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22/01/2012

A toi l'ami Jean François Clément

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Nous avons aujourd'hui une pensée émue pour Jean François Clément, notre ami le pétillant chercheur, le grand amoureux du peuple marocain, qui vient de sortir d'une lourde opération et qu'on voit ici avec les jeunes de Tata, lors des training sur la musique et la danse organisés au mois de janvier 2011-un an déjà ! - par l'UNESCO dans quatre régions du Maroc. Souhaitons lui un prompt rétablissement pour qu'il revient comme à l'accoutumé à sa générosité morale envers les autres et à sa curiosité insatiable de tout ce qui concerne l'histoire et la culture au Maoc..

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Jean François Clément en campagnie du corégraphe Abdeslam Michel Raji, du musicologue El Akkaf et de la troupe d'Izouran d'Akka

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Abdelkader Mana et Jean François Clément et la jeunesse de Tata

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Sur scène : le groupe Izouran d'Aqqa

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Avec la troupe du tarab hassani sur scène

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Au premier plan Daha Ahl Barra, le délégué de la culture au Sahara, en arrière plan le chorégraphe Abdeslam Michel Raji et le jeune groupe Rap et Hip-Hop de Tata

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Une partie de l'assistance avec au premier plan assi à droite le secrétaire de la province de Tata et juste à côté de lui l'inamovible maîre de cet oasis prè-saharien, fier d'inaugurer à cette occasion ce théâtre flambant neuf destiné à l'animation culturelle de la jeunesse.

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Jean François Clément signant des autographes en tant qu'expert de l'UNESCO

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Au pied du Bani, vue d'ensemble de l'oasis pré-saharien de Tata

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Tourtourelle de Tata photographiée par Jean François Clément

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Abdelkader Mana en campagnie de deux jeunes danseuses de Tata

20:45 Écrit par elhajthami dans hommage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

07/01/2012

Nostalgie des origines

En ce début 2012,Mustapha BELKOUCH éxpose à Toulouse

arts

L'artiste paysagiste mustapha Belkouch présente,en ce moment-même, une grande exposition de ses oeuvres à Toulouse : souhaitons grand succès à cette exposition qui ouvre l'année 2012, en même temps qu'une nouvelle étape dans la vie de l'artiste.

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 Le désert n'est plus un paysage, c'est la forme pure qui résulte de l'abstraction de toutes les autres.

Flamboiement de lumière, écriture cristalline

Les paysages de Belkouch me rappellent étrangement une visite au Sahara l'hiver. C'était à« Foum El Oued », le delta de la Séguier el Hamra, avec ses méandres d'eaux dormantes aux reflets d'acier serpentant vers la mer.. Ce paysage austère et pluvieux revêt des allures poétiques pour l'épilogue d'un chant nomade :

Nos gîtes de campagne,

Sont dressés là - même où sont nos racines

Sur cette étendue désertique  frappée d'éclaires.

Doux rêve d'hiver, sous  la fine pluie et sous la tente

Parfum d'herbes sèches, s'évaporant du milieu des oueds.

Lointaines rumeur des bêtes sauvages.

Cérémonial de thé, entre complices de l'aube.

Crépitement de flammes consumant des brindilles desséchées

Et avec le jour d'hiver qui point

Chaque amant rejoint la tente des siens.

Cette vision du désert comme centre de rayonnement mystique et comme source d'inspiration nous est aujourd'hui confirmé par l'artiste lui-même :

« Mon travail est comme une thèse en mouvement. La transformation et l'évolution se font dans le temps (pas d'arrêt sur un style ou de techniques particulières). La quête doit être totale, sans cesse remise en question et au fur et à mesure proposée au public. Je propose une expression de mon énergie intérieure, avec tout ce que cela comporte de tâtonnements,  de recherches dans les  rapports des formes par rapport au vide qui composent mes tableaux.L'idée de représenter le désert est un objectif car il est le représentant de tout ce à quoi j'aspire : la puissance, l'émotion à l'état brut.  Cet extrait du livre Amérique  de Jean Baudrillard i résume bien l'idée que le désert ne peut-être que le support idéal pour réaliser une œuvre abstraite) : l'émerveillement de la chaleur y est métaphysique. Les couleurs mêmes, pastels bleus, géologique, intemporelle. La minéralité du sous-sol y fait surface dans des végétaux cristallins. Tous les éléments naturels y sont passés à l'épreuve du feu. Le désert n'est plus un paysage, c'est la forme pure qui résulte de l'abstraction de toutes les autres. »

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Ardence de glace et de feu, de Mustapha BELKOUCH

Il y a longtemps que j'ai rêvé de ce tableau que nous propose BELKOUH: ardente lumière soupoudrée d'or...Un art dense qui nous fait danser, penser, rêvasser. Danse de couleurs et de lumière.Musique du silence et des prières.De glace et de feu, d'ombre et de lumière le travail de Mustapha Belkouch est absolument étonnant et poétique. Ardeurs, ardence, ardentes amours.Flamboiement de lumière, écriture cristalline.Il me fait penser un peu à la gestalt théorie de ce magicien vers lequel m'avait conduit alors que je n'étais qu'enflant un dénommé Abdallah "jahel"(l'enragé), un type fort puissant tout en muscle qui avait fait le figurant dans le film de Massist. Il voulait savoir si sa femme ne l'avait pas trahi et le sorcier lui avait demandé de ramener un enfant au regard innocent pour déchiffrer son avenir. Une fois chez le voyant entouré des livres jaunes de la magie celui -ci s'est mis à enduire un œuf de smakh et à la fin il me l'avait mis entre les mains en me demandant de regarder attentivement au reflet de la lumière ce que signifie pour moi les ondoiement d'ombre et de lumière à la surface de l'œuf et j'y décelais comme sur les oeuvres de Belkouch, des montagnes, des paysages , des personnages...Et il m'avait alors suggéré de raconter le film qui se déroulait sous mes yeux à la surface de l'œuf! Tout ce dont je me souviens maintenant c'est que j'avais dit au Massist de notre quartier que je voyais sa bien aimée en train d'escalader une falaise et le sorcier de commenter qu'elle est certainement en train de voyager dans un monde imaginaire....

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Ondoiements d'ombre et de lumire,(cendres) Mustapha BELKOUCH

Le mercredi 23 décembre, j'écris à nouveau à Mustapha Belkouch :

J'ai retrouvé hier un autre souvenir d'enfance complètement oublié : c'est curieux de voir comment mon enfance se télescope avec ton travail...J'ai rencontré Fatima que j'ai connue dans mon enfance. Elle est maintenant une femme précocement vieillie s'adonnant assidument à la prière...Elle me rappelle un souvenir oublié en rapport avec sa mère que nous appelions affectueusement « Mouizigha »  et qui n'est plus de ce monde probablement depuis fort longtemps. C'était une voisine et une amie à ma mère chez qui enfant je me réfugiais à chaque fois que je commettais une farce. Pour éviter d'être puni, je passais sous la chaleur de son toit hospitalier et affectueux, les nuits sombres de l'hiver.

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Médium nocturne, bétyle de glace, Mustapha BElkouch

Elle m'amenait souvent à son bled dénommé Ifran et situé à l'emplacement actuel de l'aéroport de Mogador. Fatima me dit maintenant : « Les voisines à qui nous faisions visiter notre Ifran n'en revenaient pas une fois sur place : « Nous croyons que nous allons visiter un Ifran de verdure, mais nous n'avons trouvé qu'un ifran de pierrailles ! » En effet, en berbère le terme ifran signifie l'oasis de rosiers et de lentisques qui se développe à l'ombre d'un vieux caroubier au voisinage d'un puits ou d'une source avec des laveuses de linges sur dalles de pierres lisses chantonant de beaux refrains au cliquetis de leurs bracelets mêlé au coassement des crapauds et des grenouilles. Une espèce de paradis d'ombre et de lumière semblable à ceux qui surgissent de l'inconscient de Mustapha Belcouch comme des souvenirs estompés à multiple interprétations. L'artiste retrouve aussi ses souvenir d'enfance à la volupté indéfinissable voir insaisissable : des montagnes bleutées, des ciels azurées, des vallées enflammées. Une nostalgie des origines : voila ce que nous révèle l'œuvre de Belkouch. On peut penser aux estompes asiatiques à l'ère glacière, moi son œuvre me fait revenir à mon enfance dans les montagnes berbères. A chacun sa lecture de Belkouch, une œuvre plutôt tournée vers les horizons intérieurs.Amoncellements de blocs de glaces bleu nuit au bord d'un précipice d'une faille...

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Précipice et faille de glace..Mustapha BELKOUCH

Pour moi, l'ifran de  pierrailles était plutôt un petit coin du paradis de mon enfance, oublié certes, mais où germe cette flamme poétique qui continue notre vie durant à nous insuffler cette ardeur intérieur, cette méditation des profondeurs, semblable à celle qui fait produire à Belkouch ces œuvres si énigmatiques et mystérieuses à travers lesquelles il tante de nous transmettre l'indicible qui l'habite : c'est de cet inconnu rêvé qu'il s'adresse à nous. Lui aussi, tente par sa peinture de retrouver le temps perdu de son enfance à travers ces couleurs chaudes, transparente à la légèreté éthérée ...Il y a longtemps aussi que j'ai rêvé que je me suis perdu dans de pareilles banquises que nous propose BELKOUCH: c'était à la suite de la vision de Charlie Chapline se débattant au - dessus du gouffre; sa pauvre cabane de bois menaçant à tout moment de se précipiter dans le sombre vide de glace ...

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Ksours,Mustapha BELKOUCH

Jaune safran, aube dorée, trace de henné, sacrifice, rêve brumeux

« Une fois me raconte Fatima, Mouizigha avait acheté au souk des Ida Ou Gord, un petit âne au pris de 1200 réaux (60 DHS actuels), juste pour te permettre de gambader entre les enclos d'épines de nos champs...Tu passais ainsi la journée avec ton petit âne au point d'en attraper une terrible fièvre et de nous faire peur en nous disant au fond de ta sieur et de ton délire : je vais mourir, je vais mourir... » Vision cramoisie, enfiévrée du monde...

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Sirocco, ardentes amours, Mustapha BELKOUCH

cet ifran de pierraille , cet ifran disparu sous le bitume de l'aéroport, représentait pourtant pour moi un petit coin de paradis que je parcourais accroché à la crinière de mon petit bourricot le regard rivé aux sentiers lumineux, entouré de palmiers nains, d'arganiers rabougris, de fleurs sauvages. « Tu mantais aux branchages d'un figuier pour en recueillir des figues à peine éclose, des figues loin d'être mûres ». Me dit Fatima. On devait être au tout début du printemps ou même au cœur de l'hiver comme maintenant.

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La nuit lunaire de Mustapha Belkouch

Je crois que c'est de semblables souvenirs qui sont à l'origine de l'œuvre de Belkouch, une nostalgie indéfinissable qui l'habite en permanence et qu'il essaie d'exprimer par ces formes et ces couleurs d'une tendresse indéfinissable. On est caressé interpelé sans savoir exactement de quelle nostalgie des origines il nous parle, de lui-même mais aussi de nous...En ce moment il pleut et de la forêt voisine les paysans arrivent en ville avec des sacs plein d'escargot, ces mollusques ont aussi la couleur tendre et transparente des toiles de Belkouch. Ils ont aussi la couleur de notre enfance, lorsque sous la pluie battante nous parcourions les sous bois dense des eucalyptus et des mimosas, à la recherche des précieux escargots qui se meuvent en dehors de leur tanière sous les brindilles et au milieu des petites pousses. C'est à de semblables sensations liquides et chaleureuses auxquelles nous convie Belkouch, des sensations poétique et colorées comme un rêve qu'on ne peut reproduire par un franche figuratif...

Le soir du 23 décembre je fait le lien entre le travail de Belkouch et les rêveries poétiques de Bachelard sur l'eau, le feu et les quatre éléments des alchimistes ; Calligraphie japonaise, coulée de glace et de feu, montagne de neige tourmentée, jaune safran, aube dorée, trace de henné sacrifice, rêve brumeux. Ce n'est pas une pure abstraction, ce que nous propose Belkouch : sa peinture est une peinture de la mémoire faite traces qui suggère des formes concrètes en pointillé, et nous invite ainsi à la rêverie Bachelardienne au bord de l'eau et du feu... Des paysages, des traces humaines. C'est-à-dire un sens, des significations en même temps qu'une esthétique des formes et des couleurs ; Cette  rêverie dorée et blafarde faite peinture porte sur le feu et l'eau, c'est-à-dire les éléments primordiaux de la création minérale et volcanique. Oui, harmonie des formes plastiques aux allures musicales.

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Calligraphie japonaise, coulée de glace et de feu Mustapha BELKOUCH

Peinture du silence, de l'absence, du dépouillement, du vide et du plein. Ce n'est pas le silence du vide et de la mort, c'est celui du rêve et de la vie. Des trouvailles techniques dues au hasard des coulées plastiques ou le résultat d'une rêverie méditative ? Peu importe le regard ; une sensation poétique s'empare peu à peu de celui qui regarde ces reliefs primordiaux aux allures  étranges et belles...C'est une forme d'écriture cristalline : des cristaux en équilibre...Un cheminement de montagnard en hautes alpages hivernales ...Une écriture de l'indicible qui invite au déchiffrement magique  des sillons et des traces.

Dans mon enfance, j'ai connu aussi le déchiffrement magique des traces : je vois encore ma mère invitant une voyante nomade qui déambulait dans nos rues les jours de fête : une fois au patio de notre vieille maison, elle posait à même le sol un van d'osier et le saupoudrait de sable, puis traçait des rayures et des formes abstraites à l'aide d'une omoplate. Elle lisait à travers ces traces nos avenirs incertains comme on lit les destins à la forme particulière  et unique de chaque empreinte de paume à la surface ouverte des mains. Sauf que les rayures et les formes tracés par Belkouch sont de glace et de feu...Il ne s'agit pas de nomadisme sur le sable mais de transhumance de haute montagne en hiver. De solitude et de silence. Donc d'une certaine forme de prière...que symbolise cette bétyle de glace dressée au milieu du silence de la solitude et de la nuit.

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Glaciation cristalline de Mustapha Belkouch

Le chant du pays se rythme au tambourin

Le rythme  de Bou Iblân scintille au firmament

La danse pastorale  est une  ondulation de la montagne

Hautes sont les cimes, limpides sont les sources

Drues, les  vallées de la montagne à Meskaddal

Où chaque année, on  célèbre les pâturages d'été...

Vertes, les prairies de la plaine d'Azaghar

Où chaque année, On  célèbre les pâturages d'hiver...

Ces cîmes eneigées me rappellent les hauts alpages de Bou -Iblân, le plus élevé sommet du Moyen Atlas Oriental, en arrière pays de Taza  que j'ai visité l'hiver il y a trois ans de cela, pour les besoins d'un documentaire de "la musique dans la vie" .Le massif de bou iblan, est une zone enneigée et inhabitable l'hiver. Les quelques maisons qui y existent sont occupées l'été par les gardiens de troupeaux qui viennent y transhumer. Cette montagne constitue d'excellents terrains de parcours où tous les troupeaux des Bni Waraïn se retrouvent l'été. En cette haute montagne, où le paysage respire l'agréable fraîcheur des petits sites alpestre j'ai pu recueillir quelques légendes pastorales.

