeuvres exécutées d'après  ses rêves  ......

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Selon le témoignage de Procope au VI è siècle : « Chez les Berbères, les hommes n’ont pas le droit de prophétiser ; et se sont au contraire les femmes qui le font : certains rites religieux provoquent en elles des transes qui, au même titre que les anciens oracles, leur permettent de prédire l’avenir. » Dans l'histoire des Berbères, la Kahéna est la plus illustre des voyantes.L’antique héroïne berbère du Maghreb portait en fait un nom arabe :  kahénasignifie en arabe « devineresse », manifestement en rapport avec les dons prophétiques que prêtent à la reine les auteurs musulmans à partir d’Ibn Abd al-Hakam (mort en 871).

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Ibn khaldoun indique que la kahéna avait d’abord été « la reine de l’Aurès » avant de devenir « la reine des berbères de l’Ifriqiya ». Les Berbères se rallièrent à elle après la mort de Koceila leur chef en 688. Al Wakidi, écrit qu’elle se souleva « par suite de l’indignation qu’elle ressentit à la mort de koceila». L’historien arabe El Maliki rapporte ce détail singulier sur la kahéna : « Elle avait avec elle une énorme idole de bois qu’elle adorait ; on la portait devant elle sur un chameau. » Des siècles après la reine de l’Aurès fait encore rêver, comme en témoigne les illustrations qu’en fait aujourd’hui Oumami ou ce qu’on disait une brochure anonyme de 1890 qui s’achève ainsi : « Sparte eût inscrit son nom dans ses temples. Homère l’eut célébré dans ses poèmes immortels». Cette « force amazigh » est aussi symbolisée par les antiques aguellid (ces anciens rois berbères) : Juba II, Massinissa, Jugurtha. Le plus illustre est Jugurtha qui apostropha ainsi  Rome après avoir distribuer son or aux membres de la classe sénatoriale : « Ville à vendre et condamnée à périr si elle trouve un acheteur ! »

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 L’artiste dépeint ainsi cette voyante qui pratique la cartomancie : on voit les personnages qui viennent la consulter en train de lui présenter des sacrifices et des offrandes.A la question de savoir qui vient  consulter la voyante ? Malika  voyante médiumnique des Gnaoua répond :“La femme qui n’enfante pas. L’homme qui a du mal à trouver du travail.Quand un patient ou une patiente, vient me consulter, J’ouvre l’autel pour consulter les esprits à son propos. Ce sont les esprits qui m’assistent au cours de la voyance en me disant de quoi souffre ce Monsieur ou cette dame. Qu’à –t- il ? Es-t- il malade ? Que lui réclament les esprits ? Veulent –ils seulement qu’il organise une lila pour le délivrer ? Ou bien qu’il devient leur serviteur ? Les a – t – il atteint de quelque manière ? Ou les a – t – il agressé ? Une fois que j’ai consulté les esprits, je dis au malade : voici de quoi tu souffres et voilà ce qu’attendent de toi les esprits. Ils veulent que tu leur organises une lila que tu leur présente un sacrifice un mouton ou un bouc par exemple , ou que tu leur prépares un poulet non salé. Leur faire un don une offrande. Il y a aussi le patient à qui ils recommandent le pèlerinage soit à Chamharouch, Moulay Brahim ou Tamsloht.

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Généralement les esprits lui recommandent d’organiser une lila chaque année. Moi-même, je ne sais quoi dire, jusqu’à ce que je consulte les esprits. Je suis alors en transe. C’est dans cet état que je les consulte et c’est eux qui disent ce dont la patiente souffre et ce qu’elle doit amener comme offrandes. Les esprits parlent par ma bouche.  Je les fais « monter ». C’est delà que vient le mot talaâ, celle qui fait monter les esprits . Je suis leur simple médium et c’est eux qui prédisent par ma bouche quand je suis  en transe. Ce n’est pas seulement celui ou celle qui est malade qui danse en état de transe ; moi aussi je danse en état de transe , et cela m’apaise. La nuit, lorsque je suis nerveuse, je vois apparaître les esprits dans mes rêves. »

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El Atrach : Nuit bleue

 El Atrach voit aussi les esprits comme dans un rêve, qu'il tente de reproduire sur ses toiles.  Mais cela suppose une mise en condition une « préparation »; voilà le mot clé de l’artiste. Il s'agit de « préambules » et de  « préliminaires » qui doivent précéder toute mise en oeuvre comme ils précèdent tout rituel . Car pour El Atrach, la peinture est d’abord une activité rituelle et obéit donc aux mêmes préparatifs. C'est pourquoi notre artiste  a besoin de s’isoler dans sa "ruine"  en dehors du village, à chaque fois qu’il veut se mettre au travail. Cela  rappelle ces rites d’initiation africains où les adolescents doivent passer par une période d’isolation en brousse  pour faciliter leur "passage" à l’âge adulte. En ce sens chaque oeuvre d' El Atrach est une épreuve initiatique .

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En écoutant de sa bouche le mot " préparation", j'ai immédiatement pensé à ce samedi après midi où j’avais rejoins pour la première fois  feu maâlem Bosso à sa maison du côté de la foire de Casablanca pour ma propre initiation à ce rite orgiaque plein de mystère que constitue une lila des Gnaoua. Je  l’avais trouvé en compagnie d’autres maâlem Gnaouis originaires de Marrakech comme lui : ils étaient en plein préparation des adjuvants rituels sans lesquels ils ne pouvaient opérer convenablement ce passage de la réalité ordinaire à cette  réalité extraordinaire, qu’est la lila ou nuit rituelle. Cette ouverture de la place  , qu’on appelle « ftouh Rahba », où les esprits possesseurs sont conviés à "chevaucher" les possédés de la place sacrée à force d'offrandes et de sacrifices..

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  En pénétrant le soir le seuil de sa « ruine » pour s’isoler de la vie ordinaire, El Atrach , se  « prépare » lui aussi à rentrer en contact avec ses esprits possesseurs  qui lui ouvrent l’univers fantastique des mondes supranaturels et imaginaires. C’est seulement après avoir franchi le seuil de la nuit et de cette ruine qu’il peut s'affranchir du réel , accéder à ce " rêve éveillé", à cet état modifié de conscience sans lequel les voies vers l'imagination créatrice reste infranchissables.. Il est en cela comme ces voyantes médiumniques  qui ont, elles aussi, besoin de plusieurs nuits d’incubations dans la grotte sacrée pour rendre opératoir leur pouvoir de médium entre le divin et l'humain.

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Pour se faire, elles se rendent en pèlerinage auprès de Sidi Chamharouch, le sultan des djinns du Haut Atlas , pour une nuit d'incubation et de rêve devinatoire, pour  y « recharger » d’énergie nouvelles leurs objets rituels : sans quoi leur voyance devient impossible et inopérante. D'une certaine façon El Atrach , pratique lui aussi cette voyance médiumnique mais à sa manière : c’est ce qui lui permet d’ouvrir cette fenêtre sur cet univers étrange et fantastique tel qu'il se révèle d'après ses oeuvres. Une oeuvre qui se veut surréaliste , c'est-à-dire au-dessus et au-delà de la réalité déjà connue , telle qu’il la vit quotidiennement dans son propre petit village de Hanchan.  

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.Aux banales scènes de la vie quotidienne vient se mêler des apparitions fantastiques – que vient faire un pigeon voyageur chez un coiffeur ?- où des êtres antagonistes dans la réalité semblent vivres ensembles en toute bonne intelligence : hommes, serpents, oiseaux, arbres, poissons…Ils semblent vivre sur la même arche de Noé où ils voguent ainsi vers un monde étrange et beau, leur ouvrant des horizons inconnus. Un monde théâtre de rencontres insolites qui n’ont jamais lieu dans la réalité ; une drôle d’alchimie. Univers à la fois pacifié et féerique où de douillés oiseaux viennent adoucir par leur être d’une insoutenable légèreté, la banal et rude réalité des homme.. La prose du monde.

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  Ces éclosion du fantastique  dont un être ordinaire a rarement la possibilité de se souvenir au réveil parce qu’une épaisse couche sépare l’inconscient où se déroule le rêve et le conscient où s’opère le principe de réalité…Or chez El Atrach il n’existe qu’une membrane fragile et transparente entre conscient et inconscient, c’est pourquoi il se souvient de tous ses rêves qu’il perçoit même dans son demi sommeil comme « des rêves éveillés »…Chez lui le passage de l’ordinaire vers l’extraordinaire se fait presque naturellement : il lui suffit de franchir le seuil de la nuit et de sa ruine , à la lisière du village habité et de la forêt inhabitée(khla) , pour palper sous les étoiles l’univers fantastique qui s’ouvre à lui, comme s’ouvrent les cieux la nuit du destin,  pour laisser brusquement entrevoir, sous la voûte céleste  une espèce de chapelle Sixtine révélant un univers coloré à la Chagall, mais qui rappelle aussi les couleurs chatoyantes des amérindiens de l’Amérique Latine et ses Amazones.

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    Chez EL Atrach, les signes et les symboles qui sont profondément ancrés dans l’imaginaire collectif, remontent spontanément à la surface de l’acte créateur, parce qu’ils constituent une composante essentielle de l’identité culturelle de l’artiste.Abdelkader Mana

19:51 Écrit par elhajthami dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

16/11/2011

Trifis Abderrahim,le peintre de la métamorphose

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Trifis Abderrahim : Lila (nuit bleue) des Gnaoua

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Sacrifice (détail) où le diable réside dans le détail...

Le 28 novembre 1974,Trifis est né à Sidi Mokhtar étape entre Essaouira et Marrakech, dans une famille Oulad Bou Sbaâ, ces transhumants originaires du Sahara qui sont connu pour leurs tapis aux motifs nomades. Très tôt il a quitté l’école  en 1985-86 à l’issue d’ études primaires parce qu’à l’époque il fallait partir à Chichaoua, à 25 kilomètre de là pour poursuivre ses études au collège. Il a du donc s’adonner d’abord au commerce avant d’ouvrir son « salon » de coiffure au milieu du souk en 1990. Il peignait par vocation mais d’une manière sporadique.

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Trifis Abderrahim : Le "Bouraq" : l'ascenssion nocturne

L’une de ses premières œuvres  remonte à 1996 : elle lui a été inspiré par ces  images d’Épinal qui portent sur les légendes dorées des saints et des prophètes que des marchands ambulants vendent dans les souks et lors des moussems : elle représente l’ascension du Prophète sur le Bouraq  la nuit du destin. En Islam, le thème servant à exposer l’expérience mystique, c’est le cadre de cette ascension Nocturne :« On sait, écrit Massignon, le rôle central de cette « extase » où Mohammed crut être transporté de la Mekke, d’abord sur l’emplacement du Temple(détruit)de Jérusalem, puis, de là, jusqu’au seuil de l’inaccessible Cité Sainte, où la gloire de Dieu réside. Cette visite, en esprit, de Mohammed à Jérusalem, est mentionnée en ces termes par la passion du Hallaj :« Celui qui cherche Dieu à la lumière de la foi est comme celui qui guette le soleil à la lumière des étoiles » La « Laylat el Hajr »de Hallaj , cette « secrète hégire vers Dieu », paraissant viser la nuit de l’esprit, sous d’autres symboles : l’oiseau aux ailes coupées, le papillon qui se brûle, le cœur enivré de douleur, qui reçoit. « L’aurore que j’aime se lève la nuit, resplendissante, et n’aura pas de couchant », s'écrie Hallaj dans son « Diwan »..

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Trifis Abderrahim : sirènes

"La fiancée de l'eau" est un thème qui revient d'une manière récurente dans l'oeuvre de Trifis hantée par les sirènes...

     Un beau jour, ayant vu à la télévision une émission sur les peintres singuliers d’Essaouira, ces artistes autodidactes issus comme lui de l’arrière pays, Trifis décide d’aller lui aussi  tenter sa chance en présentant trois petits tableaux à la galerie Damgaard. C’était en 2005 juste avant que ce dernier ne se retire en retraite en bord de mer à Taghazoute. Trifis allait donc être la dernière découverte du critique d’Art Danois établi à Essaouira depuis le début des années 1980 . Et comme toutes les fois qu’il accepte les œuvres de ces artistes qui surgissent de nulle part, il ne s’est pas trompé cette fois - ci non, plus en acceptant immédiatement les œuvres que venait lui présenter dans un couffin  Trifis, comme on vient  vendre en ville ses poulets , ses œufs et autres produits agricoles. Il allait définitivement quitter son gagne pain de coiffeur de souk en 2008 , pour se consacrer désormais à plein temps à son art.Pensée sauvage qui ne met aucune frontière entre les composantes de l'univers qui se métamorphosent les unes en les autres aussi sûrement que la chenille devient papillon....arts

Trifis Abderrahim

 Cet artiste qui doutait encore de son art et qui vient ainsi rejoindre les autres artistes autodidactes de cette galerie qui s’est spécialisée dans l’ethnopeinture s’avèrera à la fois prolixe et créatif en puisant inconsciemment dans les archétypes de ses ancêtres nomades, ces transhumants Oulad Bou Sbaâ qui se sont sédentarisés dans ces étendues dénudées et moutonnières situées entre Essaouira et Marrakech. Un artiste qui allait s’inspirer de son  de  environnement, à la fois fauve et lumineux, à travers un imaginaire qui explore les horizons intérieurs :

Dans la solitude du rêve

Une voie aspire à naître,

Au royaume des mots.

Elle aura pour monture

Les horizons intérieurs

Et la fiancée de l’eau...

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 :Telle une partition musicale, l'agencement harmonieux des formes et des couleurs

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 L'amour comme offrande et le serpent comme beauté fécandante

Au Haut Atlas central le Boughanimi désigne le joueur de la double flûte de roseau munit de deux cornes  ainsi que le flûtiste lui-même : c’est une sorte de baldaquin à capuchon vert qui se livre à des pirouettes amusantes et qu’accompagnent deux imadyazen, poètes épiques rythmant leur prosodies avec cet allun, ce tambourin à la peau tendue et aux sons aigu. Au Rif la double flûte de roseau que prolonge deux cornes d’antilopes, cette sorte de biniou, porte le nom d’ Azemmar, et accompagne le chant rifain appelé  izri « (pluriel d’ izran). Et lors des fêtes villageoises du Haut Atlas Occidental, les aèdes de la montagne en compétitions poétiques se servent quant à eux des tambourins dénommés allun pour rythmer la mesure, mais surtout pour se voiler le visage au moment d’improviser un poème, comme pour se protéger contre le mauvais œil et les esprits malfaisants.

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      Les thèmes traités par Trifis s’inspirent de l’imaginaire, de la mémoire et du patrimoine  :  du joueur de flûte, de la danse collective et du coq sacré qui annonce l’aube . En effet, parmi les victimes souvent sacrifiées aux parvis sacrés, figure le coq qui chasse par son cri les mauvais génies de la nuit, puisqu’il est le symbole mystique de la lumière et de la vie.Mais le bélier est la victime du sacrifice par excellence. Son pelage, labtana, en arabe dont le pluriel est Boulebtaïnilm en berbère dont le pluriel est Bilmawn.Les deux termes signifient « homme vêtu de peaux ». Boujloud ou Bilmawn, ce sont successivement les noms des personnages masqués du carnaval de l’Achoura et de la fête du sacrifice : personnage central de la procession masquée répondant selon les lieux aux noms de Boulebtaïn, Boujloud,Herma, en ville arabophone ou encore de Bilmawn et Bou-Islikhenau Haut-Atlas berbérophone.  Ces processions et mascarades s’intercalent entre le sacrifice et le Nouvel An. Ils sont liés à la fête du sacrifice dans la campagne et à celle de l’Achoura dans les villes.

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 Féerie carnavalesque

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Trifis Abderrahim

Chez Trifis, un tableau en contient plusieurs autres : on s'en rend compte en zoomant sur les détails comme c'est le cas de ces parsonnages carnavalesquee entourés d'ornementations feerique déssinés sur peau à la manière des tatoueuses au henné qui couvrent ainsi la mariée le jour de fête..

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 Trifis Abderrahim

Pour Emile Laoust ces mascarades masquées  constituent les débris de fêtes antiques célébrant le renouveau de la nature, capturée par le calendrier musulman : « Au Maroc, des fêtes carnavalesques d’un genre spécial s’observent partout à l’Aïd el Kébir ; le personnage essentiel s’y montre revêtu de peaux de moutons ou de chèvres. Le Berbère n’aurait – il pas établi un rapport si étroit entre le sacrifice du mouton, ordonné par l’Islam, et la procession carnavalesque d’un personnage vêtu de peaux qu’il aurait vu en ces deux rites, deux épisodes d’une même cérémonie...L’Aïd El Kébir s’est substitué, en Berbérie à une fête similaire qui existait déjà et au cours de laquelle les indigènes sacrifiaient un bélier et se revêtaient de sa dépouille. Si l’on y rappelle que le bélier fut autrefois l’objet d’un culte dont le souvenir s’est conservé tard dans le pays, on voudra peut – être voir dans les mascarades actuellement célébrées à l’Aïd El Kébir, la survivance de pratiques zoolâtriques dont l’origine se perd dans les âges obscures de la préhistoire. »  

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      Trifis Abderrahim

Les peaux, les cuirs ont servi depuis des temps immémoriaux les besoins de l’homme. La peau a une histoire ancienne, qui remonte à Adam et Eve :  Après la chasse, l’homme dépeçait l’animal pour se vêtir de sa peau. C’est la raison qui a poussé notre artiste à choisir celle-ci comme principal matériau pour son travail. Il est évident qu’avant l’apparition du tissage, les hommes de la préhistoire usaient abondamment de peaux d’animaux sauvages ou domestiques pour satisfaire de nombreux besoins : les peintures et gravures rupestres de l’Afrique du Nord et du Sahara abondent en figurations de personnages masculins et féminins portant des vêtements, des boucliers ou autres attributs qui paraissent selon toute vraisemblance en cuir. Les égyptiens enveloppaient le corps mortel des hommes dans des peaux (auxquelles fut substitué plus tard le linceul) pour lui assurer le passage vers la lumière, c'est-à-dire vers l’immortalité.  

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Trifis Abderrahim

Comme avec le tapis nomade, il ne faut pas être obnubilé uniquement par l'amphore comme médaillon central : il faut aussi observer tout autour pour se rendre compte que ce qui est périphérique ne l'ai que lorsqu'on regarde l'oeuvre d'une manière distraite : plus on la scrute de près plus on est émerveillé par certains "détails"....

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La munitie de l'oeuvre se découvre ainsi à ces détails qui nous émerveillent et qui constituent une oeuvre dans l'oeuvre .Une œuvre polyphonique, polysémique en constante métamorphose…

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Le "détail" est parfois plus "parlant" que la vue d'ensemble

       Comme ses ancêtres travaillent sur les toisons de laine de leurs moutons pour en faire des tapis célèbres par leur médaillon central autour duquel s’organise d’une manire symétrique des motifs stylisés qui relatent l’errance de la vie nomade, Trifis travaille plutôt sur les peaux d’ovins et de caprins à la manière des artisans artiste du Sahara et de la Mauritanie. Des peaux tendues sur lesquelles il peindra en  pointillés et en reliefs.

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 Trifis Abderrahim

Au souk, il découvre que les peaux de caprins, d’ovins, de bovins et autres camelins, sont forts utiles non seulement à la vie quotidienne des paysans mais aussi à leur vie festive : la peau de bovins par exemple, servait à confectionner le grand tambour dénommé Ganga qui est la preuve que les amazighs étaient influencés par les rythmes africains. Le berbère se sert des peaux aussi bien pour ses babouches, ses selles, que pour ses instruments de musique (ganga -Gros tambour à peau de vache, d’origine africaine-allun, et ribab). Quand on veut commencer la danse collective de l’ahouach on dit : « sargh allun » (chauffe le tambourin). Il s’agit de tendre la peau de cette instrument de percussion fondamental chez les berbères en le chauffant aux flammes jusqu’à obtenir des tonalités aigues. Chez les anciennes familles du Sous ; les actes notariés dénommés  «  arraten » étaient également en peau. Le droit coutumier qui régissait les greniers collectifs qu’on appelle« Agadir » était  rédigé sur des parchemins en cuir. Ils  écrivaient aussi sur la canne de roseau qu’on appelle tighanimin et dont se sert notre artiste pour son travail de pointilliste. Son  travail  se fait à base de canne de roseau, de toisons de laine pour peindre sur peaux.

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Trifis Abderrahim

En visitant un jour la galerie, la première de ses œuvres a avoir attirer mon attention est une espèce de Cléopâtre aux traits berbères qui m’a immédiatement rappelé les bas reliefs égyptien, des traits  parfaitement symétriques révélant une image composite, puisqu’elle se compose de plusieurs autres images, comme un jeu de tirroire, qui ne se révèlent pas au premier abord mais qui exige des arrêts aux détailles comme autant d’étapes pour se dévoiler progressivement  à fur et à mesure que le regard flâne distraitement pour ainsi dire à la surface de l’œuvre pour en explorer les profondeurs. On découvre alors que les sourcils foncées de la belle forment en même temps les cornes de deux bouc qui s’entrechoquent, que le corps de ces boucs parfaitement symétriques sont formés en même temps de deux poissons aux écailles multicolores qui surgissent magiquement de deux lanternes d’Aladin , lesquelles lanternes sont tenues de part et d’autre par deux sirènes occupant une position parfaitement symétrique. Cinq danseuses forment en même temps le collier de cette reine de Saba aux allures pharaoniques. Tout en haut, en respectant toujours cette sempiternelle symétrie : deux poteries, d’où surgissent deux fleurs et deux oiseaux.

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 Trifis Abderrahimrrahim 

On retrouve là les éléments qui compose  l’univers agro-pastoral ou vit l’artiste, mais agencé d’une manière parfaitement  symétrique, comme un tapis nomade de ses ancêtres Oulad Bou Sbaâ,  tout en étant le produit de l’imaginaire singulier de l’artiste. Les formes et les couleurs s’autogénèrent les unes les autres dans un ordre à la fois symétrique mais dont le contenu est asymétrique quand on est attentif au détail, là où se cache le diable….Une manière de dire que les animaux, les poissons, les hommes et les plantes appartiennent à un même univers

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Trifis Abderrahim

 Comme les tisseuses  nomades qui l’ont engendrées l’artiste  commence par le médaillon central qui peut être une amphore  ou un musicien gnaoui, puis s’amuse avec les choses de l’imagination. Il peint tout ce qui me passe par la tête. Au début, il  dessine une chose, mais aboutit à une autre. Par exemple, il peint un chameau , mais il en sort des fleurs,des oiseaux, des rivières, l’œil qui est le sens le plus important de l’homme, la main qui protège du mauvais œil .Une profusion de couleurs et de formes se générant les unes les autres,comme dans un jeu d’enfants sans perspective, mais avec beaucoup d’harmonie dans l’ensemble et une grande vitalité poétique intérieure.

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     Trifis Abderrahim

Les espèces  s’auto génère les unes les autres parce que pour l’artiste, l’univers est une chaîne interdépendante de sorte qu’il n’y a pas de frontière entre les éléments qui les compose : d’un poisson peut naître une chèvre et de celle-ci une femme , un arbre, des fleurs et ainsi de suite. Les éléments qui composent l’univers que sont l’eau, le feu, le ciel et la terre, s’auto génèrent  dans un tourbillons circulaire à la fois symétrique au niveau de la forme et dissymétrique au niveau du contenu.

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      Trifis Abderrahim

Dans le tapis nomade des Oulad Bou Sbaâ, les motifs sont parfaitement symétriques de part et d’autre du médaillon centrale qu’on appelle « hatta », c'est-à-dire « étape de caravane ». Ce principe d’un modèle symétrique organisé autour d’un médaillon central, Trifis s’y réfère d’une manière inconsciente comme un archétype ancestral dans la plupart de ses œuvre comme on peut l’observer avec l’univers grouillons de vie qui s’organise autour d’une amphore . Une œuvre tout en relief où chaque motif est modelé à la main à base de poudre de sciure, avant son polissage sa teinture et son vernissage. Technique que l’artiste emploie concurremment avec le pointillisme qui lui vient de ses du travail des tisseuse : « Avant de mettre en œuvre leur tapis sur le métier à tisser, se souvient-il,  elles en dessinent un croquis sur papier millimétré où à chaque petit carreau correspond un point. » Trifis aimait beaucoup ces croquis et s’en inspirera par la suite dans ses œuvres de pointilliste. On peut donc comparer son amphore au médaillon central du tapis nomade des Oulad Bou Sbaâ : de cette amphore  surgissent trois branche sous forme de poissons lesquelles « branches - poisson » sont transportés par un oiseau. On retrouve cette idée de régénération transvesale à tout l’œuvre : Des rappels de son environnement de nomades sédentarisés égaient l’ouvre : poignard berbère ou  dromadaire saharien.

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Trifis Abderrahim

Les couleurs chaudes ornent le dos d'une tortue - objet de pratiques magiques - ainsi que cette nuit rituelle des Gnaoua : lila aux couleurs de brasier et de transe....

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 Trifis Abderrahim

Le symbole du serpent revient également d’une manière récurrente : « Les gens ont de la répulsion pour le serpent à cause de son venin, mais moi, il me fascine par la beauté et la délicatesse de ses écailles multicolores. » Une œuvres où aucune couleur ne domine en particulier: l’artiste utilise toutes les couleurs de l’arc en ciel. Dans son « arbre de vie », le dur tronc de l’arbre se métamorphose en corps tendre de la nymphe dont les tresses de chevelures aériennes sont formées par les branches de ce même arbre : la femmes féconde comme ancêtre essentiel de l’humanité, d’où ces branches  aux allures de peau humaine. Une œuvre à la fois en relief et en pointillé pour exprimer l’idée coranique qui veut que toute vie est issue de la poussière et retournera à la poussière. C’est en effet  à partir d’un point, d’un atome de poussière que le potier suprême fait surgir  toutes les formes de vie avant de les réduire ensuite au néant ….   D’où la circularité de certaines œuvres qui expriment ainsi la circularité du temps cyclique des saisons.Le fantastique et l’imaginaire s’exprime à travers les couleurs qui comme « l’orange bleue » des surréalistes,ne correspondent plus aux couleurs des objets réels : famille de cerfs à la robe aux couleurs serpentines bleue et mauve de peau de lézard, arbre à l’écorce en ce rose claire de la peau humaine...arts

 Trifis Abderrahim

 Chez notre artiste il n’y a  pas de différence entre le « dehors » et le « dedans » : la fête de mariage  fait  en même temps partie du « corps » de la marié en fête ,  les danseurs constituent sa parure et son collier .chez l’artiste la femme est souvent liée  à l’œil,  protecteur magique de sa beauté. Il la représente souvent  sous les traits d’une sirène, cet être de légende qui baigne dans un univers aquatique peuplé d’hippocampes Là aussi on retrouve cette idée de symétrie parfaitement illustrée par cette autre sirène danseuse entourée de part et d’autre par des motifs identiques : oiseau, fleur, poisson,bélier, oeil bleu et autres arlequins. On observe également cette recherche de l’équilibre à travers les deux moitiés symétriques dans la fiancé portant aux deux amphores d’où surgissent des branches - serpents et où les seins de la nubile sont formés par les visages de deux femmes voilées : il s’agit de l’une de ses rêves nocturne où subliment en création artistiques les obscures pulsion qui se métamorphosent ici en œuvres d’art aux couleurs chatoyantes et aux formes suggestives.

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Trifis Abderrahim

Un autre principe appliqué par Trifis est celui de l’illusion optique née de la dissociation entre l’impression globale et le détail : à première vue on a affaire à un magnifique  poisson des profondeurs, mais à y regarder de près on découvre les personnages qui composent toute une famille . Cette illusion d’optique l’artiste l’expérimente aussi bien sur peau tendue que sous une forme sculptée. Double lecture donc voir davantage, selon le point de vue où l'on se place pour observer l’œuvre :  jeune femme verticalement, poisson horizontalement. L’autre aspect du travail de Trifis consiste en le remplissage de la toile en peau de bouc à la manière des tatoueurs au henné. L’organisation de l’espace en « surface » s’explique par la juxtaposition de motifs ornementaux, de haut en bas, sans « intervalle » et donc sans perspective. L’image semble s’enfoncer sur le fond parce qu’on peint un tableau comme on tisse un tapis, ou comme on tatoue la peau. Le remplissage de la surface, se moule parfois dans une géométrie rigoureuse et parfois il se perd dans un dédale d’entrelacs. Le labyrinthe, ainsi conçu se pose comme une énigme dont le contenu est une parole. Une parole qui se fait image, qui tournoie dans la tête de l’artiste comme dans un moulinet, avant d’être reproduit sur la toile. Abdelkader Mana

07:02 Écrit par elhajthami dans Arts | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/11/2011

Ce Mogador qui me fascine

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Dernière oeuvre de Hamza Fakir sur Essaouira

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Mogador le 7 décembre 1903

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Mogador 3 MAI 1926

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Maâlem Tahar Mana dans son atelier de la skala ci-après

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Le mobilier en bois de thuya de la "khaima" de l'hôtel des îles est l'oeuvre de maâlem Taher Mana

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Le toit peint de Sidi Mogdoul réalisée par le grand père de maâlem Tahar Mana

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Abdellah Abibou, chantre du malhûn et principal fournisseur de pain de la ville

 

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Tajer sultan(riche négociant juif)1888

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Mogador 1 janvier 1913

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Nessim Loeub, l'orfèvre de Mogador

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Nessim Loeub à l'oeuvre dans son atelier

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Le beau père de Nessim Loeub

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Caid du début du protectorat dans un Riad deMogador

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La prise de la ville par les troupes françaises en 1913

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La résidence du contrômeur civil du Protectorat

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00:27 Écrit par elhajthami dans Mogador, Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie, mogador | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook