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05/02/2010

Le nouvel an musulman

Le nouvel an musulman[i]

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Carnaval masqué au pays Haha

Le nouvel an musulman donne lieu à un carnaval masqué connu dans les vieilles cités marocaines du nom de Herma(le porteur de peau de mouton). Mais dans les campagnes ce carnaval masqué a surtout lieu lors de la fête du sacrifice et il est connu au Haut Atlas sous le nom de Bilmawn, comme dans ce reportage photographique réalisé par Abdelmajid Mana, lors d'une ballade à la vallée d'Assif Ou Aziz (littéralement la rivière des amoureux) en haut pays Haha. Reportage photographique réalisé le 1er décembre 2009

Selon les données de 1986, quelques 850 millions de musulmans à travers le monde célèbreront ce samedi le nouvel an islamique

(Actuellement, en 2009, les musulmans représentent près du quart de la population de la planète, soit 1,57 milliard de personnes dont  près des deux-tiers vivent en Asie).

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Une fête qui commémore le départ de la Mecque vers Médine du Prophète Mohammed ; contraint à l'exil par ses adversaires polythéistes. La fête de l'hégire qui signifie « émigration », marque le début de l'ère islamique. Ce samedi 6 septembre 1986, les musulmans rentreront dans l'année 1407. C'était l'année où cet article était paru à Maroc Soir . Mais cette année le premier jour du mois de Moharrem 1431, correspondra au vendredi 18 décembre 2009.Je suis en ce moment à Essaouira et j'entend en bas de chez moi les enfants jouer des tamboura en ce mois de décembre 2009 exactement comme ce fut le cas en 1986...

Déjà dans la médina de Casablanca, comme dans tout le reste du Royaume, on vend les tambourins- taârija et goubbahi. Pout Marcel Mauss, la notion d'art est intimement liée à la notion de rythme : »Dés qu'apparait le rythme, l'art apparaît. Socialement et individuellement, l'homme est un animal rythmique ».

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Pertinence du propos de Mauss, aujourd'hui même, veille du jour de l'an musulman, et déjà dans les rues de la médina de Casablanca, avec les enfants, le rythme de la dakka s'est installé. C'est le rythme à l'état pur.

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La dakka se déroule généralement du crépuscule jusqu'à minuit. Le mot dakka provient de la racine « frapper ». Les hommes frappent des tambourins nommés goubbahi ; cet instrument de percussion dont la base est faite d'une membrane de peau de bouc dite maâzi, est également utilisée en montagne pour rythmer les danses berbères. Quant aux femmes, elles frappent plutôt des tambourines, taârija, de taille plus petites et richement décorées de motifs magiques semblables à ceux qu'on trouve dans la tapisserie ou sur la main de la mariée : le fameux zouak au henné.

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La tradition orale rapporte que ce tapage nocturne de la dakka, se perpétue depuis le roulement de tam-tam que faisaient les païens au moment de mettre le prophète Abraham au bûcher, on rapporte également que lorsque le prophète Mohammed, fuyait sa tribu païenne de Qoraïch, les habitants de Médine l'accueillirent triomphalement au son de nombreux tambourins avec le fameux chant qui commence ainsi :

La plaine lune nous est advenue

En signe d'alliance et de fidélité.

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Dans les deux cas la violence de la dakka célèbre un passage difficile du polythéisme au monothéisme se terminant par la victoire de ce dernier. La fête dure du 1er Moharram jusqu'à la veille du 10 Moharram où elle se termine en apothéose avec la nuit de l'Achoura.

 

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Il s'agit bien d'un rite de passage d'une année à l'autre. Or, pour Van Gennep :

« Les cérémonies de passage humain se rapportent au passage cosmique. Qu'elles soient d'un mois à l'autre(cérémonie de pleine lune comme en Islam) ou d'une saison à l'autre lié au calendrier solaire et agraire ».

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La fête de l'achoura est à la fois sacrée et profane, associant la mort de l'année écoulée à la naissance de l'année qui vienne et que symbolise le rite du feux associé au rite de pluie : dans le feu c'est l'année écoulée qui se consume et le rite de l'eau vise à assurer de meilleurs récoltes pour la nouvelle année.

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En effet, du fait que les femmes et les enfants s'aspergent les uns les autres, nous incite à voir dans cette pratique l'imitation au sens magique d'un phénomène favorable à l'homme, ici en particulier à la perpétuation de la vie.

 

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La nuit de l'achoura, la tradition dit, qu'il faut manger jusqu'à complet rassasiement, faute de quoi, on se voit obligé de manger les pavés de l'enfer pour remplir son estomacs. Le repas du soir est souvent composé de la viande séchée et boucanée : le gueddid , qui provient de l'agneau de la fête du sacrifice ; font également partie du menu, les dattes, les figues, les noix, les gâteaux et les raisins secs. (Nous reviendrons ultérieurement sur le caractère carnavalesque de l'achoura).

Abdelkader Mana

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[i] Article paru dans Maroc - Soir du vendredi 5 septembre 1986.



17:07 Écrit par elhajthami dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

04/02/2010

Dérives au pays de l'arganier

Avant propos

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Par Abdelkader M A N A


Avec le jour qui point, les gnaoua disent pour annoncer la fin de leur rituel nocturne de la lila : « Ban Dou » (la lumière est apparue).Et au moment de terminer ce livre,je me suis souvenu de cette nuit où une chikhate chantait :

Ton œil, mon œil

Enlace-la pour qu’elle t’enlace

L’aurore me fait signe

Le bien-aimé craint la séparation.

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Hameau Neknafa en pays Haha(Ph.A.Mana)

J ’ai                  J ai eu alors,le déclic de changer le titre initial de « Sociétés sans horloge », qui me semblait trop ethnologique, inutilement académique et quelque peu ambiguë, en choisissant finalement l’aurore me fait signe, qui correspond mieux à ma démarche ethno-poétique, qui s’apparente davantage à une « quête » qu’à une enquête. J’écrivais ainsi dans mon journal de route, du vendredi 22 mars 1984 :


Il fait encore sombre. Les baluchons et les peaux brûlées trahissent l’origine paysanne des voyageurs : « Vas-y pour changer d’air ; la forêt est le poumon de la ville ; elle réactivera en toi la joie de vivre et d’écrire ». Me dit mon père.

 

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"Lalla âbouch" en Neknafa: l'arganier sacré du pays Haha

La route file droit devant nous ; vers l’Afrique ancienne, vers le Maroc de l’aube. Je cherche des idées neuves qui surgissent de ma pensée comme l’herbe fraîche au milieu de la rosée. Je me surprends à la recherche d’une langue inexistante pour échapper au « français ». Comment décrire ces envolées éliptiques d’une multitude de goélands qui déchirent un brouillard azuré au-dessus d’une plage déserte ? Mais je ne trouve pareil aux pierres, que des mots tellement usés...Mon âme est emmurée dans de vieux concepts, mon âme cherche une issue...Dés ma naissance ma langue m’était volée...Il faut tout recommencer, tout repenser...La dérive au pays des Regraga est une issue bénie...

Tout ce livre à pour démarche , la « dérive » : dérive vers le cap Sim, dérive vers le piton rocheux d’El Jazouli, dérive vers les rivages de pourpre en quête de cet aurore glorifié par Ben Sghir dans sa qasida de Lafjar (aurore) :


Vois le ciel au-dessus de la terre, source de lumière

Les habitants de la terre ne peuvent l’atteindre

Guerre des hommes, ô toi qui dort,

Vois le mouvement des astres

Ils ont éclairé de leur lumière éclatante, les ignorants.


Dé                    Derive enfin, vers ces  couleurs que prend l’âme, à l’approche des énergies telleriques de la montagne, vers cette galaxie, où chaque peintre est un univers... Il est pourtant loin le temps où les femmes venaient se débarrasser du mauvais sort, recueillir au nouvel an, les sept vagues de l’aube....


Peut-être, en effectuant moi-même « le pèlerinage du pauvre » chez les Regraga, je ne faisais qu’emprunter la voie de mes propres ancêtres ? C’est cette dimension affective du temps qui resurgit de l’oubli, cette déflagration du souvenir, qui donnait sa dimension mystique à mon équipée. Mais déjà le centre solaire doré du mythe dérive avec ses pieds calleux et ses haillons dans la linéarité irréversible de l’histoire.


Casablanca,la nuit du destin 27 ramadan 1429 /Dimanche 28 septembre 2008



P.S. Comme il ne s’agit pas d’un recueil de poésie, mais d’un parcours à travers le Sud profond, « un parcours du dedans », il fallait contextualiser en sous-titre, avec « le pays de l’arganier »,l’arbre fétiche qui caractérise tout le Sud-Ouest marocain. L’arganier serait le dernier survivant de la famille des Spotacé répondu au Maroc à l’ère tertiaire à la faveur d’un climat chaud et tempéré. Ce qui en fait un véritable arbre fossile. C’est le seul arbre qui pousse tout seul !

 

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Décrit pour la première fois en 1219, l’arganier porte le nom latin d’argania spinosa (l’arbre aux épines). Son nom vernaculaire est argan, appellation qui s’applique au fruit et à l’arbre. Arbre de très grande taille à tronc court et tourmenté, écorce en « peau de serpent », ramification dense, rameaux souvent épineux, feuilles subpersistantes. Ses racines peuvent être très profondes, ce qui lui confère des qualités de résistance à la sécheresse. On ne lui connait pas de maladie, et il pourrait vivre jusqu’à 250 ans.

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11:26 Écrit par elhajthami dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poèsie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook