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05/06/2010

Gaza

B R I S E R le blocus de Gaza

Ce blocus est "contre-productif, intenable et immoral. Il punit des civils innocents. Il doit être levé immédiatement", a déclaré le secrétaire général de l'ONU.

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Venir en aide aux Palestiniens de Gaza et pratiquer le boycott d'Israël : deux actions simples et non violentes et payantes en solidarité internationale avec les Palestiniens de Gaza.

Au total, 9 passagers de la flotte, composée de militants et de sympathisants de la cause palestinienne,en majorité Turcs, ont été tués dans le raid mené par l'armée israélienne.Selon le rapport d'autopsie des autorités turques, révélé samedi par le Guardian, les neuf victimes turques du raid israélien contre l'expedition maritime vers Gaza cette semaine ont été criblées de balles, et plusieurs d'entre elles ont été abattues à bout portant.

Yalcin Buyuk, le vice-président du Conseil turc de médecine légale, qui a réalisé l'autopsie vendredi à la demande du ministère turc de la justice, a déclaré au quotidien britannique que les neuf victimes ont essuyé en tout 30 balles.

DES IMPACTS DANS LE DOS OU L'ARRIÈRE DE LA TÊTE

Un homme de 60 ans aurait été atteint à la tempe, la poitrine, la hanche et au dos, alors qu'un ressortissant turco-américain a été touché par cinq balles tirées à bout portant contre le visage, l'arrière du crâne, le dos et deux fois la jambe, selon le journal britannique. Deux autres hommes ont essuyé quatre balles et cinq des corps présentaient des impacts dans le dos ou l'arrière de la tête.

L'opération sanglante de l'armée israélienne contre la flottille se rendant à Gaza n'a pas dissuadé les militants pro-palestiniens à bord du Rachel-Corrie qui se sont jurés de briser le blocus de la bande de Gaza, malgré les avertissements de la marine israélienne et l'assaut de lundi, approchent du territoire palestinien. Le navire devrait arriver devant Gaza mercredi 2 juin vers 15 heures. Le navire porte le nom de Rachel Corrie [pacifiste américaine], morte il y a sept ans en tentant de barrer la route à un bulldozer de Tsahal à Gaza. Son nom et son histoire sont depuis lors devenus des symboles brandis par les militants propalestiniens. Le Rachel-Corrie, navire de commerce qui porte  le nom de l'Américaine tuée dans la bande de Gaza en 2003, a appareillé lundi de Malte avec quinze militants à son bord, dont l'Irlandaise Maired Corrigan-Maguire, lauréate du prix Nobel de la paix en 1976. Le premier ministre irlandais, Brian Cowen, a indiqué que le navire était propriété irlandaise et estimé qu'il devait être autorisé à terminer sa mission. "Le gouvernement a formellement demandé au gouvernement israélien de permettre au navire, de propriété irlandaise, d'être autorisé à terminer son trajet sans obstacle et à décharger sa cargaison à Gaza", a dit le chef du gouvernement devant les parlementaires. "Notre initiative vise à briser le blocus israélien imposé aux 1,5 million de Gazaouis. Notre mission n'a pas changé et ce ne sera pas la dernière flottille", a déclaré Greta Berlin, membre du mouvement Gaza libre, situé à Chypre.

Aujourd'hui nous publions deux témoignages cruciaux sur le drame que vit l'humanité au large de GAZA: Le premier témoignage est celui  que Thomas Sommer - Houdeville, coordinateur des missions civiles, avait écrit hier soir[le 29 mai 2010]  depuis le cargo grec faisant partie de la flottille de la liberté. Le second témoignage est celui d'Abouna (1) Manuel Musallam, prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, qui a été curé de Gaza de 1995 à 2009. Témoins du blocus inhumain de Gaza il affirme:

"Nous avons vécu des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité."

Témoignage

Voici le texte que Thomas Sommer - Houdeville, coordinateur des missions civiles, avait écrit hier soir[le 29 mai 2010]  depuis le cargo grec faisant partie de la flottille de la liberté. Thomas a participé depuis 3 mois en Grèce à la préparation de la flottille et était venu en France pour élargir la participation, il est intervenu entre autre dans une réunion du collectif national pour présenter l'initiative.

L'occasion ici de rendre un fervent hommage à la petite délégation française composée de 7 personnes (cbsp,  cvpr et ccippp).

Le dernier set

29 mai 2010 - de Thomas Sommer-Houdeville*, depuis l'un des bateaux de la flottille de Gaza

Un jour ou l'autre peut-être, quelqu'un écrira l'histoire complète de cette aventure. Il y aura beaucoup de rires, de véritables cris et quelques larmes. Mais ce que je peux dire maintenant, c'est que nous n'avions jamais imaginé que nous ferions flipper Israël comme ça. Enfin, peut-être dans certains de nos plus beaux rêves.... Tout d'abord, ils ont créé une équipe spéciale d'urgence réunissant le ministère israélien des Affaires étrangères, le commando de marine israélien et les autorités pénitentiaires pour contrer la menace existentielle que nous et nos quelques bateaux remplis d'aide humanitaire représentent. Puis, Ehud Barak lui-même a pris le temps, malgré son agenda chargé, de nous mettre en garde à travers les médias israéliens. Ils nous annoncent maintenant qu'ils nous enverront dans la pire des prisons israéliennes, dans le désert près de Beersheva.

Ce sont des annonces pour nous faire peur. Et d'une certaine façon nous avons peur. Nous avons peur de leurs navires de guerre, peur de leurs Apaches et de leur commando tout noir. Qui n'en aurait pas peur ? Nous avons peur qu'ils saisissent notre cargaison et toute l'aide médicale, les matériaux de construction, les maisons préfabriquées, les kits scolaires, et qu'ils les détruisent. Toute cette solidarité patiemment rassemblée dans de si nombreux pays pendant plus d'un an. Tous ces efforts et cette vague d'amour et d'espoir envoyés par des gens normaux, d'humbles citoyens de Grèce, Suède, Turquie, Irlande, France, Italie, Algérie, Malaisie. Tout ceci pris comme un trophée par un État agissant comme un vulgaire pirate des îles. Qui ne sentirait pas un certain sentiment de responsabilité et de peur de ne pas être capable d'accomplir notre mission et livrer nos marchandises à la population emprisonnée de Gaza ?

Mais nous savons que la peur est aussi de l'autre côté. Parce que depuis le début de notre coalition, l'Etat d'Israël fait tout ce qu'il peut pour éviter la confrontation avec nous. Depuis le début ils ont essayé de nous empêcher de partir, de regrouper nos forces et de prendre le large tous ensemble vers Gaza. Ils ont essayé de nous briser. Leur scénario idéal était de nous diviser, les Irlandais d'un côté, les Grecs et Suédois d'un autre, les Américains d'un autre encore et les Turcs tout seuls. Bien sûr, ils savaient qu'ils ne pourraient pas mettre la pression sur la Turquie, ni agir directement là-bas. Alors ils ont concentré leurs attaques sur les parties irlandaises et grecques de notre coalition.

Le premier set a commencé il y a deux semaines quand ils ont saboté le cargo irlandais, l'obligeant à retarder son départ pour près d'une semaine. Mais, les Irlandais ont réparé aussi vite qu'ils le pouvaient et maintenant ils sont à un ou deux jours derrière nous. Puis ils ont mis une pression énorme sur le gouvernement grec, affaibli par la crise économique, pour l'obliger à ne pas laisser partir le cargo grec et le bateau de passagers gréco-suédois. A cause de ces pressions, nous avons dû retarder notre voyage deux fois et demander aux Turcs, à leurs 500 passagers et aux amis américains qui étaient prêts à partir de nous attendre. C'est ce qu'ils ont fait heureusement ! Jusqu'à la dernière minute avant leur départ de Grèce, nous ne savions pas si les deux bateaux auraient l'autorisation du gouvernement grec, mais finalement le gouvernement grec a décidé de prendre ses responsabilités en agissant comme un Etat souverain et a laissé le cargo et le bateau de passagers quitter le port du Pirée à Athènes.

Le deuxième set a eu lieu hier, dans la partie grecque de Chypre, là où nous avions négocié avec le gouvernement d'embarquer une délégation VIP de parlementaires européens et nationaux de Suède, d'Angleterre, de Grèce et de Chypre. Alors que les deux bateaux de Grèce, le bateau américain venant de Crète et les 4 bateaux turcs étaient déjà au point de rendez-vous attendant que la délégation VIP arrive et embarque à notre bord, nous avons reçu la nouvelle que notre délégation était encerclée par la police chypriote dans le port de Larnaka et interdite de bouger où que ce soit. Chypre, un pays européen, était en train d'interdire à des parlementaires européens de se déplacer librement sur son sol, en rupture complète de toute législation et réglementations européennes ! Alors que nous commencions à négocier avec le gouvernement chypriote, nous avons clairement compris que ce changement soudain d'attitude envers nous était dicté directement par Israël. De sept heures du matin jusqu'au soir, le gouvernement de Chypre nous mentait, disant que c'était un malentendu que les VIP aient été autorisés à embarquer pour n'importe quelle direction qu'ils souhaitaient, que c'était juste une question bureaucratique à résoudre. Mais rien ne s'est passé et nos parlementaires ont été pris au piège. Le gouvernement chypriote agissait comme un auxiliaire d'Israël et nous a fait perdre un temps crucial. Ce matin, la délégation VIP a décidé que le seul choix qui restait était d'aller au port de Formogossa dans le Nord de Chypre sous contrôle turc, et de là prendre un bateau rapide pour nous rejoindre au point de rendez-vous. Bien sûr, parce que notre coalition est formée de Turcs et de Grecs et de Chypriotes, la Chypre du Nord qui est sous occupation turque, est une question politique très importante. Et envoyer notre délégation prendre un bateau dans le port de Formogossa, encore sous embargo des Nations Unies, est une question politique encore plus importante. Cela aurait pu briser le dos de nos amis grecs et chypriotes de la coalition. Ce fut presque le cas. Mais c'est le contraire qui s'est révélé. Notre coalition tient toujours. C'est le parti chypriote au pouvoir qui est sur le point de se briser, et les 7 parlementaires grecs et chypriotes qui faisaient partie de la délégation et ne pouvaient pas aller au nord de Chypre sont furieux contre le gouvernement chypriote. Un immense débat a toujours lieu en ce moment en Grèce et à Chypre sur ce qui s'est passé et sur notre flottille pour Gaza. Dans une heure ou deux, 80% de notre délégation VIP embarquera sur nos bateaux et nous partirons pour Gaza comme prévu. Donc nous pouvons dire qu'Israël a perdu les deux sets qu'il a joués.

Dans quelques heures, le dernier set, crucial, commencera quand nous entrerons dans les eaux de Gaza. Bien sûr, matériellement, il serait très facile pour Israël de nous stopper et nous arrêter, mais le coût politique qu'ils auront à payer sera énorme. Vraiment énorme, à tel point que toutes les ruses et les pièges qu'ils ont tenté de mettre sur notre route ont réussi à faire une seule chose : sensibiliser de plus en plus de gens partout dans le monde sur notre flottille et sur la situation de Gaza. Et de tout ça, nous apprenons quelque chose : la peur n'est pas de notre côté, mais du côté d'Israël. Ils ont peur de nous parce que nous représentons la colère des gens tout autour du monde. Les gens qui sont mécontents de ce que l'Etat criminel d'Israël fait aux Palestiniens et à chaque amoureux de la paix qui ose prendre le parti des opprimés. Ils ont peur de nous parce qu'ils savent que, dans un proche avenir il y aura encore plus de bateaux à venir à Gaza comme il y a de plus en plus de personnes à décider de boycotter Israël chaque jour.

Thomas Sommer-Houdeville, depuis l'un des bateaux de la flottille de Gaza

* coordinateur de la campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien (ccippp)

http://www.protection-palestine.org

Toulouse le premier juin 2010

Mohammed Habib Samrakandi : habib.samrakandi@free.fr

Témoignage

« Nous avons rencontré Dieu dans la guerre »

Entretien avec le P. Manuel Musallam, le curé de Gaza (1995-2009)
Abouna (1) Manuel Musallam, prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem, a été curé de Gaza de 1995 à 2009. Âgé de 71 ans, il s’est retiré depuis mai dans son village natal de Birzeit près de Ramallah (Cisjordanie), où il a été chargé par le Président palestinien Mahmoud Abbas d’organiser et diriger la Commission islamo-chrétienne de l’Autorité palestinienne. Il nous a reçus chez lui, pour nous confier ce témoignage hors du commun. – F.v.G.

La Nef – Abouna, comment êtes-vous devenu curé de Gaza ?
Abouna Manuel Musallam – En 1995 le Patriarche de Jérusalem, Michel Sabbah, m’a demandé d’aller à Gaza. La situation y était alors encourageante. Mgr Sabbah souhaitait avoir sur place un prêtre courageux et travailleur. Après quelques difficultés pour obtenir des papiers, j’ai pu finalement partir. Le Président Yasser Arafat m’a donné un passeport diplomatique que je n’ai pu employer qu’une seule fois pour me rendre à Rome. À part cela, je suis resté à Gaza pendant 14 ans, bloqué par Israël. Avant de partir j’ai souffert une guerre terrible, qui n’était pas vraiment une guerre, car une guerre doit être entre égaux : armée contre armée, char contre char, avion contre avion, etc. Alors que nous, nous étions à la merci de l’armée israélienne, et nous avons vécu des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
J’ai vécu de près la souffrance des enfants, car j’étais directeur de deux écoles qui comptaient 1300 gosses. Ils arrivaient à l’école en ayant faim, n’ayant rien mangé le matin, tombaient de fatigue, s’évanouissaient. On a créé des aides à l’école comme on pouvait. La clôture de Gaza a été une catastrophe, qui a provoqué des crises humaines et des traumatismes graves. Hausse des prix, chômage, manque d’eau, d’électricité, d’argent, de livres, de fournitures scolaires... Le prêtre est toujours l’enfant gâté de la paroisse, et pourtant je peux dire que vraiment j’ai eu soif. On n’avait pas d’eau, alors on pressait les carottes pour en boire le jus.
C’est là que j’ai vu la chute du Fatah et la prise du pouvoir par le Hamas. Ce fut une terreur terrible. Une guerre civile. Il y avait une peur diffuse et générale, tout le monde tremblait. Et puis il y a eu l’attaque israélienne : les avions qui patrouillaient et bombardaient, les attaques et tirs quotidiens... Ils visaient des cibles civiles, même autour des écoles, des églises... Les habitants de Gaza ont souffert plus que le nécessaire. Une souffrance peut être salvifique, mais là c’était trop profond, car elle touchait leur être, leurs sentiments, leurs cœurs, leur foi, leur espérance – tout l’homme. Les Gazaouis se sont perdus dans le désespoir, abandonnés du monde entier, dans une souffrance sans lueur derrière. Avec seulement la perspective de la servitude au lieu de la liberté, avec la peur d’être encore plus dominés, humiliés, affamés, menacés. J’ai vu la prophétie du Christ se réaliser : « En ces jours-là, les gens mourront de peur. » Chez nous des personnes sont vraiment mortes de peur : une fille de 16 ans, un père de famille, une vieille femme... Gaza était l’enfer, impossible de voir l’autre à côté de soi. On était coupé des autres. Nous sommes devenus malades, malades de peur. C’est un monde entier qui est devenu malade, et moi le premier, j’en ai perdu la vue... Mais nous, les chrétiens de Gaza, nous pouvons dire que nous avons souffert avec le peuple, mais non pas du peuple.
Justement, quelle est la situation des chrétiens de Gaza depuis la prise du pouvoir par le Hamas ?
Il n’y a pas de persécution à Gaza, et le Hamas nous a même protégés plusieurs fois, lorsque nous avons eu des menaces de groupuscules fondamentalistes. Le Hamas à plusieurs reprises a déployé ses policiers jour et nuit pour protéger les écoles et les églises contre d’éventuelles attaques des fanatiques. Vous savez, les gens en Occident ne savent pas ce que c’est que le Hamas. Le Hamas, ce n’est pas juste une milice armée, mais c’est un parti politique. Le Hamas, c’est le professeur à l’université, c’est la mère de famille, c’est l’épicier, l’employé, etc. Ce sont des musulmans de Gaza comme les autres, et ils envoient leurs enfants chez nous à l’école comme les autres. Nous avons même comme élèves de nombreux enfants de ministres du gouvernement Hamas, que je connais tous personnellement et avec lesquels nous avons de très bonnes relations. Lors du Ramadan de 2008 j’ai vu sur la chaîne télévisée du Hamas un sheikh (2) saoudien blasphémer contre le pape et les chrétiens. J’ai aussitôt appelé le Premier Ministre, qui a fait interrompre immédiatement le programme. Ensuite, le Premier Ministre et d’autres ministres, le directeur de la chaîne, ainsi que des chefs religieux musulmans m’ont tous appelé pour s’excuser et exprimer leur refus du fanatisme. Le Hamas lutte farouchement contre les groupes extrémistes clandestins.
Et l’affaire Gilad Shalit ?
Moi, je dis que Gilad Shalit est prisonnier de guerre, et doit être traité comme tel, selon le droit international. Il a été pris sous uniforme israélien dans une action de guerre. En face il y a 12 000 captifs palestiniens dans les prisons israéliennes, la plupart sont des civils qui ont été enlevés chez eux, et dont la majorité ne sont mêmes pas encore jugés ! Beaucoup aussi ont fini leur peine et sont toujours enfermés. Personne ne parle d’eux et on ne parle que d’un prisonnier de guerre !
Quel bilan tirez-vous de ces 14 ans à Gaza ?
Comme prêtre, pour moi tout était positif : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu ». Sur la croix, le Christ a beaucoup souffert, mais il avait la joie d’être le Rédempteur. Et cette joie, personne ne pouvait la lui enlever. Nous étions crucifiés à Gaza, et pendant la guerre, nous avons beaucoup plus prié. Nous avons découvert une réalité : c’est Dieu et Dieu seul qui peut protéger les gens. C’est Dieu seul qui protège son peuple. Et si Dieu protège tout le monde, il prend particulièrement soin des siens : « N’aie pas peur, petit troupeau, moi, je te protège ». Dans tous les bruits de la guerre, il y avait le Christ qui éloignait de nous les malheurs, dans le ciel. Les gens venaient à la messe et au catéchisme malgré tout. L’école tremblait sous les bombes. Dans la guerre, dans la haine, dans la souffrance, il y avait une main clandestine qui nous protégeait. L’Église est l’espoir du monde, et là, on l’a vraiment découvert.
Les gens étaient perdus, et avaient besoin de quelqu’un pour les fortifier. Le prêtre ne peut pas être pessimiste : je ne pouvais pas m’arrêter, sinon, tous s’arrêtaient ; je ne pouvais pas me décourager, sinon, tous désespéraient. J’avais un monde derrière moi, non seulement les chrétiens, mais aussi des musulmans. Quand je suis parti, tout le monde pleurait. Non seulement les chrétiens, mais aussi des musulmans. Un sheikh m’a dit : « Nous pleurons parce que nous avons un certain amour pour vous, parce que vous étiez une lumière ici, qui encourageait les gens, les chrétiens mais aussi les musulmans. Nous avons découvert les chrétiens par vous, et nous voulons continuer à les connaître. »
Est-ce que Gaza vous manque ?
À chaque fois que l’on mentionne Gaza, une souffrance me saute aux yeux, alors je pleure. J’ai toujours pitié pour eux, comme le Christ avait pitié pour ces gens qu’il voyait souffrir comme des agneaux sans berger. Ils souffrent parce qu’ils n’ont pas de pasteur. Personne pour les diriger, les protéger. J’ai quitté Gaza en larmes, mais je ne pouvais pas rester plus, j’ai lutté jusqu’à la fin, j’ai jeté toutes mes forces dans le combat. Ce n’était pas moi, car il y a une force à l’intérieur du prêtre qui fait ce qu’elle veut : « Ce n’est pas moi, c’est le Christ qui vit en moi. » On n’est pas dirigé par ses propres forces, mais par une force qui nous dépasse. Dieu m’a
choisi pour ces 14 ans à Gaza, pour cette situation, ce blocus, cette guerre, il m’a donné la force et le charisme nécessaires. Puis depuis le 4 mai dernier, il a choisi un autre prêtre. Je crois qu’il faut lui faire confiance. Il est plus facile de trouver un pape pour l’Église, que de trouver un prêtre pour Gaza !
Propos recueillis par Kassam Muaddi et Falk van Gaver
(1) « Père » en arabe. (2) Chef religieux musulman.
Copyright, La Nef 2008

11:48 Écrit par elhajthami dans Témoignage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : gaza | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Commentaires

Merci pour ces témoignages.
De tout coeur avec nos amis palestiniens

Écrit par : Alain | 01/06/2010

Stricto sensu, la très triste situation relève de l'embargo et non du blocus.
En effet, Israël ne contrôle qu'une partie des frontières terrestres de Gaza, l'Egypte étant l'autre pays frontalier. En l'absence de politique commune en la matière, a cause des luttes internes et fratricides entre le Hamas, mouvement islamiste ne reconnaissant pas l'existence d'Israël, et le Fatah, mouvement plus modéré, Gaza connaît en fait un embargo, c'est-à-dire que la libre circulation des produits n'est pas assurée pour des raisons sécuritaire.
On sait que les tunnels fleurissent à Gaza, avec l'approbation du Hamas et que les armes fourni par l’Iran entrant à Gaza se retournent contre les Palestiniens qui ne veulent pas de Hamas et les voisins citoyens d’Israel.

Écrit par : Gianni De Martino | 03/06/2010

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