(_http://www.paperblog.fr ) ABDELKADER MANA statistiques du blog google analytic https://www.atinternet-solutions.com.

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/04/2010

Les Regraga revisités (2ème partie)

Les Regraga revisités

Deuxième partie

_22_00005.jpg

Abdelkader Mana

DSC09477.JPG

Après la distribution des offrandes, départ de l'étape de Merzoug ver Lalla Beit Allah

DSC09478.JPG

J'aperçois l'ecuyer de la taïfa et je cours après lui pour le rattraper.

DSC09479.JPG

Le départ de la « fiancée » précède toujours celui de la khaïma. J’ai entraperçu furtivement à la sortie de Merzoug  la jument blanche guidée par l’écuyer de la taïfa. C’est le signale du départ vers une nouvelle étape.

DSC09480.JPG

Abdelhaq, le jeune Moqadem de la taïfa  qui a remplacé son père m’a très bien accueilli. Je vais l’accompagner jusqu’à la prochaine étape de lalla Beit Allah. Quant à mes affaires, je les ai laissées aux gens de la khaïma.

DSC09481.JPG

Je cours après la taïfa et son moqadem sur sa jument blanche

DSC09483.JPG

Le moqadem de la taïfa en prince d'andalousie....Abdelhaq, le jeune moqadem de la taïfa, qui a remplacé son père Ahmed, m'a trés bien accueilli.Je vais continuer sur ce pas jusqu'à Lalla Beit Allah.

En avant toutes vers la nouvelle étape

DSC09498.JPG

Bénit soit le printemps traversé par la fiancée de l'eau!

DSC09491.JPG
DSC09493.JPG
Le jeune Moqadem demande à la taïfa de continuer sans lui et attends en contrebas du puits qu’on lui apporte à boire.
Je demande à boire à mon tour :

- L’eau est-elle bonne ?

- Bien sûre, me dit-on, c’est une eau bénie par les chorfa et leur barouk.

Je montre les images prises à celui qui me donne à boire :

- Ceci est l’ombre de la jument blanche.

- Les images sont belles me dit-il.

DSC09496.JPG

 

DSC09499.JPG

Longue est la route du daour

DSC09500.JPG

Bénis sont les champs traversés par les Regraga. La taïfa estr déjà loin et je peine à la rattrapper.Derrière, il n'y a plus rien.Ils laissent derrière eux le vide absolu.Et le printemps. Et devant eux Lalla Beit Allah.La prochaine étape. Ils disent que juste après leur passage, considéré comme une bénédiction des champs, on commence les moissons.Et effectivement, onb voit que les champs sont déjà mûrs avec de lourds épis.

DSC09501.JPG
Tandis que je visionne au bord du puits mon journal de route en images ; ils sont déjà très loin. Derrière, c’est le vide : il n’y a plus rien. Ils laissent derrière eux, le vide absolu. Et le printemps. Et devant eux ; lalla Beit Allah ; la prochaine étape. Il faut que j’aie le courage de les rattraper pour prendre quelques belles images. Ils sont déjà si loin et moi, loin derrière en train de courir au milieu des champs de blé. Ils disent que juste après le passage de la fiancée de l’eau et des gens de la caverne, on commence à moissonner. Et effectivement, je vois que les champs de blé sont déjà mûrs avec de lourds épis.

DSC09502.JPG

DSC09506.JPG
Une jeune fille est arrivée au travers champs, avec d’autres femmes de sa famille et a remis à la fiancée de l’eau une bougie et s’est faufilée en dessous du ventre de la jument blanche : on pense que c’est un rite de passage pour pouvoir se marier l’année en cours.C’est une jeune nubile qui a besoin d’un mari.
DSC09503.JPG
DSC09504.JPG
Un peu plus loin un autre groupe de femmes attendent l’arrivée de la fiancée de l’eau sous un arganier verdissant.

DSC09508.JPG

DSC09510.JPG
Une jeune maman présente son bébé à bénir par la fiancée de l’eau. On a l’impression d’une scène biblique : la bénédiction de la naissance d’un bébé, comme ce fut le cas pour Jésus fils de Marie.
DSC09514.JPG
DSC09516.JPG
Alors que je cours derrière la taïfa, j’ai raté son passage sous un gigantesque figuier sacré. Et brusquement, derrière moi, j’entends :

- Ah, Si Abdelkader !

En me retournant, je reconnais sur son mulet, le sympathique Moqadem de Talmest qui vient de nous rattraper. Il fait partie des survivants de l’ancienne génération des Moqadem de la Khaïma. Je lui prends une photo même à contre jour. C’est un ami, un très ancien ami. Je viens de recevoir un message, mais je suis hors zone, hors du monde, hors d’atteinte : lors de ma première visite aux Regraga en 1984, il n’y avait ni portable, ni appareil photo numérique. On est en train de construire une route pour désenclaver cette région. Mais nous marchons si heureux maintenant par les sentiers muletiers. J’ai du mal à suivre, puisque même un vieillard me concurrence sur cette voie.Avec son mulet le Moqadem de Talmest n’est pas resté derrière la taïfa ; il les a devancé, pour partir plus loin, ailleurs. En tous les cas ne pas aller derrière eux, ne pas être avec eux, parce qu’il fait partie du clan adverse de la khaïma.

DSC09517.JPG
DSC09518.JPG
Sur le sillage de leur trajectoire ; les Regraga dessinent sur l’espace géographique des Chiadma deux énormes roues qui semblent reproduire une constellation cosmique sur la terre. Ce n’est peut-être pas un hasard si l’une des tribus s’appelle justement  Njoum : les étoiles.La première roue se fait dans le Sahel (côte) et suit le mouvement apparent du soleil (Est-Ouest). La seconde roue se fait dans la Kabla (continent) et suit le mouvement inverse. Elle est placée sous le patronage de Lalla Beit Allah pour laquelle l’invisible aurait bâti un temple à douze piliers au sommet du mont Sakyat et dont la coupole rappelle étrangement le sein fécond de la nouvelle mère. La nuit de la pleine lune  vestige d’une antique « nuit de l’erreur » ? , les femmes y passent une nuit d’incubation permettant par sa baraka nocturne la fécondation du maïs et des êtres stériles. Après le départ des pèlerins, les pèlerines restent le lendemain pour une journée de « Lama » où la transe efface la culpabilité et favorise le repentir
DSC09523.JPG
DSC09524.JPG
le jeune moqadem de la taïfa marque une pose et je m'empresse de lui prendre un portrait
DSC09526.JPG
DSC09528.JPG
DSC09532.JPG
DSC09533.JPG

DSC09530.JPG

L'ecuyer fauche du blé tendre pour la jument blanche

Le dicton chinois : « Troupe et chevaux sont là, mais vivres et fourrages ne sont pas prêts », n’a pas de raison d’être ici : pour le chameau de la tante sacrée comme pour les 13 mulets des moqadems, on fauche le blé sur les chemins de parcours avec parfois l’encouragement du propriétaire du champ : Dieu récompensera, ce qui a été perdu !

DSC09547.JPG
DSC09548.JPG
A grandes enjambées la procession se remet en marche vers Lalla Beit Allah. Il est cinq heures trente, l’étape est très courte et nous laisse encore assez de temps avant le coucher du soleil. A mi-chemin du sommet de la montagne, je rejoins le moqadem de la taïfa. Turban immaculé, barbe noire, mots rares, la silhouette imposante de ce fellah rusé contraste avec la petitesse de l’âne qui le porte. Superbe, le dialogue dans cette brise du soir qui envahit ces hauteurs, alors que tout en bas, à califourchon sur leurs bêtes de somme, les gens de la khaïma entament à peine leur ascension.

DSC09549.JPG

DSC09520.JPG
Brusquement lalla Beit Allah, avec sa coupole blanche reconnaissable de loin, de l’autre côté, sur l’autre sommet de la montagne. Apparition lointaine dans l’immensité où tout se perd dans l’infini que surplombe un brouillard lumineux. L’appareil n’a plus de charge ; je ne peux plus prendre de photos, mais le plaisir est pour moi. Le fait d’être ici dans le sillage de mes amis. Plus de vingt ans après, je reviens à lalla Beit Allah. La première fois que j’y suis venu remonte à 1985, c’est si loin, c’est trop loin. La marche au pas pressé dans la nature est en soi une bénédiction.On contourne le flanc de la montagne : on voit déjà de l’autre côté le pick-up pris par les gens de la khaïma, en train de rejoindre lalla beit Allah.Je suis venu avec les moyens du pauvre : magnétophone, appareil photographique numérique avec une seule charge, mais l’essentiel est de participer, d’être là, d’avoir un peu de baraka.

DSC09536.JPG

Nous nous approchons de Lalla Beit Allah

DSC09550.JPG

L'arrivée de la taïfa à Lalla Beit Allah

Au seuil du temple, la « fiancée » est accueillie exclusivement par les femmes. Certaines d’entre elles arrachent les poils cendrés de la jument sacrée au risque de recevoir quelques coups de sabots alors que certaines passent trois fois sous son ventre. Lalla Beit Allah est probablement une ancienne déesse berbère devant laquelle se déroulaient les fiançailles collectives qui étaient sensées féconder le maïs. Nous avons retroué au sommet du Djebel Hadid une fiancée mégalithique (laâroussa makchoufa) à la forme phallique et qui a pour fonction de féconder la terre nourricière.

DSC09553.JPG

Les femmes s'empressent pour recueillir les bénédiction de la fiancée de l'eau à Lalla Beit Allah.

Arrivée de la « fiancée de l’eau »  à Lalla Beit Allah.Les femmes l’accueillent par des you-you strident, tandis que   les membre de la taïfa l’accompagne à l’intérieur du temple en appelant la pluie bénéfique sur la terre assoiffée et la miséricorde divine sur les hommes leur cheptel et leur verger. Dehors, sur fond de chants d’Oum Kaltoum, le haut parleur annonce l’arrivée de celui qui troue les oreilles  des jeunes filles.

DSC09556.JPG

Pèlerin-tourneur du printemps faisant ma bénidiction à Lalla Beit Allah

DSC09562.JPG
DSC09563.JPG

DSC09564.JPG

L'arrivée de la Khaïma à Lalla Beit Allah

DSC09574.JPG
DSC09576.JPG
En 1984, à mon retour du daour , je faisais état de ma découverte de « fiancées  pétrifiées »  laâroussa makchoufa, à lalla Beit Allah au mont Sakyat et au sommet du djebel Hadid, ce qui permettait à Géorges Lappassade de faire le lien avec le bétyle phénicien découvert sur l’île . Il écrivait alors dans un article parut au mois de décembre 1985 :« Beaucoup d’objets qui témoignent d’une haute antiquité ont quitté l’île pour rejoindre le Musée d’Archéologie de Rabat. Mais un de ces objets est resté dans l’île. C’est une grande pierre jadis dressée dans le ciel. On trouve partout des bétyles datant d’une époque précédant les grandes religions monothéistes : il y en avait dans l’Arabie d’avant l’Islam. Le mythe de lalla Beit Allah chez les Regraga n’est pas sans rapport avec ces anciens cultes : on sait qu’il correspond, à des pierres dressées, qui furent ensuite recouvertes d’une toiture. C’est aussi le cas de « la fiancée pétrifiée », sur le djebel Hadid sur la route d’Essaouira à Safi. On ne doit pas, par conséquent suivre la tradition orale qui traduit « Beit Allah », par « Maison de Dieu », pour interpréter ce mythe hagiographique, il faut au contraire faire l’hypothèse d’un lieu de culte « mégalithique » lequel, sans remonter nécessairement à la préhistoire, ni d’ailleurs, pour ce lieu là, aux Phéniciens, a certainement précédé l’islamisation de la région des Chiadma. Pour le moment le Musée ne possède  comme signe des Phéniciens que le fameux symbole de tanit que représente la fébule berbère en forme de triangle et qui figure comme armoirie de Tiznit ».

Abdelkader Mana






 

11:27 Écrit par elhajthami dans Regraga | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : regraga | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Les commentaires sont fermés.