Selon l' une d'entre elles recueillies auprès d'une chaumière du crû, sur  cette montagne aux neiges éternelles, on découvre «  une bergère et son troupeau pétrifiés au cours des 40 nuits les plus glaciales de la saison morte». Il s'agit des fameuses « liali Hyane », où selon un vieux dicton, il ne faut préparer ni chevreau ni agneaux qu'après le passage de leurs  nuits froides et néfastes. En effet, durant cette période, on cesse de faire le beurre avec le lait des brebis qui a diminué. C'est probablement  parce qu'elle avait enfreint ce tabou, que la vieille bergère fut pétrifiée sur la montagne avec son troupeau alors qu'elle était en train de préparer du petit lait avec une outre en peau de chèvre.

La vieille bergère disait au début :

-         Je vous défie, ô les plus froides nuits de l'hiver ! Et j'escalade la montagne, avec mes ovins, mes caprins et mes chevreaux !

« hyan », l'esprit des nuits d'hiver demande alors à Mars :

-         Ô Mars ! Prêtes mois le jour de mauvaise augure pour que je tue la vieille ogresse !

C'est ainsi qu'elle s'est pétrifiée au sommet de la montagne aux neiges éternelles avec son troupeau et son outre en peau de chèvre. .




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Méditation lumineuse et assymétrique de Mustapha BELKOUCH

S'agit-il ici d'un gestuel calligraphique où de l'une de ces branches mortes de la cédraie millénaire, que j'ai vu surgir de la neige au sommet de Bou - Iblân comme un vieux fusils au bout d'un bras pétrifié de la première boucherie humaine de 1914 - 1918?

On n'arrive pas à replanter le cèdre disparu des flancs de Bou- Iblân, parce que, nous dit - on, les bergers se mettent à l'arracher dès qu'on l'a planté, croyant que la régénération de la forêt se fera au détriment des terrains de parcours. Les vieux de la région racontent que l'ancienne forêt dense du cèdre a disparu à cause des incendies. Ils  rapporte même une légende pour appuyer cette affirmation :

Dans un temps à la fois mythique et lointain « vivait à Bou - Iblâne une  monstrueuse créature, mi - boa, mi - jument, du nom de Targou : elle avait l'allure d'une grande jument entièrement recouverte de grosses poiles qui lui tombent jusqu'au sol. Un jour qu'elle fut foudroyée par l'éclaire au sommet de la montagne, sa farouche tignasse prit feu, et elle s'est mise alors à se frotter aux troncs d'arbres, provoquant un gigantesque incendie qui décima d'un coup des milliers et des milliers de cèdres millénaires. De sorte qu'il ne reste que quelques cédraies disparates ici et là, autour de Bou - Iblâne.

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Souffle ! Souffle ô Bou - Iblâne !

Rafraîchit l'air du plat pays

Ô Bou - Iblâne ! N'était le froid,

J'aurai planté ma tente sur ton sommet !

En effet, dés qu'arrive la période des neiges , les transhumants s'empressent de rejoindre le plat pays et avec la belle saison ils reprennent d'assaut les hauts paquis. Mouvement oscillatoire et saisonier dont nous parle cette autre légende:

La vieille bergère se déplaçait vers Taïzirt avec son troupeau. Elle était accompagnée de son mari, d'un berger et des ses bovidés. Quand les sept nuits froides de Hyân sont arrivées, elle a dit à son mari :

-         On ne doit pas rester ici, il faut qu'on monte en haut de la montagne.(ils avaient une maison à Moussa Ou Saleh).

-          On ne quittera ici, que lorsque l'épis soit mûre, lui répondit son mari.

Elle dit alors au berger :

-         Quand tu seras en pâture, là où on laboure, ramène avec toi une vieille épis pour que je puisse la montrer à mon mari, en lui faisant croire que l'été est déjà arrivé., et que nous devons donc décamper d'ici.

Après avoir tâter l'épis son mari aveugle lui dit :

-         Il est temps de transhumer vers « Moussa Ou Saleh ».

Au bout de trois jours de leur séjour là -haut,  Hyân est allé emprunter trois jours au mois de mars :

-         Ô mars, toi qui préside la saison du printemps ! Peux - tu me prêter tes trois jours de mauvaises augures, pour que j'en pétrifie la vieille ogresses ?!

Et c'est ainsi qu'il lui accorda les trois jours de mauvais augures qui pétrifièrent le troupeau, la vieille bergère, son aveugle de mari, le berger et le troupeau de vaux. Le froid les a pétrifié pour avoir renverser le cycle de la transhumance.

 
"Moussa Ou Saleh" est le nom que porte le sommet le plus élevé qui domine tous les autres et dont la cîme est perpetuellement couverte de neige. Pour cette raison il rvêt un caractère légendaire dont se fait échos cette tradition orale:

« Moussa Ou Saleh » habitait à Tlemcen. Il possédait un cheval. Un jour une fourmi l'a piqué. Il l'a mise alors dans un étui en roseau et l'enferma avec un grain de blé tendre. Au bout d'un an , elle n'en n'a pu consommer que l'équivalent d'une tête de fourmi. Quand le Roi de l'époque le su, il demanda à ce qu'on fasse venir « Moussa Ou Saleh ». Une fois en sa présence, il lui dit :

-         Pourquoi as-tu emprisonné la fourmi ? Toi aussi, tu sera emprisonné pendant un an.

-         Ça sera comme vous l'aurez voulu, puisque vous êtes le Roi du Temps : jugez comme vous l'entendez, lui rétorqua Moussa ou Saleh.

Il demeura une année en prison, en demandant à sa mère de bien prendre soin de son cheval, de le nourrir de blé, en le gardant à l'ombre, loin du soleil.

-         Quelle aliment choisiras - tu pour te nourrir ? lui demanda le Roi.

-         Le lait dont je peux boire l'eau et manger le fromage, répondit - il. Et d'ajouter :

-         Seigneur, il faudrait qu'on organise un jour une fête et une fantasia !

Le jour de la fête,il sella son cheval et se dirigea vers les remparts. Un observateur se mit alors à crier :

-         Moussa est parti ! Faites attention, Moussa est en train de fuir !

En un clin d'œil, il parvint en effet, à enjamber le rempart avec son coursier.

A chaque fois que ses poursuivants demandaient aux gens :

- Un cavalier, est- il passé par là ?!

Ils recevaient invariablement cette réponse :

-         Nous n'avons vu passer par ici qu'un corbeau portant une laine blanche à son bec.

Le cavalier blanc continua ainsi sur son coursier noir jusqu'à Taza, où il fit ses prières à la grande mosquée. Après quoi il se dirigea vers la plus haute montagne du pays, où deux fossoyeurs ont déjà creusé une tombe :

-         Que faites-vous ici ? leur demanda -t-il.

-         Nous venons de creuser la tombe d'un homme de votre taille, lui répondirent - ils. Veux - tu t'y mettre pour qu'on puisse mesurer si elle convient ?

-         D'accord ! leur répondit - il.

Ils lui firent alors flairer une fleur sauvage, et il en mourut subitement.

C'est la raison pour laquelle, on appela désormais cette montagne du nom de « Moussa Ou Saleh ».

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Le « Moussa Ou Saleh » qui élève sa cime à 3215 m. d'altitude, est le sommet culminant de la chaîne du Bou - Iblâne et de tout le massif du Moyen Atlas. Une jolie légende se rapporte à l'origine de son nom :

« Il y a de cela bien des siècles, Moussa Ou Saleh vivait  réduit en captivité sur les Etats du puissant roi de Tlemcen. Mais un beau jour, déjouant la surveillance de ses gardiens, le prisonnier s'enfuit aux galops d'un splendide et fougueux coursier.A ses poursuivants qui demandaient des nouvelles du cavalier fugitif, les gens répondaient :

-         Nous n'avons vu qu'un corbeau volant avec de la laine au bec !

Le cavalier blanc paraissait s'envoler sur son coursier noir.Et c'est en vain que les plus habiles cavaliers du roi de Tlemcen le poursuivirent à travers les monts et les plaine jusqu'aux derniers rayons du soleil couchant. Il  fit la prière du crépuscule à la grande mosquée de Taza, avant de poursuivre sa folle chevauchée . Vers le soir, et alors même qu'il venait d'atteindre la gigantesque barrière de Bou - Iblâne, son cheval fourbu, s'abattit brusquement sous lui. Le fugitif cherche à reprendre haleine , mais un essaim furieux d'adversaires, l'entoure déjà :

-         Vous me suivez plus haut encore ! les défie - t - il à leur approche.

Et dans un suprême effort, il se prend à gravir au devant d'eux, le flanc inhospitalier de la rude montagne. Mais il sentit peu à peu ses forces le trahir et en lui , la vie défaillir : en touchant au sommet , il tomba brusquement foudroyé par la mort,. C'est  depuis lors, qu'on appela cette partie culminante de la montagne du nom de « Moussa Ou Saleh ».

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Paroi préhistorique de Mustapha Belkouch

En faisant la par des embellissements inévitables où se complait l'imagination populaire, deux points sont à retenir dans ce récit :

Le nom du héros d'abord, et ensuite l'évocation de sa rivalité avec le roi de Tlemcen. Ils suffisent à nous découvrir le fond historique de la légende : moussa Ou Saleh, n'est autre , en effet, que le plus fameux d'entre les princes de la dynastie des Banou saleh, ces fondateurs du petit royaume de Nokoûr qui florissait sur la basse Moulouya aux environ du 10ème siècle. La renommée laissée par Moussa fut telle, que cinq cent ans après sa mort, il se trouve encore cité par Ibn Khaldoun au nombre des illustrations du peuple berbère et présenté par lui « comme un des ornements de sa Nation. » La lutte inégale qu'il soutint contre les lieutenants Tlemcéniens d'Obeid Allah le Fatimide n'est point sans doute étrangère au développement d'un pareil prestige.

C'est au sommet de cette montagne qu'on découvre encore aujourd'hui selon la  légendeainsi , la vieille bergère pétrifiée au  milieu des   neiges éternelles avec son troupeau et son outre en peau de chèvre. Au plus haut sommet de Bou - Iblâne on trouve également une fiancée pétrifiée par la glace.

Abdelkader Mana

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Nuit solitaire, Mustapha Belkouch






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03/01/2012

Le port de Tombouctou

 Le Port de Tombouctou
 histoire,photographie
Caravane arrivant à Mogador, Roman Lazarev

La frontière nord de l'oum rbia était franchie par des caravanes chargées de marchandises à destination d'Essaouira. A son rôle maritime important, s'ajoutait son rôle de relais du Soudan. Le littoral que longaient les caravanes se prolongeait jusqu'à la porte de la marine et les navires restaient au large.Essaouira avait un rôle de transit entre l'Afrique et l'Europe, c'est pour cela qu'on l'a surnommait "le port de Tombouctou". Ici, les caravanes de Tombouctout prolongeaient les caravelles de la lointaine Europe, ici le vent alizé enflait de son souffle puissant les voiles des navires marchands et des bateaux corsaires.

histoire,photographie

    Le négoce fournissait au Makhzen des ressources notables, et les puissance européennes appréciaient le Maroc non seulement pour ses richesses propres, mais encore sous le rapport du transit.Visitant Mogador à l’aube du 20èmesiècle, Eugène Aubin écrit le 2 novembre 1902 : « A l’heure actuelle la place de Mogador n’exporte plus que les peaux de chèvres venues de Marrakech et du Sous, les amandes du Sous et de Haha, les huiles et la cire, enfin la gomme du Sous(gomme arabique et sandaraque, utilisée en Europe dans les industries chimiques et pharmaceutiques ; gomme ammoniaque, expédiée en Egypte, Algérie, Tunisie, et employée pour l’épilage, selon les usages musulmans) ; les caravanes du Sous et de Marrakech aboutissent journellement au port…De puissantes maisons juives sont établies à Mogador. Comme elles importent surtout des bougies, des cotonnades et du thé, elles font la plupart de leurs affaires avec l’Angleterre, et quelques unes possèdent même des comptoirs à Manchester. » . Arrivée d'une caravane à souk haddada - Cliché Garaud :

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Ici les caravanes de Tombouctou prolangeaient les caravelles de la lointaine Europe.

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La rade d'Essaouira


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Arrivée de la caravane de Tombouctou à Mogador

C’étaient les dernières caravanes qui reliaient Mogador à son arrière-pays et à Tombouctou, avant qu’Agadir au Sud et Casablanca au Nord ne supplantent la ville des Gnaoua en tant que principal port du Maroc. Avec la découverte de la machine à vapeur, l’Europe était désormais directement reliée par voix maritime au Sahara et à la boucle du Niger sans avoir à passer par l’ancien « port de Tombouctou », qu’était Mogador.

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Marché au seuil de Bab Sbaâ

Au grand souk situé hors la ville aboutissent les caravanes de Marrakech et du Sous ; elles doivent y demeurer , sans franchir les portes , jusqu’à ce que leurs marchandises aient trouver acheteur ; chameaux et chameliers y campent sur le rivage dans la saleté et le désordre ; à côté d’eux sont étalées sur le sol les peaux de chèvres , amenées de l’intérieur dans la fiente et le sel, que les exportateurs font sécher avant leur embarquement.

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Haddada, quartier des forgerons où aboutissaient les caravane en 1912

  Les caravanes en provenance de Tombouctou et qui longeaient la côte pour rejoindre Agadir puis Essaouira passaient soit par Guelmim à l’oued Noun, fief de la famille Bayrouk, soit par la Maison d’Illigh à Tazerwalt, fief des descendants de Sidi Ahmad Ou Moussa. D’ailleurs à la fin du XIXe siècle, Huçein Ou Hachemi de la Maison d’Illigh, comme le Cheïkh Bayrouk, disposaient d’une maison commerciale à la nouvelle kasbah d’Essaouira. C’était le négociant juif Afriat qui s’occupait des intérêts des Bayrouk au port de Mogador. Le cheykh Bayrouk de Goulimine disposait en effet d’un entrepôt où il déposait les marchandises en provenance de Tombouctou, et c’était le négociant Afriat, lui-même originaire de Goulimine qui s’occupait de ses affaires à Essaouira. Ces juifs de Goulimine avaient fini par aboutir dans cette ville saharienne, après leur expulsion d’Espagne, comme le prouvent les motifs des bijoux qu’ils produisaient et qui étaient à bien des égards similaires à ceux des orfèvres d’Andalousie. On se souvient encore aujourd’hui de la famille  Bayrouk qui habitait au début du siècle au quartier des gens d’Agadir (quartier d’Essaouira qui porte ce nom parce que ses premiers habitants étaient originaires d’Agadir) : les hommes travaillaient au port, tandis que leur marraine, une mulâtresse, était célèbre voyante médiumnique (talaâ) qui officiait lors des nuits rituelles des Gnaoua.

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    Sur sa route vers Mogador Léopold Panet, le premier explorateur du Sahara, rencontre le cheïkh Bayrouk pendant son séjour à Noun, et assiste à une fête d’accueil d’une caravane en provenance de Tombouctou :

  « Pendant mon séjour à Noun, j’y fut témoins d’une fête magnifique. C’était le 12 mai ; la veille, on savait qu’une grande caravane revenant de Tombouctou devait arriver le lendemain, parce qu’elle avait envoyé faire louer des tam-tams pour fêter sa rentrée. Dés sept heure du matin, les femmes des marchands arabes, qui composaient cette caravane, étaient parées de tout ce qu’elles avaient de beau en habis et en bijoux, et le tam-tam, dont le bruit assourdissant se répétait au loin, avait attiré autour d’elles une foule des deux sexes...Ceux au-devant de qui elles allaient, paraissaient à l’autre extrêmité de la plaine, laissant derrière eux leurs chameaux chargés et deux cent esclaves appartenant aux deux sexes. Le tam-tam résonna avec fracas, les drapeaux voltigèrent en l’air, les chevaux se cabrèrent de part et d’autre...La troupe forme deux haies qui reçoivent entre elles les chameaux chargés et les esclaves déguenillés, souvent nus. Les hommes continuent leur évolution guerrière avec le même enthousiasme, mais il y a moins de charme, moins de mélodie dans les chants naguère si harmonieux des femmes : elles ont tourné leur attention vers les esclaves et déjà chacune d’elles y a fait son choix. »

  Les maîtres de ces lieux de rassemblement de convois caravaniers, disposaient dans leurs citadelles de nombreux esclaves issus du commerce transsaharien. Les Noirs qui vivent aujourd’hui autour de ces vestiges du passé y célèbrent encore leur fête annuelle.S’ils vénèrent tous  Lalla Mimouna, et sont issus de la même origine l’ancien Soudan, le pays des Noirs des géographes arabes, qui correspond à la boucle du Niger , il n’en demeure pas moins que sur le plan culturel, chaque communauté  ganga s’est adaptée à sa manière au contexte, dans lequel, elle fut intégrée.

  Le souvenir de la traite des esclaves reste vivace chez leurs descendants marocains. Voici le témoignage d’un maréchal-ferrant noir, également grand connaisseur de l’amerg, chant poétique berbère :

  " Les esclaves provenaient de la tribu Sharg du Sahara. Des marchands les amenaient de là-bas pour les vendre dans le Sous. Par la suite, leurs enfants étaient expédiés dans le pays Haha. On leur mettait la corde au cou pour les conduire sur la place où on les vendait comme des bêtes, en examinant leur denture pour distinguer le jeune du vieux. C’est ainsi que mon père fut offert au caïd des Ida ou Guilloul. En revanche chez les Neknafa, les esclaves noirs appartenaient à Israren, un caravanier qui échangeait les céréales de la région contre le thé, le sucre, et les esclaves de Sous. C’était le trabando (la contrebande). Cette traite des esclaves a cessé quand il a plu à Dieu de venir en aide aux Noirs. Une fois affranchis, comme ils ne possédaient pas de terres, ils ont dû devenir métayers pour subsister. Un jour, j’ai décidé de troquer le tambour contre le ribab et j’ai fait le tour des villages pour animer les fêtes de mariage. J’ai chanté l’amerg en tant que maître du ribaba pendant quatorze ans, mais quand mon père est mort, j’ai pris sa relève à la forge. »

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Au temps où les caravanes afluaient vers Mogador

  Avant de traverser le désert des déserts, les caravanes faisaient halte au pays des moulatamoun, ces hommes voilés du désert, pour y faire provision d’eau. Quand les vents chauds tarissaient l’eau dans les outres, les caravaniers pour apaiser leur soif recouraient au stratagème suivant : ils prenaient avec eux des chameaux sans charge et les assoiffaient pour les faire boire une première fois puis une deuxième fois, jusqu’à ce que leur panse soit pleine. Quand le besoin d’eau devenait impérieux, les chameliers égorgeaient le chameau et se désaltéraient avec l’eau de sa panse jusqu’au point d’eau suivant. C’est ainsi que, recrus de fatigue, les caravaniers avançaient dans leur voyage jusqu’au lieu de rencontre avec les propriétaires de l’or.

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Le grand méchouar avant l'élevasion de l'horloge au début des années 1920

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"Marocains apprenant l'arrivée d'un navire se dirigent vers le port"

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 On raconte qu'à la portes de la Marine, une femme grimpait au sommet d'un vieux figuier pour scruter à l’horizon l’improbable retour du bien aimé, mort de noyade. En vain, elle adressait ses folles suppliques à la nuit et à la mer ...
 
 
Des rivages parcourus par les Négrites et les Gétules

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Vue prise de la plage,au fond Essaouira 

On imagine à peine maintenant les grandes distances que ces hommes pouvaient parcourir

 

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 Mogador - Sous la porte de la Marine

 

Dans les vieilles photos en noir et blanc, on voit le déchargement des paquebots au large par les barcasses. Jusqu’à la fin des années 1960 par beau temps chacune pouvait faire de 4 à 5 voyages, avec un rendement journalier, de 300 à 350 tonnes. Depuis les fenêtres grandes ouvertes de nos classes de l’alliance israilite, on pouvait entendre les sirènes de ces paquebots, comme autant d’appels nostalgiques, nous convions à l’évasion et à l’aventure. Le dernier des courtiers juifs de Mogador, fut le Sieur Hatouile, décédé vers 1989 : il était représentant de la compagnie Paquet et avait le monopole sur le savon de Marseille.

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Mogador-Avenue du Chayla - Cliché Garaud
Mise à l'eau des barcasses dans le petit bassin à l'entr"e du port: la rue a été démentelée en 1980 .Une décenie nefaste pour le patrimoine et la mémoire de la ville: vieux cimetière de Bab Marrakech rasé, saccage du marche au poisson, de souk Laghzel, du marché aux orfèvres et de khoddara. Destruction des espaces verts etc...Un conseil municipal néfaste et igrorant de la valeur patrimoniale et historique de la vieille médina...Aucune barcasse n'a été sauvegarder pour témoigner qu'Essaouira était un port marchand avant d'être port de pêche, aucun aqueduc qui alimentait les jardins depuis l'oued ksob, aucun jardin potager n'a été sauvegarder pour la mémoire et pour l'histoire alors que la ville a maintenant vocation de tourisme culturel c'est à dire fondé sur la culture et l'histoire de la ville....
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Mogador - Le port

 " Quand la forte houle venait à les surprendre, me dit ma mère, les barcassiers se réfugiaient en haute mer. Loin des récifs côtiers où se fracassent les vagues. Ils restaient là, le temps que la tempête s’apaise. En attendant, la ville retenait son souffle."

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 Embarquement de marchandises: en arrière plan, "Borj el Barmil", l'ancien emplacement du Castello Real",avant la construction de la jetée du port au début des années 1920

  Les barcasses employées à Mogador, étaient propriété du Makhzen. D’un type long et étroit, n’offrant pas beaucoup de résistance au vent, leur stabilité transversale, probablement assez faible, suffisait parcequ’elles n’avaient à circuler qu’en rade, assez abritées en somme. Ce petit type, qui portait de 8 à 10 tonnes, était plus facilement maniable dans les rochers qui fermaient l’entrée du port. Elles étaient limitées à 8, dont deux étaient toujours en réserve à terre, prêtes à fonctionner en cas de besoin. Voici les marchandises que transportaient ces barcasses en 1906 :

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Du bord à quais : balles de cotonnades, sacs de sucre, barils de sucre, thé, café, riz, semoule, épices, bougie, fer, peaux du buffles, acier, fer-blanc, bière, confiserie, madriers, balles de papier, faïence. Et du quai à bord : amandes, gommes, huiles, laine, cuirs de bœufs, graines en sacs, peaux de chèvres et de moutons.
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"Landing Place,Mogador"lit-on en bas de ce cliché, puis en haut à la main: "Salutations cordiales.Sandillon".Il s'agit de la signature du fameux minotier français établi à Mogador au tout début du 20 ème siècle....Ce nom de famille était devenu un toponyme puisqu'on appelait  "océan Sandillon"la mer jouxtant sa minoterie: un lieu de mémoire, tout un symbole....
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Mogador(Maroc)-Le Port
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Vue de la Douane
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La ville fut grandement favorisée par la fermeture du port d'Agadir, qui se trouvait dans un état de perpétuelle insécurité , et par le traité de 1767 entre Louis xv et le sultan Mohamed III, au terme duquel les marchandises à l'entrée ne devaient payer que 8% de leur valeur, tarif bien moins élevé qu'ailleurs. Ces mesures eurent pour conséquence d'accroître sérieusement l'"interland" du port et de lui amener le trafic des marchandises chères du Sud
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Les navires qui fréquentaient Essaouira étaient de grands bâtiments relativement àl'époque : 125 tonneaux, soit le double de ceux qui fréquentaient Tanger.50% du tonnage et près de 60% du commerce maritime du Maroc transitait par Essaouira.
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Pendant un siècle, de 1765 à 1865? sur les 29000 navires ayant accosté sur les côtes marocaines, 12000 concernaient Essaouira. L'originalité de ce port résidait dans l'ampleur de l'aire maritime desservie : 24 ports étrangers étaient en rapport régulier avec Essaouira, alors que les autres ports marocains étaient limités à une dizaine seulement. La politique de Sidi Mohamed Ben Abdellah a fait que les autres ports ont été mis en sommeil. Essaouira était le Casablanca de l'époque.
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Voici maintenant le récit d'un caravanier de Mogador : Voyage dans le voyage, itinéraire de l’imagination dans le sillage des caravanes, telle en est l’histoire mythique que raconte ce vieux chamelier sur le commerce transsaharien entre Tombouctou et Essaouira au XIXème siècle :histoire,photographie

 Caravanier dans les dunes et sur la plage

« On ramenait du Sahara l’ambre des baleines, du bois de santal, des boules d’or, des œufs de mhar ; parfois on ramenait, semblables à des perles, des œufs de lbia, des porcs-épics. On ramenait des autruches qu’on montait comme des chevaux de fantasia ; tu voyais certains mettre la selle sur le dos de l’autruche et la chevaucher ! (éclat de rire). Il y avait tout dans le Sahara ! Wahli ! (Ô les miens !) ce qu’on ramenait de là-bas ! Il y avait le lion, il y avait le tigre, il y avait l’hyène. On n’appelait pas le dromadaire méhari, on l’appelait « hab-rih » (souffle le vent). Pour parvenir à l’oued Draâ, les caravanes mettaient cinq jours pour les mulets, six jours pour les chameaux.

 On partait d’Essaouira et on passait la première nuit à Ida Guilloul, la deuxième nzala (étape de caravane) était à Tamraght, de-là à Houara et Taroudant enfin à Goulimine. Un jour qu’on allait dans le Souss, on rencontra une vipère au milieu du chemin : elle soufflait la mort sur quiconque voulait passer. Vingt cinq fantassins déchargèrent leurs fusils sur elle. Elle se souleva jusqu’au ciel et tomba devant la porte du lion. En vérité, chez les Houara, dans le Souss, « l’année du rat » (l’année de la peste) tout était couvert de rats ; l’année de la sécheresse et de la famine faisait penser à l’histoire de Joseph, lorsque le Pharaon rêva que sept vaches maigres dévoraient sept vaches grasses et que sept épis grêles engloutissaient sept beaux épis. »

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Arrivée des caravanes par Bab Marrakech

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Mogador, Bab Sbaâ, nouvelle kasbah

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Bab Doukkala

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 Abdelkader Mana

07:14 Écrit par elhajthami dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook