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28/09/2010

La porte du Sahara

Tariq Lamtouna : la voie des Almoravides

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Maintenant encore, les lettrés se souviennent de l’itinéraire des Almoravides à Travers le Sahara. Itinéraire que suivra six siècles plus tard l’expédition de Moulay Ismaïl. C’est le tariq lamtûna , qui par Tindouf a mené le contingent Almoravide sur l’emplacement actuel de Chenguite, en Mauritanie. Abdellah Ibn Yacine impulsa le mouvement, mais c’est Youssef Ibn Tachfîne qui fut le véritable fondateur de la nouvelle dynastie qui, après avoir créer Marrakech en 1062, conquit le Maghreb et l’Espagne.Depuis les Almoravides, Tariq Lamtûna, la route transsaharienne, a toujours été le nerf de la politique des dynasties marocaines. Et les tribus nomades ont toujours traversé les immensités désertiques pour aller à la rencontre des sédentaires de l’oued Noun, de Sous et au-delà , des plaines côtières du Maroc. Depuis les Almoravides, Tariq Lamtouna , la piste impériale du désert fut parcourue par les marchands Arabes et Berbères, en particulier ceux de Sous pour propager l'Islam en Afrique Noire. Tariq Lamtouna qui traverse le pays des moulathamounes , les hommes voilés du désert, a toujours été le cordon ombilical qui relie le soudan au bassin méditerranéen à travers le Maroc, qui a toujours puisé ses énergies vitales de ses racines africaines. Ce n'est pas seulement la musique ou la naissance de ses dynasties, mais c'est des pans entiers de l'identité culturelle marocaine qui ne peuvent être intelligibles, sans la prise en considération de la dimension saharienne et africaine du Maroc
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Autrefois le commerce transsaharien était prospère chez les Tekna: il les menait par Smara, Tindouf sur Tombouctou et sur la côte par Adrar, Tichitte et Wallata au fleuve Sénégal. Cette dernière piste était surtout utilisée pour le trafic des chameaux. Et en direction du nord les Tekna fréquentaient les souks et les moussems du Bani et de l'Anti - Atlas; le Sous, Marrakech, Essaouira et même les plaines côtières.

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Au milieu de paysages dénudés qui annoncent déjà le désert, des oasis sporadiques émergent ça et là, comme dernier refuge d’une culture qu’irriguent de multiples courts d’eau descendant des derniers contreforts de l’anti – atlas pour former le fameux oued Noun qui donne son nom à tout ce Maroc présaharien. Au-delà de l’anti-atlas , s’étend une vaste zone semi – désertique  où voisinent les montagnes et les oasis . C’est le Maroc saharien. Quelques greniers collectifs comme ceux d’Imtdi , fraction des Aït Harbile, reflètent la vieille tradition villageoise du Sous extrême. Ce sont des greniers à caractère de citadelles imprenables construites souvent sur un éperon rocheux. Ces Agadirs inaccessibles servent de magasins pour des tribus semi – pastorales. Ils se dressent encore émouvants à chaque piton rocheux du Bani dont la chaîne étroite et vive comme un arrêt, veille le long du désert.

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Grenier collectif d'IMTDI, fraction de la tribu des Aït Harbile

C’était un rempart naturel , au lieu même où deux mondes se rencontrent ; celui des nomades avec les sédentaires. Les oasis du Noun et du Bani , constituent la limite et la frontière du pays des sédentaires et des nomades.Mais aussi le lieu de rencontres et d'échanges, comme en témoigne Brahim Assaka chez les Aït Harbile:

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Mahfoud Amangar et Brahim Assaka chez les Aït Harbile

"Nos aïeuls allaient à Tindouf. Ils y vendaient sel et dromadaires. Ceux de là bas venaient pour acheter nos céréales et nos ovins. Mes parents que Dieu ait leur âme allaient au moussem de Tindouf. Le trajet nécessitait une dizaine de jours environ. Moi-même je me suis rendu à Tindouf, en 1968, 1969, 1970. On amenait nos légumes à ce moussem d'où on ramenait dromadaires, tissus et quincailleries. On y vendait, on y achetait. Tout allait bien. Le moussem de Tindouf avait lieu le mois de mai. Les gens s'y rendaient pour en ramener des marchandises. Il passaient par Assa, Zag et puis Tindouf.".

Amhirich au sud de Goulimine, le principal souk régional de l'oued Noun 

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Amhirich au sud de Goulimine, est le principal souk régional nous assure Mahfoud Amangar de cette même tribu des Aït Harbil :« Les gens du Sahara s’y rendent ainsi que ceux de Mauritanie et du Mali. On y vient de Dakhla, de Smara et de Laâyoune. Ceux de l’intérieur s’y rendent aussi , d’Agadir et des Doukkala ».

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En déambulant dans ce souk, un nomade qui y vend tout un troupeau de camélidés nous déclare: " Ces dromadaires sont exportés vers l'intérieur du Maroc, vers Essaouira chez les Chiadma . Là, ils sont élevés, engraissés, puis on les ramène vers l'oued Noun. Le point de départ reste le Sahara, ce souk de Goulimine en particulier.Toutes les tribus Tekna viennent ici: les Aït Lahcen, les Rguibat, les Aït Oussa, Iggout, Oulad Tidrarines, Oulad Dlim, les Âroussiynes.

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Toutes les tribus font leur marché à Goulimine." C'est au cours de ces foires fréquentées par les Sahraouis et les tribus de l'Anti - Atlas que se font les transactions les plus considérables. En particulier sur les caprins et les bovins des Aït Baâmrane et les dromadaires du Sahara, à telle enseigne qu'on désigne Goulimine comme le souk aux chameaux par excellence.
Amhirich6.JPGAmhirich7.JPGAmhirich9.JPGEn effet, Goulimine, considérée comme la porte du Sahara est actuellement le marché le plus important où nomades et sédentaires échangent leurs produits. Tous les Tekna sont plus ou moins commerçants mais ce métier est surtout celui des Ksouriens et plus particulièrement des Aït Moussa Ou Ali, la tribu des Oulad Bayrouk. Les moussems annuels les plus connus de la région , outre celui des chameaux à Goulimine, il y a ceux d’ Asrir et du Ksabi, oasis qui avaient joué un rôle important de lieux d’échange entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne.

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La vallée de Noul et la ligne du Bani, servent de lieu de rencontre aux populations de l'Anti-Atlas avec celles du Sahara. Rien d’étonnant que les villes se soient succéder au cour de l’histoire dans cette vallée : Noul Lamta, des Almoravides, Tagaost à la fin du Moyen Âge, Goulimine au 17ème siècle ont été les grands centres du commerce saharien. Si toutes les tribus situées au nord du Noun et du Bani ont gardé leur parler Berbère, les tribus Berbères situées plus au sud, comme les Aït Oussa et Iggout el Ghozlâne, incessamment mêlés aux arabes Maâqil du désert depuis six siècles ont adopté le dialecte hassani . Abdellah Ibn Yacin , fondateur de la dynastie des Almoravides, qui avait entrainé dans son irrésistible équipée les Lamtouna vers l'unification du Maghreb et de l'Andalousie était lui - même un Guézouli, originaire du Sous extrême.

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Il suffit de parcourir 12 kms au sud de Goulimine pour arriver dans la palmeraie d’Asrir. Les historiens concordent pour dire qu'au dixième siècle, sur l’emplacement actuel d’Asrir, se trouvait la ville de Noul Lamta . Lorsqu’au 11ème siècle , les Berbères Sanhaja partirent de l’actuelle Mauritanie à la conquête du Maroc, où ils devaient créer l’Empire Almoravide et bâtir Marrakech, Noul Lamta fut prise et ses nouveaux maîtres y établir un atelier monétaire. C’était un gros marché où l’on fabriquait des boucliers réputés en peau d’antilopes et qui servaient de tête de ligne aux caravanes qui traversaient  le désert. C’est sans doute de cette lointaine époque que datent les qualités commerciales des gens de Noun. Une fraction Lamta, habite encore aux environs de Fès. Au début du 11ème siècle, ils semblent dépendre de Abdellah Ibn Idriss, le fils du fondateur de Fès. Venus de Tunisie, les Arabes Maâqil atteignirent leur pays en 1218. Les deux fractions Lamta s’incorporèrent alors à un groupe de la tribu Maâqil des Bni Hssan et l’ensemble prit le nom de Tekna. Selon diverses sources historiques, Noul Lamta aurait pris fin avec l’avènement des Almohades qui avaient ainsi éliminer les Lamta en tant que fer de lance des Almoravides.

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Vestiges de Noul Lamta, l'Almoravide au Sud de Guelimine

Lorsque la ville de Noul Lamta l’Almoravide s’effondra au 12ème siècle sous les coups des Almohades, c’est Tagaost, qui existe encore sous le nom de Ksabi qui allait jouer un rôle important dans le commerce transsaharien . Léon l’ Africain qui séjourna treize jours dans cette ville en 1513 pour y acheter des femmes esclaves la décrit en ces termes :

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Tagaost au sud de Goulimine
 « Les femmes de Tagaost sont très belles et gracieuses . Beaucoup d’hommes sont bruns parce qu’ils sont nés de blancs et de noirs. Tagaost est une grande ville, la plus importante qu’on trouve dans le Sous. Elle fait 8000 feux. Elle est construite en pisé. » Au temps de Léon l’Africain, les marchands de Tagaost, envoyaient à Tombouctou et Wallata des draps tissés avec la laine des brebis de la région. En s’introduisant dans le Noul, les Espagnols voulaient conquérir le monopole du commerce du Soudan coupant la route aux portugais qui, en s’installant à Massa paraissaient avoir, eux aussi, des visées sur le commerce transsaharien.

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La danse de la Gadra, ou "Rguiss" est spécifique à l’oued Noun. La gadra , en tant que marmite est aussi un instrument de percussion. C’est à l’origine un simple ustensile de cuisson qu’on a métamorphosé en instrument de percussion. La Gadra est donc en rapport, avec le feu sacré en tant qu'élément fondamental de la vie célébré ici par un rite : ces chanteuses qui « réchauffent » qu’on appelle hammayâtes, et ces chanteurs qu’on assimile au feu, appelé « Nar ». La danse elle- même est circulaire et donc solaire.

Saline côtière qu'on appelle "Sabkha" au Saharasel.JPG
Les tribus nomades au sud de l'oued Noun troquaient le sel de leurs salines en contrepartie des cérales des tribus sédentaires situées plus au nord. Au marché de Tiznit ou celui de Tlat Lakhssas, dans le Sous extrême, une pesée de sel saharien valait deux pesées de céréales. Outre les salines côtières, il y a les Sabkha de l'intérieur telles celles de Teghazza et de Taoudenni dont le contrôle fut l'une des causes de la célèbre expédition saâdienne d'Ahmed El Mansour Dahbi vers Tombouctou. De là ce sel est transporté à Tombouctou. Ce troc de l'or contre du selest à l'origine même du commerce transsaharien.

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 Le territoire du Sahara Occidentale est en effet parsemé de nombreuses salines dénommées Sabkha fréquentées depuis toujours par les caravanes marocaines qui se rendaient de l’oued Noun à Tombouctou pour y acheter de l’or. L’antique saline de Teghazza est la plus connue des historiens. La grande monnaie d’échange pour les opérations commerciales en pays noires étant le sel, les caravanes y faisaient escale pour y acheter des plaques de sel gemme comme en témoigne le géographe arabe al-Qazouimi qui s’est arrêté à la saline de Teghazza où se trouvaient selon lui une ville aujourd’hui disparue :

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« C’était une ville au sud du maghrib, le Maroc actuel, à proximité de l’Atlantique, construite avec des blocs de sel. Les plafonds et les portes étaient faites de plaques en bon état, recouvertes de cuire pour que les bornes ne s’effritent pas. Le sel dans le pays du Soudan est très apprécié : les marchands l’exportent de Teghezza dans tous les pays. La charge d’un chameau se vend à cent dinars. »
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En allant de Sijilmassa à Wallata , Ibn Battouta s’y est arrêté au mois de mars 1352. Selon le célèbre globe trotter tangérois :

«Les dalles de sel gemme extraites par les esclaves du Massoufite tributaires de l’Empire du Mali sont transportées au Soudan. La nourriture des mineurs vient à la fois du sud Marocain, les dattes et du Soudan, le mile. »

Ibn Battouta nous montre les Massoufite ancêtres des hommes bleus associés à la vie du Mali. Il n’est donc pas étonnant que certaines musiques soudanaises soient à la fois appréciées au Soudan et au Sahara. Si bien qu’aujourd’hui, la musique au Sahara semble composée d’un ensemble d’éléments négro-berbères tardivement arabisés.

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Géographie humaine! Dans cette région cohabite l'ahouach Berbère des Aït Harbil

le Tarab Hassani des Aït Oussa et les Ganga de l'oued Noun!

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"Azawane", L'orchestre des Aït Oussa en pays Tekna

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La guitare électrique a remplacé la tidinit des griots de jadis

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Ce paysage austère et pluvieux revêt des allures poétiques pour l'épilogue d'un chant nomade :

Nos gîtes de campagne,

Sont dressés là - même où sont nos racines

Sur cette étendue désertique  frappée d'éclaires.

Doux rêve d'hiver, sous  la fine pluie et sous la tente

Parfum d'herbes sèches, s'évaporant du milieu des oueds.

Lointaines rumeur des bêtes sauvages.

Cérémonial de thé, entre complices de l'aube.

Crépitement de flammes consumant des brindilles desséchées

Et avec le jour d'hiver qui point

Chaque amant rejoint la tente des siens.

Vision du désert comme centre de rayonnement mystique et comme source d'inspiration

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Les Ganga de l’Oued Noun

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Les ganga de l'oued Noun, rappellent le temps où la kasbah du cheikh Bayrouk, était l'aboutissement des caravanes, en provenance d'Afrique. Lieu d'échange, l'oued Noun est aussi un carrefour culturel où on retrouve l'ahouach berbère de l'anti - Atlas, celui des Aït Harbile et des Aït Baâmrane, les rythmes africains Ganga, ainsi que la Gadra de l'oued Noun mêlée au tbal et au chant Hassani..

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Les gangas de Guelmim (la porte du Sahara)se distinguent par un répertoire à forte influence bédouine notamment à travers le dhikr et le madih à forte connotation mystique. Dans leur chant on invoque la beauté de l’esclave m’birika (sobriquet qu’on lui donnait par référence à son maître le cheikh Bayrouk de l’Oued Noun) femmes que ramenaient les caravanes du Soudan :

Comme les filles du Soudan sont belles !

M’birika ô ma belle, on t’a amené du Soudan

On n’était pas fatigués et tu n’étais pas épuisée

M’birika ô ma belle,quand  on t’a amené du Soudan

En reliant St Louis au Sénégal à Mogador vers 1850, Léopold Panet, le premier explorateur du Sahara, décrit sa rencontre avec le cheïkh Bayrouk pendant son séjour à Noun, où il avait assiste à une fête d'accueil d'une caravane en provenance de Tombouctou :

« Pendant mon séjour à Noun, j'y fut témoins d'une fête magnifique. C'était le 12 mai ; la veille, on savait qu'une grande caravane revenant de Tombouctou devait arriver le lendemain, parce qu'elle avait envoyé faire louer des tam-tams pour fêter sa rentrée. Dés sept heure du matin, les femmes des marchands arabes, qui composaient cette caravane, étaient parées de tout ce qu'elles avaient de beau en habis et en bijoux, et le tam-tam, dont le bruit assourdissant se répétait au loin, avait attiré autour d'elles une foule des deux sexes...Ceux au-devant de qui elles allaient, paraissaient à l'autre extrêmité de la plaine, laissant derrière eux leurs chameaux chargés et deux cent esclaves appartenant aux deux sexes. Le tam-tam résonna avec fracas, les drapeaux voltigèrent en l'air, les chevaux se cabrèrent de part et d'autre...La troupe forme deux haies qui reçoivent entre elles les chameaux chargés et les esclaves déguenillés, souvent nus. Les hommes continuent leur évolution guerrière avec le même enthousiasme, mais il y a moins de charme, moins de mélodie dans les chants naguère si harmonieux des femmes : elles ont tourné leur attention vers les esclaves et déjà chacune d'elles y a fait son choix. »Les maîtres de ces lieux de rassemblement de convois caravaniers, disposaient dans leurs citadelles de nombreux esclaves issus du commerce transsaharien. Les Noirs qui vivent aujourd'hui autour de ces vestiges du passé y célèbrent encore leur fête annuelle.

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Le moussem annuel de ces ganga de l’oued Noun a lieu au mois de juillet à  Guelmim : à la rahba (marché au grains) de Sidi H’sein où on vendait jadis les esclaves. Participaient à ce moussem annuel les gangas d’Asrir, de Tighmert, de la kasbah des Aït Baâmrane et du ksabi, lieu dit qui se trouve à l’emplacement de l’antique Tagaost.

Lieu de rencontre entre sédentaires et nomades, Guelmim, la porte du Sahara est la parfaite illustration de ce métissage culturel permanent à l’œuvre depuis des siècles dans tout le Sahara. Cela est clairement visible chez les ganga de l’oued Noun où l’on joue à la fois du tambour africain, le tambourin berbère tout en chantant en langue hassani. Ces ganga de l’oued Noun se différencient de ceux qui vivent en milieux berbère, par le fait qu’ils adoptent l’idiome et le mode de vie nomade. Certains de ces ganga travaillent comme bergers chez les chameliers et portent tous la tunique bleue typique aux nomades. La plupart des ganga du borj Bayrouk font partie de la troupe de la guedra de Guelimim qui pratique la danse du rguiss sur des airs de musique et de poésie hassani se disent originaires de Tombouctou. Ce qui prouve que le Sahara n’a jamais été une frontière infranchissable, mais bien au contraire, le lieu où s’est opéré le métissage biologique et culturel entre la négritude et la civilisation arabo – berbère.

Au Sahara existe deux types de flûtes : la flûte oblique du pays Tekna qu’on appelle zozaya et la flûte traversière de la seguiet el hamra , qu’on appelle nifara. La longue flûte oblique du berger saharien qu’on appelle zozaya est confectionnée à partir de la racine d’acacias dont on ne garde que l’écorce. Elle est ensuite recouverte de la trachée artère du bélier puis peinte de couleur écarlate. Cela permet d’un côté de donner des sons graves et mélancoliques à la flûte et d’un autre de consolider l’instrument. A Guelmim, la flûte porte deux noms : zozaya mais également tihihite pour souligner sa parenté avec la flûte enchantée du pays Haha. La nifara est la flûte du berger saharien par excellence. Cette flûte traversière est typique au chant Hassan de la seguiet el hamra.

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Il est à remarquer que contrairement à la danse de la Guedra de l’oued Noun où la danseuse est tout le temps agenouillée balançant le buste et la chevelure, à la seguiet el hamra, les danseurs sont debout : le seul point commun entre les deux danses est la gestuelle des mains et des doigts. Cette danse dénommée r’guiss fait tellement partie de l’art de vivre saharien qu’il existe même une localité perdue dans le désert qui s’appelle tout simplement r’guiss, mot qui désigne la danse en dialecte Hassan.

Le Tbal (grosse timbale) est l’autre point commun entre le pays Tekna au nord et la seguiet el hamra au sud. Le tbal était d’abord voué au madih , louanges, dus au chef de la tribu. Il est aussi présent à toutes les fêtes. Au point que le mot tbal a fini par désigner non seulement l’instrument lui-même mais aussi les festivités qui se déroulent tout autour.Instrument de percussion fondamental auquel on recourt partout au Sahara. Cette grosse timbale , dont jouent essentiellement les femmes est un instrument semi sphérique pouvant atteindre un mètre de diamètre. Jadis, cet instrument appartenait au chef de fraction et de tribu comme symbole de commandement. Les hommes aussi bien que les femmes dansent au rythme du tbal. On y chante les guifân , pluriel de guef qui signifie quatrain à l’honneur de la générosité des hommes et des femmes des grandes tentes.

 

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Tout le long de son histoire le Sahara s’est constitué à partir d’élément Sanhaja (les premiers habitants Berbères du Sahara) Soudanais,  et Arabes Hassan venus s’y établir à partir du 11ème siècle. Le dialecte arabe Hassan qu’on parle au Sahara comprend à côté de quelques mots soudanais, un grand nombre de mots et de toponymes Berbères, tel le lieu dit tagant(qui signifie forêt en berbère) berceau de la musique savante des griots sahariens en Mauritanie.

Abdelkader Mana

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12:55 Écrit par elhajthami dans Histoire, Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sahara | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Je vous applaudis pour votre critique. c'est un vrai état d'écriture. Poursuivez .

Écrit par : cliquez ici | 11/08/2014

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