06/10/2009
l'éclipse d'Abderrahmane Ziani
L’éclipse d'Abderrahmane Ziani
La mort l’attendait au sortir de l’aube
Flamboyant peintre, épique poète de la nuit et de ses rêves
Un artiste est mort dans l’indifférence, au cœur de cet été 2009, grouillant d’une foule de vacanciers et de commerçants vacant au milieu du soleil et du vent. On m’a dit qu’à la veille de son départ il avait la barbe d’Hemingway et la beauté rayonnante et sereine des enfants du paradis.
les cris des mouettes qui semblent pleurer
au loin la disparition du peintre- poète.
Un artiste est mort dans la solitude et l’indifférence au cœur de la saison des raisins et des figues. Il était calligraphe, mais là, il s’est mis à des aquarelles pleines de couleurs à dominance vert olive. Oui, un artiste est mort comme chantaient les hommes de l’errance et de la transe :
Hier, mon frère est mort
Aujourd’hui, j’ai eu de ses nouvelles
Le flamboiement des couleurs de l'âme
Sa dernière nuit, il n’y avait personne pour lui tenir la main, aucune voix humaine pour lui murmurer un mot de tendresse et de réconfort : terrible était sa nuit, violente sa solitude. Qui entend la souffrance muette des artistes qui partent au cœur de cet été grouillant ? Il avait peint quatre aquarelles et les a porté au cadreur puis s’en est rendu aux arcades pour boire un dernier coup, pour dire ses derniers à Dieu. Puis plus rien ; le silence de la mort, le silence des morts. Le silence des artistes qui quittent sur la pointe des pieds comme pour
ne pas déranger les vivants.
Cris cosmique dans la nuit solitaire
Il calligraphiait toujours aux couleurs cramoisie et pourpre mêlé de ce vert vif, avec en arrière plan une pleine lune omniprésente et silencieuse. Il avait le rayonnement des soleils finissants. Son départ fut une blessure muette, une prière cosmique sous le double signe du soleil et de la lune. Terrible fut le dernier regard qu’il a jeté à cette vie qu’il a tant aimé et qui ne le lui a jamais rendu que dans les privations et la parcimonie.
Il me dit : soit porteur de mon cris par-delà la mort, dis aux mouettes de faire de moi un revenant parmi elles, survolant ces rivages de pourpre, que nous avons tant aimé, moi et toi. Ces rivages que parcourent des belles filles aux yeux d’amandes. Savent-elles qu’un artiste qui les a tant aimé sans retour, nous a quitté lui aussi sans retour ?
Que reste-t-il de toute une vie ? Oui, que reste-t-il ? Le doux regard et le doux sourire au milieu de la barbe d’Hemingway allant pêcher à la ligne le beau poissant luisant qui apaise l’âme, en ce barzakh, cette frontière invisible entre eau douce et eau salée, entre l’ici-bas et l’au-delà ? Un artiste qui s’éteint comme la dernière fleur du printemps.
Étoiles filantes? Feu d'artifice? Big bong cosmique? Univers biologique et minérale. Célèbration de la vie dans toute sa splendeur.Puis vint le royaume du silence éternel... Annoncé par la pleine lune des ululement et des loups garous...
02:50 Écrit par elhajthami dans Arts | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : arts | | del.icio.us | | Digg | Facebook