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08/04/2012

Castello Real

castello réal bon.jpg

Le Castello Real d'après le plan levé du capitaine Lambrecht

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Castello Real d'après le peintre Hollandais Adrien Matham(1641)

        Tout près de la mer, le pilote portugais Duarté Pacheco Pereira signale en 1506, sur la terre ferme « la ville de Mogador ». De tout temps, les navigateurs venaient chercher ici cette eau douce et précieuse de l’oued Ksob, comme en témoigne Pacheco Pereira dans son Esmeraldo de situ orbi : «  Entre la rivière des Aloso – de l’oued Ksob – et l’île de Mogador, la distance par mer est de sept lieues, ...de cette île à la terre ferme, il y aura la distance à laquelle une grande arbalète peut lancer une flèche en terre ferme. Il y a beaucoup d’eau douce tout près de la mer, dans laquelle cette eau douce vient se jeter. La meilleurs entrée du mouillage et du port de cette île, est celle qui se trouve du côté Nord-Est...Par cette bonne entrée peuvent pénétrer des navires de cent tonneaux ; ils s’amarrent avec une ancre et un câble, ledit câble étant attaché à l’île même, et l’on sera par six ou sept brasses, fond net, bon et sûr. »

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 Plan du mouillage de l'ile de Mogador 1736

   Ce texte daté de 1506, prouve qu’à cette époque, des navires de cent tonneaux fréquentaient le port et l’île de Mogador. Bien plus, lorsque Emmanuel 1er  avait donné l’ordre en août 1506, d’y construire  un « Castello Réal »(château royal), il y avait déjà une ville du nom de Mogador qui existait dans la baie , comme nous le signale Pachéco :

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A l'emplacement du Castello Real(1506) s'élève depuis 1767, ce bastion de la Scala du port

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La ville a été batie sur un ilot rocheux entouré de dunes

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Le mouillage d'Amgdoul a toujours été l'aboutissement des caravanes subsahariennes longeant les rivages de l'Atlantique

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Mogador - Passage des dunes

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« L’année de Notre Seigneur Jésus – Christ 1506, Votre Altesse fit élever dans la terre ferme de cette ville de Mogador, tout près de la mer, un château qui s’appelle Castello Real, et que sur votre ordre construisit et commanda Diego d’Azambuja , gentilhomme de Votre maison et commandeur de l’ordre de saint Benoît de la commanderie d’Alter Pedreso, lequel fut combattu et persécuté, autant que leur puissance le leur permettait, par la mutitude de Berbères et d’Arabes qui se réunirent pour attaquer ceux qui s’en vinrent construire cet édifice ; enfin ce château se construisit malgré eux et la gloire de la victoire resta entre les mains de Votre Majesté sacrée...Entre le Castello Réal et l’île de Mogador d’une part et le cap Sim d’autre part, la côte court suivant la direction nord-sud, avec un quart nord-est et un quart sud-ouest et la distance par mer est de cinq lieues »

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Le mouillage de Mogador levé le 21 avril 1736 par le capitaine Martin Lambrecht

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Au port Barj el Barmil à l'emplacement du Castello Real

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L’influence portugaise se heurta, devant Mogador, à une résistance dont l’âme fut l’organisation maraboutique des Regraga. Les affrontements entre Portugais et Berbères Haha devaient se poursuivre au  delà de 1506.L’âme de la résistance locale à l’influence portugaise fut regraga, sous la direction du mouvement jazoulite dont le fondateur, l’imam Al Jazouli, s’établit au lieu dit Afoughal, près de Had – Draa, où il prêcha la guerre sainte contre les chrétiens, avec une telle foi qu’il eut bientôt réuni plus de douze mille disciples de toutes les tribus du Maroc.

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un banc de sable faisait obstacle aux courants marins, en reliant l’île principale à l’embouchure de l’oued Ksob. Il est indiqué sur une ancienne carte que ce banc de sable « se couvrait et se recouvrait », ce qui laisse supposer qu’on pouvait rejoindre l’île à marée basse. Une tradition orale rapporte que les troupeaux de « Diabet » (le village des loups) allaient y paître au milieu d’une nuée de pique-bœufs. Les marins y sacrifiaient taureaux noirs et coqs bleus à leur saint patron  Sidi Mogdoul.

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Plan de mouillage de l’île de Mogador - entre 1650 et 1700.

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 Le Mouillage d'Amgdoul

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Le sanctuaire de Sidi Mogdoul

     Devant l’hostilité des tribus, le Castello Real, n’avait pu être bâti que de vive force. Il dut rester assiégé un certain temps et la situation de ses défenseurs fut un moment assez critique pour que Simâo Gonçalves de Camara, troisième gouverneur de Funchal, leur envoyât à ses frais, de l’île de Madère, un secours de 350 hommes. Le plus ancien document relatif au Castello Real date du 5 septembre 1506 : c’est un alvara du roi ordonnant aux almoxarifesde Madère d’exécuter tout ce dont Diego d’Azambuja les requerra pour la construction de la forteresse de Mogador.On doit signaler aussi une quittance du 7 octobre 1507 qui indique « le biscuit, la viande, le bois, la chaux, la brique et les autres choses qu’on a achetées pour la construction du Castello Real que Diego d’Azambuja a fait par notre ordre à Mogador qui est au pays de Barbarie. »

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       Une quittance datée de Santarem, 24 octobre 1507, concerne les achats de blé faits en 1506, sur l’ordre du roi, au Castello Réal en Barbarie, par Pero da Costa, capitaine du navire  Sâo – Symâo . Ces achats furent faits avant la fondation du château. Le 3 septembre 1507, Diego de Azambuja écrit de Safi à l’Almoxarife de Madère, pour le prier de remettre à Joâo de Rego, porteur de sa lettre, un certain nombre de choses pour le ravitaillement du Castello Réal, en particulier de l’orge pour les chevaux qui sont dans le château. La fourniture doit être prévue pour « vingt chevaux pendant huit mois ».

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 Plan de la isla y puerto de Mogador situada en la costa occid(ent)al de africa a 8 grad(o)s de long.d y 31, y 35 min.s de latit.d en frente de la isla de Madera – 1795-1796.

         Le 14 octobre 1507, Joâo de Rego donne décharge de tout ce qu’il a reçu, à savoir :

Onze pipes de vin, deux de vinaigre, une d’huile, 15 muids de blé au lieu de l’avoine demandée pour les chevaux, qu’on n’a pas pu trouver, 20 autres muids au lieu de biscuits qu’on n’a pas eu le temps de faire, plus un bateau neuf à quatre rames et 3000 reis en argent pour les soldes de la garnison.

     Nous pouvons encore citer deux documents où allusion est faite à Mogador : mention de 716 varas de toile de Brabant envoyées, en 1506, de Flandre au Castello Real en Barbarie ; et quittance du 3 janvier 1518 en faveur de Joâo Lopez de Mequa, qui fut feitor (facteur) du Castello Real pendant les quatre premiers mois de 1507 et devint plu tard, feitord’Azemmour, puis de Safi.

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Ysla Mogador situada en la lat 31° 42° y en la long.d 6°50’ segun el reconocimiento hecho de ord.n del rey – 1695-1696.

      Diego de Azambuja était à Abrantès le 27 juin 1507, et y reçut en don, d’Emmanuel 1er , le gouvernement du Catello Real de Mogador, en récompense de la peine que lui avait coûtée la construction de la forteresse « avec risque de sa personne et grande dépense de son argent ». Renvoyé par le roi à Safi, où il débarqua le 6 ou le 7 août 1507, Azambuja paraît y avoir ensuite résidé contamment jusque vers le milieu de l’année 1509. Son gendre, Francisco de Miranda, exerça par intérim, pendant ce temps, les fonctions de gouverneur du Castello Real.

       Pendant les premiers mois de 1510, le gouvernement du Castello Real reste uni à celui de Safi, entre les mains de D. Pedro de Azevedo. Puis Emmanuel 1er, par lettre du 1er  mai 1510, nomme Nicolau de Sousa capitaine et gouverneur du Castello Real, sa vie durant. Il est spécifié qu’au cas où le nouveau gouverneur obtiendrait la soumission de tribus dans un rayon de trois lieues autour de la forteresse, il percevrait à son profit les deux tiers des contributions versées par elles, un tiers étant retenu par le roi. D’ailleurs bien loin de soumettre les tribus des environs, Nicolau de Sousa, ne réussit même pa à conserver la forteresse.Il semble que la place ait été évacuée le 4 décembre 1510, d’après une lettre de Nuno Gato Cantador écrite de Safi, le seul texte qu’on ait à ce sujet.

 

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1700 : En plus du Castello Real on reconnait l'église portugaise ainsi que l'ancienne kasbah des corsaires. On voit aussi que Borj el Baroud existait à l'embouchure de l'oued ksob existait bien avant la fondation de la ville actuelle en 1760

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Eglise portugaise au noyau primitif de la ville

      Du 8 au 23 janvier 1641, le peintre hollandais Adrien Matham, séjourna en rade de Mogador et dessina un croquis de la côte et du château. Il faisait état de l’existence d’une Kasbah, abritée derrière les rochers où vivaient les corsaires  Béni – Antar :

« Le 8 janvier, au matin, nous nous sommes trouvés en vue de l’île de Mogador, et nous avons mis notre cheloupe à la mer pour voir si la rade était bonne pour nous. Nous y avons trouvé quatre toises d’eau, entre l’île aux pigeons et l’île de Mogador. Dans l’après midi, nous avons jeté l’ancre et tiré une salve de trois coups de canon, auxquels les gens de la kasbah ont répondu par un coup.

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Avant l'édification des quais en 1920, la porte de la marine donnait directement sur la mer

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Porte de l'ancienne kasbah, dite "porte Moulay Massaoud" du nom de son ancien portier, sur laquelle est inscrite la fondation de la ville en 1764 et sur laquelle s'élève l'horloge à partir des années 1920

 Le 9 au matin, notre cheloupe est allée à terre, par un vent nord-est, pour voir s’il y avait moyen de se procurer de l’eau fraîche, et aussi si nous pouvions trafiquer avec les Maures de la Kasbah. Ceux-ci ont accueilli amicalement nos gens et ils nous ont envoyé à bord leur interprète, un juif, en échange duquel, suivant leur coutume, un des nôtres devait rester à terre, comme otage, tant que durerait, des deux côtés, les visites de leurs gens à bord et des nôtres à terre.

La kasbah est munie de onze ou douze canons en fer, et, vue d’une certaine distance, elle a l’apparence d’un four à chaud hollandais ; mais l’île aux pigeons est inhabitée, sauf qu’on y trouve d’innombrables pigeons sauvages qui se nichent par milliers dans les rochers et qui sont si familiers qu’ils se laissent prendre avec la main. Il y avait dans un petit bosquet, à terre, un faucon qu’un de nos gens aurait pu prendre, s’il l’avait vu, car il faillit mettre le pied dessus, et c’est alors seulement que le faucon prit son vol. Pour parcourir cette île aux pigeons dans sa longueur, il faut une bonne demi-heure de marche environ : sa largeur ne dépasse pas dix fois la longueur de notre vaisseau ; mais elle est très élevée et sans eau fraîche. On trouve seulement entre les rochers de l’eau de pluie en très petite quantité.histoire,mogador

Rue du Mellah

Pour en revenir à l’île de Mogador, toujours est-il que nous avons pu y faire de l’eau. Le juif susdit nous fournit aussi du pain frais, des amandes, des raisins et des gâteaux d’olives qui avaient un goût excellent. Le costume des habitants est singulier : ils portent habituellement un long vêtement blanc – le haïk– qu’ils enroulent de diverses manières autour du corps. Le juif susdit nous a donné des renseignements sur leur mariage, etc.

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        Le 12 janvier 1641, c’était pour les Maures leur fête de Pâques – l’aïd es-seghir qui marque la cessation du jeûne du Ramadan- qu’ils célèbrent avec une grande dévotion. Dans l’île on trouve une espèce rare de grands oies. Nous en avons acheté à la kasbah de fort belles et fort grasses, à deux stuivers pièce. Quant à l’approvisionnement d’eau, il comporte ici de grands dangers, à cause des brisants, au point que notre petite chaloupe et les gens qui la montaient pour apporter de l’eau à bord ont chaviré deux fois, le 15 et le 16 de ce mois. Nos gens se sont sauvés à grand’peine, non sans courir de grands périls. Pour chaque tonneau d’eau on devait payer au caïd de la kasbah la valeur environ d’un écu de Hollande.

       Il est aussi  à remarquer que nous avons ici trois dimanches à célébrer chaque semaine, à savoir, celui des Maures : le vendredi, celui des juifs : le samedi, et le nôtre : le dimanche.

       Le 23, nous avons fait tous nos préparatifs pour faire voile, avec l’aide de Dieu, vers Ste Croix, si le vent nous est favorable. Nous sommes sortis heureusement du port de Mogador par un vent est-nord-est et nous avons gagné la haute mer. »

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Les ruines du château portugais de Mogador ne disparurent qu’aprè 1765, lors des travaux de construction du port. Les pierres du Castello Real servirent par la suite à la construction de la scala du port. A son emplacement s’élève maintenant la tour, ou bastion circulaire qui se trouve près du chantier naval et qu’on appelle  Borj el Bermil (la tour du toneau) Le Castello Réal, s’élevait au bord de la passe nord, sur la pointe rocheuse qui supporte le môle ouest du port actuel. Il figure à cette place, sur un plan levé, en octobre 1629, sur l’ordre du commandeur de Razilly et sur un autre plan daté du 25 octobre 1767, dû à Théodore Cornut.

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Au port la tour en forme de tonneau(borj el barmil)a été édifié en 1764, sur les ruines du Castello Real qui date de 1506

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      Mon père disait qu’au XVIIIe siècle, Essaouira était une place militaire nécessaire, parce qu’une trop grande superficie demeurait sans surveillance. Sur la côte atlantique, la distance entre Safi et Agadir était trop grande. Ce long littoral n’était pas suffisamment protégé contre les puissances étrangères, qui pouvaient s’y installer à tout moment , comme l’avait déjà montré l’occupation portugaise avec la construction du Castello Real en 1506.

     La position géographique de Mogador faisait d’elle un lieu envié au carrefour des routes marchandes, terrestres et maritimes. Dés sa fondation, elle fut menacée par l’Espagne comme le rapporte Höst :

« En 1765, après que le Sultan qui s’est rendu lui-même à Essaouira, eut distribué aux consuls les terrains à bâtir, un bateau espagnol se profila à l’horizon. Un navir de guerre espagnol armé de soixante-dix canons s’approcha, et comme Mohamed crut que les Espagnols avaient l’intention de déranger ses constructions, il expulsa le consul hollandais Demetri, l’accusant de connivance avec l’Espagne, en ajoutant qu’à l’avenir il ne voulait pas de Grec comme consul de Hollande, mais d’un Hollandais. Ensuite, il envoya au roi d’Espagne un cadeau composé de lions, tigres, chevaux, accompagné de trente esclaves espagnols, afin de lui mettre d’aimables pensées en tête, et lui laisser entendre que ce geste était un pas vers la paix. La suite montra d’ailleurs que ces agissements pleins de sagesse ne demeurèrent pas sans résultat. »

       En 1767 rapporte Höst, arrivait à Marrakech un ingénieur français d’Avignon nommé Nicolas Théodore Cornut, ancien déssinateur des places fortes du Roussillon, passé à la solde des Anglais, que le sultan recruta à Gibraltar. C’est lui qui dressa le plan de la ville forte. De là ces fortifications à la Vauban, style XVIIIè siècle, qui furent armées avec des canons achetés en 1780 à la fonderie espagnole de Barcelone ou provenant de prises de mer.

               Les îles permettaient d’installer des batteries de canons à feux croisés : le « bation de surveillance » (borj el âssa), sur l’île faisait face au « bastion de la poudre » (borj el baroud) à l’embouchure de l’oued Ksob et protégeait ainsi l’entrée sud de la baie. De même le « bastion de Moulay Bennacer », toujours sur l’île, faisait face au « bastion circulaire » (borj el barmil) dans le port, défendant l’accès nord de la baie.  histoire,mogador     L’architecte français que Sidi Mohamed Ben Abdellah chargea de construire l’actuelle Mogador, donne des renseignements encore plus précis. Le château y est décrit sous les lettres :

« O Porte d’entrée.

« P Cour,

« Ancien château construit par les Portugais, qui est très peu de chose et qu’ils ont abondonné depuis 400 ans. L’épaisseur de ses murs n’ont que six pans dans ses quatre faces. Les Mores y ont fait depuis cinq ans un parrapet sur la platte forme, dont la bâtisse tombe d’elle-même et sur la face du côté ouest-nord, il a quatre pièces de canon de 12.

« Q Magasins très faibles, mauvaises voûtes, mauvais murs de 2 pieds d’épaisseur, où il y a dix mille barrils de poudre anglaise qu’ils ne sont point en sûreté. »

Cornut établit le plan en 1769 en suivant les contours de l’îlot rocheux sur lequel la ville est construite et dont elle conserve la forme, mais il fut bientôt congédié et les fortifications de la scala de la mer furent confiées à un Gênois, selon Jacksen : « La longue batterie qui se trouve le long du côté Ouest de la ville fut construite par un Génois. Elle est peut-être plus remarquable par sa beauté que par sa force, et mieux calculée pour les opérations offensives que pour la défense. »

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Plan de la grande isle de Mogodor et ses environs de la rade du château et de la nouvelle ville de suera en Barbarie – après 1767(on voit clairement dans ce plan établi par Théodor Cornut, qu'il ne concerne que l'ancienne kasbah).

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De style Vauban, la Scala de la mer apparait clairement dans le plan Cornut de 1767, comme dispositif défensif de l'ancienne kasbah histoire,mogador

Mogador - Les canons de la batterie de la Scala

Le 15 décembre 1769, Louis Chénier, consul de France, souligne :

 « L’Empereur est arrivé à Mogador au commencement du mois passé. Il a vu avec toute la tendresse d’un auteur la ville dont il a posé lui-même les fondements. Il a fait établir une batterie respectable à l’entrée du port, et fait réparer tant bien que mal quelques fortifications, que le temps avait déjà dégradées. Sa Majesté doit partir à la fin de ce mois pour retourner à Maroc. »

 En  cette même année 1769, il eut la chance de récupérer Mazagan que les portugais évacuèrent.

        La ville n’a pas émergé lentement des méandres du Moyen Âge ; elle est née de la volonté du prince. En effet, pour marquer son désir de faire d’Essaouira le principal port sur l’océan, Sidi Mohamed Ben Abdellah (1757-1790) commença par bâtir un mur sur les rochers au bord de l’eau. Il fit inscrire la bénédiction du Prophète en lettres coufiques sur la pierre de taille arrachée aux flancs de cette île qui n’est rattachée au continent que par une lagune. .

La Kasbah – ce « quartier du Roy » comme l’appelait Cornut – est le plus vieux secteur de la ville. C’était le lieu où résidait « le Makhzen » (l’administration royale), les vice-consuls des pays européens, et les « Toujar Sultan » (les négociants du Roi). Le Sultan avait ordonné à tous les consuls de passer à Essaouira et d’y bâtir une maison. Comme le souligne le Danois Géorges  Höst dans son journal de 1765 : Après que Mohamed se fût rendu lui – même à Souira et eût distribué les terrains à bâtir, il ordonna à tous les consuls d’aller là bas eux aussi et d’y faire construire à leur compte, chacun une maison importante et convenable ; tous les ambassadeurs devaient arriver là, tous les pirates devaient amener leurs prises dans la même Souira, et un chantier naval devait y être fondé.

Les douanes étaient perçues par les oumananommés par le makhzen, qui résidait dans la kasbah. C’est la Kasbah qui contrôlait le port. C’est ce que symbolise la porte de la marine : le port est un passage entre la terre et la mer. Cette porte qui a l’air d’un décor avait une efficacité symbolique, parcequ’elle représente le pouvoir s’interposant entre la terre et la mer, prélevant des droits de passage en ce lieu de transit.

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 Plan de la baye et de la ville de Mogadore en 1786(on y voit clairement la médina se structurant autour de ses principaux axes sous forme de croix).

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Where Manchester cotton is sold- Mogador

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Mogador - souk aux grains

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Centrl Bazar Mogador

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     Mon père me disait que les arcades de Souk Jdid ont été édifiée en deux étapes comme en témoignent les gravures en pierre de taille : la partie Ouest d’abord, édifiée en 1858 a servi de modèle pour les arcades de la façade Est, édifiées en 1945 par Abdellah Ben Tahar, alias « Jmal » (le chameau). Soit à 87 ans d’intervalle. Ce qui veut dire qu’une fois le cadre général mis en place, à savoir les quatre portes et les remparts qui structurent l’ensemble autour d’un axe sous forme de croix, l’espace a été progressivement occupé par les nouveaux arrivants : arrivée des « Ahl Agadir », en 1773, construction de la nouvelle Kasbah en 1876, mise en place de Souk Jdid en 1858, etc

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Une ville multi-éthniques et multi-religieuses

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Essaouira comme "Carrefour culturel"

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Khoddara: rue du marché

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Souk Djdid

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     Bouchers cacher

Alors que dans les autres médinas, les gens s’établissent d’abord, puis les habitations sont entourées de remparts, à Essaouira, c’est le processus inverse qui s’est produit. On a commencé par la géométrie, et la démographie a dû se couler dans l’espace inscrit par un plan directeur. C’est la Kasbah qui avait induit la médina :les consuls, les négociants et l’administration avaient besoin d’artisans pour bâtir, de paysans pour les nourrir et de soldats pour les protéger. Au XVIII èmesiècle, en dehors de la Kasbah, les gens habitaient sous des tentes et dans les casemates qui donnaient à Essaouira un visage militaire, à côté du quartier administratif.

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   Le sultan pensait ainsi disposer d’un port bien défendu mais accessible toute l’année à ses navires, alors que les ports du Nord étaient pratiquement inabordables en dehors de la saison des pluies à cause de leur ensablement, comme le relate Ahmed Ennaçiri Esslâouî dans son Kitab Al-Istiqçâ :

« Après avoir terminé la célébration des noces de ses enfants, le sultan Sidi Mohamed ben Abdellah (Dieu lui fasse miséricorde !) se mit en route pour le pays où se trouve Essaouira, afin de construire cette ville et de la peupler. Il s’occupa de la tracer et de faire creuser les fondations, et laissa au travail les maçons et les divers artisans. Il donna l’ordre à ses gouverneurs et à ses caïds d’y construire leurs maisons. Il retourna ensuite à Marrakech. Dans sa Rihla, le sécrétaire Aboûl’abbâs Ahmed ben Elmahdi Elghazzâl dit, en résumé, que le motif de la fondation d’Essaouira fut le suivant : Le sultan Sidi mohamed ben Abdellah était passionné pour la guerre sainte. Dans cette pensée, il avait fait construire des corsaires de guerre qui, le plus souvent, étaient ancrés dans le port des Deux – Rives et dans celui d’El’arêïch. Pendant deux mois de l’année, au moment de la saison des pluies, ces navires ne pouvaient pas prendre la mer, parce que ces ports ne faisaient qu’un avec les rivières. Dans les autres saisons, il y avait trop peu d’eau et le sable obstruait l’embouchure des rivières, de telle sorte que les bateaux ne pouvaient les franchir.Le sultan ‘Dieu lui fasse miséricorde !), après avoir réfléchi aux moyens susceptibles d’assurer le voyage de ses corsaires à n’importe quel moment de l’année, s’appliqua à construire Essaouira, dont le port ne présentait pas de pareils inconvénients.

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Les douanes étaient perçues par les oumana nommés par le makhzen, qui résidait dans la kasbah. C’est la Kasbah qui contrôlait le port. C’est ce que symbolise la porte de la marine : le port est un passage entre la terre et la mer. Cette porte qui a l’air d’un décor avait une efficacité symbolique, parcequ’elle représente le pouvoir s’interposant entre la terre et la mer, prélevant des droits de passage en ce lieu de transit.

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Mogador - Le commandant indigène du port (les Amines)

  Un autre qu’Elghazzâl prétend que le Sultan décida la fondation d’Essaouira pour une autre raison. La place d’Agadir était le refuge de révoltés du Sous, comme tâleb Sâlah, entre autre, qui laissaient faire par là une exportation clandestine des marchandises et conservaient pour eux les bénéfices réalisés. Le Sultan pensa qu’il ne pouvait y avoir d’autres moyens de mettre fin à cette situation que de créer un autre port, également rapproché de cette région et du centre de l’Empire, afin de diminuer petit à petit les gains qu’Agadir procurait à ces rebelles, car personne n’avait plus intérêt à s’y rendre. Il fonda donc Essaouira, la construisit solidement et s’appliqua à en faire une ville bien bâtie. Il arma de canons les deux îles, la grande et la petite, qui forment comme l’enceinte du port, et fit élever un fort bien armé sur le rocher qui avance dans la mer, de telle sorte qu’on ne peut entrer dans le port sans être à porter des canons à la fois de l’île et du fort.

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   Quand la ville fut terminée, le Sultan y fait venir des négociants chrétiens pour faire du commerce et, pour les attirer, les dispensa de toute taxe douanière. Les commerçants affluèrent bientôt de tout côté et vinrent s’établir dans ce port, qui fut peuplé en peu de temps.

Abdelkader Mana

16:19 Écrit par elhajthami dans Histoire, Mogador | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire, mogador | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Je vous complimente pour votre recherche. c'est un vrai charge d'écriture. Continuez .

Écrit par : MichelB | 13/08/2014

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