23/06/2011
Folk
L'héritage de NASS EL GHIWANE
Omar Sayyed et Amina Aoucharihrai, directrice de l'IURS
Le mardi 21 juin 2011, journée mondiale de la musique, l'Institut Universitaire de la Recherche Scientifique, Madinat El Irfane, Rabat; là où Abdélkébir khatibi avait ses bureaux, a consacré une journée d'étude à "la chansson contestataire au Maroc:l'héritage de Nass el Ghiwan", en présence de Omar Sayed, l'un des membres fondateur du groupe folk mythique...
Dans leur argumentaire, les organisateurs écrivent: les années 1970 ont vu naître un nouveau style musical dans un contexte de crise politique et sociale aggravée par de graves atteintes aux droits de l'homme, conjoncture baptisée depuis "années de braise" ou "années de plomb". Le chant des Ghiwane est alors apparu comme un cri , une réaction populaire qui exprime les aspirations de l'indiidu souffrant qui défend ses droits et sa liberté. Cette chanson contestataire qui, prêche le changement, devient rapidement populaire et s'impose même comme culture identitaire. Depuis la fin des années quatre vingt - dix et surtout au cours de la première décennie du XXI ème siècle, dans un contexte caractérisé par la transition démocratique, des jeunes artistes ont repris le flambeau de la contestattion , exigent l'élargissement des libertés et aspirent à l'emergeance d'une société nouvelle. Quel fil relie la chanson contestataire des années soixante-dix à celle d'aujourd'hui? LA achanson contestataire de ce début du 21 ème siècle se situe-t-elle dans le prolongement de la chanson des Ghiwan? Celle-ci a-t-elle était la matrice où se sont forgés les nouveaux styles musicaux? Quelle est l'influence musicale , poétique , thématique des Ghiwane sur la chanson actuelle?
Avec le mouvement musical né à la fin des années 90, défini comme "underground", "engagé", puis rapidement baptisé "Nayda", la chanson contestataire au Maroc semble se développer d'une nouvelle manière. Des dizaine de groupes de fusion, de rap et de hip-hop, qui disent s'inspirer autant de "Bob Marley" que des "Nass el Ghiwane", chantent la corruption , la pauvreté, et dénoncent le système injuste et inégalitaire.Les textes des groupes ou chanteurs de la nouvelle scène ont souvent un contenu social large, avec des sujets portant sur les injustices sociales comme la corruption, les violences policières, la hogra, le hrig etc.
Si les textes des Ghiwan qui s'appuient sur une "darija épicée" sont très elliptiques; les textes de rapp ont souvent été présentés comme de "la langue de rue" qui a néanmoins une portée poétique. La dernière chanson du groupe Hoba Hoba Spirit reprend un poème en arabe fusha du poète tunisien Abou el kacem Chabbi pour témoigner de leur adhésion aux idées du 20 février.
A la manière des poèmes émouvants de Larbi Batma de Nass el Ghiwan, les texte de la NAYDA sont crus, simples et beaux. Ils sont exprimés également en darija comme ce texte de Muslim Machi intitulé "Ana li khtart" (c'est moi qui a choisi):
Chnou qimt lward melli yedbel?
Chnou qimt el ard bla jbal?
Chnou qimt sahra bla rmel?
Chnou qimt nahla bla âssal?
Chnou qimt bnadem bla âqel?
Chnou qimt lqalbila khâl?
Hît ila l'warda n'btat farawda
Ghatmout barda bin chouk
Que valent les fleurs quand elles se fanent?
Que vaut la terre sans montagne?
Que vaut le désert sans sable?
Que vaut l'abeille sans miel?
Que vaut l'homme sans esprit?
Que vaut le coeur s'il noircit?
Parce que si la rose fleurit dans un cimetière,
Elle mourra froide au milieu des épines.
Pour sa part, le rappeur Bigg, décrit ainsi la déchéance dans "daret"(elle a tournée) :
Chta baqa katsob wana chad rokna
Lgarro li âmri ma kmitou walla hdaya m'rakken
Riht lmout wallat fiya chadda sokna
Natlob Allah aymta laqbar ijmaâni man had ddel.
Galex jiân b'hâl lmajhoum ma kitsanna gha lmoute
La pluie continue à tomber et je tiens le coin
La cigarette que je n'avais jamais fumé est là à côté de moi
L'odeur de la mort a commencé à m'habiter
Je demande à Dieu quand la mort me délivrera de cette indignité?
Assi affamé comme un chien bâtard, je n'attend plus que la mort
(ces textes sont cités dans la communication de Dominique Caubet intitulée "la Nayda par ses textes)
Une journée de la musique et de la parole social libéréé. Une journée du souvenirs aussi,où Omar Sayyed était le seul a représenté le groupe mythique disparu : j'ai beau dit -il répéter un peu partout que feu Boujmiî était mort d'un ulcère, je n'arrivais jamais à arrêter la rumeure qui veut qu'il était mort parce qu'il chantait des poèmes contestataires....
Reportage d'Abdelkader Mana
Rabat, le mardi 21 Juin 2011
20:50 Écrit par elhajthami dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique | | del.icio.us | | Digg | Facebook