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30/04/2012

AGADIR

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Les greniers collectifs de l'Anti - Atlas

Dans le Sous les régions  montagneuses  sont connues par leurs greniers collectifs (Igoudar , en berbère, pluriel d’ Agadir) . Le rôle que jouent ces greniers collectifs de l’Anti-Atlas s’explique aisément par les conditions de vie d’un pays où les hommes ne peuvent subsister qu’en amassant les provisions dans les années d’abondance en prévision des années de sécheresse et de famine. Jadis, on avait édifié également ces Agadirs pour que les femmes et les enfants s’y réfugient en temps de siba , d’anarchie et de guerres intertribales. Ces Agadir qui servent toujours de banque d’épargne, retiennent aujourd’hui notre intérêt pour leur architecture exceptionnelle : vieux de mille ans, leur beauté rustique en fait l’un des principaux patrimoine historique de la région de Sous.

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Au loin se profile le mont adrar qui surplombe à plus de 2000 mètres d’altitude l’assise territoriale de la tribu Touska aux environ de Tafraout. Entouré de trois villages telle une forteresse, voici le grenier collectif Tasguint où les villageois de la tribu mettent leurs moissons de blé et leurs récoltes d’amandiers. Maintenant la plupart des villageois sont épiciers à travers les villes du Maroc. Cette tribu de Touska comprend sept greniers collectifs : Dougadir, Tasguint, Agdil, Touliline, Tidza et Issil. Nous avons visité celui de Tasguint , l’Agadir millénaire qui a servi de modèle à tous les autres .
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Chaque tribu ou grande fraction a sa forteresse - grenier, souvent située sur des hauteurs imprenables. Elles est disposée à l’intérieur en forme de rue étroite sur laquelle s’ouvre sur trois ou quatre étages deux rangées de chambrées dénommées ahanou, où l’on met en abris récoltes et objets précieux de la famille. Une réglementation juridique  compliquée  qu’on appelle luh(table de la loi  parce qu’ elle était inscrite sur des planchettes au départ), fixait minutieusement les droits et les charges des usagers. De l’administration de ce makhzen (magasin) dépend chaque jour la vie matérielle des villageois.
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Comme tout autre Agadir de la région, celui de Tasguint ne peut être ouvert qu’en présence de deux clés se trouvant dans deux douars en contrebas. Sans le consentement des villageois concernés, ce grenier collectif ne peut être ouvert. Pour assurer le contrôle chaque douar dont les habitants disposent de chambre dans l’Agadir délègue des membres qui se relaient pour la surveillance de nuit : ils arrivent à six heures du soir et repartent à six heur du matin. Si quelqu’un enfreint la réglementation de l’Agadir on recourt aux notables qu’on appelle inflas en berbère : c’est eux qui ont rédigé les lois coutumières en vigueur et qui veillent à leur application jusqu’à nos jours. En cas d’infraction, les douze membres qui veillent sur l’Agadir se réunissent et prononcent leur sentence à l’encontre du contrevenant pour qu’il paie l’amende sans quoi l’accès lui est formellement interdit même s’il dispose d’objet précieux dans l’une des chambrée du grenier collectif. Les notables, en présence de l’amine et des gardiens assistent à l’acquittement de la dette par l’individu condamné, sous la forme d’une vache, d’une chèvre ou d’un bélier. Tout le monde reconnaît ainsi qu’un tel s’est excusé en sacrifiant.Au grenier collectif, on dépose les bijoux en argent, en or ou encore du miel; des objets dont on ne se sert qu’une à deux fois par an. Ce sont les objets les plus précieux qu’on dépose à Agadir.

Abdelkader MANA

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14:55 Écrit par elhajthami dans Arts, Histoire, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : agadir | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

20/05/2010

Belle demeure d'Essaouira

Essaouira, ville à vivre
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Où séjourner à Essaouira?

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Maison d'hôte au coeur de la médina

Avec vue panoramique sur la baie et les terrasse d'Essaouira

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Donnant sur l'horloge...et

Sur la baie....

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Avec vue sur les terrasse d'Essaouira

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La belle demeure , rue d'Agadir

On est rue d'Agadir, l'un des quartiers les plus anciens de la médina, puisqu'il remonte à quelques années de 1764 , date de la fondation du port et de la kasbah  : en 1773, Agadir qui résistait encore à la pression du souverain, et où se maintenaient d'importants marchands chrétiens et juifs fut puissamment attaquée par une armée venue de Marrakech. La ville ne put résister, ses fortifications furent détruites. Sidi Mohamed Ben Abdellah n'accorda qu'un temps très bref à ses habitants pour ramasser ce qu'ils possédaient et leur ordonna de se transporter à Essaouira où un quartier « derb Ahl Agadir », leur fut attribué.

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Abdelmajid Mana: GSM(Maroc) :(212.6.70.27.14.12).e-mail: mana35@hotmail.fr

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Maison du 18ème siècle  sis rue Agadir : l'appartement situé au 2ème étage avec entrée indépendante,comprend: 4 chambres, 1 grand salon, 1 cuisine équipée,3 salles de bain. Avec une capacité d'accueil de 10 personnes. Selon les saisons le tarif est le suivant: A) Bassa saison: 700 Euros par semaine B) Haute saison: 900 Euro par semaine

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Maison traditionnelle d'Essaouira :

Riad ou plutôt Menzeh(vue panoramique sur la mer) ?

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Par Abdelmajid MANA

Depuis maintenant une quinzaine d'années, s'est développée au Maroc, la formule touristique, d'habiter les Riad dans la médina.  Cela permet d'une part d'être au cœur de la culture de la médina marocaine, que ce soit Fès, Marrakech ou Essaouira, et d'autre part de sortir de l'anonymat du tourisme industriel de masse. Cependant, , comme on le voit dans tous les sites Internet, il y a un abus de langage concernant  l'utilisation du mot « Riad ». Un  terme mal défini qui prête à confusion, surtout pour ce qui concerne les maisons du 18ème et 19ème siècle d'Essaouira. Les gens qui ont acquis ces maisons,  les appellent abusivement « Riad ». Or je vis justement dans l'une de ces vieilles maisons  qui n'est pas un Riad et que quelqu'un qui ne connait pas  l'histoire de la ville serait tenté de l'appeler ainsi.

On est rue d'Agadir, l'un des quartiers les plus anciens de la médina, puisqu'il remonte à quelques années de 1764 , date de la fondation du port et de la kasbah  : en 1773, Agadir qui résistait encore à la pression du souverain, et où se maintenaient d'importants marchands chrétiens et juifs fut puissamment attaquée par une armée venue de Marrakech. La ville ne put résister, ses fortifications furent détruites. Sidi Mohamed Ben Abdellah n'accorda qu'un temps très bref à ses habitants pour ramasser ce qu'ils possédaient et leur ordonna de se transporter à Essaouira où un quartier « derb Ahl Agadir », leur fut attribué.

Ces négociants juifs ou berbères originaires de Sous - les fameux « toujar sultan » (négociants du roi)-  qui s'établirent dans la kasbah et à « derb Ahl Agadir », construisirent des maisons à deux niveaux plus une terrasse. Le rez - de Chaussée était réservé à l'entrepôt des  marchandises. Ce type de demeure comportait deux entrées : ce qui montre bien qu'on ne mélangeait pas négoce et vie privé. La première porte  donne  accès au lieu du travail qui est l'entrepot des marchandises destinées à l'exportation via le port : des sacs empilés les uns sur les autres jusqu'au plafond d'amendes décortiquées, du blé, de peaux,  de caroubes et surtout de  gomme (lagracha), d'où le nom " lahraya dyal lagracha "(entrepôt de la gomme). D'après ma tante maternelle,  qui accompagnait sa maman , dans ces entrepôts, où  les femmes la filtraient et  nettoyaient  la gomme » durant la grande famine de fin  1920-début  1930 :  c'est de l'immense forêt de thuya de béribérie, au sud d'Essaouira, qu'on ramenait cette gomme qu'on appelait lagracha.

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La deuxième porte donnait sur les  étages : Le premier pour la famille, le second pour les invités  . Ce dernier était souvent  le plus beau avec vue sur la baie . On l'appelait manzah, mot qui signifie "vue panoramique" justement. A l'époque, il n'y avait pas d'hôtels et les voyageurs de passage étaient reçus : soit au  manzah des négociants , soit à la « douiriya »(, maisonette mitoyenne à la maison proprement  ou dar). En effet, partout ailleurs dans l'ancienne médina, chaque  foyer disposait de deux maisons adjacentes : dar(ou maison) pour la famille et et douiriya (maisonnette)pour les célibataires et les invités.

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Le rez- de - chaussé des maisons - entrepôt, se caractérisait par d'énormes arcades en  pierres de taille (manjour) , matériau  au fondement de l'ancienne kasbah et des fortifications du port. Dans l'hinterland d'Essaouira, on retrouve encore aujourd'hui d'excellents tailleurs de cette roche de sable, à Had Dra, Akermoud et Tamanar en particulier. Ces rez-de-chaussée étaient hauts de six à huit mètres  pour y entreposer suffisemment de marchandises. Il faut donc que ça soit grand mais aussi que ça soit solide : leurs plafonds étaient en bois de thuya, qu'on appelle tassiout en berbère. Ce dont  les européens raffolent maintenant en les imitant même pour leurs salons. C'est le plafond berbère par excellence, à base de baguettes en thuya de soixante centimètres soutenues transversalement par des poutres en madriers de thuya également.

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Le meilleurs exemple de ce type d'entrepôt à Essaouira, c'est le restaurant  El Menzeh : avec ses énormes arcades en pierres de taille, son très haut plafond en tassiout ,le mur badigeonné en blanc. C'est à la fois simple et beau. Il n'y a pas cette profusion de Zellidj , de couleurs, de calligraphie, et de dessins géométriques et floraux qui caractérisent les Riad de Fès ou de Marrakech. Aujourd'hui, paradoxe des paradoxes, les européens préfèrent de loin ces lieux rustiques et simples, que sont les anciens entrepôts d'Essaouira aux soi-disant Riad avec des tas de zellidj et de décorations.

Maintenant, on a installé un restaurant  dans ce rez - de - chaussé en ajoutant de la déco ,de la lumière, et à l'étage, on a mis des chambres un peu partout. C'est cela qu'on appelé abusivement Riad. Or Essaouira est une ville récente et maritime et le vrai Riad est un legs andalous caractéristique des villes impériales comme Fès et Marrakech. C'est quoi un Riad ? C'est un mot arabe qui dérive de « Raoud » qui signifie « jardin » ou encore mieux « jardin de l'Eden ». Le modèle est andalou : il s'agit d'un patio avec jardin et fontaine . Carré magique, sourate Coranique : de l'eau, on a crée toute chose vivante. Le Riad est une demeure à patio avec arcades entourant jardin et fontaine où la lumière descend d'en haut. Lumière de la lune, des étoiles et du soleil, mais aussi lumière divine inspiratrice de rêverie et de méditation en ce lieu où chantent les oiseaux dans les arbres et où ruisselle l'eau dans la fontaine. Ciel ouvert avec oliviers, orangers, figuiers et palmiers. Les arbres du paradis et de la méditerranée par excellence. Mais aussi bananier et pomiers venus d'ailleurs.

Comme pour le modèle musical médini (M.M.M), le Riad est  d'inspiration andalouse. J'irai encore plus loin que les andalous. Tu trouve cela chez les romains, en fait : la structure de cette maison en carré avec à l'intérieur un jardin et en dessous une citerne - comme la citerne portugaise d'El Jadida. Dans notre maisons d'Essaouira , on a aussi, des citernes avec arcades. Petit, je suis descendu à sa citerne située au sous sol et j'ai vu des arcades en pierres de taille comme le reste de la maison. Ce modèle d'architecture est romain : avant de mettre un jardin au-dessus de cette réserve d'eau, on mettait en place toute un système ingénieux et invisible de canalisation qui conduit délicatement les eaux de ruissèlement de la terrasse jusqu'àu sous sol c'où on puisait l'eau pour arroser le jardin. A Essaouira, les seuls véritables Riad appartenaient au caïds de la région et le savoir faire venait de Marrakech qui n'est pas loin. Les véritables maisons d'Essaouira avaient certes une citerne au sous sol, pour laver le linge et autres travaux ménagers, mais sans jardin ni fontaine.

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Un Riad est donc « un jardin intérieur » à ciel ouvert. Autour du carré de ce jardin  s'organisent toute une série d'arcades et de chambres. Son rez-de chaussé  se distingue par la présence d'une cuisine et d'une immense pièce où le maître de la maison reçoit ses amis et ses invités. Les femmes et les enfants sont à l'étage. Or, nous avons une situation tout à fait inversée dans la cas de la maison-entrepôt d'Essaouira, où la réception des amis et des invités se fait plutôt au deuxième étage, avec son menzeh et sa vue panoramique sur mer. Le spectacle qui repose les sens et invite à la méditation n'est pas le jardin de l'Eden, mais l'océan de lumière. A Essaouira, il s'agira plutôt d'un jardin suspendu dans les hauteurs : pots de basilics et de géranium avec vue sur la baie. Au Riad classique  de Marrakech ou de Fès, le lieu de villégiature et de spectacle ; c'est le rez-de-chaussé. Au menzeh d'Essaouira, il faut monter plus haut pour voir la mer. Là -bas, c'est le Riad, à Essaouira, c'est plutôt le menzeh (vue panoramique et aérienne sur mer).

Quand on est dans la médina, bien souvent, les maisons n'ont aucune ouverture sur l'extérieur. La lumière descend d'en haut. Or dans les maisons juives d'Essaouira : partout les fenêtres sont grandes ouvertes au dessus du niveau des remparts et donnent sur la mer. Car, on n'avait pas à cacher la femme. Dans certaines rues importantes comme celle des Alouj (les anciens convertis issus des prises de mer de la piraterie barbaresque  qui travaillaient comme canonniers à la scala du port et de la mer) , il y a même des balcons. C'est la maison typique des négociants juifs et des consuls chrétiens établis à Essaouira dés sa fondation en 1764.  Alors que les maisons musulmanes se caractérisent par des façades aveugles, avec petite porte d'entrée, donnant sur un véritable paradis, avec son puits de lumière venant d'en haut. expression de cette pudeur selon laquelle, la femme ne doit pas se montrer, se dévoiler.

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Maâlam Tahar Mana, doyen des marqueteurs d'Essaouira, mon père

D'où vient donc le mot Riad ? Dans le Coran, il signifie « jardin du paradis ». Par ces jardins intérieurs, les hommes veulent reconstituer en quelque sorte  un petit bout de paradis sur terre. Ils vont  y mettre des plantes exotiques et  sacrées qu'on retrouve dans le Coran. Souvent un olivier ,un figuier et un pommier. Les fruits dont on se nourrira dans l'Eden.  Ils reconstituent ainsi, quelque part,  ce bout de paradis dont chacun rêve après sa mort. Le cimetière porte aussi le nom de jardin : Raouda. D'ailleurs les cimetières qui se trouvaient au pied des remparts de l'ancienne médina - comme ceux de Bab Marrakech malheureusement rasés par la municipalité d'Essaouira au tout début des années 1980 - étaient tellement couverts de végétaux qu'on ne voiyait plus les tombes. Le cimetière était un véritable jardin. On laisse les plantes folles l'envahir  . Cela était vrai pour les anciennes médina comme Essaouira,  Marrakech ou  Fès , mais cela l'est aussi pour la  campagne : au cimetière d'Aït Daoud, le souk du miel de thym, que j'ai visité récemment et dont j'ai les photos, on permet à toutes les plantes de se développer à leur guise.

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Si Mohamed Mana qui a pris la relève dans l'atelier de notre père...

Chez nous, on désigne donc le cimetière  par le mot « jardin » et non pas maqbara (lieu d'ensevelissement) comme c'est le cas dans d'autres villes. Mais je trouve très beau qu'à Essaouira, on dise Raouda (jardin). Alors qu'à Casablanca qui est une ville anonyme, on dit plutôt maqbara (lieu d'ensevellissement). On dit maqbara Chouhada (sépulture des martyres), mais pas Raouda (jardin), un mot beaucoup plus apaisant et moins dramatique. A Essaouira, qui est une ville enracinée, souvent, le cimetière est un jardin.  Et quand on dit « jardin », dans l'inconscient collectif, on met tous les morts à égalité et on leur souhaite à tous de rejoindre le paradis.

Abdelmajid Mana


[1] Vue panoramique sur la mer

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10:35 Écrit par elhajthami dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : maison d'hôte à essaouira | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

11/05/2010

Ouarzazate

 

A Ouarzazate les amandiers sont déjà en fleurs

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Tifoultout

 

Tout avait commencé en musique, un accueil au rythmes de la montagne entrecoupé de youyou. L’Ahouach de Tifoultout. Au bout du voyage réel commençait le voyage imaginaire. Le dépaysement est complet. Une ambiance propice à l’amitié entre les hommes et les femmes qui ne se connaissaient pas cinquante minutes plus tôt. C’est le mystère de Ouarzazate. La ville du silence où l’on se recueillit pour être attentif à l’appel du berger et à l’échos de la bergère que mime justement le mariage de ces voix graves et aigues de ces chanteuses et de ces musiciens habillés aux couleurs bariolées de la fête ; arc-en-ciel lumineux du soleil.

 

 

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Ahouach

Après cet accueil musical, un dîner copieux est offert au bien nommé hôtel « karam » (hospitalité). C’est l’occasion pour les invités de nouer les liens de l’amitié autour d’une même table. Beaucoup d’entre eux avaient quitté l’hiver et la neige en Europe pour se retrouver au printemps et au soleil de Ouarzazate. Le matin en est une illustration éblouissante : l’eau qui s’évapore crée une atmosphère de rêve que renforce le chant multimélodiques des oiseaux. Direction Tinghir puis les gorges de Toudhra en passant par la source des poissons sacrés : la journée commence bien. Le guide explique :

« Faisant une petite promenade à pied dans les gorges. Il y a des mouflons dans la montagne. On peut les voir grâce aux jumelles ».

 

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Gorges de Todhra

Les parois abruptes des gorges sont impressionnantes ; elles s’élèvent à pic jusqu’à 300 m. L’ascension dure trois heures en moyenne. Il y a des gens qui passent ici toute une semaine, rien que pour pratiquer des escalades. Laftah Omar, le président de la commune rurale de Tinghir précise : « Les alpinistes viennent généralement en équipe. Les gorges de Toudhra sont uniques. Ils s’agrippent aux falaises. Il faut le voir pour le croire». A Tinghir les amandiers sont déjà en fleurs. Des fioritures de hautbois nous accueillent. On nous offre un repas pantagruélique sur une esplanade qui a vue sur les montagnes enneigées. En fait, on va d’une grande bouffe à l’autre, d’une musique à l’autre, d’un paysage à l’autre.

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Aux environs de Ouarzazate

 

Lawrence d’Arabie et les dix commandements

 

 

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Lieu de tournage de Lawrence d Arabie

 

 

La journée du samedi 21 février 1987…s’achève en apothéose par un dîner – spectacle à l’hôtel Karam Palace avec orchestre de musique flamenco et groupe les lords (tenue sombre). Le groupe espagnol a notamment dansé sur les airs du « Lac de signe » de Tchaïkovski. Le dimanche, la ville silencieuse de Ouarzazate se réveille dans la lumière et le silence ; ville rouge sur fond de montagne enneigée. Le touriste peut pratiquer toutes sortes de sports dans cet air purifié. : le tennis, le tir à l’arc, l’équitation, la nage et j’en passe. Il peut vivre en deux jours l’équivalent d’un mois de vacances, tellement le temps est bien rempli et l’espace parcouru dans tous les sens.

 

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Les dix  commandements en tournage a Ouarzazate le 23 mai 2005

Rien de mieux pour faire peau neuve et prendre une nouvelle charge d’énergie : On oublie, on se laisse vivre, on devient un autre. Les ksour et les kasbah parsèment de temps en temps, ici et là des espaces sauvages, dénudés, silencieux, mystérieux et magnifiques. Au milieu d’un paysage lunaire et rocailleux où pas une herbe ne pousse, brusquement la vie ressurgit avec sa profusion de végétations : c’est la victoire de la vie sur la mort, de l’eau sur la sécheresse. C’est le cas de l’oasis où nous fûmes accueillis au milieu des tentes caïdales. L’eau y vient de l’oued Taznakht. Il y a aussi des eaux souterraines qui proviennent de la fonte des neiges du versant sud du haut – atlas.

 

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Autre lieu de tournage de Lawrence d Arabie a Ouarzazate

Devant les tentes caïdales, l’immense Ahouach de l’Adrar.

Les percussionnistes sont assis à même le sol alors qu’auteur d’eux les danseuses cosmiques imitent la roue solaire : ici, ce n’est plus cet objet décoratif et folklorique qu’on promène dans les hôtels et les « fichta » officielles. L’ahouach est dans son cadre naturel, au bord de l’oued sur fond de falaises et de lumière. Il n’y a ni micro, ni estrade. C’est la culture paysanne dans son authenticité. Dans ce contexte naturel ; le produit exotique, se sont les touristes !

 

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Oasis de Ouarzazate

 

Sur le plan culinaire et musical, on a presque fait le tour de l’univers si l’on peut dire : du plat norvégien au menu traditionnel dans sa version berbère et fassie et de la musique espagnole à la Sokla de Tamgrout….Une journaliste française me dit : « Il faut que je fasse ma provision de thé à la menthe, parce qu’à Paris, ça ne cours pas tellement les rues ». Un autre journaliste français lui rétorque : « Ici, on mange ; on ne fait pas de discours. Alors qu’en France ; Oh là, là ! Les discours ! Ici, les discours, on les traduit par les faits. ». Le méchoui est servi. Des youyou strident entrecoupent le chant des femmes qui rythment avec leurs mains. Au delà de quelques îlots de verdures…l’espace ocre court jusqu’au pied de la montagne ombragée. Ce n’est pas par hasard que les cinéastes avaient choisi ce paysage à la fois hostile et sauvage pour tourner leurs films. Des studios de cinéma sont déjà installés à Ouarzazate. On y a tourné plusieurs films : Laurence d’Arabie, le dernier James Bond, les Milles et une nuit, les joyeux de Niel, et « Liberté, égalité, choucroute ».La kasbah des Aït Ben Haddou a d’ailleurs été le théâtre de plusieurs activités cinématographiques comme nous le précise le guide du coin du nom de Mohamed Abdou du haut de cette kasbah :

 

 

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Amandiers en fleurs

 

« Là en bas, près des jardins avec des amandiers en fleurs et des figuiers, on a rajouté une petite muraille pour les besoins du film « Lawrence d’Arabie » ; c’est cela ce qu’ils appellent « la kasbah ». mais ce n’est pas comme ça qu’on la voit dans le film, parce qu’ils ont coupé tous les arbres. Les figurants qui jouaient le rôle de nomades sont des sédentaires qui vivent à Ouarzazate. Ils ont loué tous les jardins du village pour y installer des tentes. Pour cela, ils ont coupé tous les arbre. Maintenant, il y a moins de fruits parce qu’il est difficile de faire repousser un arbre tout de suite. Les quatre fenêtres blanches que vous voyez là-bas ne sont pas d’origine : avant…il n’y avait pas de fenêtres sur les murs ; ça, c’est pour un film français qui s’appelle « le vol du sphinx » avec Alain Souchon. Ils ont mis sept coupoles qui ressemblent à des marabouts. Au cinéma, les gens croient qu’il y a plein de marabouts à Aît Ben Haddou. Je dirai non. Ce ne sont pas des vrais. Le vrai marabout est derrière : au village à côté du cimetière et la petite coupole aussi. Là haut, on l’appelle « Agadir », vous savez ce que c’est ?

- Le grenier collectif, lui répondit-on.

- Grenier collectif pour mettre les gazelles ! (éclat de rire).

Excusez – moi… Messieurs – Dames, parce que je rigole un petit peu. Nous, on n’est pas des dromadaires ou des chameaux qui sont toujours fâchés. D’ailleurs il n’y a plus de chameaux parce que les chameaux ne servent plus, puisqu’il n’y a plus de caravanes. Le problème maintenant, c’est que les gens quittent la kasbah qui se trouve sur les hauteurs pour habiter la terre pleine. Car la kasbah n’a plus sa fonction de lieu protégé contre les razzia. Par conséquent, les maisons non entretenues tombent en ruines.

 

Le monde d’hier qui tombe en ruine peut être restauré parce qu’il a maintenant une autre fonction : répondre aux besoins du tourisme culturel. En présence du gouverneur de Ouarzazate, le séjour s’est terminé en apothéose par une soirée marocaine à l’hôtel Salam animé par l’orchestre de musique andalouse sous la direction de Haj Abdelkrim Raïs. La vedette en était le jeune chanteur Abderrahim Souiri qui a ébloui tout le monde par ses mawal enflammés, ses inçiraf légers et la gaieté des ses mouwashah andalous. Aux lueurs qui préludent le jour, tout le monde est transporté à l’aéroport où l’avion a pris son envol en même temps que le levé du soleil pour atterrir à Casablanca au moment où tout le monde prenait encore son petit déjeuner.

 

Abdelkader MANA



[1] Article paru à Maroc – Soir du vendredi 27 février 1987.

12:53 Écrit par elhajthami dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : voyage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook