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23/10/2009

Prospérité éphémère

Une prospérité éphémère

 

 

Dans un article désormais fameux sur la vie urbaine dans le Maghreb précolonialStambouli et Zghal, développent l’idée, que par ses principaux traits urbains Mogador s’apparente au mode de production asiatique, où, la ville apparaît comme la projection dans l’espace d’un projet royal. Elle est construite selon un plan tracé au cordeau et prévoyant un ensemble de quartiers nettement délimités. La ville Chinoise – du moins jusqu’à la dynastie des Song (12ème siècle) où le modèle est encore parfait – apparaît davantage comme un centre de transactions commerciales contrôlées par le prince et à son bénéfice, plutôt qu’un foyer de création de richesses et un centre de mise en valeur de la région. Or constatent nos deux auteurs «  tous ces traits qui définissent la ville asiatique se retrouent d’une manière quasi parfaite dans une seule ville maghrébine précoloniale Mogador ». Pour étayer leur thèse  les deux auteurs évoquant les quatre traits distinctifs suivants :

 

1. Mogador est la concrétisation d’un projet royal, une ville créée de toute pièce selon un plan géométrique en damier et à quartiers bien délimités.

2. Le  Sultan par l’intermédiaire de sa bureaucratie contrôle la totalité des activités urbaines.

3. Le commerce qui constitue l’activité principale de Mogador, est monopolisé par le Sultan qui importe des populations, dont les étrangers (juifs et chrétiens) pour assurer le succès de cette activité. Tous les locaux sont la propriété du Sultan, qui les loue à son tour aux commerçants.

4. Enfin Mogador apparaît comme un centre de transactions par excellence et non comme un foyer de création de richesses économiques.

 

Et nos deux auteurs de conclure :

 

« Mogador apparaît comme un type urbain exceptionnel, non représentatif de la société urbaine maghrébine. D’ailleurs l’echec rapide de cette expérience souligne bien les limites d’un tel type ».

 

Une prospérité éphémère. En effet, à Mogador, progressiement, les négoçiants juifs prennent leur distance vis-à-vis du pouvoir central en se mettant sous la protection des consulats étrangers. Le système des protections des individus va s’emplifier tout le long de la deuxième moitié du XIXè siècle pour s’étendre comme un cancer au reste du corps social et aboutir au protectorat. Aymé d’Aquin, agent consulaire de l’époque, dénonce en 1868 « la protection exclusive et injuste » qu’on offrait aux israélites au détriment de l’intérêt des musulmans. Les plus exploités dans ce système étaient les ruraux, comme le notait le Tourneaux : « Le berbère est un perpétuel emprunteur, l’argent est à la ville ». La ville par le système de crédits abusifs et l’échange inégal, « pompait » en quelque sorte les richesses de la campagne ; d’où l’hostilité  latente des caïds de la région. En particulier celle du caïd Anflous.

 

Avec l’occupation de Tindouf par la France en 1896, les caravanes se faisaient de plus en plus rares, et avec l’invention de la propultion à vapeur, les navires pouvaient désormais aborder d’autres rivages sans tenir compte des barres maritimes. Casablanca se profilait déjà àl’horizon et ne cessait de prendre de l’importance par rapport à Essaouira : « C’est à Casablanca que le consulat de Mogador pourrait être utilement transféré » notait-on dés 1857. « Les principaux établissements français sont là et c’est là que nos intérêts commerciaux ont leplus besoin d’être soutenus ».  A la fin du règne de Hassan 1er , Essaouira avait déjà perdu son rôle de port international.

 

De port international autrefois, aujourd’hui Essaouira n’est plus qu’un petit port de pêche où les marins cousent des filets aux multiples couleurs, tandis que  les goélands tissent le ciel avec la mer.


Abdelkader MANA


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14:41 Écrit par elhajthami dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, négoçiants du roi | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook