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31/01/2012

Le site prédestiné de Mogador

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Vues insolites d'Essaouira depuis la petite île

Sur les côtes marocaines, la deuxième colonie fondée par Hannon est identifiée par le linguiste Georges Marcy à Mogador. Dans les années trente - donc bien avant les fouilles sur le tertre phénicien de l’île par André Jodin dans les années 1950 – il consacre au célèbre périple accompli par l’amiral Carthaginois Hannon sur les côtes occidentales de la Libye, vers le début du  Vème siècle avant l’ère chretienne,  une « Note linguistique autour du périple d’Hannon » parue dans  la revue Hespéris (tome XX,1935). L’auteur aborde sous l’ongle berbère l’étude de la toponymie du « périple » du fait de la collaboration importante des éléments berbères dans la réalisation du voyage accompli sur les côtes du Maroc et de la Mauritanie. Le manuscrit grec – datant de 300 à 350 avant J.C. - commence ainsi : « Il a paru bon aux Carthaginois qu’Hannon naviguât en dehors des colonnes d’Herculès et fondât des villes de Libye – phéniciens. Il naviguât donc, emmenant 60 vaisseaux à 50 rames, une multitude d’hommes et de femmes, au nombre d’environ 30 000, des vivres et autres objets nécessaires. » La deuxième colonie fondée par Hannon dénommée dans le manuscrit grec Karikon Teihos ,c'est-à-dire le « Mur Carien » se trouvait à une journée de navigation de la lagune visitée par Hannon, identifiée avec l’ancienne zone d’épandage aux hautes eaux du bas Tensift. La concordance des chiffres oblige à situer Karikon Teihos sur l’emplacement de Mogador actuel : « Après avoir dépasser cette lagune et naviguer pendant une journée, nous fondâmes sur la mer des colonnes appelées « Mur Carien ».

reportage photographique

« Karikon » signifie « carien », c'est-à-dire « grand », « noble », « de haute naissance » : amqqûr(grand en berbère) : de ce terme le traducteur grec du périple a fait karikon « carien ». C'est-à-dire le « très grand Mur », « la grande muraille », plus exactement la grande forteresse. Dans le Sous, « Agadir » désigne « le château - magasin », l’enceinte fortifiée dans laquelle, on entrepose les récoltes du hameau. Un terme symétrique employé au Maroc central est tamidult , également « grenier, magasin, forteresse ». Le verbe egdel est encore vivant en Ahaggar où il réunit les acceptions connexes de « garder, protéger, réserver » : Amgdoul(gardien), tamgdoult (gardienne). On rencontre assez souvent ces formes : Amgdoul, tamgdoult usitées dans la toponymie du Moyen Atlas, et y remplaçant les appellations concurrentes d’Agadir ou tagadirt. Il convient selon toute probabilité, de rattacher à une étymologie identique le nom ancien de Mogador, qui, dans les géographes arabes est Amgdoul, soit « la grande enceinte », le diminutif étant tamgdoult. 

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Sidi Mogdoul, le saint actuel de Mogador – auquel est emprunté le nom européen de la ville – tire probablement lui-même son nom de celui du site où s’élève aujourd’hui son tombeau, sa koubba. Du temps d’Hannon , cette province du Maroc atlantique était déjà au témoignage du périple de Scylax « une région très célèbre et très sacrée », propice à l’éclosion des saints. Les nombreux sanctuaires maraboutiques qui parsèment son sol ne représentent pas tous un caractère des plus orthodoxes au regard de l’Islam. On peut se demander si Sidi Mogdoul  ne devait point son existence à une transposition hagiolâtrique , ce mot ayant notamment en berbère , le sens de « protecteur », patron des marins de Mogador.

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Le nom arabe de Swira (ou la petite forteresse) – qui date seulement de la fondation de la ville par Sidi Mohamed Ben Abdellah, en 1764, reproduit après deux millénaires écoulés, le thème central de la dénomination primitive – est la meilleurs démonstration linguistique qui soit de la permanence séculaire du rôle historique rempli par certains site prédestinés. Il faut probablement identifier avec les îlots qui se trouvent au large de Mogador , les îles de Mauritanie, mentionnées par Pline, où Juba II établit , vis-à-vis des Autololes, des teintureries de pourpre de Getulie. Sans doute Juba II ne fut-il, en l’espèce, que reprendre à son compte une industrie Carthaginoise antérieurement installée sur le même emplacement.  

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Fondation de Mogador

H.De Castries : Le Danemark et le Maroc. HESPERIS .Année 1926, 4ème Trimestre , Librairie Larose, Paris.
Les historiens arabes du Maroc ont donné différentes explications sur la fondation de la ville de Mogador par Mohammed Ben Abdellah. Suivant les uns, le Sultan passionné pour sa marine de course, et n’ayant sur la côte atlantique que des ports de barre comme Salé et Larache, ports où les corsaires ne pouvaient prendre la mer pendant plusieurs mois, conçut le projet de fonder un port entre Safi et Agadir, où cet inconvénient n’existerait pas. Suivant les autres, Mohamed Ben Abdellah aurait surtout cherché , par la fondation d’un port sur la côte des Haha, à ruiner le commerce d’Agadir. Cette ville était, en effet , le port du Sous, et cette province, souvent en révolte contre le pouvoir des sultans, était ravitaillée par des vaisseaux chrétiens. A ces deux motifs qui semblent également vraisemblables, nous en ajouterons un autre pour le moins aussi important : Mohamed Ben Abdellah se proposait d’amener par la fondation de ce port une révolution dans les habitudes commerciales des nations européennes et d’en tirer pour son trésor un bénéfice considérable ; les trafiquants chrétiens , et les Danois spécialement, allaient bientôt le constater.

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Sur la détermination du point de la côte où s’élèverait la future ville, j’ai recueilli en 1925 le récit suivant qui n’a aucune valeur que celle d’une légende. Mohammed Ben Abdellah à la tête d’une mahalla , parcourait la côte au sud de Safi ; il avait campé près de l’embouchure de l’oued Tensift, et cet emplacement paraissait avoir fixé son choix, mais il y renonça, à la suite d’un mauvais présage que je n’ai pu faire préciser. Le lendemain, on se transporta près de Chicht et l’ordre avait été donné de tracer les fondations, quand un cavalier, dont le cheval désentravé galopait à travers le camp, s’écria : « Mon cheval va faire un malheur ! ». L’exclamation fut interprétée défavorablement et l’on donna contre ordre pour les travaux. De Chicht, toujours longeant la côte autant que le permettaient les dunes, on gagna Sidi Mogdoul. Comme les tentes se dressaient, un mekhazni, qui était à la recherche de sa musette, l’ayant retrouvée, proféra ces simples mots : « Voici la prospérité, l’abondance. » ; elle pouvait donc être regardée comme un augure favorable. Dans ce récit fabriqué après coup, il ne faut voir que les hésitations du Sultan sur plusieurs point de la côte avant d’adopter la position de Sidi Mogdoul.

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Le nom de Mogador,le seul qu’on retenu les européens, est une déformation de Megdoul, nom d’un marabout de la tribut des Ouled Bou - Sbaâ , dont le sanctuaire se voit près de la plage à l’extrémité des dunes. Mais le nom indigène de la nouvelle ville , celui que lui donna Mohamed Ben Abdellah , est le diminutif Souïra avec le sens de « petit rempart », la forme berbère souvent employée est Tassort. Sitôt entrepris, les travaux furent conduits très activement, les sultans n’aiment pas à attendre la réalisation de leurs conceptions. On s’empressa de signer des trêves avec les puissance Européennes, afin d’avoir tout repos à leur endroit et de pouvoir en même temps, obtenir d’elles des matériaux , des ouvriers, des ingénieurs. Parmi ceux-ci, la tradition a conservé le nom d’un français natif d’Avignon , appelé Cornut. Il aurait dressé le plan de la ville et du port. Cornut était passé au service de  l’Angleterre et avait pris part au siège de Port Mahon ; il résidait à Gibraltar , d’où il serait venu conduire les travaux. Les quelques détails que l’on connaisse sur Cornut sont dus à Chénier , Höst   et à Bidé de Maurville  . Sans le témoignage de ces auteurs , ce personnage (de Cornut) nous serait inconnu, car c’est vainement que nous avons recherché sa trace dans les documents d’archives, de provenance diverses, que nous avions consulté.

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Bien avant que Mogador fut sortie de terre, le Sultan Mohamed Ben Abdellah , sans se soucier du droit d’exterritorialité , donna directement à tous les consuls de Safi, de Salé et d’Agadir l’ordre d’avoir à y transférer leur résidence et à y construire leur nouvelle demeure. Pour encourager les marchands chrétiens à en faire autant, il publia un dahir accordant l’exemption des droits de sortie sur les huiles à ceux qui y établiraient leurs magasins. Bientôt dans la dune de Sidi Mogdoul , caïds, consuls, facteurs, marchands, courtisans, tout le monde fut occupé à bâtir . Moulay Idris , le cousin et le favori du Sultan, restait sur place pour accélérer les travaux et indiquer à chacun son lot à bâtir. Mohamed Ben Abdellah venait lui-même se rendre compte de leur avancement et se faire offrir des présents par les malheureux consuls campés dans la dune. « Le roi du Maroc, écrivait Chénier , prend à cette ville l’intérêt que l’auteur prend à son ouvrage. »

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Pendant que la plus grande animation régnait dans la ville de Mogador en construction, les port, de Salé, de Safi et d’Agadir étaient de plus en plus déserts. Les corsaires avaient ordre, soit qu’ils revinssent de leur croisières, soit qu’ils fissent relâche, soit qu’ils vinssent désarmer, de venir exclusivement à Mogador. Les navires de commerce avaient également abandonné  Salé ; il était formellement interdit de donner même une goutte d’eau à ceux qui se présenteraient et l’on devait les dirigeait sur Mgador ou sur Larache.Mohamed Ben Abdellah avait, en effet, l’intention d’agrandir cette dernière ville et d’y construire des entrepôts pour le commerce ; elle devait être le port des provinces du Nord, comme Mogador allait le devenir pour les provinces du Sud. Aucun consul n’aurait dorénavant sa résidence ailleurs que dans l’une ou l’autre de ces deux villes.

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  1. Höst fut facteur de l’Afrikanske à Safi puis à Salé, avant de devenir consul du Danemark au Maroc. Il est l’auteur de : Efterretninger om Maroks og Fez, sameled der landee fra 1760 sil  1768, Copenhague, 1779,in-4.
  2.   Officier de marine , fait prisonnier à la malheureuse affaire de Larache en 1765.  Le Sultan avait chargé Concler ,le consul des Pays Bas, de lui construire une maison  à deux étages sur le plan de celle d’Amsterdam, mais avec un patio ; il avait indiqué le nombre de pièces, leurs dimensions,etc.., le toit devait être en plomb, les cheminées en marbre, les vitres en cristal, et non en verre ordinaire.Il était bien entendu que les bois et les fers ouvrés devaient venir des Pays-Bas.Le consul se rembourserait avec des franchises de sortie sur les blés. Rijksarchief, Stat.-Gen., 7.121 ;Llias Barbarije, 1767-1770, Lettre de Sumbel à Concler , 28 août 1767.

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Reportage photographique d'Abdelmajid Mana

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01:58 Écrit par elhajthami dans Reportage photographique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photographie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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