04/02/2010
Dérives au pays de l'arganier
Avant propos
Par Abdelkader M A N A
Avec le jour qui point, les gnaoua disent pour annoncer la fin de leur rituel nocturne de la lila : « Ban Dou » (la lumière est apparue).Et au moment de terminer ce livre,je me suis souvenu de cette nuit où une chikhate chantait :
Ton œil, mon œil
Enlace-la pour qu’elle t’enlace
L’aurore me fait signe
Le bien-aimé craint la séparation.
J ’ai J ai eu alors,le déclic de changer le titre initial de « Sociétés sans horloge », qui me semblait trop ethnologique, inutilement académique et quelque peu ambiguë, en choisissant finalement l’aurore me fait signe, qui correspond mieux à ma démarche ethno-poétique, qui s’apparente davantage à une « quête » qu’à une enquête. J’écrivais ainsi dans mon journal de route, du vendredi 22 mars 1984 :
Il fait encore sombre. Les baluchons et les peaux brûlées trahissent l’origine paysanne des voyageurs : « Vas-y pour changer d’air ; la forêt est le poumon de la ville ; elle réactivera en toi la joie de vivre et d’écrire ». Me dit mon père.
La route file droit devant nous ; vers l’Afrique ancienne, vers le Maroc de l’aube. Je cherche des idées neuves qui surgissent de ma pensée comme l’herbe fraîche au milieu de la rosée. Je me surprends à la recherche d’une langue inexistante pour échapper au « français ». Comment décrire ces envolées éliptiques d’une multitude de goélands qui déchirent un brouillard azuré au-dessus d’une plage déserte ? Mais je ne trouve pareil aux pierres, que des mots tellement usés...Mon âme est emmurée dans de vieux concepts, mon âme cherche une issue...Dés ma naissance ma langue m’était volée...Il faut tout recommencer, tout repenser...La dérive au pays des Regraga est une issue bénie...
Tout ce livre à pour démarche , la « dérive » : dérive vers le cap Sim, dérive vers le piton rocheux d’El Jazouli, dérive vers les rivages de pourpre en quête de cet aurore glorifié par Ben Sghir dans sa qasida de Lafjar (aurore) :
Vois le ciel au-dessus de la terre, source de lumière
Les habitants de la terre ne peuvent l’atteindre
Guerre des hommes, ô toi qui dort,
Vois le mouvement des astres
Ils ont éclairé de leur lumière éclatante, les ignorants.
Dé Derive enfin, vers ces couleurs que prend l’âme, à l’approche des énergies telleriques de la montagne, vers cette galaxie, où chaque peintre est un univers... Il est pourtant loin le temps où les femmes venaient se débarrasser du mauvais sort, recueillir au nouvel an, les sept vagues de l’aube....
Peut-être, en effectuant moi-même « le pèlerinage du pauvre » chez les Regraga, je ne faisais qu’emprunter la voie de mes propres ancêtres ? C’est cette dimension affective du temps qui resurgit de l’oubli, cette déflagration du souvenir, qui donnait sa dimension mystique à mon équipée. Mais déjà le centre solaire doré du mythe dérive avec ses pieds calleux et ses haillons dans la linéarité irréversible de l’histoire.
Casablanca,la nuit du destin 27 ramadan 1429 /Dimanche 28 septembre 2008
P.S. Comme il ne s’agit pas d’un recueil de poésie, mais d’un parcours à travers le Sud profond, « un parcours du dedans », il fallait contextualiser en sous-titre, avec « le pays de l’arganier »,l’arbre fétiche qui caractérise tout le Sud-Ouest marocain. L’arganier serait le dernier survivant de la famille des Spotacé répondu au Maroc à l’ère tertiaire à la faveur d’un climat chaud et tempéré. Ce qui en fait un véritable arbre fossile. C’est le seul arbre qui pousse tout seul !
Décrit pour la première fois en 1219, l’arganier porte le nom latin d’argania spinosa (l’arbre aux épines). Son nom vernaculaire est argan, appellation qui s’applique au fruit et à l’arbre. Arbre de très grande taille à tronc court et tourmenté, écorce en « peau de serpent », ramification dense, rameaux souvent épineux, feuilles subpersistantes. Ses racines peuvent être très profondes, ce qui lui confère des qualités de résistance à la sécheresse. On ne lui connait pas de maladie, et il pourrait vivre jusqu’à 250 ans.
11:26 Écrit par elhajthami dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
03/01/2010
Le pointillisme d'Oulamine
Abdellah Oulamine
Le peintre du sable
Par Andelkader Mana
Au début des années 1980, à Essaouira, Oulamine faisait partie du « groupe Kawki », un groupe informel, de réflexion sur les arts plastiques, qui ne tarda pas à se disperser, faute de cadre institutionnel approprié. Cette première initiation à la peinture, Oulamine la compléta par de nombreux voyages, qui lui permirent de découvrir de nouvelles façons de peindre.
Il pratiqua d'abord, un pointillisme figuratif, inspiré de scènes insolites du bord de mer d'Essaouira et de l'architecture ocre des « kasbahs » du Sud. Le sablier du peintre immobilise des moments uniques - le saut d'un poisson en dehors de l'eau, la rumination d'une vache sur le sable, un plat de noyer magique sous un astre noir - et dépeint des situations à la fois étranges et poétiques, grains de sable, grains de peau, corpuscule de lumière cendrée, molécule d'air et d'eau. Le paysage est reconstitué à partir de ses composantes élémentaires ; plus on ajoute de nouvelles couches de petits points, plus il y a possibilité de combiner lumière et ombre, et de ce jeu se dégagent de nouvelles formes. Oulamine passe parfois des heures à remplir un petit espace de points et de formes minuscules. Avec une pareille technique, il ne peut pas réaliser de grands formats. Ses toiles, sont à l'image d'Essaouira, qui est elle - même une jolie miniature.
Ces dernières années, Oulamine pratique un art plutôt symbolique. Sur fond d'harmonie géométrique, il combine aux points des signes et des symboles magiques, des bijoux et des tapis berbères. Le contenu cosmologique s'y combine aux formes cosmiques. Oulamine commence par un point et termine par un autre, parce que la vie elle - même commence par la poussière et finit dans la poussière. Il a donc voulu juste nous montrer qu'il n'y a pas de différence entre l'infiniment petit, ici un point, et l'infiniment grand, qu'il représente par une forme sphérique : l'atome est aussi complexe que la galaxie.
Cinq années après la parution de cet article dans « Artistes d'Essaouira », notre regretté maître, Georges Lapassade, lui consacrait un autre article (dans « Traces du présent », numéro 2/3 paru en 1994). Il s'agissait là aussi de « poussières », mais comme symbole de la mort. Georges dont l'activité vitale et spirituelle se réduisait presque exclusivement à l'écriture, avait une conscience aigue de la mort qui peut à tout moment mettre fin à son activité d'écriture :
« Occupés par nos activités de tous les jours, écrivait - il, nous vivons dans l'oubli des origines et nous restons ainsi endormis. Oulamine nous réveille de ce sommeil en nous rappelant à sa manière combien ce monde où nous vivons est précaire et fait de poussière. Il peut à chaque instant retourner au néant d'où il est issu. C'est en tout cas, ainsi que j'ai interprété la succession de quelques unes de ses toiles, en les regardant comme les moments successifs d'une cosmologie, le jour où, pénétrant dans son atelier, j'en ai fait le tour.
Il y avait d'abord un ovale blanc qui m'a semblé représenter la vie encore enveloppée d'où - 2ème toile - s'envolaient des mouettes : une première messagère de la vie sur la terre. Venait ensuite une gerbe de lumière jaillissant sur une toile comme l'écume d'une vague vient exploser dans la lumière du soleil. La répétition joyeuse de cet hymne à la vie était soudain interrompue par un cataclysme. Cette nouvelle explosion de feu n'était plus celle de la vie , mais, au contraire, sa conflagration.
Les âmes mortes des mouettes courant vers le néant d'une apocalypse. Cette fin d'un monde était figurée par une boule de feu, bientôt transformée en une fumée d'un noir intense. Puis c'était le gris des cendres juste avant l'émergence d'un grand soleil mort, un bloc blanc et glacé errant dans la nuit du cosmos.
Il m'a semblé, ce jour - là que le pointillisme d'Oulamine trouvait ici sa pleine justification. Loin de consister en une simple technique d'école, il convenait au rappel angoissé de ce que nous avons oublié, que ce monde n'est qu'un fragile agrégat de poussière et de sable dont la consistance reste précaire. Un conflagration possible à chaque instant, peut le désintégrer et détruire à jamais la vie.
Cette lecture « apocalyptique » d'une œuvre dont la disposition, dans cet atelier , qui n'était peut - être pas due au hasard, était probablement subjective. Mais comment faire autrement ? Notre rapport visuel au monde qui nous entoure et nous fait signe est toujours dialogue avec ce monde. D'autres, très certainement, trouveront dans l'œuvre d'Oulamine des enseignements différents ».
"Non loin du rêve, les sujets prennent vie du côté intérieur de l'être tandis que la réalité s'y reflète, dissimulée derrière les voiles de l'imaginaire...Non loin de la théâtralité, le dialogue entre l'imaginaire et le réel se pare d'une réflexion sur notre perception de l'existence humaine et de la réalité"
L'artiste plasticien dont il s'agit est l'ex prisonnier politique, Saïd Hajji qui faisait partie avec Oulamine entre autres, du groupe "Kawki" auquel Georges avait alors apporté un appui très actif, par des écrits sur leurs œuvres, lors du premier festival d'Essaouira "la musique d'abord"(1980-81). Ce fut un moment essentiel qui marque la naissance de tout un mouvement culturel où s'inscrit ce groupe de peintres mais aussi les recherches ethnographiques sur Essaouira et sa région. Pour Georges Lapassade, le mouvement pictural des artistes singuliers d'Essaouira n'était en fait, qu'une « bombe à retardement » née de la peinture psychédélique qu'a connu la ville avec le mouvement hippie dix ans plus tôt au début des années soixante dix.
Maintenant Oulamine met davantage en avant son activité d'antiquaire du côté de la place de l'horloge, dont il nous dit que « si ce village est bleu et ses remparts ocres , les chiffres romains de son horloge en panne sont noirs ». Mais il n'en continue pas moins d'être l'artiste qu'il a toujours été. Il nous surprend en ce tout début de l'année 2010, en nous tendant un cahier d'écolier où il a griffonné au grès du temps qui passe des poésies méditatives qu'il a composé pour meubler les silences par les mots comme il se plaisait à faire surgir du néant un monde imaginaire en procédant par pointillisme. Une poésie qui évoque en pointillé sa propre peinture, dont elle est en quelques sortes le miroir :
Terrasses
La médina a poussé de quelques mètres verticalement.
Les mouettes y ont trouvé refuge et y pondent leurs œufs.
Jadis elles le faisaient uniquement au large sur l'île
Ou sur les rochers inaccessibles aux ramasseurs de crabes
Et aux enfants qui pêchent les petits poissons
Appelés bouri ou gaougaou.
La médina a poussé aussi horizontalement
Mais c'est comme si elle ne l'avait pas fait
Puisque les mouettes la fuient
Et les chattes n'y font pas leurs petits.
Seuls ceux qui n'ont rien compris y aménagent
Et la prennent comme foyer.
Massacre
L'homme de ce pays , quel pêché lui reste - t - il à commettre ?
Quelle vie lui reste - t - il à anéantir ?
Où est la faune d'autrefois ? Où est le putois ?
Où est le lion de l'Atlas ?
A part l'âne, les rats, les chiens et les chats, je ne vois pas.
Le scorpion est enfermé dans la résine,
La femme est devenue gazelle.
La tortue qui rythmait les notes dans son espace
Aujourd'hui participe à la fausse note, devenue carcasse.
D'autres animaux, au lieu de courir dans la nature,
Ornent les murs des palaces.
Seuls quelques migrateurs échappent au massacre
Et le chacal tire encore le fiacre.
M'STAFA
Salut à toi, sage parmi les personnages !
Que tu sois là-haut dans les cieux
Ou là-bas dans le cimetière au fond de la terre, chante
Et fait danser kharboucha tout au long de la kasbah.
Distribue ton sourire et ta sagesse
A tous ceux qui séjournent
Ainsi qu'aux fidèles noctambules.
Où que tu sois, prince de Mogador,
Je te souhaite le paradis ainsi qu'à tous tes semblables.
Aujourd'hui que tout t'es égal,
C'est à mon tour de te demander :
« Entre la lune et les étoiles combien y-a-t-il d'intervalles ? »
Le vert
La couleur verte n'est pas morte, elle ne mourra jamais,
Je l'ai vu ressurgir après chaque pluie.
La terre est verte, l'émeraude, le jade le sont aussi.
Tout le monde se laisse emporté par sabeauté,
La verdure n'est autre que la vie.
Toi aux cheveux noirs tu resteras exclu
De toutes les sensibilités, tu mourras
Sans avoir goûter au brai sens de la vie.
Pour nous tous, chaque feuille verte est trésor renouvelé.
Tous les textes sacrés on en parlé,
Qu'elle soit ici sur la Terre ou dans le paradis.
Le berger
Comme la pluie est le lien entre le ciel et la terre,
L'eau des lacs est le miroir des étoiles (y compris Jupiter).
Les montagnes s'élèvent pour accueillir les gouttes messagères
Chaque goûte qui tombe porte en elle une vie particulière
Le berger a bien compris le message depuis des millénaires :
Il joue sa musique tout le long des rivières
Pour maintenir en harmonie ce dialogue entre le ciel et la terre
Gardant l'œil sur la chèvre qui danse sur les branches
Avec une joie singulière.
Un autre jour
Que je sois la montagne et toi le volcan
Que je sois le feu et toi la flamme
Que je sois l'eau et toi son âme
Que je sois le père et toi l'enfant
Que je sois la parole et toi le son
Que je sois le sourd et toi le muet
Que je sois la musique et toi le rythme
Je sais que demain ne sera jamais le même.
Le voyage
Chaque naissance est un nouveau départ
Pour un nouveau long voyage
Les sentiers se croisent et se recroisent
Tout le long de la ruée vers je ne sais quels rivages
En plein vacarme les cris de joie et de détresse
Se mélangent avec le bruit des orages
Toute chose vivante empreinte le chemin quelle aura choisi
Avec ou sans bagage .
Quelque soit son âge l'homme ne maîtrise en réalité
Que trop de bavardages
Bien sûr le voyage continue après la mort
En silence terrible et discrètement sage.
Abdellah Oulamine, et son chat dans son magazin d'antiquaire place de l'horloge
Muré dans un silence « terrible et sage », Oulamine n'en continue pas moins d'observer les contradictions qui minent une ville où « les choses ne tournent pas comme on souhaite » :
« Le vent souffle du nord, mais les gens l'attribuent au sud »
Et de conclure avec le Mejdoub qu' « il faut se rappeler que cette cité, si belle, si bleue et noire, sera noyée tôt ou tard comme l'a prédit un lucide vieillard »
Entouré de vieux tapis, de mobiliers du haut Atlas et de bijoux berbères, il compare l'inconstance de l'homme au comportement trempe l'œil du caméléon et observe méditatif que « seul l'or se montre toujours tel qu'il est : il n'a rien à cacher à personne quel qu'il soit le lieu. C'est ce qui fait attirer sur lui tous les regards ». Il a parfois envie de fuir loin de cette ville où tous les rêves se brisent violemment au pied des murailles , symbole par excellence de l'embargo eternel. » Ce qui lui donne parfois l'envie de sauter par-dessus ces murailles de l'enfermement pour s'en aller ailleurs, « en haut des cimes de l'Atlas ».
Abdelkader Mana
17:14 Écrit par elhajthami dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts, poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
31/12/2009
La printanière
La procession printanière
Qasida du genre Malhûne de Mohamed Ben Sghir
L'arrivée des Regraga à Essaouira, Roman Lazarev
Nous nous empressons par petits groupes à accueillir les Regraga
Leur procession printanière arrive déjà à Essaouira
Les larmes de joie scintillent les regards,
Une nouvelle aube éblouissante traverse de part en part.les horizons
Vois scintiller au firmament,le divin soleil
Il a jeté son filet de lumière sur chaque pétale de fleur
Vois perler à l'ombre, la rosée sur chaque fleur et chaque feuillage
Vois la nature se pavanant, saupoudrée d'or
De perles de diamants, d'émeraude et d'or
On dirait des guirlandes suspendues aux feuillages des arbres
La danse colorée, équarquille les regards
La danse colorée chavire la raison de stupéfactions
Feuillage doré, perlé des dernières gouttelettes de pluie
Qui aurait vu ainsi le soleil mêlé de pluie au milieu des jardins en fleurs
En averse comme en éclaircie, l'eau transparente illumine l'univers
Le revoilà le beau seigneur sur sa jument blanche,
Jetant sur la ville,du haut du promontoire d'Azelf ,son regard et ses prières
Parmi tant de récitants du dhikr et de danseurs de l'extase
C'est sur moi qu'il a jeté finalement son dévolu
Il m'a pris sur sa monture et ensemble
Nous frayâmes la foule des pèlerins tourneurs du printemps
De sa propre main, il m'accorda offrande de dattes et de lait
Il m'asseya sur son tapis de prière et me recouvrit de son haïk de lumière.
Cependant qu'autour de nous les gens ne cessent de tomber en transe
Cependant que je ne cesse de sangloter d'extase, de regret et de repentir.
Roman Lazarev
Voici que se dissipe l'ondée dont s'abreuvent d'innombrables créatures
Voici l'éclaircie du soleil jaunissant qui a du mal à nous quitter
Mon compagnon me dit :
« Pauvre astre, qui nous adresse ses adieux, par sa chevelure dorée
Ses amours sont pure perte, en ceux qui ne les méritent pas. »
Les fantassins faisant exploser leur baroud lors de l'arrivée des Regraga. R. LAZAREV
La terre est maintenant une trame de couleurs étonnantes
Eblouissement des sens où errent les poètes
Comment l'eau incolore donne -t- elle des fleurs multicolores ?
Le bleu, le blanc, le jaune, le rouge et tant d'autres indicibles colorations
L'eau incolore, donne pourtant des fleurs de toues les couleurs :
Comment reverdit - elle les plantations ?
Comment alourdit - t - elle de fruits les branchages ?
De grappes d'abricots et de raisins gorgées d'eau,
De poires et de pommes déjà mûres,
De grenades perlées, de juteuses oranges...
Peut-on me dire d'où viennent tous ces éblouissants fruits de la terre ?
L'arrivée des Regraga à Essaouira
Traduction: Abdelkader Mana
00:32 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèsie, pèlerinages circulaires en méditerranée | | del.icio.us | | Digg | Facebook