13/09/2010
Lettre ouverte aux plus hautes autorité du Royaume
"LA MUSIQUE DANS LA VIE"
(série documentaire 2M)
La situation intenable qui m'est faite en tant qu'écrivain marocain vivant sans ressource depuis deux ans est inadmessible et indigne du Maroc: quand cet été pour me rendre au colloque sur l'Islam et modernité auquel j'étais invité par l'Université Européenne, au pays Basque Français, au consulat de France on était éffrayé de découvrir qu'au Maroc, un intellectuel a un compte bancaire gelé depuis deux ans parce que 2M l'avait privé de sa principale ressource depuis cette date. En effet, depuis le mois de mars 2008, la série documentaire "la musique dans la vie" que je supervise depuis 1997,est suspendue sans préavis alors que je suis toujours lié par un contrat pour la réalisation de huit documentaires sur l'Oriental marocain. Pendant deux longue année 2M s'est murée dans le silence concernant les 37 500 Dhs qu'elle ne m'a pas payé sur les six derniers documentaires prêt à diffuser et sur les indemnités concernant la série de huit documentaires sur l'Oriental marocain qu'elle n'a pas honoré. il a fallu que maître Khalid Naciri, ministre de la communication et porte parole du gouvernement intervienne en personne pour que la chaîne accepte de régler mon problème à l'amiable: me donner copie DVD, au titre de droit d'auteur de chacun de 81 documentaires produits durant 11 ans entre 1997 et 2008 et me donner au titre d'imnité 50% de ma rémunération sur les huit documentaires de l'Oriental marocain pour lesquels la chaîne s'est engagée par contrat. Avant le début du Ramadan la chaîne m'a remi 43 DVD de mes documentaires et devait me régler mon indeminité toujours avant le Ramadan. Or cela n'a pas été fait comme convenu : la chaîne s'est à nouveau murée dans le silence sous pretexte que ses services administratifs et financiers sont aux abonnées abscents pour cause du Ramadan. Nous allons à nouveau reprendre contact avec 2M en espérant cette fois ci que mes droits seront pris en considération. Durant ces longs mois d'attente l'ex-journaliste du Monde avait attiré l'attention par l'article ci-après sur la situation intenable qui m'est faite, m'exposant gravement à l'insécurité juridique, jetant aux oubliettes les documentaires déjà réalisées , sans égard ni pour le patrimoine culturel et historiques des populations du Rif et du Moyen Atlas. Ce qui est en passant un non respect du cahier de charge de la chaine conceranant les différentes régions du pays.Maintenant que Monsieur Perocel - Hugoz vient d'être honoré par une lettre de félicitation de Sa Majesté le Roi Mohamed VI pour son livre "le Maroc au bout de la lorgnette", dont il est rendu compte dans ce blog, nous republions l'artcle qu'il consacré à cette émission en espérant que 2M entendra cette fois-ci sa voix en m'accordant tous mes droits. Car nous sommes bien dans une situation de non droit incompatible avec la nouvelle ère. Quand j'avais parlé de cette affaire à mon regretté Abdelkébir Khatibi, juste avant de mourir,il s'est contenté de s'exclamer: "Mais est ce qu'il n'y a pas de justice dans ce pays!". Il faut espérer que cette lettre parvienne à Sa Majesté Mohamed VI, pour que cette affaire qui n'a que trop durée soit enfin dénouée
Abdelkader Mana et le Maroc profond
Un travail télévisuel occulté pour cause d’ « indigénat »[1]
Par JP Péroncel-Hugoz
Paradoxal Maroc ! D’un côté, la plupart de ses habitants se vexent si vous n’adhérez pas inconditionnellement à leur conviction selon laquelle le Royaume chérifien est « le plus beau pays du monde » ; d’un autre côté, nombre de choses de qualité made in Morocco - citons en vrac le cinéma, les livres édités ici, la médecine, les vins locaux, les vêtements de style occidental, etc. – sont méprisées par ces mêmes Marocains, alors que la production nationale peut en maints domaines aujourd’hui rivaliser avec les produits importés.
Cet autodénigrement, ce complexe d’infériorité expliquent que nombre de créateurs marocains soient obligés de s’expatrier s’ils veulent voir leurs talents reconnus sur leur propre terre – étant entendu qu’il se trouvera toujours une foule de leurs compatriotes pour leur reprocher ensuite d’avoir « déserté »... Pas étonnant que ce fin analyste de son peuple que fut Hassan II ait dit, à la fin de son règne, au journaliste britannique Stephen Hughues qui venait prendre congé au Palais, après cinquante ans passés au Maroc : « Oui, je sais, plus on vit parmi les Marocains, et moins on les comprend... »
Par exemple, il est incompréhensible, alors que des gestionnaires culturels marocains se plaignent sans cesse de la « rareté » de la production télévisuelle locale « de qualité », que des téléastes auteurs d’une œuvre de tout premier choix, déjà abondante, soient condamnés à végéter, à faire antichambre, à envoyer courriers et courriels auxquels aucun décideur ne répond, à voir programmer leurs films quand tout le monde dort... Je pense ici en particulier aux documentaires pour la télévision du sociologue rural et ethnosociologue ( pourtant formé à l’étranger chez les meilleurs maîtres du genre, notamment le professeur émérite Georges Lapassade !...) qui attendent dans les placards de 2M, et qui passent, si jamais ils passent, aux plus « mauvaises heures » ; documentaires qui n’ont même pas suscité la curiosité d’une chaîne comme Médi-1 Sat, pourtant grosse importatrice de reportages socio-culturels...
Soyons précis : je ne suis pas un ami ou un parent d’Abdelkader Mana. Je l’ai rencontré certes plusieurs fois lors de mes séjours nord-africains pour le Monde ou La Nouvelle Revue d’Histoire ou encore dans le cadre de la Bibliothèque arabo-berbère, collection de littérature orientaliste que j’anime depuis dix ans à Casablanca, chez l’éditeur Abdelkader Retnani. Cependant, ce n’est pas moi qui ai eu la chance d’éditer les ouvrages de Mana – car il écrit aussi, et bellement – sur les Regragas, Mogador, ou les Gnaouas.
Fruit d’une longue observation sur le terrain, de la réflexion née d’une authentique double culture arabo-européenne, l’apport écrit ou filmé de Mana à la création marocaine fait mon admiration et je m’en nourris chaque fois que je peux. Ainsi, afin de visionner chez 2M des œuvres inédites ou archivées de Mana, je suis allé jusqu’à affronter les diverses démarches bureaucratiques nécessaires pour obtenir une telle « faveur »...
Je ne l’ai pas regretté, ayant de cette façon pu enfin regarder quelques-uns de ceux des quatre vingt et un films de Mana que je n’avais jamais vus, sur la musique, la danse, les traditions, les pèlerinages, les terroirs, la cuisine, l’artisanat, l’architecture, la poésie, etc., etc.
Bref, le Maroc entier, depuis la Maison d’Illigh (déjà connue grâce aux recherches du regretté Pascon) jusqu’aux feux de l’Achoura, de la Grande Mosquée méconnue de Taza, au Rif non touristique, des Glaoua du Haut- Atlas, à la plaine atlantique et jusqu’au Sahara récupéré. Une œuvre chatoyante à plaisir, à la portée de tout public un tant soit peu captivé par le Maroc populaire réel, un espace resté vivant, loin des conurbations modernes où tout se délue et se corrode. S’ils sont bien conservés, ces films, tous guidés par la même idée de découverte et d’explication, feront sans nul doute partie un jour de la mémoire civilisationnelle du Royaume alaouite.
Dans tout autre Etat que le Maroc, les documentaires de Mana seraient déjà considérés comme appartenant de plein droit au patrimoine national, et on les vendrait au public dans des coffrets avec des textes du concepteur sur les sujets traités. C’est pitié de constater qu’il n’en n’est rien, qu’il faut veiller jusqu’aux petites heures si on veut attraper de temps en temps quelques images de Mana à la télévision. C’est archipitié de continuer pendant ce temps à entendre un tel ou une telle se plaindre étourdiment de l’ « indigence » de la création audiovisuelle marocaine...
Bon sang de bon sang, sortez donc de votre auto-dénigrement, donnez-vous la peine de vous pencher sur les productions « indigènes » ! Saperlipopette, elles en valent la peine. J’ai mis en exergue le seul cas Mana, car il m’a paru emblématique d’une situation particulièrement absurde – mais, bien sûr, ce cas est malheureusement loin d’être unique dans « le plus beau pays du monde »....
JP Péroncel-Hugoz[1] Article paru dans LIBERATION du Mardi 5 août 2008
Nous versons également à ce dossier le témoignage de l'écrivain Mogadorien Bouganim Ami:
Cher Abdelkader,
C'est désolant que le Maroc ne croit en ses artistes que lorsqu'ils sont reconnus à l'étranger, c'est désolant de le voir négliger des talents intellectuels et artistiques locaux qui surpassent, en qualité, ceux de nombreux artistes devant lesquels toutes les portes s'ouvrent sous prétexte qu'en Europe ou aux USA, ils connaissent une gloire éphémère. Rien ne serait plus contre-patriotique que cette attitude somme toute provinciale de croire la poésie, la musique, la recherche, la peinture, etc. plus méritante et méritoire parce qu'elles ont grandi sous des serres étrangères et non sur leur terreau vital. Je ne connais pas plus grand sculpteur marocain que Hussein Miloudi, je n'ai pas rencontré poète marocain plus attachant et sensible que Mobarak Erraji. Je ne connais pas anthropologue plus patriote que toi, alliant volontiers la distance de rigueur à l'empathie requise pour ravaler les monuments séculaires de culture et création dont le Maroc est un musée de plein air. Essaouira-Mogador, pour ne parler que d'elle, est un berceau des arts dont l'esthétique marque un riche chapitre dans l'esthétique arabo-berbère du Maroc. Je ne peux qu'espérer que l'Id El-Fitr marque pour toi et pour l'ensemble des artistes qui s'accrochent aux décors du Maroc un tournant duquel ce pays sortira enrichi, misant sur l'étoile de ses artistes pour mieux briller dans le monde.
Mes meilleures Ami-tiés,
Mes vœux de succès,
http://www.angelusnovus.co.il
21:34 Écrit par elhajthami | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les commentaires sont fermés.