09/05/2012
Brouillard maritime
Reportage photographique d'Abdelkader MANA
09:48 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : photographie, poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
26/04/2012
Le conteur de Marrakech
Le conteur de la Koutoubia
Le comédien Mustapha Khalili
Loin des bruits de Jamaâ Lafna, sous la paix et le silence de la Koutoubia, le conteur. Son public l’entour, comme les cils entourent les yeux. Au loin, les palmiers , les montagnes enneigées, le ciel bleu. La plaine lune scintille au milieu du jour. Ba-Miloud peut commencer :
- Quand le Calife du temps embrassa la terre pour la remercier des bienfaits qu’elle prodigue aux hommes, les maudits se taisent ! …Vous vous souvenez de ce passage ?
- Recommence depuis le début lui crie-t-on dans le public.
- Si le mensonge était une preuve, la vérité est plus salutaire…
Une meute de chiens aboie, un âne braie interrompant la narration.
- Voici l’âne, voici les chiens, il ne manque plus que le coq !...
Il y a constamment un va et vient entre le récit du conte et le commentaire de ce qui se passe tout autour.Ici, c’est le muezzin qui interrompt le conte par sa prière.Le conteur, c’est celui qui parcourt une géographie imaginaire, qui relate l’histoire des royaumes disparus, ou qui n’ont jamais existé. Le livre jaune reste un mort parmi les morts, s’il ne trouve pas de conteur professionnel qui peut le ranimer en donnant aux chevaux en cavalcade des sabots d’or :
- Je ne lis pas, j’improvise avec mon propre style.Je dialectise l’arabe classique pour me aire comprendre des illettrés. Ce sont pour la plupart des artisans qui ont laissé leurs ouvrages au marché de la crié avant de me rejoindre. Je n’apprends pas par cœur :la parole est infinie, il n’est pas facile de la parcourir. Jamais huit tomes ne peuvent être racontés par une seule bouche. A moins d’être un Ibn Khaldoun. Chaque soir, je rapporte un épisode d’une légende qui peut durer plusieurs mois :j’exerce comme conteur depuis 1958 . Lorsque tu dis : « Ce conteur est mort », c’est la fin du conte :il en surgit un autre du milieu de la place…
Une autre mémoire se substitue au néant. Cette durée de l’imaginaire n’existe que par la voix du conteur. Le conte est constamment recréé par la communauté de l’espace imaginaire, qui est d’ici et de nul part. La « Sira », c’est le temps à la fois figé et éternel du conte. C’est un voyage suspendu au souffle du conteur, qui transporte les auditeurs en dehors d’ici et d’eux-mêmes. Le conte se situe dans une durée rituelle entre deux prières : La « Sira » de l’étoile polaire et celle de Saladin. Abdelkader Mana
Article paru à Téléplus, n°13, Mars 1991
Repris in Cahiers d’études Maghrébines N° 15, 2001, p143-145, Cologne.
Sur scène le comédien Mustapha Khalili donnant la réplique au dramathurge TAYEB SADDIKI
13:25 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
15/02/2012
D'or et de sang
Moubarak Erraji et Abdelkader Mana, Essaouira, le mardi 14 février 2012
Chaînes (salasil)
Quelle expédition sanglante
A traversé la chaînette d’or,
Pour parvenir jusqu’à ton cou, ô ma belle ? !
Ce collier d’or a pour ombre
Des squelettes enchaînés quelque part
Ton cou est une feuille épanouie du livre de la nature
Ton cou est plus précieux pour être un simple accoudoir
Pour les accessoires de la mort
Dans un cimetière inconnu
Débarrasses-toi de cette fourrure d’ours également
Ne vois-tu pas son sang dégouliner sur tes chaussures ?
Quelle faute a commit ce pauvre écureuil
Pour devenir une simple écharpe sur tes épaules ?
Imagines-le en ce moment-même
Faisant sa cour à sa bien aimée
Au sommet des montagnes ?
Ton manteau de cuire, ton sac , tes chaussures,tes gans
Combien j’appréhende de te dénuder complètement
Même si cela est une exigence esthétique de la beauté,
D’une peinture, d’une sculpture, d’un poème.
Du frémissement d’une vie libre
O ma belle, je ne veux pas du sang laissé par tes pas
Mais seulement de celui qui émane d’un cœur amoureux
Epris de toi jusqu’aux limites de la folie….
Poème de Moubarak Erraji, traduit de l'arabe par Abdelkader Mana
14:06 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook