Jour de musique classique à Essaouira
Vendredi 30 avril 2010
Au programme d'aujourd'hui, J.S.BACH, F.CHOPIN, F.LISZT, Maurice RAVEL et Johannes BRAMS: les classiques de la musique classique. Rien de moins.En une seule journée avec des musiciens virtuoses à porter d'oreilles: au source de la musique la plus raffinée qu'à produit l'occident.
Reportage photographique d'Abdelkader Mana
Dés l'heure du petit déjeuner, sur la vitrine du patissier Driss, l'affiche signée Hussein Miloudi, toujours renouvelée à chaque festival de musique classique, attire l'attention par ses couleurs chaudes, ses envolées élyptiques...
Je prends la direction de "Dar Souiri" où se déroule la musique de chambre ce matin à partir de 11 heures: l'entrée est gratuite, ce qui est vraiment un privillège de voir ainsi des virtuoses et des ténors reconnus mondialement sans bourse déliée...Et pour le public assidu commencer une initiation à un art musical raffiné et élitiste.
Sur la place de l'horloge, je rencontre l'écrivain Driss Khouri, un habitué du festival des alizés. Il me dit qu'il est en convalescence depuis qu'il s'est brisé une jambe lors d'une chute, il n'y a pas si longtemps: ce qui l'oblige à se déplacer à l'aide d'une canne qui n'a ainsi rien de diplomatique!
L'auteur de Madinatou Tourab (poussière de ville), n'écrit plus assez souvent dans la presse arabophone comme au temps où on s'est connu tous les deux en tant que journalistes. C'était l'année 1986 où nous avons participé , lui en tant que reporter d'Al Itihad Al Ichtiraki, moi de celui de Maroc-Soir, que dirigeait alors le regretté Abdellatif Bennis, à la visite Royale d'Erfoud. Il me souvient surtout de ce repas pantegruéllique donné au palace de Ouarzazate, où Driss Khouri a failli être englouti sous une montagne de chocolat...
La matinée débute par un Don Quichotte romanesque de Maurice Ravel, interprété merveilleusement par le ténor Belobo et la pianiste Larjarrige...
André Azoulay et ses invitée trés attentifs à l'émotion maîtrisée qui se dégage de toute musique savante
Le public très sélect du festival des alizés. La sélection se fait tout naturellement: le public est à majorité européen dont c'est la culture. Les marocains qui ont une culture participative ne voient pas pourquoi ils resteraient assis sagement tandis que les musiciens se produisent. Pour les marocaions la frontière entre musiciens et public doit être abolie. Ils ne se sentent à l'aise et en fête que lorsqu'ils participent bruyâment à la fête en aplaudissant, en trépignant, en poussant des you-you et des appels au Prophète. Il s'agit pour eux d'une décharge énergitique et biologique, en un mot d'une catharsise. Or là on exige d'eux l'écoute attentive, le silence absolu, le bien se tenir. Conséquence peu de marocains parmi le public: la sélection ne se fait pas ici par l'argent mais par l'habitus culturel.Ici comme ailleurs, le Musée du Louvre et la musique de chambre ne sont pas fréquentés par le premier venu: il faut une éducation particulière de l'ouir et du jouir...
Se laisser transporter par cet Othello incarné, retrouver les émotion primordiales du compositeur d'il y a des lustres: une communion mi-religieuse, mi-mondaine.L'esthétique de la science des harmonie entre notes celestes et transport amoureux...
Dieu seul sait que derrière cette apparente improvisation se cache des années de travail sur la voix et ses possibilités accoustiques; la voix en tant qu'instrument musical. Et puis qu'est ce que la musique si non ce mystère qui nous met au diapason des beautés celestes.
On ne se rend vraiment compte de l'existence d'un langage musical qu'en écoutant les note translucide du piano qui emplii l'espace comme une pluie d'étoiles se deversant sur nos tête depuis la nuit eternelle du cosmos...
On reconnait parmi le public Driss Khouri avec sa canne: il doit certainement faire le lien entre l'écriture musicale et l'écriture toit court: l'harmonie des formes celle-là même qui gouverne les sphères célestes selon les mystiques et les philosophes arabes du Haut Moyen âges et qui fait qu'un poème de Gongora ou d'Abou Tamam sont beau du simple fait que leur musicalité est harmonieuses et plaisante à l'oreille comme le chant d'un merle à l'aube du printemps; le printemps des alizés...
La patience de l'écoute; un art que partagent mélomanes et diplomates: il faut beaucoup de patience et d'écoute attentive pour mieux savourer une sonate; beaucoup de patience et d'écouter pour dénouer les échevaux complexes du monde en tant que jeu d'echec...
Le cercle, l'anneau, l'écoute, l'apprentissage
La passion entre les lignes, les colonnes
L'ovation, l'hommage à la maîtrise musicale et à la passion vocale
L'après midi, nous avons assisté à la soprano Jalila Bennani, accompagnée de la pianisteLajarrige interprétant, l'anamourée de HAHN, la nuit d'étoile de DEBUSSY, Lune d'avril de POULENC...
Bien entendu toutes ces passions musicales ne sont possibles que grâce au mecenat d'entreprise, des banques en particulier et aux sponsors qui déploient à cette occasion leur logo tel des pavillons battus par les vagues et le vent sur un navire d'Essaouira emporté par la houle des vents alizés. Mais sans l'intervention discrète mais certaine d'André Azoulay le bateau de la musique de ce festival comme des autres festivals et autres colloques n'auraient pas jeté l'ancre dans ces rivages ô combien beaux mais ô combien désargentés aussi...
Le soir on passe de la musique de chambre au cancert musical, sous l'immense salle couverte du Méchouar. Au programme MOZART est à l'honneur à partir de 20 heures avec son Figaro et sa flûte enchantée
Reportage photographique d'Abdelkader Mana, du vendredi 30 avril 2010