12/10/2011
L’être et le néant
En hommage à Mustapha Salamat qui vient de nous quitter
Au milieu Mustapha Salamat décédé ce lundi 3 octobre 2011
L’amour qui est un beau prétexte pour venir au monde
ne le serait-il pas pour le quitter ?
Poème de Moubarek Erraji,
Et brusquement, j’interpelle mon corps, (mon moi)…
Pouvons - nous oublier notre petite expérience d'ici-bas ?
J’ai maintes fois retourné la question,
Des amertumes, des futilités et de l’absurdité de la vie
De ses rêves, de ses femmes et de ses blessures d’amour
J’ai maintes fois parcouru les continents
Semelles ensanglantées, l’azure me filant d’entre les doigts
Et brusquement, j’interpelle mon corps, (mon moi)…
Pouvons - nous oublier notre petite expérience d'ici-bas ?
Allons-nous ajouter à la poussière une autre triste poignée de sable ?
Que feront de nous les massons ?
Ecouterons - nous siffler le sinistre hululement au dessus de nos crânes ?
Le vent nous dispersera avant même notre métamorphose et notre disparition
Allons –nous demander au vent de nous déposer là
Pour que nous puissions à nouveau marcher
Boire notre dernière tasse de café
Caresser la chevelure d'une femme qui passait par là
S’enivrer de ses idées sur l’amour, voir par la lucarne de ses rêves
La tête enveloppé de la nuit et du vent
Comment pouvons-nous lui chuchoter la langue des langues
Lui insufler notre alliage enflammé ?...
Allons-nous ajouter à la terre, une autre triste poignée de sable
D’où surgirait cet arbre où ne s’arrêterait aucun oiseau migrateur
Dans sa folle course à travers les continents?
Un arbre juste né pour les flammes…
Abdellah Oulamine
Comment ô mon corps as-tu poussé ton premier cri de vie
Après l’improbable fécondation spermatozoïdale
Alors que mon père était dans les nus
Et que ma mère emportait les tempêtes d’une main à l’autre ?
D’une flèche d’amour la vie a surgi
D’une cellule l’autre,d’un fourmillement de nerfs, l’autre
Tandis que mon père et ma mère ont fermé leurs yeux
J’ai ouvert les miens au fond des entrailles
Abdellah Oulamine
Comment, ô mon corps nous sommes parvenus
A toucher leur rêve fuyant comme la nuit touche aux étoiles ?
Nous étions incapable d’expliquer tout cela à notre merveilleuse mère
Même s’il nous arrivait de sonner le glas de l’univers
A l’intérieur même de ses entrailles
Et il arrivait que notre mère attribue toute cette agitation
Aux rêves vibrants, aux signes obscures
Annonciateurs de notre désir de naître prématurément
Pour jouer aux bulles de savons
En papotant de joie dans un bain de mousse
Comment avec le cri primordial
Nous sommes parvenus à jeter nos souvenirs en dehors de son utérus ?
Nous nous souvenons de rien.
Abdellah Oulamine
Y - aurait- il en l’air un principe d’oubli ou une goutte d’eau issue du fleuve de Platon ?
Y – aurait – il face à chaque syllabe que nous apprenons, une autre qui n’aurait pas lieu d’être ?
Es – ce le premier exile de l’être ?
Es – ce en naissant, nous mourrons en même temps ?
En cette nuit mon père était nuageux
Tandis que ma mère transportait les tempêtes d’une main à l’autre
D’un fourmillement de nerfs à l’autre
De l’arc d’un œil amoureux, ils ont décoché la première flèche de vie
L’amour qui est un beau prétexte pour venir ne le serait-il pas pour partir ?
Parmi toutes ces improbables fécondations spermatozoïdales
Comment ô mon corps as-tu pu surgir à la vie?
Le sperme infécond nous demande :
- Vos pas étaient – ils prêts pour l’éclair ? Nous sommes revenus au néant parce que nous avons compris l’inutilité de la compétition.
- Sperme, première gouttelette du genre humain, es – ce que le désespoir ne vous a pas encore saisi ?
- Parfois le désespoir nous atteint quand le cri de vie se métamorphose en cri des morts. Il arrive que le cheikh Al Maârra Al Naâman , se transforme en minaret d’ascèse. Quand les autres, sur cette terre, ne veulent pas comprendre que l’amour qui est une raison suffisante pour venir pourquoi ne le serait-il pas pour partir ?
Il n’est pas aisé ô mon corps, que le soleil à travers son signe lumineux dise à l’univers :
- Vous êtes plus beaux que les anges parce qu'ils n’ont pas expérimenté la douleur. Vos pas sont plus beaux que mes rayons .Alors que vous êtes tous jeunes,vos questions, m’incitent à vous attirer vers moi, s’il n’y avait toutes ces éternelles chaînes d’or qui me retiennent là haut, s’il n’y avait cet empressement de la nuit à succéder à mes jours.L’amour est une raison merveilleuse pour venir et pourquoi ne le serait-il pas pour partir ? Là où la délectation de l’inconnu ne reconnaît qu’elle-même et ne s’avoue que pour les questionnements brûlants et éternels
Traduit de l’arabe par Abdelkader Mana
12:43 Écrit par elhajthami dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèsie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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