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01/09/2010

Le pays Haha

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La flûte enchantée du pays Haha

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Qu’elle soit la bienvenue

Celle qui apporte le bien à nos maisons

Celle dont les épousailles sont célébrées

Par la danse de toute une montagne !

                  Chant nuptial du pays Haha

 En l’an de grâce 2003, nous avons assisté à une fête donnée par Bouhaddoun (littéralement « le porteur de burnous »), le grand notable des Aït Zelten, qui y possède quelques mille hectares, domaine appartenant jadis au caïd El Haj Abdellah ou Bihi, mort pour avoir nouer au 19ème siècle des alliances douteuses avec la Maison d’Illigh dans le Sous. Bouhaddoun est centenaire mais toujours bien portant se réveillant avant que le soleil ne se lève sur la vieille citadelle qu’il avait héritée du grand caïd des douze tribus  Haha :

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« Le jardin que vous voyez derrière moi appartenait jadis au caïd el haj Abdellah Ou Bihi. Il l’avait entouré d’un rempart en pisée . Dans ce jardin pousse un oranger vieux de cent cinquante ans qui continue pourtant à donner des fruits. Dieu a voulu que j’hérite de ce jardin où coule des sources et de cette Maison de ce grand caïd. Au départ les parents de ce dernier étaient des bédouins venus du Sahara. Ils nomadisaient avec leur tente. Leur arrivée à Azaghar avait coïncidé avec le maârouf d’un agourram (saint berbère) dénommé Sidi Lahcen Bouchta. Ils ont demandé l’hospitalité de Dieu et on les a conduit au lieu dit Bifaren. C’est là qu’ils se sont établis. L’une de leurs femmes, en allant puiser de l’eau, en ramena plutôt de l’or. Son mari, le fqih Moulid a connu à partir de là une grande notoriété au pays Haha, en tant que mage capable de transformer les grains de maïs et de blé en louis d’or. On a alors voulu mettre à l’épreuve ses pouvoirs surnaturels et son courage d’homme de guerre avant de lui confier le pouvoir suprême sur toutes les tribus . A l’époque, le pays connaissait les troubles de la siba . Les tribus qui se disputaient depuis fort longtempd  se rencontrérent à Aït Daoud au moussem annuel de Sidi Saïd Ou Abdennaïm. Celui – ci leur avait dit que c’est celui qui domptera la jument rebelle qui deviendra le chef de toutes les tribus. Il l’enfourcha aussitôt et parvint effectivement à la maîtriser. En voyant qu’il était parvenu à ses fin on ordonna au Berrah (crieur public) d’annoncer sa proclamation en tant que caïd de toutes les tribus, mettant ainsi fin à leurs dissensions incessantes . C’est ainsi que le choix du fqih Moulid, le mage des tribus, fut arrêté puis consacré par la suite par décret  Royal . Son fils  Abdellah Ou Bihi qui lui succéda a pu commandé aux douze tribus Haha et aux trente six tribus de Sous. »

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Cap Sim est la pointe la plus avancée du pays Haha dans l’Océan Atlantique.  En traversant ces parages habités par de vieilles tribus sédentaires dont le territoire s’étendait de l’Océan au pied de l’Atlas,  Pline l’ancien notait  qu’« entre le littoral et l’Atlas, vivaient les Gétule Autolole. Quant à l’Atlas lui-même, sous des reines arrosées où poussent des fruits merveilleux, il ne semble pas pendant le jour receler d’habitants mais la nuit au contraire, il se couvrait de feux, les Agipans et les Satyres s’y livraient à leur danse tandis que les flûtes, les bruits des tambours et des cymbales remplissaient mystérieusement l’air de leurs accords et de leurs fracas. » 

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Pour le Raïs Belaïd, l’aède des troubadours de Sous, l’esprit de la musique et du chant qu’on appelle hawa au pays Chleuh serait né de la flûte enchantée du pays Haha. C’est l’air du pays de l’arganier, du vent et de la mer.

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Nous rejoignons le bord de mer et nous passons à la zaouia de Sidi Kaouki qui a plutôt l’aspect d’un village aggloméré dont la koubba du saint se trouve enfermée dans les constructions bâties sur le rocher, que la mer vient battre à marée haute. Pour les Ida Ou Madda, Sidi Kawki est un lieu de pèlerinage où on organise le maârouf pour la première coupe de cheveux du nouveau – né. Par ce rite de passage, on met l’enfant, pour ainsi dire, sous la protection du marabout de la mer. Ce pèlerinage est marqué par un sacrifice, un repas communiel et une danse collective de l’ahouach

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Comme pour la musique , il y a un hameau spécialisé dans le tamtil , le pré – théâtre :  Hmad Mach,  toison de mouton du sacrifice en guise de barbichette blanche,  grosses lunettes sur le nez , le crâne couvert d’un gros bonnet de laine, tient un vieux araire d’une main le fouet de l’autre, s’efforcant de mettre en branle dans la rectitude sur le bon sillon du laboureur un attelage d’hominidés retors ! Il est  bientôt rejoint par Batoule, un homme déguisé en femme, à qui il ordonne de semer un champ rocailleux en répétant « Dites – lui, ô mon cœur, dites – lui ! » Mais tout semble aller de travers ; l’attelage comme la semeuse. Il suspend alors ses travaux et fait mine de sortir de sa vieille besace un minuscule carnet dont il se met à lire illico le contenu avec de grandes gesticulations à l'appui de ses affirmations hasardeuses :

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-  Ceci est ma propriété foncière : elle est délimitée à l’Est par la mer. A l’Ouest par la mer. Et au milieu par la mer ! Grâce à toi, Sidi Kawki, elle est toute  océane ! Et puis nous finirons tous par être emportés par la mer!

 C’est dire qu’il n’a pas une once du lopin de terre ! A l’issue d’une danse burlesque  avec sa Batoule  il se prête volontiers à l’aléatoire exercice de l’interview :  

 « De mon véritable métier, dit- il, je suis marchand de soupe (harira). J’avais laissé tomber le métier de mon père pour celui de ma mère ! Au souk du mercredi, larbaâ des Ida Ou Gord, je vends la harira d’ici – bas et à celui du dimanche, Had dra, je vends la harira de l’au – delà ! Ma rencontre avec les comédiens m’a beaucoup appris. Cela fait longtemps que j’ai monté ma propre troupe ! »

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  Au pied du mont Amsiten, les salines d’Azla et d’Ida Ou Azza ont toujours alimenté en sel gemme  d’immenses contrées jusqu’aux profondeurs de l’Atlas à l’Est et au Sahara à l’extrême Sud. Transporté jadis à dos de chameaux, l’exploitation du sel connaît maintenant un embryon de mécanisation. Les paysans complètent ainsi leurs maigres ressources en extrayant le minerai de sel gemme ou en jetant leurs filets aux criques désertes et sauvages qu’on appelle afettas (port en berbère) : celle de taguenza, au sud de cap Sim, de tafelney et imsouwan plus au sud. Une pêche artisanale et aléatoire où au sortir de l’aube à marée basse, le paysan - pêcheur découvre parfois dans ses filets de frétillantes crevettes grises si ce n’est une grosse prise de loups, de dorades ou de  turbots !

 Raïs Mazoz , vit pour sa part de la coupe de bois de thuya :

« C’est dans la forêt,  que j’ai commencé à jouer de la flûte (aouada en berbère)derrière mon troupeau.. J’ai débuté tout enfant, puis en participant aux fêtes de mariages .On veillait jusqu’à l’aube. Au mois de mars il y avait un moussem à la timzguida du mont Amsiten. Les hommes s’y livraient aux danses d’ahouach tandis que les femmes extrayaient de l’outre des barattées de beurre des premières prémices du printemps. Ils festoyaient ainsi jusqu’à tard le soir et à l’aube redescendaient vers la vallée . »

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Au loin l'heureuse vallée de Tlit, vue d'en haut du mont Amsiten

Au plus haut sommet du mont Amsiten se déroulait un rituel de renouveau pastoral, en tout semblable à celui de la zaouia de Sidi Belkacem au flanc du mont Toubkal. Il est intéressant de relever que cela se passait au lieu dit timzguida (la mosquée en berbère) qui a donné Tamuziga, l’antique toponyme de Mogador.

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"Le poète et la hotte sont semblables,

personne n’en veut s’il n’y a pas de pluie et donc de récolte. »

Andam Ou Adrar, le compositeur de la montagne

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C’est dans les dits d’Andam Ou Adrar, le compositeur de la montagne, ces amerg, porteurs de la nostalgie  berbère, que puise aussi bien le chansonnier à la recherche du beau que le fellah à la recherche d’une sagesse. Si vous parlez  tachelhit, écoutez les conversations parfois animées qui se déroulent dans ces cafés maures du souk – où l’on boit le thé à même la natte de jonc – vous ne pouvez éviter de noter que l’un des interlocuteurs, pour appuyer ses affirmations, ou pour trancher une question ; recourt souvent à cette formule : « Ainsi parlait Andam Ou Adrar ». Il est le Zarathoustra berbère habitant les hauteurs de l’Atlas. Cette forêt magique où l’on trouve aussi bien des grottes que des amas de pierres sacrés. Cette forêt immense n’est point anonyme pour le berger qui en connait tous les recoins à qui il donne des noms. Pour compléter son repas frugal, il connait toutes les plantes comestibles et les nomme de métaphores à la frontière de l’animisme et de la poésie : amzough n’tili(oreilles de brebis), irgal(cils des yeux), ibawn n’taghzount (fèves d’ogresse), oudi imksawn (beurre des bergers), etc

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Colombe blanche allez-y jusqu’à Imgrad

Mais ne trainez pas trop dans la forêt

Craignez l’aigle au pantalon et à la bague d’or !

«  Amerg et Tiît » : nostalgie et flûte de roseau.

Le Raïs Mazoz, nous relate le sacré et les sacrifices en rapport avec la  touiza , cette entraide entre lignages que connaissent les moissons et les récoltes d’arganier : « A la touiza des moissons, on sacrifie un bouc. Tout le monde se réunit pour moissonner. Tandis que les femmes préparent le repas, les musiciens – poètes devancent les moissonneurs. Et à mi – journée, pendant la pose repas, les moissonneurs écoutent les troubadours et les flûtistes jouer pour eux. C’était la même chose pour la tuiza de la récolte du fruit d’argan. »

« Aujourd’hui, tous les moissonneurs sont en fête

Nous aimons la tuiza et tout ce qu’elle amène

Le tablier sur la poitrine, la faucille à la main

Que l’homme à la faucille aiguisée nous précède

Et que le maladroit nous succède

Coupons l’épis et pour la vaine pâture laissons la tige ».

Chant de moissonneur.

Dans un autre chant, l’activité des moissonneurs devient une simple métaphore pour désigner autre chose : la tige de blé symbolise la jeune fille, les oiseaux sont les bergers qu’elle rencontrait avant son mariage et les hyènes les amants qu’elle a après son mariage. Quant à la graine, dans cette société qui valorise la virginité ; elle symbolise l’hymen :

Dés qu’il voit les fleurs mûres de leur fruit

Il va chez le moissonneur et lui fait des avances

Mais au jour de la moisson, la tige était sans graine :

Les oiseaux l’ayant dévoré ne laissant que la paille.

Aux filles de notre époque, n’exigeons pas trop de pureté.

Que Dieu te vient en aide, toi qui veux les emporter !

Au grand jour, elles seront la proie de l’hyène

Si leur mariage était forcé…

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Le Raïs Mia (djellah rouge) dans un café maure d'Imin Tlit

Le plus grand flûtiste du pays Haha, le Raïs Mia, avait commencé lui aussi , comme simple berger. En effet, sur le marché de la cassette, le meilleurs flûtiste du moment est un berger qui vit sur la colline de Taourirt,à la lisière du mont Amsiten et non loin d’Imin Tlit : « C’est en 1956 que j’ai commencé à jouer de la flûte. C’est dans cette montagne, en tant que berger, que j’ai appris à jouer de la flûte et ce jusqu’aux années 1960. Je jouais souvent de la flûte avec mes amis en emmenant le troupeau sur la montagne. A force d’y souffler nous avons fini par en maîtriser l’air musical. C’est la flûte qui me tenait compagnie une fois que tous mes amis étaient partis, Mon maître était originaire des Neknafa. Je l’accompagnais aux fêtes de mariage. Il était mon initiateur. Il m’avait même confectionné ma flûte. Je percevais un petit pécule en l’accompagnant musicalement. Et quand il a vieilli, il m’a légué cet art en me disant :

- Tu seras meilleurs flûtiste que moi !

 Depuis lors, je me suis mis à animer les fêtes de mariage. Par la suite, à Agadir, j’ai enregistré une cassette. Je ne suis pas seulement musicien, je travaille aussi l’agriculture, l’élevage. Je vis de la récolte de l’amandier, de l’arganier et d’autres ressources. »

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Pour ceux qui veulent contracter mariage, la forêt et les points d’eau sont les lieux privilégiés de rencontres galantes avec les jeunes futures souvent chargées de la corvée du bois et de l’eau comme le soulignait dans l’une de ses chansons le regretté Omar Wahrouch, l’un des premiers trouveurs chleuhs à voir son répertoire gravé sur 33 tours :

J’allais du côté de la source

Quand j’entendis s’entrechoquer les bracelets

Ce cliquetis sonne plus cher et plus profond que toute cloche

Et ma belle qui passait par là de rejeter toute avance

Par de dédaigneuses et farouches admonestations :

Eloignez – vous, disait – elle,

Mes proches peuvent nous surprendre et nous condamner.

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les  Ait OUMAGHDOUSS : ces  "Almaghouss" que visita au 11ème siècle le géographe El Békri, lors de son passage par Imin Tanout en allant vers Tombouctou.De cette terre austère et fauve, déjà les voyageurs des temps antiques, pouvaient entendre flûtes et tambours,

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Selon une vieille légende, la flûte du berger serait née au pays Haha.

  Alors que la pratique instrumentale requiert une spécialisation et que le chant du Raïs relève de la créativité du poète, le chant traditionnel est pris en charge par toute la communauté. C’est le cas des chants nuptiaux. Ces mariages sont beaucoup plus des alliances entre lignages qu’entre individus. Les échanges matrimoniaux sont souvent réciproques et non unilatéraux : s’ils renvoient notre sœur, on leur enverra la leur. Une femme divorcée a très peu de chance de se remarier. Elle devient non seulement une charge pour sa famille, mais encore une malédiction qui peut apporter le déshonore.

 

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.Le chant nuptial du crû ne dit-il pas :

 O frère de la mariée, soutiens ces souliers !

Dresses – toi ma fille comme la canne au bord de la rivière

Montes ma fille, monte vers les hauteurs

Accompagne ceux qui vont là – haut

Ne pleures pas ma fille, ne pleures pas

Il y a ici ton père, ici il y a ta mère

O mon Dieu ! Élargissez vos biens pour ma sœur !

 Nous prenons le chemin qui nous mène à la maison de nos hôtes

Comme la vie sera facile, si les gens sont généreux

C’est notre colombe sauvage que nous vous offrons

Mais c’est pour qu’elle soit libre que nous lui ouvrons les portes

Que le châtiment lui soit épargné

 Qu’elle soit la bienvenue

Celle qui apporte le bien à nos maisons

Celle dont les épousailles sont célébrées

Par la danse de toute une montagne !

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En raison des rencontres des troupes que permettaient les fêtes de prestige du temps des grands caïds, à la danse locale d’ahouach s’est ajouté une empreinte musicale issue de la montagne. Mais il ne s’agit jamais d’une pure transposition : l’empreinte culturelle connaît aussi bien des altérations au niveau instrumental que vestimentaire : la danse du bélier jouer par les Aït Oumaghdouss y perd sa corne  . Il faut remonter au mont Tichka, dans l’Atlas, pour retrouver la danse du bélier, celle de Tiskiwin, dans sa pureté première. Au fur et à mesure qu’on quitte les forêts de la montagne vers les rivages océanes de la plaine, la danse du bélier perd de sa vigueur, en passant par les hauts plateaux d’igrounzar avant de s’éteindre aux rivages d’Ida Ou Madda et à l’embouchure de l’oued ksob pour devenir méconnaissables en arrivant au bord de la mer.

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Il est assez curieux que sont toujours des tribus – frontières qui excellent en musique : c’est le cas des Aït Oumaghdouss, tribu charnière entre les Haha et les Mtougga, à la lisière du Haut – Atlas. C’est le cas aussi des Hraoula qui sont à cheval entre les Haha berbérophones et les Chiadma arabophones. Se trouvant à la lisière du pays Chiadma, les Hraoula berbérophones ont subi l’influence de leurs voisins arabophones les Hamoules et  les Ziatines, aussi bien sur le plan linguistique que musical : ils sont à la fois d’excellents danseurs de l’ahouach, en tant que fraction de tribu Haha et joue et chantent en arabe, le genre houari, qu’ils avaient emprunté à leurs voisins les hamoules et les ziatines, à l’occasion de mariages mixtes. Leur position frontière permet à ces tribus une grande ouverture sur l’autre et donc un enrichissement de leur répertoire par des empreints venus d’ailleurs.

 

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     Après les somptueux ahouach donnés à l’ancienne kasbah d’Azaghar du caïd el Haj Abdellah ou Bihi, nous rejoignons au pays Neknafa, la grotte d’Imine Taqandout. Il est certain qu’on se trouve là en présence d’une curieuse survivance : le culte des grottes. Il semble bien que cette grotte ait été jadis, dans les temps forts reculés une habitation troglodyte. C’est ce que laissent croire dans le voisinage d’autres grottes – troglodytes. La pièce qui se trouve au fond de la grotte sert à ceux qui viennent pratiquer ce que les Arabes appellent l’Istikhâra. Cette Istikhâra  n’est autre que l’incubation de l’antiquité classique qui se trouve chez les peuples les plus divers. C’est une pratique qui consiste à dormir dans un sanctuaire pour recevoir de la divinité, pendant le sommeil des réponses à une question pressente, des indications sur la conduite à suivre dans des conjonctures difficiles. Mais surtout pour y être instruit des moyens de se guérir d’une maladie.

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    L’incubation antique se pratiquait dans des grottes à caractère sacré. D’après l’opinion courante, la caverne doit son caractère sacré à la présence d’une sainte qui est enterrée là et qui est précisément Lalla taqandout. Lors de notre visite, nous y avons rencontré un paysan qui est venu y sacrifier avec sa famille :

« Je suis venu en pèlerinage à cette grotte, nous dit –il, parce que ma femme ne se sentait pas bien. Ce sont les gens qui m’ont conseillé de l’amener à cette grotte d’Imine Taqandout .Par la grâce de Dieu, elle a été guérie en arrivant ici. Chaque année, elle vient en pèlerinage et y sacrifie. Depuis lors, je rends grâce à Dieu, que ce soit pour elle ou pour mes enfants. Ceux qui sont possédés ^par les djinns passent quinze jours dans la grotte et Dieu leur accorde sa guérison. Il y a même ceux qui sont paralysés, qui ne peuvent plus marcher qui viennent de Casablanca et d’Agadir. Après que Dieu leur accorde sa guérison, ils rentrent chez eux. Les gens y viennent le Dimanche et en repartent le mercredi. De cette  grotte nous allons nous rendre en pèlerinage à Sidi M’hand Ou Slimane tout proche. » (Il s’agit de Sidi Mohamed Ben Slimane El jazouli).

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     Grottes, sources et arbres sacrés sont indissociables d’une magie agraire dédiée à la renaissance du printemps et de la vie. Chez les Neknafa, il existe un arganier géant, un arganier sacré, le seul épargné par la coupe depuis deux cent ans : c’est argan lalla âbouch qui est doublé de la zaouia. Au début de l’année agricole, on y organise un maârouf avec sacrifice dédié à cet arganier sacré. La zaouia est en fait un transfert d’un ancien rite dédié à l’arbre de vie, l’arganier sacré. Selon un paysan du pays Haha, un arganier devient sacré parce qu’un saint se serait reposé à son ombre. Dés lors, on ne peut plus le couper et on l’appelle au nom de ce saint. A Ida ou Madda par exemple , nous avons un arganier qui porte le nom de Sidi Ahmad oulhaj et quand les poussins venaient à éclore , les femmes en réservent un pour l’arganier sacré, une fois devenu coq. C’est surtout quand la pluie tarde à venir ou quand il n’a pas plu à temps que les femmes se réunissent , préparent une bouillie d’orge tendre, l’aâssida, et se rendent auprès de l’arganier sacré pour puiser de nouvelles énergies de racines profondes qui lui confère des qualités de résistance à la sécheresse, qui en font un arbre sacré. Il est vrai aussi, qu’il est le seul arbre à pousser tout seul, ce qui lui confère sa part de mystère.

Abdelkader Mana 

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13:58 Écrit par elhajthami dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique, haut-atlas | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Je vous félicite pour votre article. c'est un vrai travail d'écriture. Continuez .

Écrit par : invité | 12/08/2014

Je vous applaudis pour votre article. c'est un vrai œuvre d'écriture. Poursuivez .

Écrit par : invité | 12/08/2014

Les commentaires sont fermés.