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23/10/2009

L'IFRIQIYA

L’IFRIQUIYA

La plupart des vieux membres des zaouïas Regraga ont en leur possession, telle une carte d’identité, un manuscrit intitulé « l’Ifriqiya », l’ancien nom du Maghreb central d’où ont déferlé les Béni Hilal et les Béni Maâqil . Les récits de l’Ifriqiya ont la même fonction que les chants d’Homère et les hymnes du Rig Veda qui datent d’une époque à caractère féodale où des peuples guerriers détenteurs de la terre et des places fortes établirent leur domination sur les masses des autochtones vaincus. Il existe plusieurs versions de l’Ifriqiya : il y a celle qui met l’accent sur la guerre sainte contre les mécréants, celle qui raconte la visite des sept saints au Prophète et leur retour d’Orient et celle qui est truffée de lambeaux de Sira (hagiographie) que les scribes ont recueilli auprès des paysans. Actuellement, la mythologie recouvre l’histoire, comme le culte des saints recouvre l’Islam des premiers khalifes et de leurs émissaires, les moines-guerriers. Mais dans la mesure où ces mythes sont au fondement du rite , ils sont aussi « vrais » parce qu’ils vivent dans la conscience des hommes et structurent leur action : « Le témoignage le plus sûre d’un discours, nous dit J. Berque, est celui qu’il porte sur lui-même. » Nous présentons ici, deux spécimens d’Ifriqiya : La première, nous l’avons recueilli à Essaouira, en 1985, auprès d’un Adoul(notaire de la région). Cette Ifriqiya prétend reconstituer d’après la relation du Cheikh Hassan Al Youssi (1630-1691), qui aurait créé sur instructions de Moulay Ismaïl la ziara des sept saints de Marrakech pour faire pièce à ceux des Regraga. Cette Ifriqiya raconte comment les trois fils de Ouadah (Judas) , que sont le Regragui, le Sanhaji et le Dghoughi, ont partagé le royaume : Le Regragui obtint la région entre Chichaoua et l’Océan. Le Sanhaji eut la steppe du future Haouz. Et le Dghoughi exerça son commandement sur la région située au Nord de Tensift sans doute jusqu’aux limites de Tamesna.

L’Ifriqiya de Taoubalt

« Voici la généalogie de l’astre brillant et du musc parfumé, notre seigneur Ouasmin Ben Abdellah le Regragui, sultan des Regraga, que Dieu nous fasse bénéficier de sa grâce. Amen. Ceci est un manuscrit conforme à l’original par la comparaison et par la ressemblance, sans ajout ni soustraction. Après prières et bénédictions, ce manuscrit relate la voie mystique du saint bienfaiteur, l’astre brillant, le guerrier sur la voie d’Allah, Seigneur des mondes. Il a conquis avec la baraka d’Allah et de son prophète tout le Maroc. Il a tué les polythéistes, les mécréants et les juifs. Il a continué à combattre la nafs (âme liée au corps par opposition à rûh : âme liée à l’esprit) jusqu’à la conversion à l’Islam. Allah a dit dans son grand livre : « Ceux qui ont cru, nous les ramenons des ténèbres aux lumières, quant aux mécréants dont les seigneurs sont des despotes, nous les retirons des lumières pour les jeter dans les ténèbres. » Sidi Ouasmine était représentant du Prophète qui le désigna pour conquérir le Maroc. Le Prophète lui accorda 11 000 soldats des trois taïfa : Sanhaja, Regraga et Béni Dghough. Ils étaient tous frères : Regragui Ben Ouadah, Dghoughi Ben Ouadah, Sanhaji Ben Ouadah. Ouadah, l’apôtre de Jésus fils de Marie à propos duquel Allah le glorieux dit : « J’ai révélé aux apôtres : Croyez en moi et en mon Prophète. » Ils dirent : « Nous croyons ! Atteste que nous sommes soumis ! » Sidi Ouasmine, fils d’Abdellah, fils d’Omar, fils de Mobarak, fils de Talha, fils de Zoubeir, fils de Jaâfar, fils d’Idriss, fils d’Aïssa, fils d’Ali, fils de Mohamed, fils de Ouadah le Regragui. Certains rapporteurs de la sainte tradition certifient la raison pour laquelle on les appelle Regragui : notre Seigneur Sidi Ouasmine est arrivé avec trois de ses frères à la porte du Prophète, ils frappèrent doucement. Le Prophète dit à sa fille : « Ô Fatima ! Vas voir qui est à la porte ! » Elle était encore enfant, n’ayant pas encore atteint l’âge de la puberté : on ne saurait dire si elle était mûre ou pas. Elle dit : « Qui est là ? » S’adressant à elle en langue étrangère Sidi Ouasmine lui dit : « manza arqâss n’rabbi ? » (Où est l’envoyé de Dieu ? en tachelhit, parler berbère du groupe Masmoda). Elle revint chez son père et lui dit : « Père ! J’ai vu des hommes parlant une langue étrangère à l’arabe dans laquelle nous nous exprimons. » L’élu de Dieu sortit et leur dit en berbère : « Salut à vous Regraga ; arqâss n’rabbi nakkin attigan ; achkad ! » ( L’envoyé de Dieu, c’est moi-même ; venez !), car le Prophète connaissait toutes les langues même celle des bêtes sauvages, des poissons, des arbres et des pierres. Ils lui dirent : « Salut à vous, le meilleur des nouveaux-nés, notre Seigneur et maître Mohammed fils d’Abdellah ! » et ils lui présentèrent leur allégeance. Sidi Ouasmine était au côté du Prophète dans quatorze conquêtes parmi les plus grandes. Lorsque le Prophète se fut établi, que sa religion se fut élevée, que les ennemis d’Allah furent défaits, la terre s’éclaira des lumières prophétiques. Allah dont la grâce est immense ordonna au Prophète par l’ange Gabriel d’envoyer les trois taïfa – Regraga, Sanhaja et Béni Dghough – au Maroc pour le conquérir. Le Prophète leur dit : « Allah dont la grâce est immense m’ordonne de vous envoyer au Maroc. » Notre Seigneur Sidi Ouasmine lui répond : « Nous sommes tes compagnons, tes alliés et tes beaux frères. Pourquoi nous éloignes-tu, nous qui n’osons quitter la grâce ? » A l’heure du destin, Allah révéla à son Prophète par le truchement de Gabriel : « Ton Seigneur t’adresse le salut de la paix ; si tu envoie d’autres gens, ils s’éloigneront de ta voie et hésiteront dans leur foi. Or, ces trois taïfa ont cru en ton Seigneur bien avant que ne sonne l’heure ; l’Islam s’est mêlé à leur sang et à leur chaire. » Alors le Prophète leur promis une guerre sainte dans la guerre sainte. Ils lui dirent : « Ô Prophète ! Votre parole est entendue et vos ordres seront exécutés ! » Le Prophète leur dit : « Vous faites partie de moi, celui qui vous aimera m’aimera et celui qui vous haïra me haïra : vous êtes mes représentants sur la terre du Maghreb. » Ils dirent : « Ô Prophète ! Votre parole est entendue et vos ordres seront exécutés ! » Le Prophète prit la main de Sidi Ouasmine et lui dit : « Tu es leur prince et leur chef inch’ Allah. » Il lui accorda la baraka et lui ordonna de partir en voyage. Sidi Ouasmine lui dit : « Ô Prophète d’Allah ! Nous ignorons le chemin à suivre. » Le Prophète tendit trois doigts de sa main d’où sortirent des oueds de lumières. Et le rapporteur de la tradition sainte d’ajouter : « Cette lumière ne les quittera jamais jusqu’au jugement dernier ! » Ils quittèrent le Prophète et Sidi Ouasmine les bénit de sa baraka et leur ordonna d’être sous son autorité et ses ordres. Ils partirent au pas de course jusqu’à la ville d’Alexandrie et là, la lumière que leur accorda le Prophète pénétra dans l’océan. Ils dirent au sultan Sidi Ouasmine : « Ô commandeur des croyants ! Nous sommes soumis à tes ordres mais comment oserions-nous pénétrer dans la mer sans vaisseau ni nef ? » Sidi Ouasmine leur dit : « Ne la craignez point ; elle est la création d’Allah. » Puis s’adressant à la mer, Sidi Ouasmine lui dit : « Par la grâce de Dieu et de son Prophète immobilise-toi océan ! » L’océan s’immobilisa par la volanté du Tout – Puissant. Les armées marchèrent sur le dos de la mer, comme sur la terre ferme, jusqu’à ce qu’elles parvinrent aux rivages de paix. Puis ils guerroyèrent sur la voie d’Allah, menant la guerre sainte, sacrifiant leur richesse, leur vie et tout ce qu’ils possèdent parce qu’ils étaient certain d’accéder au paradis. Ils se dispersèrent dans le pays, jusqu’au ribât de Massa. Après avoir conquis ce qu’il fallait conquérir au sommet des montagnes, dans les forêts et les déserts – Par Allah, c’est ainsi que doivent être les grands hommes, sur la voie du Seigneur des mondes – ils se dispersèrent dans la région du Maghreb, du ribât de Massa à la ville d’Assa, à la Sakiya al Hamra, au Sous moyen et extrême, au pays des Maghafira. Le cheikh Hassan Al Youssi dit : « Lorsqu’ils eurent conquis tout le Maroc, le commandeur des croyants Sidi Ouasmine leur dit : « Qui veut rapporter de nos nouvelles au Prophète ? » Mus par le désir de revenir auprès de lui, ils dirent d’une seule voix : « A vos ordres commandeur des croyants ! » Ils choisirent six parmi eux : 1. Sidi Abdellah l’Andalou 2. Sidi Aïssa Bou Khabiya 3. Sidi Saleh 4. Sidi Bou Bker 5. Sidi Yala 6. Sidi Saïd Ces six étaient parmi les plus grands savants, les plus courageux guerriers, issus des familles les plus nobles : deux Regraga, deux Sanhaja et deux Béni Dghough. Le sultan leur donna pour le Prophète une lettre dans laquelle il écrivait : « Au nom d’Allah le glorieux et le miséricordieux ; prière et salut à notre Seigneur Mohammed, à sa famille et à ses compagnons : nous sommes parvenus dans tel et tel pays, nous avons anéanti tous les polythéistes...Morts sont les cavaliers et nous sommes sous tes ordres et tes interdits. »Il scella la missive et la transmit à Sidi Saïd. Il leur fit ses adieux et les bénit de sa baraka. Ses hommes et lui pressèrent le pas à travers forêts et déserts, ne craignant ni les héros ni la multitude. Un jour, la chaleur les accabla et Sidi Said tomba malade. Ses compagnons se mirent à prier pour lui alors qu’il se disait au fond de lui-même : « La puissance est Allah seul ; je n’ai pas à retarder mes frères et compagnons, jusqu’à causer leur perte. » Puis, il creusa une tombe dans le sable et s’y enterra en se recouvrant lui-même. Lorsqu’ils eurent terminé leur prière ils se rendirent compte de sa disparition : « Nous t’adressons aux mains du Seigneur !» Ils le pleurèrent à chaudes larmes et partirent sous la protection d’Allah. Le Prophète sut ce qui était arrivé, tendit sa main gracieuse et dit : « Ma Ana Bihi Alayhum » et en un clin d’œil, il souleva Sidi Saïd jusqu’à lui parce que le Seigneur a ordonné à la terre d’être soumise au Prophète et de se plier à sa volonté. Grâce à sa baraka, ille guérit en touchant son corps. Lorsque les autres parvinrent à leur but après des jours de marche, ils entonnèrent leur dikr. Leur mélodie était si merveilleuse qu’elle bouleversa les arbres, les pierres, les bêtes sauvages et les fils d’Adam. Tous ceux qui l’entendirent pleurèrent par crainte d’Allah. Le Prophète se leva et dit au peuple : « Accueillez vos frères de la guerre sainte ! » On leur fit un accueil extraordinaire. A Médine, le Prophète était assis au seuil de sa demeure avec ses compagnons. Les Regraga dirent en berbère : « Où est l’envoyé de Dieu ? Nous sommes les envoyés du Roi .» Il leur répondit également en berbère : « C’est moi, venez. ». « Ô Prophète d’Allah ! Saïd notre frère est resté à tel endroit. » Le Prophète leur dit : « Non, il vous a devancé. ». C’est pourquoi on le surnomma désormais Saïd « Sabek » (celui qui devance). Mohammed, en effet souleva sa tenture et Sidi Saïd apparut à leurs yeux étonnés. Le Prophète leur donna un oracle, les bénit de sa baraka et leur dit : « Qu’Allah fasse de vous, les bienfaiteurs de ce pays ! ». Il leur fit ses adieux et ils revinrent en pressant le pas jusqu’au Maghreb. Sidi Ouasmiine et sa suite étaient au ribât de Massa. Les arrivants crièrent : « Ô mes frères ! Le Prophète nous ordonné d’habiter ce pays ! » « Nous avons entendu et nous sommes soumis ! », Répondirent les hôtes. Sidi Ouasmine leur ordonna de se diriger vers Zima, la sainte (saline de la région de Safi) pour y lire l’oracle prophétique et pour discuter de la situation. Ils ordonnèrent à toute tribu musulmane d’être présente lors de la lecture de l’oracle. Lorsque Sidi Ouasmine fut sur le point de donner le livre aux Sanhaja il craignit de mécontenter les Béni Dghough. Chacune des trois taïfa voulait que le livre soit le sien à cause de la baraka qu’il contenait. On voulut allumer le brasier du désordre. Alors la nuit se remplit de jnouns ; Sidi Ouasmine enterra l’oracle près de la saline de Zima des Béni Dghough. Zima est toujours une saline aujourd’hui et Allah est le plus savant. Sidi Ouasmine quitta les lieux avec ses armées à l’heure même de la nuit. Certains membres de la taïfa revinrent pour prendre possession du livre. Ils trouvèrent les lieux submergés par la mer et repartirent vers le commandeur des croyants. Ils lui dirent : « Nous avons trouvé un océan là où vous aviez enterré l’oracle ! » - Qu’Allah perpétue le bien pour les musulmans ! » Le Cheikh Sidi Ouasmine, que Dieu nous accorde sa grâce dit : « Notre pays est le pays d’Allah ; nous le partageons en trois parts : de l’oued Assif du côté de la mer, à Constantine ; et de l’oued Chichaoua du côté de la mer à Massa et au Souss extrême, au pays des Maghafira du côté du Soudan : tout cela est le pays d’Allah et le pays des Regraga. De l’oued Sourah des Ghiata au djebel Fazaz, de l’oued Moulouya du côté du Dir à Kechtala et Bzou et de l’oued Damnate à l’oued El Qihra, tout cela est le pays d’Allah et le pays des Béni Dghough. Quant aux Sanhaja, ils seront dispersés dans tout le Maghreb sans endroit précis. Allah est le plus savant. »

L’ Ifriqiya de Sidi Ifni

Notre auteur et saint homme, al-Youssi , que Dieu lui vienne en aide et nous accorde ses grâce (Amen), rapporte un dit authentique et bénéfique à propos de la rencontre de nos seigneurs les Regraga, les Béni Dghough et les Sanhaja, avec le Prophète, (sur lui prières et paix). Ils ont cru en Jésus fils de Marie, et faisaient partie de ses ressuscités et de ses fidèles, jusqu’à l’avènement du meilleur des hommes, notre seigneur Mohammed (sur lui prières et paix).Preuve en est ces paroles du plus haut : « Il a dit : qui sont les alliés de Dieu ? Les apôtres répondirent : nous sommes les alliés de Dieu, en lui nous croyons, témoignes que nous sommes soumis. » A l’avènement du Prophète, l’ange Gabriel se révéla a lui : - Ô Mohammed ! Envois ces trois taïfa, Regraga, Sanhaje et Béni Dghough, au Maroc pour qu’ils le conquièrent et pour qu’ils fassent bénéficier ses habitants de l’islam. Lui ordonna-t-il. Le Prophète (sur lui prières et paix), s’adressa alors aux trois taïfa en ces termes : - Allah, le plus haut, m’a ordonné de vous envoyer au pays du soleil couchant (almaghrib=Maroc). Les saints hommes lui dirent : - Ô envoyé de Dieu ! Pourquoi veux-tu nous éloigner de toi, alors que nous sommes tes compagnons et tes frères ? L’’ange Gabriel descendit à nouveau du ciel pour révéler au Prophète cette parole divine : - Si nous envoyons d’autres gens, ils s’éloignerons de toi et apostasieront leur Islam. Quant à ces trois taïfa, elles ont cru en toi quarante ans avant ton avènement. Leur sang et leur chair s’étaient déjà mêlés à l’Islam, comme le sel à l’eau de mer. Le Prophète, prières et paix sur lui, leur ordonna alors de se diriger vers le pays du soleil couchant et nos saints bénits lui répondirent : - Nous sommes à tes ordres, ô envoyé d’Allah ! - Celui qui vous aime, m’aime, et celui qui vous hait, me hait. Vous demeurerez mes représentants, au pays du soleil couchant, jusqu’à la résurrection. Le Prophète, prières et paix sur lui, prit alors la main de Sidi Wasmine le Regragui et lui dit : - Si Dieu le veut, tu seras leur chef - Mais nous ignorons le chemin à prendre, Ô envoyé de Dieu !. Le Prophète étendit alors trois doigts de sa main droite. De chacun , par la grâce de Dieu et de son généreux Prophète , une rivière de lumière jaillit. Les Regraga suivirent un oued, les Béni Dghough un autre, et les Sanhaja le troisième. Puis, ils pressèrent le pas jusqu’à la ville d’Alexandrie, où les fleuves de lumières pénétrèrent dans la mer. Les saints hommes crièrent à leur chef Sidi Wasmine : - La lumière s’enfoncée dans la mer ! - Suivez-la à la trace, si vous croyez vraiment en Allah, son Prophète et au jugement dernier ! Leur répondit-il. - Mais vas-y Toi-même qui est notre chef ! Et le vénérable Wasmine d’ordonner à la Méditerranée : - Mer, Immobilises-toi ! Aussitôt elle s’immobilisa par la grâce d’Allah et de son Prophète.. alors, les armées la foulèrent comme si c’était la terre ferme, jusqu’à ce qu’ils parviennent ainsi à riblât El Fath . De là ils se dirigèrent vers Safi, puis ribât Massa dans le Sous extrême, et enfin la Saguia al Hamraâ (Rio de Oro) . Ils sont même allés, jusqu’au pays des maghafra (le Soudan ?). L’émir Wasmine leur dit alors : - Avant de revenir à notre pays incha Allah, il faut maintenant rendre compte de notre mission au Prophète. Je me chargerais de cette mission, avec Sidi Abdellah Adennas, Sidi Saïd Bou khabiya (le patron de la gargoulette), Sidi Saleh, Sidi Boubker, Sidi Allal korati, et Sidi Saïd Sabeq (le « devancier »). Tous désiraient revenir au Hidjaz (le pays du grand pèlerinage). En cours de route, l’un de ces sept hommes, Sidi Saïd tomba malade. Il se couvrit lui-même d’un linceul, et se dissimula à leurs regards en s’enterrant lui-même dans le sable. Troublés de ne plus le voir à leur côté, ces compagnons se mirent à crier dans le désert. Comme aucun écho ne répondait à leur appel, ils prièrent pour la guérison du disparu : - Nous te confions aux mains d’Allah et de son généreux Prophète. Puis, ils repartirent en pressant le pas. Une fois à Médine, les sept hommes entamèrent leur procession, leur Dikr, et leur prière de la pluie : On est venu vers vous, ô gens de vertu Implorons à vos portes, La générosité du Seigneur Pour que de la baraka de vos bassins, Nos vergers soient arrosés Les voix étaient si belles, que arbres et montagnes en tressaillirent. Saisi d’effroi, les oiseaux se mirent à pleurer .Cette ferveur divine, s’empara aussi, des fils d’Adam et de tous les êtres de la création qui l’entendirent. Une fois auprès du Prophète (sur lui prières et paix), ils le trouvèrent entouré de ses compagnons et le saluèrent. Celui-ci leur demande en berbère : - Manza (où es) Saïd ? - Il est resté (Ybqa) en cours de route. Et le Prophète de le sortir dessous sa tenture : - Il n’est pas, celui qui « reste » Ybqa ; il est, celui qui « devance » Sabeq. Le Prophète, leur dévoila ainsi l’éclipse mystérieuse de leur compagnon de route, en leur apprenant qu’il les a « devancé » sabaqahûm . D’où son surnom de Sabeq (celui qui devance). Ils prirent quelques jours de repos auprès de l’envoyé de Dieu, qui les chargea par la suite d’islamiser le Maroc, leur pays d’origine, en leur prodiguant ses conseil et en leur confiant une missive contenant la révélation. Ils revinrent alors par la grâce de Dieu, en pressant le pas jusqu’au riblât El Fath (l’actuel Rabat), où les trois taïfa les accueillirent avec joie. Le cheikh Wasmine, voulu d’abord accorder l’oracle prophétique aux Béni Dghough, mais avait peur de mécontenter les Regraga. Il avait aussi peur de mécontenter ces deux derniers en l’accordant aux Sanhaja. Finalement il décida de l’enterrer à la saline de Zima, où les saints hommes le recherchèrent vainement. Ne rencontrant q’une mer de sel, ils revinrent auprès de Wasmine, s’en quérir d’un tel miracle. Celui-ci leur dit : - Pour le bien de la communauté musulmane, que cet océan de sel se métamorphose en huile d’olive ! Ils revinrent aussitôt à Zima , qu’ils crurent transformée sous leurs propres yeux en océan de miel, de beurre rance, et d’ huile d’olive. Mais ils durent vite déchanter, car ils n’avaient en face d’eux qu’un océan de sel. Le cheikh avait pourtant promis un océan de baraka pour le pays du soleil couchant ! Wasmine procéda alors, à la répartition du Maroc entre les trois taïfa : de l’oued sabra (l’euphorbe) du côté de la mer à oued chichaoua et au Qihra, en pays Seksawa, jusqu’à Massa, le Sous extrême et le maghafra (le pays des nomades et des noirs) ; c’est le pays des Regraga. Et de l’oued sabra, au djebel mékka, en passant par la verte montagne et le djebel Fazaz, au Moulouya, puis de là à Tamesna, Fechtala, Bzou, Demnate, jusqu’au oued El Qihra : tout ceci est le pays des Béni Dghough.... Trois séguias (aqueducs) et dans chacune d’elles coulent quatre sources... On trouve des tombeaux Regraga, chez les Chiadma, mais aussi chez les Haha, les Mentaga, les Mjat, les Oulad Mtaâ, les Hmar,dans le Haouz, au Tadla, dans le Sous jusqu’au Sahara. On les trouve aussi en haute montagne et au pied mont. Leur miséricorde et leur baraka englobe tous, dans le mouvement comme au repos. Les étapes du Daour se déroulent successivement de la manière suivante : 1. Sidi Ali Ben Bou Ali, la clé du périple 2. Sidi Allal Krati 3. Sidi Abdeljalil à Tlamest. 4. Sidi Bou Brahim 5. Sidi Aïssa Bou Khabiya 6. Sidi Ben Kacem 7. Sidi Hsein Moul l’bab (zaouit Retnana) 8. Sidi Ishaq 9. Sidi Mansour 10. Sidi Massaoud 11. Sidi Saleh, Ahl Akermoud 12. Sidi Boubker Achemmas 13. Sidi Bou Zerktoun, Moula Daourein (le marabout à deux Daour). 14. Sidi Mogdoul 15. Setta Ou Settin (l’étape dite de « 66 ») 16. Sidi Yaâqoub 17. Sidi Wasmine 18. Sidi Bou Tritich 19. Sidi Yaâla 20. Sidi Aïssa Moul Louted 21. Sidi Bou Laâlam 22. Ahl Marzoug 23. Zaouit Sakyat 24. Mohamed Ben Marzoug 25. Zaouit Tikten 26. Mrameur 27. Tlata de Sidi Mohamed Ben Brahim 28. Sidi Sa¨d Sabek 29. Sidi Abdellah Ben Wasmine 30. Had Dra (la clôture du Daour). Ces seigneurs des ports, ces saints protecteurs des rivages et des marins dont les coupoles, telle des vigies de mer, jalonnent les rivages, les marins leur rendent hommage à l’ouverture de chaque saison de pêche. C’est le cas de Sidi Mogdoul, où jusqu’à une époque récente, procession, étendards et taureau noir en tête, les marins s’y rendaient pour qu’il facilite leur entreprise, comme en témoigne cette vieille légende berbères : « Sidi Mogdoul fixe les limites de l’océan et en chasse les chrétiens. Il secourt quiconque l’invoque. Fût-il dans une chambre de fer aux fermetures d’acier, le saint peut le délivrer. Il délivre le prisoner entre les mains des chrétiens et le pêcheur qui l’appelle au milieu des flots ; il secourt le voilier si on l’invoque, ô saint va au secours de celui qui t’appelle (fût-il) chrétien ou musulman. Sidi Mogdoul se tient debout près de celui qui l’appelle. Il chevauche un cheval blanc et voile son visage de rouge. Il secourt l’ami dans le danger, le prend et, sur son cheval, traverse les océans jusqu’à l’île. » Les pêcheurs berbères de ces rivages invoquent aussi Sidi Ishaq, perché sur une falaise rocheuse abrupte qui surplombe une plage déserte où les reqqas échangeaient jadis le courrier d’Essaouira d’avec celui de Safi : « Lorsque les pêcheurs passent à travers les vagues, il leur arrive de l’appeler à leur secours, ils lui promettent d’immoler une victime et de visiter son sanctuaire. Sidi Ishâq avait un cheval blanc que son frère Sidi Bouzergtoun lui avait donné. Lorsque les Regraga se réunissent, ils vont à cheval visiter ce saint ; les marabouts – hommes et femmes assemblés – prient Dieu de délivrer le monde de ses maux. Lorsque les pêcheurs vont vers Sidi Ishâq, ils entrent dans son sanctuaire et après avoir fait leurs dévotions, il te prenne, ô huile de la lampe, et te la verse au milieu des flots pour les calmer. » Et sur ces mêmes rivages, au Sud de cap Sim, les pêcheurs se rendaient en pèlerinage à Sidi Kawki où les berbères Haha procèdent à la première coupe de cheveux de leurs enfants : « s’ils sont surpris par la tempête, ou si le vent se lève alors qu’ils sont en mer, les marins se recommandent à lui. Avant de s’embarquer pour la pêche, ils fixent la part de Sidi Kawki, dont les vertus sont très renommées. On raconte qu’un individu y avait volé la nuit une bête de somme et bien qu’il eut marché tout le temps, quand le matin se leva, il se retrouva là où il l’avait prise. »

 

15:14 Écrit par elhajthami dans Regraga | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : regraga | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

salam allah 3alaykoum mes ancetres vivaient tout pres
de sidi ouasmine
ils etaient macir ca c'estsu mais
ce que j'ignore
c'est si je suis
descendant de sidi ouasmine
ou b1 non
ca je l'ignore vraiment
je travail la bas
comme institueur et ca par le pouvoir du dieu pouvez vous m'aider a connaitre
ce qui a etait anterre
pour ne plus
le connaitre

Écrit par : redouane bentaleb | 29/06/2009

salamo alikoum a chorfa:

Je suis de mohammedia, mes racines sont de maskala; mon grand pére ALi Ben Boujameaâ Ben lahbib Ben ''Caïd ''Mohammed. je cherche mon arbre généalogique.
Et voici mon émail : mahfoud.mounir@yahoo.fr

Écrit par : Mounir | 28/04/2010

salut, j'aimerais vous dire qu'à 9 Km de Tanger dans la région de Fahs sur la route de Tétouan il y a un marabout nommé Abdellah Regragui dont la baraka et les rites durant lemoussem ressemblent étrangement à celles des marabouts du Sud. Avez-vous quelques informations sur notre saint Regragui. Autrefois, les pèlerins venaient de partout et jusqu'aux annnées 70. Plus maintenant.

Écrit par : mgharbi | 12/05/2010

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