21/12/2011
Cap sur le Sud
Texte Abdelkader Mana, images Jean François Clément
Agadir et d’une manière plus large le Sous est le cerveau musical de la poésie berbère : la donne linguistique centrale. On accepte en effet toutes les innovations possibles et imaginables, Agadir est une ville touristique internationale, mais on se ferme sur soi-même et sur sa communauté d’origine dés lors qu’il s’agit de la langue maternelle : elle constitue le socle non négociable autour duquel s’organise toute activité culturelle dans le Sous. Dans aucune autre région du Maroc on n’observe un tel attachement à la langue berbère. Il n’est d’ailleurs pas un hasard si Fatima Tabaâmrant ,la diva de la chanson chleuh soit en même temps membre à part entière du conseil administratif de IRCAM (l’Institut Royal de la Culture Amazighe). Comme son nom d’artiste l’indique, elle est originaire des Aït Baâmrane et a intégré le domaine de la chanson berbère en 1983, soit déjà une trentaine d’années :
Fatima Tabaâmrant
« Je suis d’abord une poétesse avant d’être chanteuse. Ma première qasida « qu’est ce qui t’arrive pour pleurer ainsi ? » parlait de ma situation d’orpheline : je n’ai pas connu ma mère que j’ai perdu en très bas âge. C’est la raison principale m’ayant poussé à écrire la poésie. Je m’inspirais des anciennes mélodies du Raïs Belaïd, du Raïs Mohamed Damsiri ou du Raïs Hmad Biezmawn. C'est-à-dire les leaders de la chanson amazighe que j’admirais alors.
Raïs Belaïd, l'aède des troubadours de Sous
A l’époque il n’y avait que la radio où j’écoutais les Raïssa Rqiya Damsiriya ou Fatima Tihihite En 1983 j’ai débuté en tant que danseuse dans la troupe de Jamaâ el Hamidi que Dieu ait son âme. Peu de temps après, j’ai rejoins la troupe de feu le Raïs Saïd Achtouk puis celle de Moulay Mohamad Bel Faqih. Depuis lors j’écris et compose mes propres chansons. Je n’interprète que ce que je ressens personnellement. Je n’ai jamais chanté les paroles de quelqu’un d’autre. Ma qasida préférée est celle qui traite de l’identité amazighe en Afrique du Nord. Auparavant on considérait comme simple produit de l’imagination le fait d’affirmer l’existence des amazighes au Niger ou au Mali. Dans ma qasida j’affirme :
C’est en Afrique que se trouve la terre des amazighes libre ;
Au Burkina Faso, au Mali, ainsi qu’au Tchad.
C’est là que s’enracinent leur poésie et leur parole.
Leur substratum, vital, tribal.
C’est la terre de Tamazight que je chanterai !
Pourquoi ne serais-je qu’une outre emportée par les eaux ?
J’ai un message qui fait pleurer
Mais je n’ai pas encore trouver de coursier pour l’expédier !
A l’humiliation je préfère me terrer sous terre.
C’est pour tamazight que je mène mon combat
Contre tous ceux qui voudraient renier notre langue …
Pourquoi je ne préserverai pas mon identité alors que les kabyles d’Algérie restent attachés à la leur ? J’ai un film sur la kahéna, l’héroïne berbère. J’ai également chanté une qasida qui parle de la mort de Matoub Lounès, ce grand pilier de la culture amazighe. Je lui ai dédié un chant funèbre où je le compare à une grosse pierre qu’on a arrachée à la montagne laissant un vide béant à sa place. Cette qasida parle de ceux qui militent pour l’amazighité et de ceux qui s’opposent à elle.
Je n’aime pas les masques : je préfère les traits naturelles. Pourquoi tous les pays d’Afrique du Nord préfèrent le masque ? L’art a une relation étroite avec la politique. Par le passé il était interdit de parler de l’amazighité dans notre pays. Et maintenant nous allons fêter l’an amazigh 2961. N’est-ce pas là un objet de fierté ? N’ai – je pas le droit d’être fiere de cette histoire plus que millénaire ? Je suis chez moi, je ne suis pas partie vivre au pays de quiconque. Les générations s’en vont mais la culture reste. La page écrite peut braver l’éternité, surtout si son contenu pèse lourd. Si nous voulons parler de la culture dans notre pays ; force est de reconnaître que nous avons des maisons de la culture mais qui n’abritent pas de culture. Le grand problème dont souffre la chanson amazighe est celui de l’information. Les médias audiovisuels avaient complètement exclu l’amazighité de leurs programmes. Beaucoup de nos Rways sont décédés : où est maintenant la relève ? Les programmes télévisuels consacrés aux jeunes talents ne comportent pas de participation amazighe. Nous devons sauvegarder notre patrimoine, car la chanson amazigh est une école en soit. Elle est riche en contenus. La chaîne amazigh manque encore de crédibilité et de professionnalisme à même d’imposer la chanson amazighe. Par exemple à Studio 2M, il n’y a aucune participation en langue amazighe. C’est notre droit d’avoir une participation amazighe. Nous avons pourtant droit à 30% des programmes des chaînes non amazighes. Cela est clairement stipulé dans le cahier de charge.
Ganga berbères de Tamanar
Les ministères de la culture et du tourisme ont toujours eu une perception folklorique de l’art amazighe. On vous met toujours dans un cadre folklorique où vous ne pouvez rien donner. Pour ces ministères la chanson amazighe est un simple produit folklorique pour touristes de passage au Maroc. Cependant j’apprécie beaucoup l’initiative du ministère de la culture relative au soutien à la chanson marocaine. Maintenant les jeunes écoutent les chansons orientales et occidentales de sorte que la chanson marocaine s’en trouve exclue. Parce qu’il n’y a pas du nouveau dans le domaine de la chanson. Nous vivons dans une époque où tout s’est perdu avec Internet, les paraboles, les cartes mémoire, le piratage ; le marché de la chanson s’en est trouvé perturbé. . Il ne peut pas y avoir de progrès dans le domaine artistique sans lutte contre le piratage. Le producteur ne tabler plus sur l’artiste, surtout quand celui-ci n’a pas de public. Les artistes connus s’épuisent. J’ai maintenant plus de trente ans de carrière ; il nous faut du sang neuf
Ammouri M’barek lors des training de l'UNESCO sur la musique et la danse
Training de l'UNESCO sur la musique et la danse à Agadir, janvier 2011
Ammouri M’barek, est l’un des fondateur du groupe folk Ousman dans les années 1970. Il a mis fin à son émigration et il est rentré au Maroc pour se mettre au service de la chanson amazigh moderne. Ousman était un groupe pionnier qui a donné par la suite naissance à tous les groupes folk berbères de Sous. Ammouri M’barek est représentatif de ces artistes berbère qui mélangent avec bonheur tradition et modernité . Il a beaucoup travaillé avec les associations kabyles en France : :« Mon expérience artistique a débuté à Taroudant à travers la création du groupe âssafîr (les birds en anglais) et le deuxième groupe que nous avons appelé « Sous 5 », par référence au nombre des musiciens qui composent le groupe. C’est de là qu’est née l’expérience du groupe Ousman, en 1975-76 à Rabat. Le mérite de la fondation de ce groupe revient à Brahim Akhyat, qui militait pour la reconnaissance des droits culturels et linguistiques des Imazighen. Je l’avais rencontré lors d’un mariage à Tiznit. Puis par la suite à Rabat avec Mr El âkkaf, le musicien qui est parmi nous et qui fait maintenant partie de l’IRCAM(l’Institut Royal pour la Culture Amazigh). Le but du groupe était de se mettre au service du patrimoine amazigh. Il s’agissait de sauvegarder l’authenticité tout en s’ouvrant sur la modernité. Je crois profondément au principe qui dit : « pour connaître un pays, il faut observer ses Beaux Arts. » Es-ce que ces Beaux Arts connaissent une accumulation ou bien sont-ils en voie d’extinction ?
Le corégraphe Abdeslam Michel Raji
Jusqu’ici j’ai pratiqué la musique en autodidacte. Je n’ai pas étudié la musique. Notre groupe d’Ousmanavait des principes et une vision. On avait un projet culturel et linguistique. Un projet artistique moderniste. On s’est inspiré de la musique et des rythmes traditionnels. Notre départ a eu pour cadre le Sous en tant que terroir des amazigh. Nous avons essayé de chanter également dans les autres dialectes berbères du Maroc : l’amazighe du Moyen Atlas ainsi que le rifain . Notre premier souci était de servir la chanson amazighe. Il s’agissait de la soustraire d’une certaine léthargie, de son repli sur elle-même : s’ouvrir, s’oxygéner, sans pour autant délaisser le chant et la danse traditionnels.
Agadir by night, photos Jean François Clément
Il ne faut rien toucher à cette expression ancestrale, expressions millénaires d’un peuple et d’une civilisation. Une histoire profonde et riche. Il n’y a pas longtemps j’ai rencontré des jeunes de Ouarzazate qui m’ont émerveillé en créant une troupe de danse traditionnelle de cette région. Mais il faut que les ministères de la culture et du tourisme mettent la main à la patte pour aider ces groupes. Car sans subventions, demain ou après demain on vous dira que la danse de la Guerrara au Sahara ou celle des gazelles des Houara ont disparu. On peut dire autant de la Daqqa de Taroudant, de l’ ahidus du Moyen Atlas ou de la Taqtouqa des Jbala.Une attention toute particulière doit être accordé à cet aspect du patrimoine.
Je peux dire que notre groupe Ousman a survécu. Il nous est arrivé la même chose que Tarek Ibn Ziyad lorsqu’il avait traversé le détroit de Gibraltar en brûlant voiles et vaisseaux pour que son armée ne puisse plus faire marche arrière. Toutes les portes ne nous étaient pas ouvertes. Toutes les institutions ne nous étaient pas faciles d’accès. Nous devons notre survie à notre foi en notre mission,en notre message et en notre rêve. C’est notre engagement vis-à-vis de notre public.
Il faut que les pouvoir publics permettent à ces artistes d’accéder aux médias publics avec équité. Sans clientélisme. Sans casting préalable. Car on est artiste déjà à la naissance. L’artiste ne doit pas passer par les médias pour ses beaux yeux ou ses beaux cheveux. La sélection se fait d’elle –même sans favoritisme : Celui qui a quelque chose à dire reste et celui qui n’a rien à dire fini tôt ou tard par disparaître.
Le groupe folk Ousman chantait le répertoire des poètes amazighes qui étaient engagés tels , Akhyat, Mestaoui ou Amarir. Les instruments étaient modernes mais le contenu traditionnel. La nouveauté du style plaisait à la jeunesse. Cette expérience a permis de dépasser le complexe d’infériorité dont souffrait l’amazighité. Dés la sortie de Taguendawt,le succès est immédiat : notre premier 45 tours s’est diffusé avec une grande rapidité. Les passants nous reconnaissaient et nous arrêtaient pour nous dire leur fierté d’avoir eux aussi des racines amazighes. Chose qui n’existait pas auparavant où on n’entendait pas de musique amazighes dans les lieux publics tels que les cafés ou les administrations. Avec les associations culturelles, le groupe Ousmana contribué à dénouer le complexe d’infériorité dont souffraient les amazighs. Cela a libéré l’expression de l’amazighité qui était contenue jusque là dans le domaine privé..
Le Raïs Anchad et le Raïs Belaïd sont pour moi les piliers de la chanson amazighe. Ces deux Raïs m’ont particulièrement influencé, du point de vue la créativité par leur mélodie et leurs paroles. Du point de vue des voix et du chant aussi. Jusqu’à présent il est difficile de rencontrer quelqu’un qui s’élève au niveau de ces Maestros. Déjà à l’époque le Raïs Belaïd avait composé des chansons qui ne dépassaient pas 3 à 4 minutes. Je n’ai jamais voulu briser cette beauté ancestrale, cette beauté traditionnelle. Les répertoires d’ Anchad et du Raïs Belaïddoivent être traités comme des classiques avec un grand orchestre philharmonique.
Je n’apparais pas à la télévision et je ne participe pas aux festivals parce que je suis marginalisé. Les producteurs sont tous des commerçants qui cherchent d’abord ce qui est en vogue. Ils ne cherchent pas l’art pour l’art. Nous n’avons pas de véritables producteurs : ce sont d’anciens marchands de fruits et légumes convertis brusquement en producteurs de cassettes. Ce sont des commerçants de la chanson : ils ne peuvent jamais contribuer à l’élévation du goût musical du public.
Timitar ,un beau nom. Il signifie « signes et symboles » en berbère. Ce festival a pour slogan : « les artistes amazighes accueillent ceux du monde ». Il faut dire l’inverse : « les artistes du monde accueillent les artistes amazighes chez eux. ». On invoque le concert de la tolérance. De quelle tolérance s’agit-il, alors qu’on n’invite aucun artiste d’ici ? ! Une part insignifiante des artistes autochtones participe à ce festival. Et on te parle de tolérance ! Pourquoi ne pas faire découvrir au grand public les Rwaysd’ici ? Pourquoi ne pas faire découvrir aux jeunes les anciens talents ?
On n’a jamais vu la deuxième chaîne, ni d’ailleurs la première consacrer une émission à un artiste amazigh..Il font de l’actuelle chaîne amazighe une sorte de « réserve d’indiens ». Il faut que la chanson amazighe soit diffusée par toutes les chaînes. Il ne faut pas la limité à une sorte de réserve. Il faut qu’elle soit présente sur toutes les chaînes.
Mohamed El Khattabi au téléphone
Plage d'Agadir
Des différentes formes d’Ahouach Mohamed El Khattabi, poète amazigh, né le 4 avril 1965, dans la commune d’Aït Ahmed, aux environs de Tiznit qui préside actuellement le syndicat marocain des musiques et des danses dans la région Sous – Massa – Dra, nous dit : « J’ai grandi en milieu rural où on pratique différents genres d’ahouach , tels ceux d’ Ajmak, d’Aghnaqar, d’Asdawl, ou de derst et bien d’autres encore. Le Sous est aussi connu pour sa poésie chantée en langue amazighe, surtout l’art des Rways qui m’a énormément influencé. J’avais formé une troupe de Rways au milieu des années 1980 et en 1988, j’ai formé un groupe folk berbère du nom d’Imoudal (les montagnes). Ce groupe s’est structuré autour du Rebab en y incluant des instruments modernes telle la batterie, le banjo et la guitare électrique. On animait ainsi fêtes officielles et privées. En même temps j’ai écrit un grand nombre de poèmes en langue amazighe : certains furent publiées dans les revues et journaux nationaux, d’autres ont été interprétée par des trouveurs chleuhs ou par des groupes folk berbères» A la fois troubadours et trouvères, les danseurs chleuhs sont aussi des chanteurs qui interprètent les œuvres des poètes de la montagne : vieilles mélopées, chansons nouvelles.
Depuis 2003, le syndicat des métiers de la musique et de la danse pour la région Sous- Massa- Dra, organise un festival à Tiznit autour de la figure emblématique du Raïs Belaïd nous’explique Mr. Mohamed El Khattabi, instigateur de cette manifestation :
« Le festival du Raïs Belaïd que j’ai fondé à Tiznit est maintenant à sa neuvième édition. Nous lui avons donné le nom de ce grand artiste, qui symbolise à lui seul la chanson amazighe. Nous comptons perpétuer son souvenir en décernant un prix en son nom lors de chaque édition de notre festival. Le délégué de la cultureà Tiznit, Mr. El Farz avait appuyé dés le départ l’idée d’ organiser cet évènement avec des moyens forts limités du ministère de la culture. Soit la somme de 3000 DHS. Parmi les stars de la chansons amazighe y ayant participé : Ammouri M’barek, Fatima Tabaâmrant ainsi qu’un grand nombre de poètes amazighes. Lors du colloque organisé à cette occasion nous avons recommandé de donner le nom du Raïs El Haj Belaïd au conservatoire de musique de Tiznit. Suggestion approuvée par le conseil municipal de Tiznit ; une plaque commémorative portant le nom de l’illustre Raïs fut accolée aussitôt à l’entrée du conservatoire de la ville.
Autre recommandation : nous avons adressé une requête à la délégation de la culture et au conseil municipal pour l’adoption de l’ enseignement de la musique amazighe au conservatoire, y compris le legs du Raïs Belaîd en tant que symbole culturel du Sous – Massa- Dra. Nous demandons également de baptiser l’une des artères de Tiznit en son nom . Au cours des neufs dernières éditions du festival, le prix Raïs Belaïd a été accordé successivement aux artistes suivants : Ammouri M’barek, Fatima Tabaâmrant, le Raïs H’mad Bizmawn, le groupe folk berbère d’Izenzaren , Rqiya Damsiriya l’artiste connue de tous, Fatima Tihihite mazzine, le poète Ali Chouhad doyen du groupe musical d’Archach, et enfin au Raïs Lahcen Ben L’moudden. Et si le bon Dieu le veut, ça sera le tour du grand artiste le Raïs el Hucein el Baz, d’obtenir ce prix en 2011. »
« Je ne suis pas prête à laisser mon job et mon salaire de prof d’Anglais pour un travail artistique qui n’assure aucune garantie. Il y a des conditions au professionnalisme qui n’existent pas au Maroc. De ce fait la chanson marocaine est en crise : elle vit sur son passé glorieux mais sans création nouvelle. Il n’y a pas d’institutions qui sélectionne et récompense le travail de qualité, comme c’est le cas des pays développés. » affirme une artiste présente à ces training organisés par l’Unesco pour la professionalisation des métiers de la musique et de la danse. Nécessité de sortir du cercle vicieux de la reproduction du répertoire traditionnel qui domine le marché marocains : on reproduit toujours les mêmes styles et les mêmes modèles sans réelle innovation. Selon un membre du groupe Toudert de Tiznit, les artistes se contentent de copier le style du Raïs Belaïd sans réel effort de créativité : On se contente d’imiter ce qui existe déjà en le commercialisant sous une forme soit disant moderne. On a souligné combien les artistes locaux sont marginalisés lors des festivals où sont surtout mis en valeurs les artistes invités. Les locaux sont infiniment moins bien rémunérés par rapport aux cachets accordés aux artistes étrangers…Comment peut-on encourager le professionnalismes des artistes locaux tout en les marginalisant ? La plupart des groupes à Aït Baâmran comme à Zagora, malgré le jeune âge de leurs membres, affirment s’être constitués en association pour préserver le patrimoine musical léguer par leurs ancêtres. Un groupe de jeunes musiciens du tarab hassani se plaint de l’absence d’espace pour les répétitions musicales à Zagora. Ces jeunes s’interrogent sur comment être médiatisé en dehors du cadre strictement local ? Besoin d’instruments de musique telle la guitare électrique. L’encouragement officiel à de telles initiatives est une attente importante des artistes de Sous qui ont soifs de reconnaissance et de considérations.Abdelkader Mana
12:16 Écrit par elhajthami dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
20/12/2011
L’Oriental marocain
Texte Abdelkader Mana, images Jean François Clément
Le pays de l’armoise et du vent
Défini comme « blad chih oua rih » (le pays de l’armoise et du vent) dans la tradition populaire, l’Oriental Marocain, s’étend sur 82 000 km². Selon le découpage administratif, il se compose de cinq provinces, hors la préfecture d’Oujda - Angad : Nador, Berkane, Jerada, Taourirt et Figuigue. Limité par la Méditerranée au Nord et par l’Algérie à l’Est, l’Oriental Marocain, présente une étonnante diversité géographique et humaine, ainsi que de grandes richesses préhistorique : dans le majestueux massif des Béni Iznassen, les gorges de Zegzel recèlent, la fameuse grotte des pigeons où fut découvert « l’homme de Tafoughalt », vieux de plus de quinze mille ans.
La plaine de Triffa s’étend au pied du massif des Bni Iznassen qui atteint 1665 mètres au Jbel Afoughal. Cette plaine de Triffa, qu’irrigue le Moulouya avant de se jeter en Méditerranée près de Saïdia aux confins de la frontière algéro – marocaine comprend des douars d’origine algériens. Ils s’y sont établis vers 1830, sur les traces de l’émir Abdelkader, comme c’est le cas de ses descendants que sont les Oulad Sid Cheikh établis à Laâyoun Sidi Mellouk, après la fameuse bataille d’Isly. C’est dans cette grande plaine de Triffa, doucement ondulée aux terres si fertiles que la mise en valeur des fermes coloniales avait commencé au Maroc.
la plupart des algériens installés à Oujda avant 1907, et en particulier ceux qui avaient fui la domination française pour des raisons religieuses, sont aujourd’hui considérés comme marocains. En 1933, ils se sont regroupés en association amicale qui comptait 500 membres en 1937, représentant l’élite de la communauté algérienne d’Oujda. Le président de cette association joue officiellement le rôle d’un « Cheikh. »Il existe à Oujda deux confréries religieuses qui sont dirigés par des algériens, la confrérie des Aïssaoua et celle des Taïbia. Elles servent de trait d’union entre les Zaouïa similaires d’Algérie et du Maroc.
Des Oasis, comme celle de Figuig ou de Ich, viennent donner le contrepoint aux ports et aux stations balnéaires de la façade méditerranéenne, prouvant dans un extraordinaire contraste, la force et l’importance d’une séduisante variété.
Situé dans la zone frontalière maroco – algérienne , Figuig est classé parmi les oasis pré – sahariennes. C’est l’oasis magique des sept ksour et des quarante quatre saints. De nombreuses sources expliquent la présence de l’oasis dans ce coin de désert. Figuig se caractérise par les aspects suivants :
- Les sept Ksour avec leur originalité architecturale et organisationnelle.
- Le système d’irrigation traditionnel. Les sources thermales de 30°C, alimentent par ailleurs les lavoirs publics et les bains sous terrain.
- A 40 km de Figuig, des tumulus et gravures rupestres.
- L’artisanat est affaire de femmes :haïk, burnous, tapis.
- Les zaouia et leurs dépendances (medersas, bibliothèques), ainsi que le rayonnement culturel des quarante quatre marabouts.
A la saison de pollinisation, il y a des chants à l’intérieur des parcelles. Chants liés au palmier – dattier, mais aussi au travail artisanal. Il y a aussi le chant des femmes lié au tissage.
Depuis la préhistoire, l’Oriental Marocain, a été la porte d’entrée au Maroc des différentes civilisations venues de l’est, en faisant un lieu de métissage entre les musiques ancestrales, tel que Laâlaoui et les Reggada,d’une part et le Raï et le Gharnati de l’autre. Un art musical de métissage et de syncrétisme religieux, comme l’illustre, Sidi Yahya, le saint patron d’Oujda vénéré à la fois par les juifs et les musulmans. Saint patron d’Oujda, musulmans, juifs et chrétiens l’invoquent à l’unisson. Il demeure un lieu de pèlerinage privilégié pour juifs et musulmans. Au 19ème siècle,en cas de conflit, les chefs des tribus Angad, Mhaya et Béni Iznassen, se réconciliaient sur le tombeau de Sidi Yahya. Abou Hamid el Ghazali aurait écrit avoir lu dans le livre du Hakim al Rounani(le sage grec ?) qu’Abou Yahya Ben Younès était mort à Oujda et y avait été inhumé. C’était un des pôles du monde ; il adora Dieu pendant quatre vingt ans dans le jeûne le silence et la prière. Sa présence fit disparaître les lions qui infestaient les environs de la ville d’Oujda alors considérable. Sidi Yahya fut un précurseur ; il était contemporain du christ, mais il prédit la venue du Prophète cinq cent ans avant sa naissance ; il doit par conséquent être considéré comme musulman. Les juifs de l’Oriental ont vécu longtemps en paix parmi les musulmans en particulier à Oujda, Figuig et surtout Debdou, cité où les juifs étaient plus nombreux que les musulmans.
Debdou est située à 160 kilomètres au Sud – Ouest d’Oujda. A la suite des persécutions de la Reconquista au XVè et XVIè siècles, notamment les expulsions des communautés juives du Royaume d’Aragon et de Castille sur ordre d’Isabelle 1ère la Catholique (1474-1504), une communauté juive séfarade, originaire essentiellement de Murcie, s’y installa. Durant une longue période les israélites, en particulier les familles Cohen et Marciano, y exercèrent un commerce actif avec l’Algérie et Méllilia, faisant de Debdou une plaque tournante, « un port de steppes orano – marocaines ». Debdou est rangée maintenant dans la catégorie des petites villes déchues..Elle dépend de la province de Taourirt
Le géographe andalou, Oubeïd el Békri écrivait vers l’an 1068 :
« Les voyageurs qui partent des contrées orientales (de l’Afrique) pour se rendre à Sijilmassa et aux autres localités de l’Occident, traversent la ville d’Oujda et y suivent la même route lors de leur retour. » Cependant cette voie de passage pour le commerce était aussile « triq Sultan »(troué de Taza, seul couloir de circulation praticable entre Fès et Tlemcen) ponctuée par le Moulouya et la Kasbah des Msoun,qu’empreintaient les armées des Sultans du Maroc lorsqu’elles se portaient contre les Souverain Abdelwadides de Tlemcen. Oujda fut ruinée et relevée quatre fois au cours des guerres continuelles qui opposèrent les maîtres de Fès à ceux de Tlemcen.En 1084, l’Almoravide Yossef Ben Tachfîn, après avoir franchi la Moulouya , détruisit une première fois la ville. Puis, en 1272, ce fut le mérinide Abou Yousof Yacoub qui mit en pièce l’armée des Abdalwadides qui régnaient sur Tlemcen, à la bataille d’Isly Il détruisit Oujda de fond en comble et la rasa jusqu’aux fondements. Son fils Abou Yaâcoub qui avait repris la lutte contre les Abdalwadides fit raser encore une fois les fortifications qui avaient été relevés entre temps.Il donna ensuite l’ordre de relever la ville de ses ruines, d’y construire une Kasbah , un palais, un bain maure, et une mosquée Après une période de tranquillité, le Sultan mérinide Abou Saïd rouvrit les hostilités contre les maîtres de Tlemcen. Il donna l’assaut contre Oujda en 1314. La ville fut à nouveau assiégée en 1335, puis ruinée par le Sultan mérinide Abou el Hassan.
Au 16èmesiècle, où les turcs pénétrèrent jusqu’à Moulouya, d’où ils furent repoussés par les Saadiens vers l’Est, Léon l’Africain écrivait à propos d’Oujda : « Les murailles d’Oujda furent autrefois hautes et fortes, les boutiques et les maisons bâtis d’un industrieux artifice, les habitants riches, civiles et magnanimes. Mais elle fut saccagée et démolie par les guerres, qui survinrent entre les rois de Fès et ceux de Tlemcen, au nom desquels, elle voulu tenir bon. Puis , la paix faite, elle commença d’être habitée par des gens qui se mirent à édifier des maisons non en si grand nombre qu’autrefois, ni d’une si belle structure qu’elles avaient été par le passé, car il ne saurait y avoir aujourd’hui mille cinq cent logis habités. Et avec ce, des pauvres gens comme qui rendent un si excessif et démesuré tribut au roi de Tlemcen et aux arabes leurs voisins. »
Oujda fut fondée en 994, par Ziri Ben Atya, chef des Maghraoua, groupe de Zénètes nomades. Investi par les khalifes Omeyyades de Cordoue du commandement du Maghreb, Ziri Ben Atya , qui dut s’y imposer par la force, décida de s’installer au centre du pays qu’il devait administrer plutôt qu’à Fès ou à Tlemcen. Il résolut de créer une « capitale » au milieu de la plaine d’Angad, à proximité de la source de Sidi Yahya(le beau parc de Sidi Yahya qu’abritent les térébinthes séculaires ne fut qu’un cimetière) et de montagnes qui pourraient éventuellement lui servir de refuge. Mais le site d’Oujda se justifie aussi par le croisement qui s’y opère entre deux grandes voies commerciales : la voie nord-sud de la mer à Sijilmassa et est-ouest de Fès à Tlemcen. Située dans la plaine d’Angad,Oujda est à 14 kms de l’Algérie et à 60 kms de la Méditerranée. Les quatre portes de la médina d’Oujda correspondent aux quatre points cardinaux :
- Au nord Bab Oulad Amrane et la route menant chez les Béni Iznassen.
- Au sud Bab Sidi Aïssa, d’où convergent les routes menant chez les M’haya et les Zekkara .
- A l’Ouest Bab el Khémis, donne sur la route qui mène vers Aïn Sidi Mellouk et Aïn Sfa.
- A l’Est, Bab Sidi Abdelwahab, donnant accès au chemin de Marnia et de Sidi Zaher, ainsi qu’à la route de Sidi Yahya le saint patron d’Oujda.
Au 19èmesiècle,en cas de conflit, les chefs des tribus Angad, Mhaya et Béni Snassen , se réconciliaient sur le tombeau de Sidi Yahya. A la fin du 16ème siècle Marmol, raconte que la ville eut à souffrir d’une attaque de Barberousse, et ajoute :« Oujda s’est repeuplée depuis, de quelques mille cinq cent berbères…Les habitants sont tourmentés des turcs et des arabes du désert. »
Le Gharnati entre Fès et Tlemcen.
En matière artistique, les algériens concurrencent les fassis. La société de musique « Andaloussia », a été fondée en 1925 par deux fonctionnaires algériens, Si Rahal Mohamed interprète judiciaire, et Bensmaïn Mohamed, professeur au lycée. Elle a vivement intéressé S.M. Le Roi Mohamed V, lors de sa première visite officielle à Oujda. Le répertoire classique des Noubât Gharnati d’Oujda a pour source Tlemcen qui recueillit dés le 13ème siècle le legs musical andalou. Cité des grands maître de la musique arabo – andalouse, dont Al Maqqari Al Tilimçâni, l’auteur de nafhat – tîb qui raconte le cycle des nawba Gharnati – de Grenade – où les plus grands musiciens de Cordoue se retrouvèrent, avant de refluer vers le Maghreb, à la suite de guerre de reconquêtes catholiques en Espagne. La tradition Gharnati de Tlemcen a entretenu des contacts avec les villes d’Oujda et de Tétouan au Maroc. Tlemcen a été un centre de rayaunnement de la musique andalouse dans sa sphère culturelle avec à l’Ouest, le couloir de Taza et à l’Est, Bejaïa.
Cette musique andalouse est appelée Ala au Maroc, Gharnati à Tétouan, Oujda et Tlemcen, San’â à Alger, et Maâlouf au constantinois et à Tunis.La nawba fut mise au point dès le 9èmesiècle, à Cordoue, en Espagne musulmane. Vastes constructions mélodiques qui ont vaincu l’oubli et traversé le temps.
C’est Ziryab qui fut à l’origine du grand monument andalou, constitué par les vingt quatre nouba-s, un système qui se développa sous la forme d’un arbre symbolique, l’arbre des tempéraments, Shajarat al-toubou’, ou arbre des modes. A chaque heure qu’égrène le jour correspond un mode, un maqâm, c'est-à-dire un chant, une mélodie, qui exprime un état d’âme, une pensée, un sentiment. Si par exemple, le mode raml et raml el Maya, célèbre les chatoiements du crépuscule, le maya et rasd – eddil,saluent le jour qui point.
Le grand Ziryab ajoute une cinquième corde à son luth et fixe à cinq le total des mouvements essentiels de la suite musicale arabo – andalouse qu’on appelle nawba. Des vingt quatre modes que comptait l’ingénieuse et géniale classification de Ziryab et de ses disciples, quinze seulement subsistent au Maghreb. Et sur les 15, 12 seulement restent suffisamment connues pour offrir matière à la composition de nawba parfaites, c'est-à-dire de suites à peu près complètes.Vers 1800, à la demande du Sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah, on rassembla dans le manuscrit du Hayk al Titouâni, les textes de tous les chants qui se chantent couramment sur les vingt quatre échelles modales ( toubou’) des onze nawbât marocaines.
Dans la nawba maghrébine héritière de la nawba andalouse, la musique, le chant et la poésie sont étroitement liés. Toute tentative de faire abstraction de l’une des composantes de la nawba aboutit à une analyse erronée. On ne peut donc parler du muwashah sans le mettre en relation avec la nawba dans laquelle il est chanté, et avec le mode tba’ qui en détermine souvent le contenu thématique et la forme stylisqtique. Les pièces vocales se composent aussi de Zajal et de qasaïd-s classiques. Et il arrive souvent qu’au cours du même mouvement on chante successivement un Zajal, un mûwashah et une qasida. Le muwashah qu’on peut traduire par « la parure poétique chantée » est né dans les jardins andalous. C’est ce genre poétique typiquement andalou qui serait derrière la poésie de « l’amour courtois » qui caractérisait au Moyen Âge les troubadours de l’Europe méridionale.
A la fin du 19ème siècle, Oujda était entourée d’une ceinture de jardins plantés de jujubiers. D’où le surnom de « médinet el Cédra » : citée des jujubiers. Suivant les époques, Oujda a été également surnommée médinet el Haïra(ville de la perplexité). Ceinture de jujubiers et d’oliviers, épaisse de mille mètres en certains endroits. Chaque jardin était enclos d’un mur en pisé de 1,80 m à 2m de haut percé de nombreux trous. Les espaces laissés libres entre les jardins formaient un dédalle assez compliqué de ruelles dans lequel on pouvait difficilement s’orienter, les oliviers arrêtant la vue. Les jardins constituaient un système de défense appréciable, qu’on avait renforcer dans les années 1880 par la construction du muraille en pisé de six mètres de haut, formant une enceinte continue percée de deux portes diamétralement opposées et doublé d’un fossé large et profond creusé pour construire le mur.
En 1885,J.Canal écrivait :
« Oujda se divise en six quartiers ou Houma, séparés entre eux par de grandes portes, placées en travers de la rue et fermées la nuit. Chaque quartier a ses mosquées, son Foundouk(auberge - écurie),ses bains maures etc.
Les six quartiers d’Oujda sont :
- Au nord ; Oulad Lahcen, Oulad Amrane, Ahl oujda,.
- Au centre ; le Mellah.
- Au sud – est ; Oulad Aïssa.
- Au sud – Ouest ; les Oulad el Cadi.
La kasbah se trouve au centre. Tous les soirs la ville est fermée par ses portes extérieures, lesquels sont fortement bastionnées et défendues par des remparts en maçonnerie. » La médina abritait les musulmans et les juifs marocains.Les deux tiers des juifs marocains vivaient dans l’ancienne médina intimement mêlés aux musulmans, partageant le même immeuble autour de la même cour, d’un seul puits, dans une même misère. Ainsi, les juifs marocains d’Oujda n’étaient pas comme dans d’autres villes du Maroc confinés dans un Mellah entouré de remparts.
La ville européenne s’était étalée au-delà des remparts, détruits durant les années trente, et remplacés par des avenues. Un certain nombre de juifs marocains enrichis, avaient quitté la médina pour la ville européenne. Celle-ci recevait également des familles de notables musulmans marocains et plus encore algériens.
Les principaux fonds de commerce appartiennent à des fassis et à des algériens et se trouvent à la grande Kissaria où sont installés les marchands.La période 1834 à 1844 est de relative prospérité. Ces années apparaissent comme les plus belles qu’ait connu Oujda. La conjoncture d’assez bonnes récoltes et d’un intense trafic commercial, en partie sous tendu par le ravitaillement pour l’émir Abd el Kader,par les négociants. Il faudrait aussi y voir les effets stimulants de l’arrivée des réfugiés algériens désireux d’échapper à la domination française. Il semble que date de cette époque,l’intérêt des familles des négociants fassi en plein essor. Les registres d’entrées et de sorties des marchandises du foundouk Nejjarînes de Fès pour ces années en témoigne.
Oujda à l’aube du 20èmesiècle
A l’aube du 20ème siècle, il existe certes un petit noyau de descendants de vieilles familles Oujdis, renforcés dans les années 1830 – 1840, par l’installation de familles algériennes fuyant l’occupation française et de quelques représentants de firmes fassiesvenant profiter du regain des échanges liés aux fournitures à l’émir Abd el Kader. Mais ces apports sont continus et multiples. Ainsi en 1882 une effroyable disette sévit dans le Souss. Sur les conseils du Sultan, les habitants viennent s’installer dans la région d’Oujda. La population juive passe de 10% à plus de 20%. Diversité, spécificité d’une part, mixité de l’autre. Et d’abord d’énumérer : arabes citadins et arabes campagnards, berbères, figuiguiens, juifs marocains et juifs français, européens aussi, moins rares qu’il n’a été dit, voir « levantins », gens à la langue dorée et à l’inspiration fertile. La cohabitation est heureuse de ces ethnies différentes, qui apparaissent vivant de façon beaucoup plus mêlés que dans les autres cités . A cette aube du 20ème siècle, dans les tribus voisine d’Oujda, l’opposition Angad – Mhaya parait une donnée structurelle de la politique locale. En 1906, la ville comptait un peu moins de 6500 habitants.Ils étaient 34 700 en 1938. Le recensement de 1994 a dénombré 354000 habitants en zone urbaine.
La « waâda » : la fête saisonnière de l’Oriental
Ces différentes formes de danses de l’oriental marocain, se manifestent traditionnellement lors des réjouissances saisonnières connus dans l’oriental sous le nom de waâdate (l’équivalent des fêtes patronales ou moussem du monde rural marocain). Originaire de la tribu des Béni Yaâla, Mr ;Abdelhamid Brahim, président de l’association Brahma pour le folklore de la région de l’oriental nous parle de cette fête saisonnière en ces termes :« Tout le monde participe à la waâda des Mhaya qui a lieu à la pleine lune du mois de juillet. Il y a la waâda des Béni hamlil, celle des Ahl Angad qui se déroule à Sidi Yahya le saint patron d’Oujda et la waâda des Bni Iznassen organisée par sa fraction des Oulad Mansour qui se déroule en une demi journée à Saïdia. Ppartout ailleurs cette fête a lieu en trois jours : la fantasia s’y déroule au malaâb » (terrain de jeu) autour duquel s’organise le campement des khaïma : là sont dressées les tentes louées ou achetées par la tribu organisatrice de la waâda. Ce lieut où ont lieu les sacrifice et où on présente les repas communiels on l’appel « hjir » : on y offre de somptueux repas aux invités d’honneur et aux simples « âbir sabil » (les gens de passage). En faisant montre de la meilleure hospitalité, chaque tribu est en compétition avec toutes les autres. On se dit : « Quelle est la waâda qui a attiré le plus d’invités ? Laquelle avait présenté les meilleures offrandes ? Es-ce la waâda des Mhaya, celle des Béni Hmil ou celle d’Ahl Angad ? Quelles sont les personnalités qui l’ont honoré de leur présence ? Y avait-il beaucoup de cavaliers ?Les cavaliers sont tous des hôtes : par exemple si deux à quatre serba (escouades) sont issus de la tribu organisatrice, les autres cavaliers sont des invités : on s’échange ainsi, à tour de rôle, les invitations entres les différentes tribus de l’oriental »
C’est pour cette raison que l’institution de la waâdase caractérise par la compétition entre les tribu. Cette compétition festive a pour fonction d’apaiser les conflits intertribaux qui naissaient des confits autour des pâturages et des points d’eau.
La « waâda » de Jerada
Depuis sa reconnaissance par les géologues en 1929 et son exploitation effective en 1936 , le bassin carbonifère de Jérada avait transformé cette région agricole en zone minière. En l’an de grâce 2001, le dernier puits est fermé, et le dernier mineur prié de redevenir le fellah qu’il a toujours été. Difficile reconversion, quand on sait que la mine a crée autour d’elle une communauté de destins, une identité propre à ceux qui ont partagé les joies de la fête, mais aussi les ruines invisibles de la silicose : inhalé au fond des galeries souterraines, le dépôt cristallin de poussière noire finit par durcir et obstruer l’appareil respiratoire, y étouffant progressivement la vie. Incurable est la silicose, parce qu’elle adhère irrémédiablement aux parois pulmonaires.
Par delà les collines dénudées et les amandiers en fleurs ; la traversée de l’oued Isly, connu pour la bataille éponyme qui oppose en 1844 un Maroc qui soutenait les incursions de l’Emir Abdelkader depuis le Rif jusqu’en Algérie qui venait alors d’être occupée par la France. Par delà les frontières, histoire commune, proximité géographique : ici –même le jeûne est rompu aux dattes d’Algérie. Par delà les étendues steppiques et les rivières partagées, mêmes goûts musicaux : le Raï d’Annaba est apprécié à Jérada et le Gharnati de Tlemcen à Oujda.
Une mosaïque de tribus
« Il y a encore des réserves de charbon pour un siècle, mais on a décidé de fermer les charbonnages, nous explique cet ancien ouvrier de surface. La mine ne faisait pas seulement vivre Jérada, elle profitait aussi à la ville d’Oujda. Après la fermeture, certains mineurs sont restés sur place, mais beaucoup d’autres sont retournés dans leur patelin d’origine dans le sud ou à Berkane ».
On me conseille d’aller rencontrer un certain Mohamed Lashab, un syndicaliste qui aurait participé aux négociations conduisant à la fermeture de la mine : «On est venu de Debdou où mon père ne pouvait plus vivre de la petite agriculture. Des membres de sa famille qui travaillaient déjà à la mine en 1945 l’avaient incité à les y rejoindre ». Le recrutement s’opérait souvent de la sorte : les mineurs originaires de régions rurales pauvres, une fois établis sur place, faisaient venir voisins et famille de leur village d’origine, leur servant dans un premier temps de « structure d’accueil ». C’est la cas d’Afenzy, né à Demnate en 1950, venu travailler comme mineur au début des années quatre – vingt « parce qu’il y avait des gens de Demnate qui travaillaient déjà ici ». C’est le cas d’Ahmed, né aussi en 1950 chez les Béni Lent, fraction Tsoul, dans la région de Taza, venu à Jérada en 1972 pour rejoindre son frère qui travaillait déjà dans la mine. Ainsi, de fil en aiguille, Jérada, mi-ville, mi-village, s’est composée de quartiers et de douars dont les habitants avaient pratiquement la même origine. Ce qui explique que les quartiers portent les noms de régions lointaines : Sous, Marrakech, Taza, Debdou, Demnate, Béni Yaâla, Oulad Sidi Ali, Oulad Âmer, Zekkara, Oulad Maziane. Il y a même des membres de la même tribu qui habitent des sous – douars : Laghouate installés au douar Oulad Âmer, Béni Guil au douar Oulad Maziane (ces derniers sont des éleveurs connus pour la qualité de leur mouton « Guilli »). Jérada était ainsi composée d’une mosaïque de tribus, comme en témoigne Malika El Kihal, fille de l’un des premiers mineurs : « De mon enfance, je garde l’image de la place centrale de Jérada où, à l’occasion d’une fête religieuse ou nationale, on pouvait assister à tous les folklores du pays. Le personnel organisait une fête saisonnière, l’Waâda , qui était à la fois un rite de passage et un pèlerinage » . Aux environs de Jerada et de Bouârfa chez les Béni Yaâla, les Zekkara et les Mhaya, on pratique surtout le genre Ssaff, cet ahidus arabisé partout présent chez les femmes de l’Oriental marocain
Jerada était structurée en fonction des activités de la mine : il y avait la cité ouvrière, la cité des agents de maîtrise et « la cité Russe » (édifiée dans les années soixante – dix par les Soviétiques venus monter la centrale thermique) où résident les ingénieurs. Du temps du Protectorat, se souvient-on, les agents qui occupaient la cité ouvrière n’avaient pas le droit d’entrer ni de se promener dans la cité des agents de maîtrise, alors occupée par les Français. En pleine activité, la mine produisait jusqu’à 700 000 tonnes de charbon par an et employait 7000 personnes. Ce qui faisait vivre jusqu’à 70 000 âmes. En raison des départs pour fermeture de la mine, la cité ouvrière – noyau primitif de Jérada – est actuellement en démolition. Dans les autres quartiers qui restent encore debout, on peut lire l’inscription « à vendre » sur les façades de nombreux taudis. Mais comme il n’y a pas d’acquéreurs, leurs propriétaires finissent par les abandonner.
Les Cheikh de Bab Sidi Abdelwahab à Oujda
A Oujda, Baba Sidi Abdelwahab est le lieu de rencontre permanant des cheikhs de l’Oriental. C’est là qu’on vient les chercher que ce soit pour l’animation des fêtes de mariage ou pour l’enregistrement d’un CD ou d’un DVD, vendus chez les nombreux disquaires de la médina et tout particulièrement l’allée commerçante de « Marrakech ». Même les Cheb du Rai de Guercif s’y rendent régulièrement car c’est à Oujda que se trouvent leur véritable clientèle. Voici ce que nous en dit le président de l’association Brahma pour le folklore de la région de l’oriental : «A Oujda, Bab Sidi Abdelwahab est le lieu de rencontre des Cheikhs comme il existe des lieux semblables à Aïn Bni Mathar et à Berkane..."
La troupe se compose de cinq Cheikhs :
- Achaîr, Le poète ou parolier
- Le « berrah » (crieur public) qui chante et qui sert de relais entre la troupe et sa clientèle
- Le ou les joueurs de bandir (tambour à cadre).
- Le ou les joueurs des instruments à vent : la « ghaïta »(hautbois) et la « gasba » (flûte pastorale)
- Le joueur du « gallal » (cylindre en terre cuite muni de peau de chèvre, instrument rythmique de base du genre Reggada).
- L’ Azemmar , sorte de biniou composé d’une peau de bouc munie de deux cornes d’antilope à l’aide desquelles le musicien gonfle l’outre et règle la sortie de l’air. Cet instrument q’utilisent les cheikhs de l’oriental a pour origine le Rif et tout particulièrement les régions de Nador et d’Al-Huceima.
B. Les danses de l’Oriental marocain:
1.L’ahidus arabisé dit Ssaff : il est pratiqué en berbère Zénète chez les Bni Waraïn et les Marmoucha au sud du couloire de Taza et en arabe chez les Branès et les Hawwâra Oulad Rahou de Guercif .Cet ahidus arabisé est partout présent chez les femmes de l’Oriental marocain où il porte le nom de Ssaff .On le trouve aux environs de Jerada et de Bouârfa chez les Béni Yaâla, les Zekkara et les Mhaya.
2.La « danse du baroud », qu’on trouve sous diverses appellations depuis le couloir de Taza (chez les Ghiata –Est, les Bni Waraïn – Est et à Guercif) jusqu’aux confins de l’Oriental marocain. Cette danse du baroud partout présente dans l’oriental marocain, porte à chaque fois le nom de la tribu dont sa variante est issue :
- « Laâlaoui » par référence à la tribu des Béni Yaâla des environs d’Oujda.
- Le « Mangouchi » par référence à la tribu des Béni Mangouche.
- « Reggada » par référence à la tribu des Reggada située entre Oujda et Berkane.
- « N’hari » par référence à la tribu des Oulad N’har à cheval entre l’Algérie et les environs d’Ahfir.
- « Loutatiya » par référence à Outat el haj.
3. Le genre bédouin dit de la « gasba », la grosse flûte traversière de la transhumance et du désert, porte plus nettement la marque des hauts plateaux de la Gaâda de Debdou et du Telle de la Meseta Oranaise.Ce genre est accompagné au niveau rythmique du Guellal dont les mesures ont été reprises par le Raï.
La grosse flûte du désert serait dû aux nomades qui s’étaient établis dans la région vers le dixième siècle avec l’avènement des Béni Hilal, comme nous l’explique le poète Mimoune, parolier issu de la tribu des Mhaya située au sud-est d’Oujda :« La tribu des Mhaya est une fraction des Béni Hilal. Elle s’est établie dans la région où elle nomadise avec ses troupeaux de caprins, d’ovins, de camelin et de chevaux. Tu temps de la colonisation Française, ces arabes hilaliens nomadisaient entre Taourirt au Maroc et Tlemcenen Algérie tout en étant ouverts sur le domaine saharien. Ces nomades aimaient la poésie, les qasida « talaliya » de atlal, ruines (qui pleurent sur les campements désertés, comme dans l’ancienne Arabie), les qasida du madh (louanges) et du ghazal (amour courtois). Du point de vue musical, ils recourt à la gasba (la grosse flûte des nomades) »
Le Raï entre Oujda et Oran
De même que le folklore musical des confréries religieuses et la poésie du malhûn ont donné naissance dans les années 1970 au mouvement folk de Nass el Ghiouan par l’introductions du banjo , du Tamtam et de la sonorisation et de la scène au sens des groupes modernes ; de même le folklore de l’Oriental marocain et de l’Ouest algérien a donné naissance dans les années 1980 au Rai avec utilisation d’instruments de musique modernes ( synthétiseur, orgue, guitare électrique, saxophone, batterie, basse etc) . Là aussi on s’est inspiré des rythme et des répertoires traditionnelles comme nous l’explique le chanteur du Rai Mr.Mohamed Imounachen, fondateur à Oujda du groupe « Man – X » en 1984 : « Nous avons produit une cassette en 1985 et un CD en 2010. Le producteur du studio Nawfal à Oujda, fait partie de notre groupe dont il est le parolier. Mais notre CD n’a pas eu de succès escompté comme c’est le cas du Cheb Ryahi d’Oujda, qui avait commencé sa carrière par la chanson à succès « A Ya Mina Beslama ! »(A Dieu Mina !). Chanson qui s’est fait connaître au cours de l’émission télévisée « Sibaq al Moudoune » (la compétition des villes). C’est en fait une vieille chanson du genre Ssaff des Ahl Angad. Les chanteurs du Rai recourent aussi au rythme dit « khmassi » (rythme bacchiaque à cinq temps) qui caractérise la danse des Reggada qui s’accompagne de la gasba et du gallal comme on peut l’écouter avec chikha Rimitti de la région oranaise et le cheikh Lyounsi de la région de Berkane qui influencé la nouvelle vague du Rai à Oujda, Guercif et Jerada. A partir des années 1980, les Cheb (jeunes chanteurs du Rai) ont repris le répertoire du genre Ssaff et le rythme du genre Reggada, en y intégrant des instruments de musique moderne : au gallal, bandir et gasba, on a ajouté ; synthétiseur, basse, guitare, saxophone, batterie et boite à rythme. Cheb Khaled et Cheb Mami en Algérie et Cheb Kamalel oujdi et Ryahi de Berkane ont développé le Rai à partir du genre Reggada. » Cette évolution ne peut se comprendre qu’à partir du contact permanent de ces jeunes chanteurs avec l’Europe : ils constituent de véritables passeurs entre les deux rives de la Méditerranée. Les chanteurs du Rai qui restent à Oujda ont peu de chance d’améliorer leur technique musicale et de se faire connaître contrairement a ceux qui se produisent dans les capitales Européennes comme on l’a vu récemment avec la chanteuse Hindi Zahra, franco - marocaine, influencée par les stars du Rai, qui vient d’être récompensée pour son album "Hand Made" par le prix Constantin qui distingue chaque année les jeunes talents de la chanson française. "Beautiful Tango", premier extrait de son album, a été salué par la critique jusqu'en Grande-Bretagne. Enfant du sérail née dans le nord marocain mais originaire des tribus berbères du sud du pays,
Hindi Zahra a été bercée par les grandes voix des divas de la musique orientale, du raï au châabi, d'Oum Kalsoum à Cheïkha Rimitti. Plus tard, elle a puisé dans les racines du groove afro américain, se nourrissant des standards d'Aretha Franklin et de James Brown, avant d'apprendre son métier en tant que choriste soul et hip-hop, entre deux écoutes des albums de A Tribe Called Quest ou 2Pac. La lauréate est actuellement en pleine tournée européenne. Elle s'est produite en Angleterre, en Allemagne, au Portugal, en Suisse, et bien sûr en France (prochaine date le 18 novembre à Villefranche-sur-Saône au Festival des Nouvelles voix). Elle effectuera aussi un crochet en Belgique (dernière date de la tournée le 19 décembre à Anvers). Son concert est retransmis le 19 novembre sur France Inter, le 22 novembre sur France 4 en deuxième partie de soirée et le 25 novembre sur France 2, en 3e partie de soirée. Le jeune chanteur de l’oriental marocain ne bénéficie ni de la même formation musicale, ni des mêmes techniques managériales et de communication du star système pour franchir le rubicon. Sans parler de l’absence de tout droit d’auteur.
Le succés du Rai auprès de la jeunesse
La fin des années quatre vingt a vu le Raï oranais s’imposer durablement au Maroc, et tout particulièrement à la ville – frontière d’Oujda. Le Raï a démontré le rôle de plus en plus essentiel de la jeunesse comme productrice de nouvelles pratiques culturelles. Comme le mouvement folk de Nass el Ghiouan au Maroc, il a expérimenté une manière nouvelle de s’approprier les matériaux de la culture populaire ainsi que des formes contemporaines d’expression musicale. S’établissant délibérément, dans les espaces non institutionnels, la chanson Raï va élargir son audience par le biais des mariages, des cabarets et des boîtes de nuit de la côte oranaise. Après sa reconnaissance, le Raï sera enfin diffusé par la radio – télévision – y compris la radio régionale d’Oujda – et à travers les festivals d’Oran, puis de Monte la Jolie. Ce n’est qu’au cours de l’été 2006, qu’Oujda organisera son premiers festival international du Raï.Si le Rai a incontestablement des racines bédouines il a pu néomoins facilement fusionner avec la World Music, ce qui explique son succès auprès de la jeunesse au même titre que les Gnaoua.Or toutes les musiques régionales ne se prêtent pas aussi facilement à cette fusion avec la world music comme a pu le constater au festival Alégria de Chefchaouen,le musicologue Mohamed Ben khazzou pour Taqtouqa Jabaliya par exemple : « Une américaine a joué du saxophone le maqam du higaz qui se distingue par l’emploi du mi bémol Diaz et par celui de si bimol.
On a alors senti un rapprochement entre son jeu du saxophone et notre Taqtouqa Jabaliya. Mais il était très difficile de rapprocher les rythmes parce que celui de Taqtouqa Jabaliya se fonde sur 9/4 difficile à exécuter par quelqu’un qui n’est pas habitué au Jabli.Un américain joueur de batterie n’a pas pu s’adapter à ce rythme connu sous le nom de « rythme boiteux ». Par conséquent nous avons ici une musique très spécifique qui fusionne mal avec les musiques du monde. ».
C’est sa préponsion à l’ouverture sur les autres musiques qui a assuré au Rai le succès auprès de la jeunesse et la diffusion mondiale qu’on lui connaît. D’ailleurs la plupart des chanteurs du Rai ont débuté leur carrière en Europe.Comme c’est le cas du Cheb Kader, qui a commencé sa carrière à l’étranger : « J'ai travaillé pour que le Rai devienne international en y injectant des sonorités funk, reggae, musique marocaine… A mon retour au Maroc en 2001 avec l'album « Mani », un ami est allé i voir la société Universal pour leur faire écouter mes titres.Une compilation de mes meilleures chansons dont « Dima Raï », qui est un espoir de réconciliation entre le Maroc et l'Algérie. L'album est un mélange de Salsa et de Raï, une reprise du tube Raina raï… J'ai toujours rêvé d'un style maghrébin, mais aussi international, qui soit reconnu comme tel aux USA, au Japon, en Europe… Mon album «Dima Raï», qui porte bien son nom, sort en Suisse et en Allemagne le premier janvier. L'album sort également au Maroc, où je serai en tournée tout l'été . Les contacts sont pris avec les grands festivals, (Casablanca, Oujda, Al-Hoceima…). J'ai eu envie, avec cet album de répondre à la demande de beaucoup de gens via Internet». Le modèle de tous ces jeunes est incontestablement la succès story du Cheb Khaled le roi du Rai qui vient de se produire, en cette fin d’année 2010 au festival des arts nègres de Dakar. Habillé d’un jean délavé et veste noire, Cheb Khaled n’a pas donné de répit à son orchestre composé de sept musiciens qui ont, sans fausse note aucune, exécuté des airs aux rythmes variés. Micro à la main et esquissant continuellement des pas de danse : quand Khaled entame « Didi Didi » et « Aïcha », la foule trémoussait dans une ambiance Rocker…., Succès universel qui fait que le genre Rai éclipse incontestablement les autres genres de musique et de danse dont la diffusion ne dépasse pas généralement le niveau local...Abdelkader MANA
Vues des trainings sur la musique et la danse organisés par l'UNESCO à Jerada au mois de janvier 2011 au profit des professionnels de la musique et de la danse dans l'oriental marocain
05:27 Écrit par elhajthami dans Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook