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12/05/2010

Ecriture et pèlerinage

Ecriture et pèlerinage

 

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Abdelkébir RABI’

L’écrivain sédentaire risque toujours de se trouver en panne d’écriture. C’est pourquoi il est impératif de sortir de soi et de son cadre habituel pour pouvoir dire le monde. C’est à cela que nous engage Abdelkébir Khatibi qui prône l’internationalisme littéraire dans son dernier livre « Figures de l’étranger » dans la littérature Française, qui vient de paraître chez Denoël et qu’il présente aujourd’hui vendredi 8 mai 1987 au carrefour du livre vers 16h30 .

Par Abdelkader Mana

Il y a quelques années la presse Française avait rendu compte d’une ethnologie de la France faite par des ethnologues Africains. Avec « figure de l’étranger » de Khatibi, on peut parler désormais d’une critique maghrébine de la littérature française. L’occident n’a plus le monopole d’être le « juge » de l’Afrique ; l’Afrique observe l’occident. Cependant, contrairement à l’ouvrage d’Edward Saïd, qui met en relief les présupposés de la littérature orientaliste d’obédience coloniale ; M.Khatibi a choisi des auteurs positifs – Aragon, Segalen, Barthes, Duras, Genet, Olier – qui se sont tournés vers « l’autre » pour s’enrichir eux – mêmes. Khatibi nous dit : « Il ne s’agit pas de folklore, ni de littérature coloniale imbue du « bon sauvage » ; c’est lorsque l’autre est maintenu, respecté dans sa singularité que je peux être reçu par lui ».

Aller vers l’autre est pour ces auteurs, une nécessité d’écriture : voyager pour écrire est un impératif littéraire. C’est plus qu’un simple témoignage ; c’est un ressourcement dans un autre univers symbolique : « Ce qui peut être visé dans la considération de l’orient – écrivait Barthes dans « l’empire des signes » - c’est la possibilité d’une différence, d’une mutation, d’une évolution du système symbolique » et Khatibi d’ajouter : « …Signifiance sous l’apparence d’une coquille vide ou d’un grain de sable sur une note de musique…C’est un trait, une trace, une sorte de balafre dans le temps ».

La fixité reste stérile aussi longtemps que ne vient pas du dehors la fécondation. Cette fécondation est donc liée à un déplacement. Ce déplacement peut être aussi bien réel qu’imaginaire. Le livre de Khatibi relève du voyage imaginaire comme il le définit lui – même : « Un itinéraire au second degré sur la représentation de l’étranger dans l’imaginaire littéraire Français en particulier dans ce qu’on appel l’exotisme. L’exotisme n’est pas ici un folklorisme de surface mais un secret de toute littérature, de ses paradigmes ».

Revenant donc à l’écriture comme rituel et à son lien avec le pèlerinage : le pèlerinage circulaire comme déplacement ne traduit pas seulement par sa réversibilité une conscience collective figée mais aussi l’idée de renaissance avec l’errance printanière qui vise à hâter la croissance des plantes. L’écrivain – pèlerin vise lui à hâter l’écriture d’un livre où chaque pas est un mot et chaque étape un chapitre. Ceci nous rappel « la légende de Fatumeh » que cite khatibi et dont le Suédois Gunnar Ekelöf nous dit : «  La légende de Fatumeh est composée, à l’image d’un chapelet oriental, avec deux suites encadrées de têtes de serpents, comprenant en tout soixante et un poèmes, qui sont les perles de collier dont Fatumeh est honorée en même temps que les grains de chapelet qui coulent entre les doigts de celui qui l’adore et qui adore l’image de la femme mystérieuse qu’on devine derrière ses traits ». C’est cet amour courtois qui est pour Louis Aragon, dans « le fou d’Elsa » ; « la raison et la déraison d’écrire ». le désir et l’amour sont en quelque sorte, le substratum du voyage ; le feu qui attise la foi du pèlerin.

 

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Abdelkébir RABI’

 

Une sorte de balafre dans le temps

Il faut que l ‘écriture épouse l’itinéraire sacré : qu’elle inscrive le rite dans son « cadre d’or ». il faut que la sensibilité de l’écrivain épouse le cercle du pèlerinage. Car la roue sexuelle et la roue du temps renvoient eux-mêmes aux symboles et à l’initiation érotique et saisonnière dont Mircia Eliade  écrit : « le sexe collectif est un moment essentiel de l’horloge cosmique ». Or aller vers l’autre, nous explique M.Khatibi, suppose quelque part « un jeu érotique ». C’est ce jeux érotique, qui pour Roland Barthes, dans son empire des signes, « fait circuler les signes, les signifiants, les rencontres ». « Cet érotique libère en moi, ajoute Khatibi, une énergie vitale rendu au silence par ma société qui m’a dressé selon la convention, l’ordre de ses convenances… » Il y a un lien entre l’état de l’orgasme et l’état de l’écriture : le retour à la vue et à la vie, au ouïr et au jouir après une longue incubation hivernale, libère l’écriture. Car le corps n’est pesant que par la douleur ; avec la douleur, la conscience elle-même devient « corps ». Par la magie de l’écriture, la conscience tente à nouveau de se dégager du corps. Elle n’est plus tournée sur elle – même obsédée par la blessure du corps : elle s’envole à nouveau libre et insouciante vers l’étranger ; elle voyage vers les territoires éloignés. « Grâce au voyage, nous dit Khatibi, mon énergie prend le large ; elle qui provient d’une circulation de désirs réprimés. Elle est désormais disponible à ce jeu de séduction entre étrangers ».

Un mauvais style n’est pas seulement dû à une mauvaise maîtrise des lois qui régissent une langue mais à l’obstruction du « corps écrivant » ; une espèce de constipation cérébrale : « Une phrase arythmique n’est pas dû seulement au défaut de la langue, écrit Khatibi, mais à une aphasie de muscles, des mains, des yeux et toute circulation émotive ». le corps acquiert ainsi « une souplesse poétique ». c’est en effet, le rêve de tout écrivain d’être justement « un corps artistique » c’est à dire « retrouver par ces moment de l’inouï l’intégrité imaginaire de son être.

 

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Mohamed Kacimi

· Le captif amoureux

S’agissant de Segalen, l’autre instrument de l’écrivain est son bâton de pèlerin : « Le bâton élevé au rang de sa dignité littéraire (qui) ouvre l’imaginaire du poète à la profondeur mythique, à sa transfiguration par l’art entre la prose de l’esthète et le balancement du marcheur ». La nouvelle esthétique d’exotisme que fonde Segalen fait coïncider l’art des randonnées avec les exigences de l’écriture : « Et la marche commence. Car tout ici est monumental, ne se met en valeur qu’avec le concours des pas, du déplacement avec cortège, par une sorte de dynamisme lent…Il y aurait une orchestrique de la pierre, de la brique, du bois chinois…et c’est la danse. C’est l’orchestrique de l’architecture, de ses immuables nomades…C’est moi qui me rendrait vers vous et l’ondulation de la marche dont chacun de vos parvis me sera une étape, vous rendra le rythme des épaules et ses oscillations par où l’on vous animait jadis. Je marcherai vers vous ». Appréciez la musicalité et la préciosité de cette « orchestrique de l’architecture » et la solennité respectueuse de ce : « Je marcherai vers vous ».

Cette exigence initiatique doit permettre à la fois d’achever le rite et l’œuvre. Car comme dit le mythe orphique : « Si les hommes meurent, c’est parce qu’ils ne sont pas capables de joindre le commencement à la fin ». Jean Genet a rempli cette exigence, donc, il n’est pas mort. Avant son décès il écrit :

« Cette dernière page de mon livre est transparente ». Khatibi nous dit : « Il faut lire dernière phrase du dernier livre…dernier livre ? Un livre certes posthume, mais Genet est mort pendant qu’il corrigeait les épreuves. Penché au seuil du néant, il disparut à la marge de son livre ».

Quelque part on écrit donc pour ne pas mourir : « L’œuvre doit résister au temps, c’est pourquoi l’écrivain peut rêver sa survie en tant qu’horizon de lecture », écrit khatibi qui termine son livre par le souvenir de Jean Genet martyre de l’exclusion, enterré à Larache en attendant d’être transformé en marabout vers lequel viendraient les bons fellahs organisant un moussem annuel fait d’effluvent poétiques de la baraka et de trots de chevaux labourant les champs de maïs par leur fantasia : « La publication récente du dernier livre de Jean Genet « Un captit amoureux » m’a été une grâce douloureuse, écrit Khatibi. Ce texte propose la construction d’une figure plus élaborée de l’étranger, celle de « l’étranger professionnel ». Ce dernier champ est l’horizon d’une migration littéraire admirable ». Une migration vers le peuple palestinien au sein de sa douleur : Beyrouth occupée, Sabra et Chatilla détruits… »

 

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Abdelkébir RABI’

Khatibi était l’ami de Jean Genet qu’il a rencontré à Rabat. Jean Genet lui écrivit entre autre ce mot bouleversant : « Je t’en prie, fais ton possible afin qu’on ne désespère pas les pauvres ». Khatibi était aussi l’ami de Barthes dont il nous dit : «  Par le mouvement de la double baguette japonaise, Barthes mettra en circulation la plume de l’écrivain et le pinceau du calligraphe ». S’agissant d’amitié entre écrivains – et écrivains déjà morts – le témoignage de Khatibi ne peut être qu’émouvant : « Il s’agit, écrit-il, de reconstituer le sillage d’une mémoire textuelle sous le regard de la poésie… ». L’auteur nous a doublement ému ; par le parfum des pensée qui jalonnent son œuvre et par le fait qu’il nous l’a envoyé comme on jette à la mer la bouteille contenant un message de poésie adressé à l’inconnu : cet autre qu’on aime parce qu’il est à la fois différent et fraternel. Voici donc au beau rivage, l’esquisse d’un dévoilement. Mais il restera toujours dans cet œuvre pleine comme un œuf, d’autres mystères que chacun peut déchiffrer à sa guise. Ce livre qui nous vient non pas avec « la saison des livres », mais avec la mue du printemps, tient le pari d’être à la fois beau et rigoureux.

Dans son roman Phantasia Abdelwahab Meddeb, manie l’écriture comme le peintre la palette des couleurs pour réaliser des toiles qui ne sont pas lisibles au premier abord pour tout le monde. On trouve là à la fois l’influence du nouveau roman, avec la volonté d’expérimenter la description en tant que telle – la quête du roman n’étant autre chose qu’une volonté de décrire le monde en ayant la certitude qu’aussi minutieux qu’on soit, cette tâche demeure infinie, car le monde échappera toujours – et du courant surréaliste. Non pas dans ce qui est le plus connu et le plus technique du surréalisme : il ne s’agit ni d’écriture automatique, ni du rapport entre réalité et rêve et comment dans ce rapport on aurait à atteindre cette surréalité qui est informée par les deux états de l’être (l’état d’éveil et l’état de rêve)-non pas cela. Mais dans le chapitre six ou sept de Phantasia , il y a une juxtaposition entre la promenade physique du narrateur dans la ville et un cursus culturel que suscite la ville et à partir duquel il y a certaines références culturelles très lointaines, d’habitude très écartelées. Une espèce de visite du musée imaginaire. On ne sait pas si ça a été pour l’auteur une réminiscence, une influence ; on n’en sait rien. Mais disant, qu’il y a une très grande proximité avec les travaux surréalistes. Le jeu du rapport entre la promenade et le cursus culturel dans des textes de Breton comme par exemple « Arcan 17 ». Mais aussi l’idée même de promenade comme le tissus du livre. C’est la promenade au sens strict dans la ville de Paris. C’est un livre de promenade, de flânerie, d’errance…C’est le thème de la flânerie poétique, qui a été entamé par quelqu’un comme Apollinaire, qu’on retrouve dans le premier Aragon et aussi dans certains textes de Breton. Dans  Phantasia , il y a les mots de « phantasme », « fantaisie », « fantasia » et il y a des calligraphies islamiques jetées comme dessins géométriques dans l’espace du livre qui tient à la fois du labyrinthe et du conte oriental. Mais il n’y a pas que la calligraphie arabe : il y a toute une série de graphes étrangers qui sont exhibés comme ça à l’intérieur même du corps du texte ; c’est beaucoup plus pour une question de visibilité ; des choses qui auraient à chatoyer l’œil et indiquer d’une manière immédiate, physique la présence du cursus culturel à l’intérieur du livre. Pour indiquer que le livre est écrit en Français, certes, mais il est toujours nourri par d’autres graphes, par d’autres langues. Car, dans son écriture, et c’est le propre de l’écriture, l’auteur part avant tout de soi-même, de nulle autre personne. Son point de vue, c’est le regard du moi jeté sur le monde. Donc, c’est forcément la maghribinité, l’islamité qu’il y a en lui qui, forcément interviennent. Parce que parlant de lui, il parle de l’espace maghrébin duquel il est originaire, de l’Islam duquel il est originaire. L’Islam et le Maghreb finalement comme mythologie personnelle avant tout, c’est à dire comme les matériaux de base.

Abdelkader Mana

Abdelkébir khatibi : « Figures de l’étranger dans la littérature Française ».éd. Denoël,1987,Paris.

Abdelwahab Meddeb: Phantasia, SINDBAD, Paris, 1987.

Le peintre Abdelkébir RABI’ est né en 1944 à Boulmane(Maroc).

Le peintre marocain Mohammed Kacimi, a disparu le 27 octobre 2003, à l’âge de 61 ans.

Article paru à Maroc – Soir le lundi 11 mai 1987 sous le titre «  Quand l’Afrique littéraire « critique » l’occident : « Figure de l’étranger » de Khatibi : une œuvre pleine comme un œuf ».

23:24 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

26/04/2010

Coup de coeur

L'épave d'une patera

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Je publie en cette note de « coup de cœur » ces  images d'une épave échouée au Cap Sim que vient de m'envoyer mon ami Herve Decker que j'ai connu a Essaouira dans les années quatre vingt lorsque je rédigeais mon livre d'histoire sur la ville. Il s'agit en fait d'une patera marocaine - elle porte le nom de Sidi Mogdoul en arabe!- echouée sur les rivages Andalouses de Tarifa comme vient de me le preciser Herve par un nouveau message:

Salut  mon cher   
Je t'ai fait parvenir la photo de cette barque de pèche devenue "patera " du cote espagnol, c'est un témoignage .Cette épave est a Tarifa en face de Tanger  sur la cote espagnol, ce en quoi elle est d un intérêt certain.  Je suis a l'aéroport de bristol UK   et  j'attends un avion pour Malaga pour rentrer ce soir sur l'Espagne   je devrais  faire un tour  a Essaouira très bientôt bon courage

Precedemment il nous avait ecrit:

Salut à toi Mana,

Bloqué en terre Anglaise, je consulte ton journal toujours avec grand plaisir. Je te signale que le chercheur Desanges rapporte  une observation d'Elien qui peut être rapprochée de celle de Pline selon laquelle « les lions comprennent la langue des Maures » (Desanges : "Le témoignage masqué sur Juba   II et les troubles de Gétulie" ) .Peut - on rapprocher ce texte de la tradition qui accorderait à Sidi Mogdoul  la  vertu d'avoir  parlé a un  lion et sauvé  la ville ?

j'ai récupéré les bancs de cette épave pour les mettre dans le jardin de ma maison de compagne en faisant un rapprochement avec ton texte déjà ancien sur Cap Sim .... Tes photos sur les mouettes et les figures d'Essaouira m'ont incite à commencer la constitution d'une liste que j'intitule «  Ceux de Mogador » . Elle trouve son origine dans la documentation que j'ai consultée à ce sujet depuis fort longtemps. A l époque il n'y avait pas encore Internet ni de portable comme tu t'en souviens ....elle reste a compléter .Continue,  nous comptons sur toi cher Mana. Ton ami de Mogador. De :herve decker <canal16marine@hotmail.com

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C'est vraiment curieux que cette patera echouee sur les rivages Espagnols porte lisiblement en arabe le nom de "Sidi Mogdoul"!

C'est mon ami Hervé qui  le premier m'avait signalé et fourni  la correspondance de Louis Chénier, consul de France auprès de Mohamed III et père du grand poète du même nom . En prologue a mon livre d'histoire de la ville j'avais alors mis en exergue sa citation suivante en date du 15 décembre 1769 :

«  L'Empereur est arrive a Mogador au commencement du mois passe. Il a vu avec toute la tendresse d'un auteur la ville dont il a pose lui-même les fondements. Il a fait établir une batterie respectable a l'entrée du port et fait réparer tant bien que mal quelques fortifications, que le temps avait déjà dégradées. Sa Majesté doit partir a la fin de ce mois pour retourner a Maroc. » Comme le soulignait Louis Chénier, la ville n'a pas émergée lentement des méandres du Moyen Age : elle est née de la volanté du Prince. On appelait alors Marrakech « Maroc » et Essaouira devait être son avant - port. En effet, pour marquer son désire de faire d'Essaouira le principal port sur l'Océan, Sidi Mohamed Ben Abdellah  commença par bâtir un mur sur les rochers au bord de l'eau. Il fit inscrire la bénédiction du Prophète en lettres coufiques  sur la pierre de taille arrachée au flanc de cette ile qui n'est rattachée au continent que par une lagune.

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Suite a la remarque d'un internaute sur l'emploi du mot "coufique' nous publions cette transcrition en lettre coufique (ou koufique) qui figure sur la tour Est de la Scala du port d'Essaouira. Ce type d'écriture géometrique est appelé "koufique" par référence a la ville Syrienne de Koufa d'ou est originaire ce type de calligraphie . La trascription de "barakat Mohamed" symbolisait la bénediction du Prophete sur la cite des alisées.

Herve Decker est un authentique amoureux de Mogador, un oiseau migrateur qui revient périodiquement a cette ile exactement comme les faucons d'Éléonore qui traversent tout l'espace océane qui sépare les iles Britanniques des iles pupuraires de Mogador pour venir y nicher a chaque mois d'avril.  C'est le marin dans l'âme, qui s'occupait alors de la restauration de l'actuelle 'Villa Maroc' que l'Anglais James venait d'acquérir auprès de Jrayfia avant son départ définitif pour Agadir ou celle-ci allait mourir de chagrin : dans les années cinquante sa maison close abritait les plus belles filles du Maroc au bons plaisirs des Pachas de l'époque et dis -it-on , Orson Welles en personne y venait se délasser de ses fastidieuses journées de tournage d'Othello. Herve Decker a toujours été convaincu que si on effectuait des plongées sous marines dans la baie de Sidi Mogdoul, on y découvrirait quelques antiques épaves. Une ile aux trésors donc ! Il ne croyait pas si bien dire le bon Decker : tout récemment au parages du rocher dit « taffa ou Gharrabou » (l'abris de la pirogue, en berbère) , des marins ont pris dans leurs filets deux magnifiques amphores antiques intactes recouvertes seulement de coquillages et d'algues !

Abdelkader Mana

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16:06 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : poèsie, photographie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

31/12/2009

La printanière

La procession printanière

Qasida du genre Malhûne de Mohamed Ben Sghir

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L'arrivée des Regraga à Essaouira, Roman Lazarev

 

Nous nous empressons par petits groupes à accueillir les Regraga

Leur procession printanière arrive déjà à Essaouira

Les larmes de joie scintillent les regards,

Une nouvelle aube éblouissante traverse de part en part.les horizons

Vois scintiller  au firmament,le divin soleil

Il a jeté son filet de lumière sur chaque pétale de fleur

Vois perler à l'ombre, la rosée sur chaque fleur et chaque feuillage

Vois la nature se pavanant, saupoudrée d'or

De perles de diamants, d'émeraude et d'or

On dirait des guirlandes suspendues aux feuillages des arbres

La danse colorée, équarquille les regards

La danse colorée chavire la raison de stupéfactions

Feuillage doré, perlé des dernières gouttelettes de pluie

Qui aurait vu ainsi le soleil mêlé de pluie au milieu des jardins en fleurs

En averse comme en éclaircie, l'eau transparente illumine l'univers

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"La fiancée des Regraga" Hamza Fakir

Le revoilà le beau seigneur sur sa jument blanche,

Jetant sur la ville,du haut du promontoire d'Azelf ,son regard  et ses prières

Parmi tant de récitants du dhikr et de danseurs de l'extase

C'est sur moi qu'il a jeté finalement son dévolu

Il m'a pris sur sa monture et ensemble

Nous frayâmes la foule des pèlerins tourneurs du printemps

De sa propre main, il m'accorda offrande de dattes et de lait

Il m'asseya sur son tapis de prière et me recouvrit de son haïk de lumière.

Cependant qu'autour de nous les gens ne cessent de tomber en transe

Cependant que je ne cesse de sangloter d'extase, de regret et de repentir.

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Roman Lazarev

Voici que se dissipe l'ondée dont s'abreuvent d'innombrables créatures

Voici l'éclaircie du soleil jaunissant qui a du mal à nous quitter

Mon compagnon me dit :

« Pauvre astre, qui   nous adresse ses adieux, par sa chevelure dorée

Ses amours sont pure perte, en ceux qui ne les méritent pas. »

 

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Les fantassins faisant exploser leur baroud lors de l'arrivée des Regraga. R. LAZAREV

La terre est maintenant une trame de couleurs étonnantes

Eblouissement des sens où errent  les poètes

Comment l'eau incolore donne -t- elle  des fleurs multicolores ?

Le bleu, le blanc, le jaune, le rouge et tant d'autres  indicibles colorations

L'eau incolore, donne pourtant des fleurs de toues les couleurs :

Comment reverdit - elle les plantations ?

Comment alourdit - t - elle de fruits les branchages ?

De grappes d'abricots  et de raisins gorgées d'eau,

De poires et de pommes déjà mûres,

De  grenades perlées, de juteuses  oranges...

Peut-on me dire d'où viennent tous ces éblouissants fruits de la terre ?

 

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L'arrivée des Regraga à Essaouira

Traduction: Abdelkader Mana



00:32 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèsie, pèlerinages circulaires en méditerranée | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook